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18/09/2011

A la veille de la Révolution

L’honneur de Sartine

 

Les enquêtes de Nicolas Le Floch

 

Jean-François Parot

 

Editions Lattès

 

 

1780 : la colère du peuple gronde, et Parot a toujours autant de sympathie pour Louis XVI et son épouse.

Cette année là, l’ancien Lieutenant général de police perdra son poste de ministre de la Marine. Mais pendant tout le roman, il suit de près l’enquête du sémillant commissaire.

 

L’historien Robert Muchembled n’est tendre, ni pour Sartine, ni pour Lenoir (voir ma note sur « Les ripoux des Lumières ») : « Lenoir, ou Le Noir, a su se tailler pour la postérité une réputation d’intégrité totalement usurpée » ; « Le Noir est un des grands officiers les plus corrompus qui soient » ; « Intriguant de très haut vol durant toute sa carrière » ; « Corrompu à l’extrême, à l’image de son prédécesseur » ; « les archives révèlent qu’il fût un maître escroc, l’un de ceux qui contribuèrent le plus à saper les fondements de la monarchie qu’il était chargé de défendre. »

 

Ceci étant dit, le lecteur retrouve le charme des livres de Parot : la langue classique,  un peu désuète, les personnages secondaires intéressants, l’ambiance de l’époque.

Comme d’habitude, il y a de l’action, des mystères, et de la tendresse.

 

 

« La richesse côtoyait la plus atroce misère ».

 

« Le droit est une science faite pour les puissants ; il leur apprend jusqu’à quel point ils peuvent violer la Loi sans choquer leurs intérêts »

 

« Il faut avoir déjà beaucoup appris pour savoir demander ce qu’on ne sait pas »

 

 « L’argent n’est que la représentation d’un bonheur en puissance qui ne devient réel que pour ceux qui ont appris l’art d’en faire bon usage »

 

« Le sage est éclairé sur ce qu’il doit faire, le prudent sur ce qu’il doit éviter. »

08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature

17/09/2011

Roman noir à Moscou

Moscou, cour des miracles

 

Martin Cruz Smith

 

Editions Calmann-Lévy

 

 

Titre original : "les trois gares", nom d'une place de Moscou où convergent trois lignes ferroviaires, sans parler des lignes de métro et de bus. Lieu où convergent les immigrés sans papiers et, plus généralement,  tous les paumés de la Russie d'aujourd'hui, en particulier les enfants "perdus", qui ne survivent pas tous.

Une "cour des miracles, les miracles en moins", centre de l'action de ce roman qui met en scène un policier en mauvais état qui s'acharne sur la piste d'un tueur en série, là où ne procureur ne veut voir qu'un suicide parmi d'autres,  dans cet univers pitoyable et pourtant sans pitié, où l'on vole même les bébés, et où "quatre homicides avec violence sur cinq sont liés à la vodka".

Un vrai roman "noir" qui n'est pas tendre pour la Russie de Poutine.

 

 

"La vie est injuste. Pourquoi en serait-il autrement de la mort ?"

 

08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

14/09/2011

Blutch voudrait en finir avec le cinéma

Pour en finir avec le cinéma

 

Blutch

 

Editions Dargaud

 

Publié en feuilleton dans Libération cet été, ces réflexions sur le cinéma, et les acteurs, au moins autant que les actrices,  se lisent avec plaisir, même si le dessin est un peu sombre.

 

Pour cinéphiles (je suis décidé à l'offrir à mon neveu pour Noël), pour les gens qui, comme moi, ont fréquenté les ciné-clubs dans les années 60, mais également les autres, avec un parfum mélancolique, car n'avons nous pas tous été marqués, plus ou moins, par le cinéma ?

Pour tous ceux qui ne veulent pas en finir avec le cinéma...

 

 

"Le cinéma, c'est un accélérateur de particules"

 

"Le cinéma est un filet à papillons pour attraper les petites filles"

 

"Le cinéma, c'est la supercherie suprême, la bourgeoisie industrielle qui avance masquée"

 

"Le cinéma est la poésie frustre du XXe siècle"

 

"Je tiens la cinéphilie pour une pratique masturbatoire"

11:20 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

11/09/2011

corruption policière au siècle des Lumières

Les ripoux des Lumières

 

Corruption policière et Révolution

 

Robert Muchembled

 

Editions du Seuil

 

 

La thèse de Robert Muchembled, professeur à l’université de Paris-Nord,  est simple et lumineuse : à la fin de l’ancien Régime, les officiers publics achetaient leurs emplois, y compris les policiers, et leurs salaires étaient trop modestes pour leur permettre de rembourser ce qu’ils devaient emprunter pour acheter leur « office ». Ils payent si cher leur charge qu’ils mettent d’abord leur zèle au service d’eux-mêmes ».

 

Il fallait donc qu’ils trouvent des revenus complémentaires : argent soutiré aux juifs, aux libraires qui impriment ou vendent des pamphlets interdits, aux tenanciers des tripots de jeux ou de bordels, et surtout chantages au détriment des personnalités, en particulier ecclésiastiques, qui n’auraient pas du se trouver dans ces lieux de perdition, ou tiennent à ce que leurs amours secrètes le demeurent. « Le fleuron de ses observations concerne les filles entretenues par les grands aristocrates et les plus riches contemporains ». « En connaissant les secrets les mieux gardé, ils peuvent se remplir les poches ». « Le sexe est alors la principale passion collective. Le roi donne l’exemple, et tous l’imitent. » « Le mixage des classes dans le lit des catins prend à l’époque une stupéfiante ampleur ». « La Révolution est aussi née de la rupture des codes traditionnels » ; « un divorce croissant entre la haute société et le reste du pays ».

 

Tout le monde est fiché, avec l’aide de « mouches », criminels à qui l’impunité est promise…tant qu’ils servent d’indicateurs à la police. « La surveillance systématique se focalise sur des secteurs susceptibles d’enrichir ». « Un véritable racket organisé ». »Une véritable entreprise d’exploitation de toutes les faiblesses humaines met en coupe réglée la ville, et la Cour, de 1748 à 1757.

 

Autre thèse : l’exemple venait de haut, puisque rien ne se faisait sans « pots de vin » au bénéfice du monarque et de sa favorite, la marquise de Pompadour.  « Les hommes chargés de faire respecter les lois imitent les maîtres du jeu social et abusent de leur autorité pour s’offrir une place éminente au soleil ». « Un lent pourrissement du régime a préparé sa disparition ». La police n’a pas vu venir la Révolution, tout occupée à tirer profit d’un monde en train de s’effondrer ». « Ils sont opposés au moindre changement, parce qu’ils tirent le plus grand profit de leurs connaissances des points faibles du système ».

« Le Lieutenant général Sartine, et plus encore son successeur et ami Lenoir sont complices de très nombreuses malversations ».

08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire

10/09/2011

en Afghanistan

L'homme de Kaboul

 

Cédric Bannel

 

Editions Robert Laffont

 

 

C'est un, bon,  roman policier, et d'actions, qui se passe à Kaboul, mais qui sort de la capitale pour nous parler de la vie en Afghanistan. Qui se passe également, un peu, en Suisse.

La carte de l'Afghanistan qui se trouve au début du livre nous aide à suivre quelques péripéties, et à comprendre où se situent les différents groupes ethniques.

 

La "coalition" de l'OTAN n'en sort pas grandie, et le régime, corrompu, du Président Karzaï moins encore : "La famille et les proches du Président Karzaï qui ont bâti des fortunes en centaines de millions de dollars".

 

L'auteur a manifestement été dans le pays et s'est documenté. On sent sa sympathie pour une sortie de crise grâce aux "talibans modérés", et même "éclairés",  après une négociation, facilitée par la "Coalition",  avec les Tadjiks et les Hazaras.

 

Je ne connaissais pas cet auteur. Si j'en trouve un, je tenterai la lecture d'un autre de ses livres.

 

 

"Une guerre qui ne tue pas d'innocents n'intéresse personne"

 

"C'est l'obscurantisme qui a détruit notre pays"

"Pourquoi accepter la kalachnikov et pas l'ordinateur, l'électricité et pas l'évolution des mœurs ?"

"Ils se saignaient aux quatre veines pour payer des dots absurdes, représentant plusieurs années de salaire"

"L'économie de la dot est la seule chose qui fonctionne bien dans ce pays, avec les attentats suicides et le bakchich"

"Les Américains, pour s'attirer les bonnes grâces des chefs de village, distribuaient depuis quelques mois des pilules de Viagra"

 

"Tous les Afghans s'étaient accoutumés à une liberté encadrée, conditionnée, limitée et à une violence de chaque instant"

 

"La plupart des endroits ouverts aux Occidentaux sont fermés aux Afghans, et vice-versa"

 

"Les milliards de l'argent de la drogue alimentent une spéculation foncière effrénée"

 

 

"Les anciens "contras" sont particulièrement appréciés des sociétés de mercenaires pour leurs techniques de contre-guérilla, leurs faibles revendications salariales et parce que, quand ils se faisaient tuer, tout le monde s'en moquait.

 

"Pakistan, Inde, Chine, Russie parient sur l'éclatement du pays pour en voler les ressources naturelles"

 

"Celui que tu ne peux pas acheter, écrase-le"

 

"La politique est un art d'exécution qui requiert une bonne dose de complexité"

 

08:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature