22/10/2011
prix allemand du polar
Requins d'eau douce
Heinrich Steinfest
Quatre fois "prix du polar" en Allemagne
Editions "carnets Nord"
Un corps déchiqueté par un requin et retrouvé dans la piscine du 28e étage d'un immeuble viennois.
L'enquête est menée par un policier un peu particulier, toujours dubitatif, plein de manies, qui dine chaque soir d'une soupe chez ses parents, qui roule en Ford mustang doré ("si vraiment la patrie existe, alors, pour la plupart des êtres humains elle doit se trouver à l'intérieur de leur voiture"), et qui lit les aphorismes du philosophe Ludwig Wittgenstein en toutes occasions.
"Il considérait la criminalisation comme la plus philosophique de toutes les sciences de la nature"
Il y a peu d'action et pourtant des imprévus et des rebondissements en permanence, jusqu'à la conclusion finale, inattendue.
"C'est toujours l'impatience qui crée l'impression d'énigme".
"La plupart des agents de la police scientifique entretiennent avec les cadavres et morceaux de cadavres un rapport qui évoque un peu la discrète ferveur des philatélistes"
"C'était le strict respect des rituels qui donnait son sel à la vie de couple. Indispensable"
"C'est une chose entendue : seuls les livres- de préférence lorsque leurs couvertures montrent la pâleur de princesses anémiques- sont à même d'exposer, visuellement, de manière exemplaire, l'intelligence et le degré d'instruction d'un individu"
"Il y a beaucoup de gens qui travaillent consciencieusement parce qu'il leur manque, pour la paresse, le concept adéquat"
"Chaque être humain est fait pour deux ou trois choses dans la vie. Il nous faut juste identifier ces deux ou trois choses, sous peine de rester prisonniers d'un terrible sentiment d'absurdité."
08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
19/10/2011
la mondialisation en BD américaine
Petite histoire du monde moderne
De Christophe Colomb à la Constitution américaine
Larry Gonick
Editions "vertige graphic"
Une BD drôle et pédagogique, américaine, qui nous rappelle que nous ne sommes peut-être pas le centre de l'univers.
Un peu l'histoire de la mondialisation, puisque le livre commence, non pas en 1492 avec Christophe Colomb, présenté comme "un destructeur visionnaire", mais avec les civilisations amérindiennes, en particulier Mayas, Aztèques et Incas.
"Les destructeurs n'étaient que le produit de leur époque. C'est peut-être cette époque qu'il faudra juger...afin de rendre la nôtre plus raisonnable et plus humaine, et moins fanatique ?"
"Pendant des milliers de siècles, les hommes ont voyagé pour des raisons simples : trouver à se nourrir, échapper à l'ennemi ou aller voir ailleurs"
Les navigateurs portugais et espagnols construisent le "village global" et la mondialisation de l'économie.
L'Inde est largement traitée. L'Empire ottoman et le Canada un peu moins, mais pas oubliés.
Religions, philosophie, sciences, tous les aspects de l'époque moderne sont évoqués, et la Constitution américaine semble en être le produit.
L'auteur rappelle l'avertissement lancé par les opposants britanniques à la politique de leur gouvernement : "si l'Angleterre chassait la France d'Amérique, l'indépendance américaine viendrait ensuite".
Mais celle-ci n'était-elle pas inéluctable ?
08:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
17/10/2011
le siècle des femmes
6 mois
Le XXIe siècle en images
N°2 automne / hiver 2011 (25 euros)
Le siècle des femmes
Un semestriel, comme son nom l'indique. Très beau, très gros, assez cher.
Des reportages assez approfondis sur des thèmes décalés que l'on trouve peu dans nos journaux et magazines habituels, avec beaucoup de photos : les demoiselles cosaques, les "badanti", ces femmes, souvent venues de l'est de l'Europe, qui s'occupent des personnes âgées en Italie, les bals bourgeois à New-York, la photo-biographie de Poutine, les gitans du Somerset...
Du Danemark au Ghana, de l'Argentine à la Birmanie, de la Libye à l'Afghanistan, la vie des gens, sans prétention géopolitique, mais avec une bibliographie pour "aller plus loin".
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2011
Berlin en 1938
La pâle figure
2ème tome de la "Trilogie berlinoise"
Philip Kerr
Prix des lecteurs 2010 du "Livre de poche policier" n°31644
Traduction du titre original "Le pâle criminel".
Berlin 1938. L'année de l'annexion des Sudètes, grâce à la lâcheté des Français et des Britanniques, qui acceptent de signer les "accords de Munich" pour tenter d'éviter la guerre, alors qu'ils donneront à Hitler le signal qu'il peut aller plus loin.
L'année également de la "Nuit de cristal" : incendie de 177 synagogues et destruction de 7 000 magasins tenus par des juifs, alors que Berlin était une ville à la réputation de tolérance religieuse.
"Berlin est aussi chaud que l'aisselle d'un boulanger". Le style de Kerr est toujours aussi imagé !
"La bestialité la plus dépourvue de scrupules était en pleine renaissance aryenne".
Jusqu'où peut aller la recherche de la pureté du sang, sinon jusqu'à la catastrophe ?
Le narrateur, détective privé, enquête sur un chantage avec la même insolence, la même perspicacité, le même courage, et le lecteur se régale autant qu'à la lecture du premier volet de la trilogie.
"N'y-a-il pas des tas de façons d'échapper à ce qui nous fait peur, et l'une des plus répandues n'est-elle pas la haine ?"
"C'est lorsque vous êtes au régime que les tartes aux fraises vous paraissent les plus appétissantes"
"Lorsqu'une femme dépasse la cinquantaine, son âge n'a plus d'intérêt que pour elle. Alors que pour les hommes, c'est exactement le contraire"
"Les enfants sont le miroir de votre vieillesse. Le miroir de votre déclin"
08:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
15/10/2011
L'affaire Mao
La danseuse de Mao
Qiu Xiaolong
Points policiers n°P2139
Traduction du titre original : "L'affaire Mao".
Ne pas confondre avec le film "Mao's last dancer", tiré de l'autobiographie d'un danseur étoile du ballet de Pékin.
L'inspecteur Chen, bien connu depuis "Mort d'une héroïne rouge", est chargé de récupéré une marque d'affectation un peu trop compromettante que Mao aurait offert à une de ses "conquêtes", une actrice connue avec qui il aimait danser (d'où le titre français).
Aujourd'hui, le culte de Mao n'est plus ce qu'il était, mais il reste intouchable, puisque toutes les erreurs étaient de la faute de la "bande des quatre", menée par Madame Mao.
Au delà de l'enquête policière, l'auteur revient sur ses thèmes chers : les désastres de la "révolution culturelle", non seulement pour les familles, dont la sienne, qui en furent victimes, mais aussi pour les "gardes rouges" désorientés par la nouvelle ligne politique du parti.
Le livre décrit bien les immenses inégalités, si loin du rêve d'une société communiste.
"Avec une économie de marché entièrement capitaliste-et encore au stade de l'accumulation primitive-quelle sorte de superstructure communiste ou de "civilisation spirituelle" pouvait-on attendre ?"
Mais, "pour ceux que la réforme matérialiste a laissé au bord de la route, les années Mao deviennent un grand mythe. Une sorte d'âge d'or sans fossé entre les riches et les pauvres, sans corruption généralisée du Parti, sans crime organisé, ni prostitution, mais avec l'assurance médicale, gratuite, la retraite stable et le logement contrôlé par l'Etat."
Il est, bien entendu, également question de la vie sexuelle, conjugale (bigame à deux reprises) et extra conjugale du "Grand Timonier".
"Nuages et pluie était une métaphore courante pour l'amour sexuel dans la littérature classique"
"L'Histoire est une succession continuelle de dynasties. Celui qui est tout en bas de l'échelle se rebelle pour renverser celui qui est au sommet, mais le rebelle triomphant devient inévitablement l'Empereur corrompu et oppresseur à son tour"
"Une femme est comme une tête de poisson fumé. Pas beaucoup de chair et trop d'arrêtes"
"Il est facile de jeter des pierres sur quelqu'un qui est déjà au fond du puits"
"Seule la littérature dure des milliers d'automne"
08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature


