28/06/2011
les coulisses de mai 81
10 jours en mai
Pierre Favier
Editions du Seuil
Les "10 jours en mai" se situent entre le 10 mai 1981, élection de François Mitterrand et la passation de pouvoir, le 21 mai.
Pierre Favier est journaliste de l'AFP. Certaines photos de l'époque le montre, le 10 mai, à Château-Chinon, jeune et barbu, à proximité du candidat. Sa "Décennie Mitterrand" fait référence. Il travaille comme un vrai journaliste. Contrairement à certains qui décrivent ces journées en tentant de se placer le plus au centre possible de l'Histoire, il confronte les sources, écrites (les "Mémoires", de responsables politique de gauche, de droite ou d'ailleurs, les journaux de l'époque) ou orales (les nombreux "entretiens avec l'auteur"). Et quand les témoignages sont contradictoires, il n'hésite pas à l'écrire. Eventuellement en nous orientant vers les plus plausibles.
Une version crédible de l'envers du décor.
Le Président, "cet homme que la politique habite autant que l'Histoire et la littérature", qui "mesure le poids de l'Histoire", mais aussi (surtout ?) la comédie du pouvoir de celles et ceux qui cherchent quelle sera leur place dans la nouvelle architecture du pouvoir. "Le Président, c'est d'abord celui qui nomme, désigne et promeut".
Une information qui prend toute sa valeur aujourd'hui : une des trois informations confidentielles transmises par le Président sortant : Anouar el-Sadate et les USA souhaitaient renverser Kadhafi, et voulaient savoir si la France était prête à les y aider.
"Il n'y a qu'un vainqueur : c'est l'espoir !" (François Mitterrand le 10 mai)
"Mitterrand était persuadé que lui même et la gauche allait rapidement être frappés par l'impopularité"
"Choisir, nommer, écouter, jouer des rivalités, créer l'émulation, séduire, charmer, entretenir le secret, ne pas sortir de sa réserve, entretenir le mystère, maintenir de la distance, rester maître de lui et de ses sentiments en toutes circonstances, rester fidèle à ses amis, ne jamais renoncer à sa liberté, préserver coûte que coûte sa vie personnelle, maîtriser le temps, être patient..."
08:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
26/06/2011
le dernier album de Binet
Forum
Binet
Editions « Fluide glacial »
Un album un peu particulier, tout en hauteur.
Chaque page est divisée en trois cases, toutes sur le même modèle : dans la première une affirmation ; dans la deuxième une question ; et la troisième est réservée à la chute.
Il y a une soixantaine de gags, de qualité inégale, mais les dessins de Binet sont toujours aussi caricaturaux et drôles, même sans parole. L’esprit « Bidochon » habite toujours l’ami Binet, dont c’était, au début de la semaine, le 41ème anniversaire de mariage. Je sais, nous nous sommes croisés ce jour là, il y a 41 ans…
08:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
25/06/2011
Al Capone, le Malien
Al Capone, le Malien
Sami Tchak
Editions Mercure de France
Un journaliste se rend au Mali pour faire un reportage sur le balafon sacré de l'ancien empire du Mandingue.
Dans ses rares moments de détente, il tente de lire "L'homme sans qualités", "roman très intellectuel", de Musil.
Typique de la littérature africaine francophone, le roman efface la frontière entre le rêve et la réalité, et est parsemé de proverbes anciens ou inventés pour la circonstance : "Quand un singe fait des grimaces et exhibe son cul nu, le sage ne rit ni ne l'imite" ; "A la générosité du pêcheur envers le poisson, l'hameçon est de trop".
Le Malien surnommé "Al Capone", dont le lecteur ne connaîtra jamais la source de ses importants revenus, se fait également appelé "Son altesse Edmond VII". L'allusion à la corruption, qui permet une vie luxueuse est claire.
"A quoi bon épouser une belle femme puisque les autres te la voleront au moins par leurs yeux et par leurs intentions"
"La parole jamais ne remplacera ce dont a besoin le ventre qui tient dans sa mollesse toute la puissance du corps et de l'esprit"
"Dans une bataille de chiens, on ne sait quel individu a lancé les hostilités, on ne voit que la laideur des canines."
"C'est parce qu'il y a des gens qui n'osent pas dire non que l'abus est devenu une règle générale"
"C'est sur les débris solides des passés fracassés qu'on élève les murailles des grands rêves"
"La meilleure façon de jouir du monde, c'est de ne pas trop le questionner"
"Tout n'est que tonitruant pet de l'instant, ensuite le bruit s'estompe et l'odeur s'évanouit"
08:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
22/06/2011
le roman de Liliane Bettencourt
Un milliard de secrets
Marie-France Etchegoin
Editions Robert Laffont
Un milliard, c'est la somme offerte par Madame Liliane Bettencourt à son ami François-Marie Banier. "Le fric-frac du siècle dans le temple du capitalisme français". "Les gens s'ennuient tant qu'ils acceptent presque tout si on les divertit". François-Marie avait, avant de connaître la femme la plus riche de France, déjà profité des largesses de deux autres vieilles dames très riches.
J'avais peu lu les articles de journaux concernant cette affaire, considérant que ce monde n'était décidément pas le mien. Ce monde de femmes, qui ont pour mérite principal d'être des héritières, des rentières, ayant une idée toute relative de la valeur du travail et de l'argent. "Travaillez plus pour gagner plus". Cela a du amuser Liliane quand elle finançait, légalement et illégalement, la campagne du petit Nicolas de Neuilly.
"La milliardaire incarne jusqu'à la caricature l'ordre bourgeois, la droite capitaliste, les dynasties industrielles construites entre les deux guerres et compromises sous l'Occupation".
"Elles n'ont rien construit. Tour leur a été donné". "L'argent est là, comme l'air que l'on respire".
Le mari n'a pas d'objection : François-Marie est un homosexuel notoire. Madame Bettencourt fait ce qu'elle veut de sa fortune, qu'elle ne dilapide pas. "Chaque jour, l'héritière, ou plutôt la rentière, empoche près de 14 millions d'euros". Elle peut bien en distribuer un peu..."Elle peut s'offrir, si cela lui chante, un artiste. Ami, homme de compagnie, confident...qu'importe le statut."
Pour son argent de poche, et pour s'occuper, André Bettencourt mène sa carrière politique. Il est souvent ministre. Il est peu présent au domicile conjugal. Contrairement à son épouse il n'a pas de fortune personnelle. Seulement un grand manoir de quatorze pièces dans sa circonscription de Normandie.
Ce livre d'une journaliste du Nouvel Observateur se lit comme un roman, qu'il aurait pu être si un écrivain avait eu assez d'imagination. Balzac est celui qui me vient à l'esprit. Marie-France Etchegoin fait souvent référence à Mauriac. "Observation de vies minuscules et de vices majuscules". "A travers le trou de la serrure : la vie des riches dans le ghetto de Neuilly". "Les jeux de l'amour et du pouvoir, la comédie de l'argent et du mensonge". Mais il y a également "un thriller sur les luttes au couteau dans les multinationales". Et "les incestueuses relations du pouvoir et de la fortune". Entre l'argent et la politique. Entre la politique et la "justice". Eric Woerth et son épouse, victimes expiatoires, y perdront leur emploi.
Au centre, il y a "l'obsession du complot et de l'argent", l'argent, "qui corrompt jusqu'au cœur des hommes" (et des femmes !). Et la guerre des clans pour s'en approprier la plus grande part. Les ressentiments. "Les universelles rancœurs familiales et éternelles questions d'héritage". Décuplées par les sommes impliquées.
Mais, "toute ressemblance avec des individus existant ou ayant existé n'est en rien fortuite. Rien n'est inventé !".
08:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
18/06/2011
Le Président a disparu : le Poulpe le recherche !
La vacance du petit Nicolas
Le poulpe
Pierre Cherruau et Renaud Dely
Editions de la Baleine
"Toute ressemblance avec des faits réels, des personnes vivantes ou ayant vécu, ne serait que le fruit du hasard".
Il est certain que "le Poulpe" est un personnage de fiction. Il a même la particularité de vivre des aventures romanesques écrites par des auteurs différents.
Cette fois ci, il s'agit d'un auteur de romans policiers (dont, déjà, une aventure du Poulpe) et d'un journaliste politique.
Tous les autres personnages sont des caricatures de responsables politiques, bien connus, que Le Poulpe est amené à rencontrer dans son enquête pour retrouver le Président de la République qui, lui même, "le nain de Neuilly", "le Conducator de l'Elysée", n'est pas épargné, "avec ses yeux de maquignon de comice agricole", "son attitude de comédien de série B" qui "refaisait son coup du "est-ce que vous trouvez ça normal ?".
Le lecteur croise donc "le visage d'honnête homme d'Eric Woerth", "le regard de mutant de Brice Hortefeux, "l'illuminée du Poitou", "le Che Guevarra des PTT", Faurisson et "sa voix nasillarde. Forcément nasillarde", "Titine", "pas du genre à laisser sa part à la cantine, souriante comme une porte de prison, un air de mère matonne à faire régner la terreur dans les cours de promenade. On se serait cru au parloir. C'était le Bureau national du PS !", chez DSK "un piano, à queue, évidemment" (c'était avant l'aventure du Sofitel...), "Nanard", "un gars capable de braquer 350 millions d'euros dans les caisses du Lyonnais et d'en ressortir avec les félicitations du jury et la compassion du public pour "préjudice moral", jamais vu", et quelques autres...
Jubilatoire !
08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature