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19/05/2011

Une université post 68

Vincennes

 

Bruno Tessarech

 

Editions Nil, collection "Les affranchis"

 

 

Tessarech écrit à "la camarade Vincennes", cette université née à l'automne 68, "résultat d'amours hâtives entre hauts fonctionnaires et courbe démographique, au lendemain d'une cuite comateuse de la classe dirigeante".

 

"Ton lyrisme révolutionnaire était la séduction même". "Ce qui te faisait vibrer avait plus fière allure que les congrès de la SFIO et du Parti communiste, ou les embouteillages de week-end". "Les causes difficiles sont les seules qui importent".

 

"Nous redécouvrions le ressort de toute transmission intellectuelle : le respect pour un maître". Vincennes ne nous a pas donné un maître, mais plusieurs. "Tu ne nous poussas jamais dans les bras du moindre maître". "Chacun fut unique en son genre". "Tous nous ont appris à penser, c'est-à-dire à concevoir autant qu'à dire non, ce qui est le vrai mouvement de l'esprit." "Ce que j'ai aimé, ce sont ces mélanges".

 

Tessarech fréquentait les départements de sociologie et de philosophie (Deleuze, Lyotard, Châtelet, "le seul professeur de philosophie capable de se moquer de la philosophie des professeurs, car il les dominait tous", Foucault, Lacan et Judith Miller, Lapassade, Schérer).

Mes maîtres d'Histoire et de Géographie, moins médiatiques, ne m'en ont pas moins laissé un souvenir indélébile et chaleureux.

 

"Aujourd'hui rien ne subsiste de tes années passées en lisière du bois de Vincennes. Pas une plaque. Zéro trace."

 

"A défaut de sagesse, l'âge apporte à chacun son lot de résignation et d'accommodement avec le réel."

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

18/05/2011

voyages dans le temps

Les Chrono Kids 3

 

Zep et Stan&Vince

 

Prix "Jeunesse" Angoulême 2011

 

Editions Glénat

 

 

La machine à remonter le temps, vieux fantasme ! Aujourd'hui elle se présente comme un téléphone portable, qui permet donc à nos deux jeunes héros (une fille et un garçon) de se déplacer à volonté dans le temps, et d'y rencontrer HG Wells, auteur d'un roman sur ce thème.

 

Chaque aventure couvre entre une et quatre planches, chaque fois ponctuées d'un gag.

 

Rencontres successives avec Nobel, Jésus, le chevalier Bayard, Robin des bois, la ruée vers l'or, les Vikings, l'école il y a un siècle, les débuts du cinématographe, les premiers pas sur la lune, etc.

Nos chers petits risquent de faire un peu de confusion chronologique...

 

Cela m'a semblé plaisant, mais j'attends le verdict de mes deux petits fils de 12 ans. Je pense que ces aventures s'adressent à cette tranche d'âge.

 

 

08:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

15/05/2011

Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles...

Missak

 

Didier Daeninckx

 

Editions Perrin

 

Missak, c'est Manouchian, rendu immortel par "L'affiche rouge". "L'armée du crime", comme l'ont appelé alors la Gestapo et la Milice. Souvenir ravivé l'année dernière au cinéma.

 

Didier Daeninckx fait dans ce roman ce qu'il sait le mieux faire depuis "Meurtres pour mémoire" en 1984 : un roman sur une base historique solide. Pour corser un peu les choses, c'est un journaliste communiste pur et dur de 1955 qui nous emmène dans son enquête sur les traces de Missak et des trente actions militaires menées entre février et novembre 43, date de son arrestation, à la sortie de la gare d'Evry "petit bourg".

1955 : le ministre de l'intérieur propose l'extension du droit de vote aux femmes musulmanes. Un dénommé François Mitterrand...

On y rencontre un jeune chanteur nommé Charles Aznavour, et son père, engagé actif dans la résistance arménienne, comme Missak. Il est donc question du génocide commis par les Turcs, et des Arméniens français partis construire le socialisme dans l'Arménie soviétique.

On y croise également Charles Tillon, authentique résistant, écarté de la direction du "parti des fusillés" par ceux qui ont compromis le parti en demandant aux Allemands la reparution de l'Humanité.

 

Passionnant et bien écrit !

 

 

"Personne ne peut évaluer son courage à l'aune du respect qu'il se porte"

 

 

 

08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

14/05/2011

La maison verte

La maison verte

 

Mario Vargas Llosa

 

Editions Gallimard, collection "L'imaginaire"

 

 

De Vargas Llosa, j'ai déjà parlé dans ce blog de "Histoire de Mayta" et de "Qui a tué Palomino Molero ?", ainsi que du recueil d'articles "Histoire amoureuse de l'Amérique latine".

J'ai été désarçonné par cette "Maison verte", très imaginative et au style peu conventionnel.

 

La "maison verte" a été le nom donné au secrétariat des FARC, la guérilla colombienne, mais, contrairement, aux deux romans cités, il n'est pas question de guérilla.

 

La "maison verte" est le nom du lupanar de Piura, petite ville au nord du Pérou ("A Piura on ne te considère que pour ce que tu possèdes"), dans la forêt amazonienne, et ce livre est aussi foisonnant que celle-ci : cela part dans tous les sens, il n'y a plus d'unité de lieu ni de temps. "L'Amazonie, c'est comme une femme en chaleur, ça bouge tout le temps".

On passe plus de temps sur le fleuve que dans la "maison verte",  et ne vous attendez pas à savoir quoi que ce soit de la vie de ses pensionnaires.

 

La collection "L'imaginaire" était la mieux indiquée pour ce roman non conventionnel.

 

 

"La peur, c'est comme l'amour, une chose humaine"

 

08:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

12/05/2011

Colombie : le terrorisme d'Etat

Colombie : Derrière le rideau de fumée

Histoire du terrorisme d'Etat

 

Hernando Calvo Ospina

 

Préface d'Ignacio Ramonet

 

Editions "Le temps des cerises"

 

 

"La violence politique en Colombie est la conséquence des énormes inégalités sociales et de l'intransigeance d'une oligarchie nationale vorace et intransigeante, soutenue par les Etats-Unis".

 

"La lutte de tous ceux, nombreux, qui n'ont rien, contre la poignée de ceux qui ont tout", qui se traduit par la mort de centaines de milliers de paysans et le déplacement de deux millions d'entre eux, du fait de l'usurpation violente de leurs terres.

 

Comme l'indique le titre, il s'agit d'un "terrorisme d'Etat", puisque, quand ce ne sont pas ses propres agents qui sèment la barbarie, l'Etat laisse faire les paramilitaires qui sèment la terreur, sous prétexte de lutte contre le communisme, puis, après le 11 septembre 2001, de lutte contre le terrorisme, ou (mieux ou pire ?) le "narco terrorisme".

"L'opposition politique était réduite à un problème d'ordre public qui relevait de l'institution militaire". "Les forces armées prirent pratiquement le pouvoir en Colombie à la fin des années 70".

Puis la responsabilité de la répression est passée des militaires aux paramilitaires. Puis "les narcotrafiquants ont peu à peu mis la main sur les groupes qui, au départ, étaient constitués comme "autodéfense"". "La violence par délégation". "L'argent des narcotrafiquants permit l'approvisionnement des paramilitaires et de rémunérer de vastes réseaux de tueurs à gages et de suborner ou intimider des gens". "L'engagement à combattre la guérilla est le prix payé par les narcotrafiquants". "En échange, on a fourni aux paramilitaires des couloirs d'exportation de cocaïne". Naturellement "Escobar est devenu le bouc émissaire de toutes les horreurs commises".

 

Le programme de "L'Alliance pour le progrès" du Président Kennedy, visait "à gagner les cœurs et les esprits des peuples" et à "réconcilier les militaires et les communautés pour enlever aux insurgés leur base sociale".

Sans beaucoup plus de succès il y a 50 ans qu'en Afghanistan aujourd'hui...

 

Le "Plan Colombie", lancé par les USA était destiné à 85% au renforcement de l'appareil militaire, et seulement 8% au remplacement des cultures illicites, qui ont augmenté !

 

"Pendant le gouvernement d'Uribe, le terrorisme d'Etat contre les populations sans défense a transformé ce qui était une mare sanglante en un lac écarlate".

 

"La sinistre alliance entre les forces de l'Etat, certains groupes d'intérêts privés et des organisations mafieuses constitue l'une des causes fondamentales de l'escalade de la violence en Colombie."

"En investissent la moitié des milliards de pesos consacré à la "défense" dans le développement social et économique, on pousserait la guérilla sur le chemin de la défaite sans avoir à tirer un seul coup de fusil."

 

L'auteur se réclame du marxisme, mais sa démonstration serait plus convaincante s'il ne se croyait obligé, à plusieurs reprises, de donner comme merveilleux exemple à suivre l'incroyable "réussite" démocratique qu'est Cuba.

A l'exemple de Cuba, il justifie "le droit à la lutte armée pour prendre le pouvoir". "Ce qui a motivé la création des guérillas, c'est la grave politique d'exclusion menée par 'Etat abandonnant à son sort une population dans le plus grand besoin, assoiffée de justice". Il passe complètement sous silence les exactions des différents mouvements de guérilla, ni ne se pose la question de l'échec des théories guévaristes de "focos", de guérillas rurales dans un pays urbanisé à 75%. "En Colombie, il est plus facile d'organiser une guérilla qu'un syndicat".

 

"La paix n'est durable que par le biais de la justice sociale".

08:51 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)