04/10/2008
Le petit prince mis en images
Le petit prince
Mise en images du texte d'Antoine de Saint-Exupéry par
Joan Sfar
Editions Gallimard, collection "Fétiche"
Cet album est une réussite totale, y compris la mise en couleurs.
Saint-Exupéry n'ayant pas écrit son texte en collaboration avec Joan Sfar. Il faut donc croire que le dessinateur, connu pour "le chat du rabbin", s'est complètement immergé et imprégné dans l'œuvre de l'écrivain.
La poésie du dessin fait mieux que s'additionner à la poésie du texte : elle la multiplie.
"Les grandes personnes sont bien étranges", elles "s'occupent de choses sérieuses", mais "ce n'est pas de leur faute" et elles liront avec enchantement cette version du "Petit prince", pour se souvenir qu'"on ne voit bien qu'avec le cœur", qu'"on ne connait que les choses que l'on apprivoise", que "tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé" mais "on risque de pleurer un peu si on s'est laissé apprivoiser".
"Il y avait sur la terre un petit prince à consoler" et "aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d'importance".
Mon souhait est que mes petits enfants, après mes enfants, éprouvent la même émotion.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd
30/09/2008
mes vacances ratées avec Nicolas Sarkozy
Mes vacances ratées avec Nicolas Sarkozy
Guillemette Faure
Editions Ramsay
Guillemette Faure était la correspondante aux Etats-Unis du Figaro, donc pas vraiment une gauchiste anti sarkozyste.
L'année dernière, pendant l'été, elle a été chargée de suivre les vacances de la famille Sarkozy aux USA, au bord du lac Winnipesaukee ("le sourire du grand esprit").
Il ne se passait rien, et elle avait pour tâche de raconter qu'il ne se passait rien dans le meilleur des mondes possibles.
Elle a pu vivre "en direct" la différence entre les journalistes américains et les journalistes français à l'égard des Présidents.
Elle a pu voir comment Sarkozy utilisait la presse et donnait ses directives aux journalistes, en particulier les photographes, car ce qui compte surtout, pour lui plus que pour tout autre, c'est l'image.
Elle s'est demandée où était, pour Sarkozy et pour la presse, la ligne de partage entre vie publique et vie privée.
"Nicolas Sarkozy a voulu désacraliser la fonction. Il a créé l'envie d'entrer dans sa vie privée".
"Cet été là, le métier de journaliste politique allait beaucoup changer" ; "Il veut des mêlées de journalistes autour de lui." ; "il ne peut se passer d'être un évènement à lui tout seul".
"Pour le confort de ses nuits, Nicolas Sarkozy se fout de l'opinion quand il s'agit de choisir ses vacances" ; "2 000 mètres carrés, onze salles de bain, une salle de cinéma" ; "Tarif de la location : 22 000 euros la semaine". "Il n'a pas l'intention de jouer les M. tout le monde. Il a l'argent décomplexé." : "J'ai le droit d'avoir des amis, d'aller les voir en vacances".
Il est donc allé voir W, qui possède 650 hectares au Texas. "Bush serait prêt à tout pardonner à Nicolas, tellement il est content de ne plus avoir à faire à Chirac".
Guillemette Faure n'a pas écrit un pamphlet. Elle est seulement un peu désappointée, un peu critique, un peu moqueuse. Elle ne travaille plus pour le Figaro...
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, sarkozy
28/09/2008
Deux soeurs pour Léonard
Deux sœurs pour Léonard
Traduction du titre anglais : "Les cygnes de Léonard"
Editions J.C. Lattès
Italie 1489/1505
Deux sœurs pour Léonard (de Vinci, bien entendu), c'est affriolant, mais tout à fait exagéré.
Isabelle et Béatrice d'Este, filles du Duc de Ferrare sont restées dans l'Histoire, au moins l'Histoire de l'art, pour leur rôle actif dans la promotion de la Renaissance et l'appui apporté aux artistes. Léonard étant l'un d'entre eux. Le portrait, de profil, qu'il a réalisé d'Isabelle se trouve au Louvre.
Leur mécénat ne pouvait se faite que par l'intermédiaire de leurs maris : pour Béatrice, le Duc de Milan, Ludovic Sforza, dit "le Maure", qui perdra son duché au profit des Français, puis des Habsbourg, pour Isabelle le, plus modeste, Marquis de Mantoue.
Très vite le lecteur comprend que la rivalité entre les deux sœurs est d'abord une saine émulation.
Comme Isabelle, Béatrice aurait pu dire : "Je suis une femme qui a appris à vivre dans un monde d'hommes".
Plus que la rivalité de Béatrice et Isabelle se joue la rivalité entre les grandes principautés italiennes, dans laquelle le Pape est un acteur majeur, tandis qu'apparaissent sur la scène les rois de France (Charles VIII puis son cousin Louis XII, en attendant le petit neveu de celui-ci, François, qui se rendra célèbre à Marignan), décidés à revendiquer le royaume de Naples.
Les Vénitiens cherchent à s'assurer l'hégémonie sur les routes commerciales, alors que s'ouvrent, pour Gênes, les Espagnols et les Portugais, des horizons plus larges.
Florence est sous le joug de Savonarole qui oblige Botticelli à faire pénitence pour avoir peint des femmes nues...
Alliances, trahisons, tout un art, différent, mais aussi subtil que celui du Maître !
Citations
"Le cygne est immaculé et il chante doucement en mourant"
Léonard de Vinci
"Quand la fortune vient, saisis la par les cheveux de devant, car je te le dis, sur la nuque, elle est chauve".
Léonard de Vinci
"Plus vous vous serez rapproché des Cieux, plus brutale sera votre chute"
Dicton vénitien
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
27/09/2008
Binet : les Bidochon internautes
Les Bidochon internautes
Christian Binet
Editions "Fluide glacial"
La dernière fois que j'ai croisé Christian Binet, c'était il y a bientôt quarante ans, dans la salle des mariages de la petite ville où nous vivions et où nous nous sommes mariés, non pas ensemble, cela ne se faisait pas à l'époque, mais l'un après l'autre. Autant que je m'en souvienne, sa femme ne ressemblait pas du tout à Raymonde Bidochon.
Je connaissais Christian par son frère, qui était mon voisin de classe au lycée, et avec qui je jouais au foot pendant les récréations. Il est décédé prématurément, dans un accident de voiture, en rentrant de vacances, du côté de Pussay, et je m'en souviens encore...
Christian Binet en est à son dix neuvième épisode des aventures des Bidochon, et dans ses premiers albums il était facile, pour les Etampois, de reconnaître "l'habitation à loyer modéré" où il vivait (les HLM n'étaient pas encore devenus des ghettos), tout comme il était possible de situer très précisément où Binet avait trouvé l'inspiration pour imaginer le rêve pavillonnaire de ses "héros".
Nous avons tous, en nous, quelque chose de Bidochon !
Comme Binet a de la tendresse pour ses personnages, nous nous amusons de leurs maladresses, qui sont parfois les nôtres, exagérées, caricaturées, bien sûr !
C'est pourquoi il est impossible de ne pas sourire, et même rire, aux mésaventures des Bidochon internautes.
Nos enfants sont nés avec l'informatique, qui fait partie de la vie quotidienne de nos petits enfants, mais notre génération a été obligée de s'y mettre, plus ou moins facilement.
Qui n'a pas été confronté avec une "ligne d'assistance téléphonique", avec l'envie de demander, s'il y avait eu quelqu'un en ligne : "pour : j'en ai marre d'être pris pour un con, je tape quelle touche ?". Si la "hot line" nous donne des vapeurs, ce n'est malheureusement pas parce que Line est "chaude" !
Quand "on" me demande, après moult tentatives, et quelque temps d'attente :"Pouvez vous tapez sur F5 ?", je pense à Francis Blanche interrogeant Pierre Dac, et je réponds : "Oui, je peux le faire !".
Comme Raymonde, j'en suis encore à préférer coller un "post-it" sur le frigidaire plutôt que dans le coin de mon écran d'ordinateur.
Contrairement à Robert, je ne regarde plus mes spams, découragé que je suis de me voir sans cesse proposer d'élargir mon pénis ou d'améliorer mes performances sexuelles, grâce à du viagra de contrebande (si je puis dire).
Mais comme Robert, il m'est arrivé de ne plus avoir le temps de faire autre chose parce que je passais trop de temps devant l'ordinateur.
Comme Robert, il m'est arrivé de tomber, par hasard, sur des sites pornographiques...dont je regrette d'avoir complètement oublié l'adresse...
Mais contrairement à Raymonde je n'ai jamais acheté de livre sur internet, non par peur de me faire escroquer, comme Robert, mais parce qu'avant d'acheter un livre j'aime bien le manipuler et regarder la "quatrième de couverture".
C'est ce que j'ai fait avec le dernier Binet.
Prochain album : le blog des Bidochon ?
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, littérature
23/09/2008
Secrétariat particulier
Secrétariat particulier
27 ans au côté de François Mitterrand
Paulette Decraene
Editions l'Archipel
Ne vous attendez pas à des révélations. "Les quatre tomes de la "Décennie Mitterrand de Pierre Favier et Michel Martin-Roland restent les livres de référence", prévient l'auteure. Manifestement, pour travailler au côté de François Mitterrand pendant 27 ans, il faut de grandes qualités de discrétion."Dans secrétaire, il y a secret". "Secrétaire : le mot décrit bien la fonction. Meuble ou personne, on lui confie ses secrets". "François Mitterrand était lâchement masculin : il ne voulait pas d'histoires".
En lisant ce livre, j'ai pensé au mot allemand "mitarbeiterin" : celle qui travaille avec.
Avec lui ("tant d'autorité dans son ton et tant de douceur dans on regard"), avant le PS, avec lui à la tête du PS, avec lui à l'Elysée.
Elle éclaire, aide à mieux comprendre, et défend la mémoire d'un homme qu'elle admirait.
Elle a des mots inhabituellement durs pour deux "monuments" de la politique française :
- Pierre Mendes-France : "Il avait toutes les qualités d'un homme d'Etat, sauf une : prendre le risque d'échouer" ;
- Pierre Bérégovoy, que son suicide a rendu intouchable : "Je l'ai connu en 1974. Entré au Conseil économique et social, il croyait avoir atteint l'apogée de sa carrière. Il aimait qu'on l'admire, mais je ne pensais pas qu'un jour la jalousie et l'ambition le dévoreraient. De tous, il a été le plus injuste. Son animosité était à la hauteur de sa jalousie. Mais il ne connaîtra pas le bonheur qu'il attendait de la fonction prestigieuse tant espérée (Premier ministre).
Inversement, elle défend son amie Edith Cresson, victime d'un "sexisme vigoureux et destructeur"; c'est "l'entourage du Président qui, le premier, sabote sa décision". "C'est la jalousie qui a détruit Edith Cresson".
Extraits
"La politique, c'est comme le cinéma : chacun veut participer au casting"
"L'efficacité des réunions du G8 est inversement proportionnelle à leur coût. Ce sont de véritables festivals de la frime et des faux-semblants".
"On a jamais fini, quand on est au pouvoir".
"On s'habitue vite aux honneurs, à la facilité et l'on oublie comment on les a obtenus".
"L'argent, les grands bourgeois savent ce que c'est : ils ne le surestiment pas au point d'en vouloir toujours plus".
"En diplomatie, la morale n'est pas toujours une vertu cardinale"
"François Mitterrand c'était "jamais sans mon livre". "C'est dans les livres qu'il connut le bonheur des grandes évasions".
Citations
"La politique, c'est l'art de 'l'oubli" (Houphouët-Boigny)
"Il n'y a rien d'urgent, il n'y a que des gens pressés" (François Mitterrand)
"Faire de la politique, c'est parler aux gens" (François Mitterrand)
"Gouverner est une façon d'écrire sa propre histoire" (François Mitterrand)
"Penser aux morts, c'est assurer la survie des gens qu'on a aimés, en attendant que d'autres le fassent pour vous". (François Mitterrand)
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique