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04/06/2011

Fantasmes de la vieillesse

Mémoire de mes putains tristes

Gabriel Garcia Marquez

Le livre de poche n°30608

 

Le narrateur raconte qu’à l’occasion de son quatre-vingt dixième anniversaire, il a voulu s’offrir une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge. Que les moralistes se rassurent : la nuit sera sage. « La morale aussi est une affaire de temps »

« J’ai découvert le plaisir invraisemblable de contempler le corps d’une femme endormie sans l’urgence du désir ni les inconvénients de la pudeur »

Dans ce petit livre aucune putain, triste ou gaie, n’y raconte ses mémoires, mais il y est beaucoup question de la vieillesse.

 

« Le premier symptôme de la vieillesse c’est quand on commence à ressembler à son père »

« Un des charmes de la vieillesse sont les provocations que se permettent les jeunes amies qui nous croient hors service »

« Je me suis habitué à me réveiller chaque matin avec une douleur différente qui changeait de place et de forme à mesure que les années passaient »

« La cinquantaine a été décisive, parce que j’avais pris conscience que presque tout le monde était plus jeune que moi. La soixantaine la plus intense, car j’avais cru ne plus pouvoir me permettre de faire des erreurs. Celle de soixante-dix à quatre-vingt a été terrible, car elle aurait pu être la dernière. »

« On n’a pas l’âge que l’on paraît mais celui que l’on sent » « On continue à se voir de l’intérieur tel qu’on a toujours été, alors que les autres découvrent les changements de l’extérieur » « On vieillit davantage et plus mal sur les portraits que dans la réalité » «Nous sommes vieux. L’ennui c’est qu’au-dedans on ne le sent pas, mais qu’au dehors tout le monde le voit »

« Mon âge sexuel ne m’a jamais inquiété, parce que ma vigueur dépendait moins de moi que d’elles, et qu’elles savent le comment et le pourquoi quand elles veulent » « Ce sont les inconvénients d’être toujours en vie »

« Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus »

 « Personne ne peut te reprendre ce que tu as vécu »

« J’étais condamné à mourir d’amour au terme d’une agonie de plaisir un jour quelconque après ma centième année »

08:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

02/06/2011

50 ans d'indépendances

Chroniques afro-sarcastiques

 

50 ans d'indépendance, tu parles !

 

Venance Konan

 

Préface de Stephen Smith

 

Editions Favre

 

 

Probablement un des livres des plus stimulants sur l'Afrique !

Probablement que seul un Africain, au talent confirmé, pouvait se permettre d'énoncer, et dénoncer,  les vérités qui font mal, en maniant l'humour et même la dérision.

 

Venance Konan est connu comme écrivain (j'ai parlé dans ce blog de "Catapilas") et comme polémiste,  n'hésitant pas à intervenir dans la crise de son pays, la Côte d'Ivoire.

Dans son "état des lieux", j'ai particulièrement aimé ses chapitres sur "les coups d'Etat", "les accords de défense", les "ONG".

La deuxième partie est une galerie de portraits de "nos chers dirigeants", y compris les "chers disparus",  et leurs "héritiers".

Si vous avez aimé "Négronologie" de Stephen Smith (voir ce blog), vous adorerez ces "Chroniques" et leur conclusion "L'espoir ne coûte rien et ne demande aucun effort...".

 

 

"Ils se sont partagés nos pays, ont tracé des frontières sans nous demander nos avis, ont mis tout le monde ensemble, les tribus qui s'aimaient et celles qui se détestaient cordialement, et nous ont dit que nous formions un nouveau pays. Les frontières, ils les ont tracées en fonction de leurs progressions respectives. Chacun a planté son drapeau là où il a pu arriver".

 

"Etre développé, c'est vivre comme les Blancs. Nos chefs se sont développé plus vite que les autres. Comme nous ne savions pas faire tout cela, nous avons trouvé plus simple de le faire faire par nos amis français. Les Français ont donc créé la coopération. Cela consistait pour eux à nous donner un peu d'argent et à nous en prêter beaucoup. Cet argent servait à acheter chez eux tout ce dont nous avions besoin, et aussi ce dont nous n'avions pas besoin. C'étaient les coopérants qui nous disaient ce qu'il fallait faire pour être développés"

 

"Les ONG fondirent sur nous comme des criquets pèlerins. Il y en avait dans tous les domaines, dans tous les secteurs, dans tous les pays, surtout les plus pauvres. Elles étaient animées par des jeunes gens, bien blancs, tout propres sur eux, qui circulaient en voitures 4X4, qui étaient super bien payés. Pour la plupart d'entre eux, ils mettaient les pieds pour la première fois sur le continent, ne connaissaient strictement rien à nos réalités, mais ils avaient des solutions à tous nos problèmes".

 

"Nos chefs sont aussi des hommes d'affaires : ils possèdent les meilleures affaires du pays !"

 

"Privatiser chez nous, cela veut dire vider la moitié au moins du personnel, et faire venir des Blancs pour diriger la boîte."

 

"Ils voulaient de la démocratie, comme si cela se mangeait ou donnait du travail"

 

"Lorsque le FMI et la Banque mondiale ont trouvé que nous étions trop endettés et qu'il fallait alléger cette dette, nos amis chinois nous ont prêté de l'argent pour nous endetter à nouveau"

 

08:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

29/05/2011

Charles IX

Charly 9

Jean Teulé

Editions Julliard

 

Biographie romancée de Charles IX, devenu roi à 10 ans, et resté sous la coupe de sa mère, la Régente, Catherine de Médicis.

Il est resté dans l’Histoire comme le Roi de l’horreur de la Saint Barthélémy, lui qui avait signé,  avec les protestants,  la Paix de Saint-Germain et qui cherchait la conciliation avec eux, allant jusqu’à marier sa sœur, la « Reine Margot » avec Henri de Navarre, alors âgé de 19 ans, lui dont la maîtresse, Marie Touchet, dont il a eu un fils,  était protestante.

Dans le film « La Reine Margot », jouée par Isabelle Adjani,  Charles est incarné de façon inoubliable par Jean-Hugues Anglade.

Le roman commence avec la calamiteuse décision prise sous la pression du « conseil royal » emmené par Catherine de Médicis, et se termine par les obsèques du Roi, mort à 23 ans, elles aussi sanglantes.

Entre les deux le basculement dans la folie,  devant l’horreur commise, avec la bénédiction du Pape. « Etat dépressif grave, proche de la prostration, et troublé par d’incessantes hallucinations ».

Tout cela raconté dans le style alerte de Teulé. Qui n’hésite pas devant les anachronismes, probablement pour rendre son récit plus actuel.

Un petit livre plaisant, qui ne mérite probablement ni son succès de ventes, ni la critique sévère du « Monde des livres » de cette semaine…

09:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

28/05/2011

le roman de l'Uruguay du XXe siècle

La montagne invisible

Carolina De Robertis

Editions Belfond

 

L’Uruguay au XXe siècle à travers la vie de trois femmes.

Tout commence avec le grand-père, Ignacio,  qui quitte l’Italie pour émigrer dans le « nouveau monde », à Montevideo, « une ville de marins et d’ouvriers, de laine et de bœuf,  de pierres grises et de longues nuits d’hiver glacés ». Il apprend à boire la grappa au miel et le « maté » avec la « bombilla », « le liquide vert au goût amer et vivifiant. Le goût de l’Uruguay ». « Le président du nom de Battle y Ordonnez avait ensorcelé la population en promettant des écoles, des droits aux ouvriers et des hôpitaux ». « Il a transformé l’Uruguay en pays démocratique ». L’émancipation des femmes y date de 1905 ! Ignacio épouse, au fin fond de la campagne, Pajita (petit oiseau), jeune paysanne illettrée mais intelligente. Elle affirme descendre de José Artigas, héros de l’indépendance. « Il a mené le combat pour l’indépendance avec les gauchos, les indiens et les esclaves libérés ». Sa connaissance des plantes  permettra à Pajita de faire vivre sa famille pendant les absences de son mari.

Sa fille Eva devra quitter trop tôt ses études, mais n’abandonnera jamais son amour de la poésie. Elle partira pour Buenos Aires, de l’autre côté du Rio de la Plata.

Elle y connaîtra l’amour et vivra l’aventure du péronisme, jusqu’à la chute, qui entraînera pour elle le retour sur sa terre natale.

La fille d’Eva, Salomé, rejoint les Tupamaros, dont le nom s’inspirait de Tupac Amaru, le dernier roi inca transformé en martyr par les Espagnols. Les Tupamaros proclamaient « le droit sacré à la rébellion ». Nous étions en 1968 ! Les Tupamaros cherchaient à ridiculiser le pouvoir autoritaire du Président Pacheco, si possible sans utiliser la violence.  Ils ne réussirent qu’à permettre la prise du pouvoir par une junte militaire. Salomé est victime de la répression, des tortures, de l’emprisonnement. A ce moment là, « l’Uruguay détenait le record mondial du plus grand nombre de prisonniers politiques par habitant. »

Comme le dit l’auteur : « bien que ce livre soit un roman, il repose sur des évènements historiques réels. Ma propre famille fut une des plus importantes sources de documentation. »

 

« A chaque saison, un nouveau tyran, à la tête d’une armée, détruisait une autre armée, se saisissait du pouvoir, puis le perdait ».

« La mémoire est la reine des tours de passe-passe : elle embellit ce qui brille déjà et laisse dans l’ombre les misères et les erreurs »

« L’Uruguay avait eu un destin unique, preuve d’une solide démocratie : alphabétisation importante, droits du travail, santé publique »

« L’Uruguay, un joyau perdu sur un continent oublié »

« J’étais né pour te caresser, ma vie pour ça, ma main sur ta peau »

13:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

21/05/2011

Mirabeau et Marie-Antoinette

L'entrevue de Saint-Cloud

 

La rencontre qui aurait pu changer le cours de l'Histoire

 

Harold Cobert

 

Editions Héloïse d'Ormesson

 

 

Cobert a consacré sa thèse à Mirabeau. Et il tombe dans la tentation de réécrire l'Histoire !

 

Que se serait-il passé si, le 3 juillet 1790, Mirabeau avait convaincu Marie-Antoinette ?

"Précéder les évènements, les provoquer, et non plus les subir".

Mirabeau, aidé de Marie-Antoinette,  aurait-il sauvé le trône ?

Propos un peu vain, car la Reine était ce qu'elle était, avec son éducation autrichienne et impériale.

"Les peuples ont toujours eu besoin de boucs émissaires".

 

Ce petit livre nous plonge dans un moment particulièrement passionnant de l'Histoire de notre pays, à travers les personnalités de Marie-Antoinette et de Mirabeau. "S'il est payé pour ses avis, il n'est pas un vendu". Il est "le défenseur du pouvoir monarchique réglé par les lois". (Monarchie constitutionnelle). "L'homme du rétablissement de l'ordre, et non du retour à l'ordre ancien".

 

"Mirabeau ne s'était vautré corps et âme dans la débauche que pour conjurer les stigmates de sa laideur, elle ne s'était jetée dans l'étourdissement perpétuels des bals et des fêtes que pour combler le vide de son cœur et de sa chair inassouvie".

 

"Le temps, la fatalité n'en accorde jamais..."

 

"L'opinion est désormais le seul fondement durable de tout pouvoir"

 

"On est jamais sensible qu'à son propre malheur...ou victime de son propre apitoiement ! "

 

"On a l'âge de ses blessures"

 

"Que valent les meilleures convictions, contre l'argent, la gloire, le pouvoir ?"

 

08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire