08/10/2011
meilleur roman noir francophone 2010
Bien connu des services de police
Dominique Manotti
"Trophée du meilleur roman noir francophone 2010"
folio policier n°611
"Bien connu des services de police" est d'actualité, malheureusement. Dans une banlieue difficile, de jeunes policiers, peu formés, doivent faire face à des situations violentes, complètement en décalage avec les idées de leur ambitieuse commissaire qui se place dans l'optique sécuritaire du ministre de l'intérieur ("C'est la peur de l'insécurité, fortement corrélée à la peur de l'étranger, à la fois hyper réel et fantasmé, qui sont les ferments de la cohésion sociale" ; "On ne fait pas de la police avec les droits de l'Homme"). Par des "contrôles d'identité systématiques des Beurs et des Blacks", la France est transformée en pays d'occupation, sur la ligne politique du nettoyage ethnique. "Elle fait du travail de police un instrument de lutte idéologique, elle remplace la recherche de la preuve par une habile politique de communication".
Il y a des "bavures" policières, l'incendie d'un squat, peuplé d'immigrés, en situation plus ou moins régulière, de la spéculation immobilière, des zones où la police a du mal à se faire respecter, tant la violence est prégnante, des groupes d'extrême droite spécialisés dans les provocations...
Il y a également des ripoux, mais de petite envergure...
"Quand un flic cherche du renseignement, et comment pourrait-il faire son travail sans renseignement, c'est son oxygène, il est amené à fréquenter ceux qui le détiennent et qui sont, par définition, des truands".
J'aime quand les romans policiers n'oublient pas la dimension sociale et politique.
J'ai déjà dit dans ce blog tout le bien que je pense des livres de Dominique Manotti, en particulier "Lorraine connection", ainsi que le récent et excellent "L'honorable société", écrit avec DOA, probablement le meilleur livre que j'ai lu cet été.
"Ils pensent toujours que la sécurité et l'avenir de ce pays ne pourront être assurés que par un gouvernement fort, fondé sur l'ordre et le culte de la Nation, qui balaie toutes les théories humanitaristes et décadentes".
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/10/2011
la science, c'est pas du cinéma
Tu mourras moins bête
La science, c'est pas du cinéma !
Tome 1
Marion Montaigne
Editions Ankama
Les jeunes femmes imposent leurs talents dans la BD. Parfois à partir de leur blog. Marion Montaigne en apporte une nouvelle preuve, avec ses planches de vulgarisation scientifique, drôles et impertinentes.
Le point de départ est simple : tous ces films, d'action, ces films catastrophes, ou pire de "science" fiction, toutes ces séries télé, tous ces jeux vidéo, scientifiquement, ne tiennent pas la route.
A partir de scènes vues sur nos écrans, petits ou grands, elle nous explique, avec ses petits croquis, la réalité scientifique. Aussi bien des lasers que des fusils à pompe. Et bien d'autres choses encore.
Même moi, pas vraiment un scientifique, j'ai l'impression de comprendre...
Une bonne idée de cadeau pour Noël.
Pourvu que le tome 2 soit aussi bon !
En attendant, vous pouvez vous faire une idée sur son blog : http://tumourrasmoinsbete.blogspot.com
08:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bd
02/10/2011
Secrets des pyramides
Les pyramides de Napoléon
William Dietrich
Prix « Pulitzer »
Pocket n° 14101
1798 : Invasion de l’Egypte par Napoléon.
William Dietrich, écrivain américain, invente un héros, américain qui accompagne Napoléon, comme 177 savants.
Ce roman mêle l’histoire, politique et militaire, informations sur l’Egypte ancienne et spéculations ésotériques basées sur les traditions hermétiques, « nommées ainsi d’après le Dieu Hermès, version grecque du Dieu égyptien Thot », basées sur les mathématiques.
Où se trouve le livre de Thot, qui contient toutes les réponses aux secrets de la vie ?
La réponse, à la fin du livre, est inattendue. Pour une fois, ce n’est pas Rennes-le-Château !
Hérodote avait déjà affirmé que la grande pyramide de Gizeh était autre chose qu’une tombe. Les Arabes, au Ixe siècle ne trouvèrent aucune momie, ni aucun trésor. Mais elle est construite sur le principe du fameux « nombre d’or », bien connu des architectes, ainsi que des peintres de la Renaissance, et le « pi », bien connu des mathématiciens.
« Une femme recèle plus de mystère que n’importe quelle pyramide ».
Un parfait scénario de film d’action.
« Ce qui différencie notre espèce des autres n’est pas seulement ce que les hommes font subir aux autres hommes, mais la façon dont ils s’en justifient inlassablement »
« La raison a créé un vide et suscite le besoin de s’émerveiller. La persécution religieuse a généré une soif de spiritualité »
« La croyance commune à toutes les religions depuis dix mille ans : à savoir qu’il existe des mondes par-delà ceux que nous voyons »
« Les anciennes religions ne meurent jamais complètement, elles sont absorbées par les nouvelles »
« Personne ne savait en quoi Napoléon croyait, et encore moins lui-même, mais il était persuadé de l’utilité de la religion pour contrôler les masses »
« Le Corse s’est rendu populaire auprès du Directoire parce que ses batailles étaient sources de richesses »
« Je juge le niveau d’intelligence non pas à ce que l’on sait, mais à ce que l’on veut savoir »
08:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
01/10/2011
Eva Joly écrit un "polar" politico-financier
Les yeux de Lira
Eva Joly et Judith Perrignon
Editions "Les arènes"
Il y a Lira, journaliste russe, qui perdra la vue à vouloir regarder de trop près les affaires d'un oligarque. "D'habitude les Russe ne menacent pas, ils tuent".
Il y a Nwankwo, patron de la brigade financière du Nigeria, déçu de "voir les rebelles au pouvoir colonial devenir des tyrans", qui s'intéresse de trop près à la corruption dans son pays, les centaines de millions de $ détournés.
Il y a Félix, greffier de justice à Nice, trop sensible, supportant mal "l'impunité obscène" des plus riches.
En fuite, ils se retrouvent tous les trois à Londres, où ils seront aidés par une journaliste et une juge, puis, quand l'orage éclatera, dans un hameau des Cévennes. "Les échines granitiques des Cévennes dessinent des fortifications d'une terre du refus et du refuge".
Associée à la journaliste Judith Perrignon, Eva Joly se souvient qu'elle a été juge au "pôle financier".
Comme elle a peu de chances de devenir Présidente de la République, elle peut continuer dans cette voie...
Ce roman, au rythme rapide, qui ne s'attarde dans aucun lieu, des îles Féroé à Oxford, de Saint Petersburg à Paris, "l'Afrique, son bruit, sa danse, sa poussière, son coude à coude", en prise avec l'actualité politico-financière, se lit avec intérêt. Pas autant que "L'Honorable société" de Banotti et D.O.A., mais un cran au dessus de "Meurtre à l'Assemblée" de Jean-Louis Debré.
"C'est triste de dévisager un homme sans même plus se demander s'il est séduisant, juste s'il est dangereux"
"Si vous voulez aider l'Afrique, mettons fin à cette vaste corruption. Le terrorisme, la guerre civile, les ravages et les épidémies n'en sont que les symptômes"
"Les hommes adorent croire qu'ils sont généreux et les femmes reconnaissantes"
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/09/2011
face à la crise
Le monde d'après
Une crise sans précédent
Matthieu Pigasse et Gilles Finchelstein
Editions "Plon"
Gilles Finchelstein est le directeur de la Fondation Jean Jaurès, présidé par Pierre Mauroy. C'est un ami de vingt ans. Sa plume est aussi claire que son esprit est agile.
Son livre est pertinent, et facile à lire, sur un sujet un peu difficile. Il est d'actualité. L'amitié peut favoriser les bonnes lectures.
La crise financière est devenue économique et globale. Depuis la faillite de l'Islande, nous ne nous demandons plus si un Etat peut se trouver en cessation de paiement, mais combien de temps la Grèce va pouvoir y échapper. La faillite de l'Islande n'empêche pas certains de continuer à prétendre que la situation de la Grèce est de la faute de l'Euro et du FMI...
L'explication de la crise : "la déformation du partage de la valeur ajoutée", qui fait que le travail est moins payé, et plus imposé, que le capital. Les travailleurs ont répondu par l'endettement à la stagnation, ou même la baisse, de leurs revenus. "Le salaire réel moyen a reculé aux Etats-Unis comme dans la zone Euro". "Les ménages ont, par conséquent, substitué l'endettement aux revenus pour soutenir leurs dépenses".
"L'erreur est de tenter un sauve-qui-peut solitaire quand la situation exige une coopération et une coordination sans faille". "A un problème global, on apporte des réponses locales". "La navigation solitaire n'a aucun sens dans une économie mondialisée et dans une crise globale" ; "A crise globale, réponse globale et non repli national"
"Les premières victimes de cette crise sont donc les ménages, et d'abord les ménages les plus pauvres."
"Rien ne justifie de ne sauver que les banques. Il faut, très vite, alléger la dette des ménages" ; "Aucune raison ne justifie que les plans de sauvetage ne concernent que les banques et ne bénéficient pas aux particuliers"
Tout le monde sent bien que c'est notre organisation sociale qui est en cause. Ecroulement du communisme, faillite du libéralisme économique et de la dérégulation : il n'y a plus de modèles : il faut inventer un monde nouveau, "le monde d'après".
Les auteurs pensent que la social-démocratie, avec un autre partage de la valeur ajoutée, "un modèle d'économie de marché plus solidaire, plus durable, et plus européen", est le creuset le plus approprié pour aider à cette maïeutique. Dois-je préciser que je partage cette analyse ?
"La crise a au moins ceci de positif qu'elle relégitime l'action publique"
"Réguler les déséquilibre économiques internationaux, car telle est la cause la plus profonde de la crise actuelle, et tel est le risque le plus important pour le monde futur"
"On a laissé aux marchés le soin de s'auto-organiser. Les pouvoirs publics ont failli dans leurs missions de contrôle" ; "Ils n'ont pas su contrôler efficacement les opérateurs financiers"
"Il faut que la mondialisation de la politique réponde à la mondialisation de l'économie".
"Attaqués par le bas sur les produits à faibles coûts, nous sommes désormais attaqués par le haut, sur les produits à forte valeur ajoutée, par les pays émergents, qui font des investissements importants, avec des gains de productivité impressionnants"
"L'innovation conduisant au développement de nouveaux produits reste faible" (En France)
"La moitié des exportations chinoises proviennent d'entreprises des pays développés qui se sont implantés en Chine"
"Un grand emprunt européen, équivalent à 1% du PIB européen, lancé par l'Union européenne, concentré sur les infrastructures et les nouvelles technologies"
"Donner à l'Union européenne de vrais moyens, c'est à dire un vrai budget"
"La crise met en lumière une dérive dans la place qu'occupe l'argent par rapport aux autres valeurs de nos sociétés"
08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)