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18/10/2008

chagrin d'école

Chagrin d'école

 

Daniel Pennac

 

Editions Gallimard, collection NRF

 

 

"Entre les murs" n'était pas encore un énorme succès cinématographique lorsque Pennac, ancien cancre devenu enseignant et auteur à succès,  a sorti ce livre tellement complémentaire.

Un livre pour toutes celles et tous ceux, parfois en "état d'hébétude scolaire" qui se sont demandés si le système scolaire était fait pour eux, et réciproquement, avant, parfois, d'être sauvé(e)s par un(e) enseignant(e) pédagogue dans l'âme.

"L'idée que l'on puisse enseigner sans difficulté tient à une représentation éthérée de l'élève".

"Besoin d'instruire d'autant plus difficile à combler qu'il faut d'abord les éveiller".

"Comme on ne peut pas vivre sans passion, ils développent, faute de mieux, la passion de l'échec."

 

Je me suis parfois reconnu.

Il a fallu 68 pour que j'obtienne mon Bac, faute de guerre mondiale, je n'ai jamais tenté l'agrégation.

"Mes professeurs pratiquait la dictée comme une razzia de riches dans un quartier pauvre"

"Il me fallait un monde à moi, ce fut celui des livres".

"Je lisais comme Emma Bovary, pour la seule satisfaction de mes sensations, lesquelles, par bonheur, se révélèrent insatiables". (Et ça continue !)

"Le cancre oscille perpétuellement entre l'excuse d'être et le désir d'exister"

"On ne change pas tellement, on fait avec ce qu'on est".

 

"Pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent, il faut cesser de brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment"

"Une vague promesse d'avenir, contre une pleine présence scolaire, voilà ce que l'école exige".

 

"Il n'y a pas plus étanche que le chagrin pour faire écran au savoir"

 

"Je hais cette peur du pauvre que la propagande attise à chaque période électorale"

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

12/10/2008

Imperium

Imperium

 

Robert Harris

 

Editions Plon

 

 

L'"imperium", c'est le pouvoir, en particulier le pouvoir politique.

Ce livre raconte l'ascension,  de - 79 à - 64,  avant JC, vers le Consulat,  de Cicéron, brillant avocat, intelligent et sans beaucoup de scrupules,  qui fait un "beau" mariage, avec une femme qu'il n'aime pas, dans le seul but de profiter d'une fortune indispensable à sa carrière politique.

Bien en place, il assiste à la première tentative de Jules César, "trentenaire insomniaque",  d'entrer au Sénat. "Pour se présenter aux élections, il avait dû s'endetter lourdement".

 

Leçons de politique :

 

"Première règle en politique : ne jamais oublier un visage"

 

"La capacité d'écouter des casse-pieds exige beaucoup d'endurance, et cette endurance est l'essence même de la politique"

 

"Si c'est de la gratitude que tu veux, prends un chien"

 

"Les électeurs ne pardonnent pas la mesquinerie"

 

"C'est la persévérance et non le génie qui mène un homme au sommet, car elle seule permet d'avancer dans le monde"

 

"Le moyen le plus sûr de progresser en politique est de se tenir près de celui qui est tout en haut"

 

"L'ascension vers les sommets politiques vous contraint souvent à voyager avec des compagnons qui ne vous plaisent guère"

 

"Seule la perfection est ennuyeuse"

 

"La teneur du discours n'est rien à côté de la façon de le dire"

 

"L'éloquence qui n'étonne pas ne m'apparaît pas comme de l'éloquence"

 

"Il faut parfois commencer un combat pour trouver comment le gagner"

 

"Lorsqu'on se retrouve enlisé en politique, la seule chose à faire est de déclencher une bagarre ; parce que c'est seulement lorsque la bagarre fait rage que l'on peut espérer découvrir une porte de sortie"

 

"La gloire politique repose sur la capacité de dissimuler les astuces qui sous-tendent l'ensemble"

 

"Tu ne seras bientôt plus capable de reconnaître tes subterfuges de la vérité. Et alors, tu seras perdu"

 

"On ne peut pas prétendre s'y connaître en politique tant qu'on a pas passé toute une nuit à écrire un discours pour le lendemain."

 

"Il y a,  en politique,  peu de choses plus difficiles à contrer que le sentiment de l'inéluctabilité"

 

"La politique, c'est l'Histoire en plein vol"

 

"Le pouvoir revient généralement à choisir entre deux options aussi désagréables l'une que l'autre"

 

"Les fonctionnaires permanents commencent par être au service des politiques, puis finissent par se prendre pour nos maîtres"

 

"Il y a plus de monde qui vénère le soleil levant que le soleil couchant"

 

"A quel tas de cendres la plupart des carrières politiques se résument-elles ?"

 

11/10/2008

entre les murs, c'est d'abord un livre

Entre les murs (le livre)

 

François Bégaudeau

 

Prix France Culture - Télérama 2006

 

Folio n°4523

 

 

Comme toujours, il y a plus d'éléments dans le livre, pourtant mince,  que dans le film.

Comme toujours, l'écrit permet de s'arrêter et de revenir en arrière, de noter quelques phrases :

 

"Un adolescent apprend peu à peu à respecter ses professeurs à causes des menaces" (Khoumba)

 

"C'est passionnant le rugby. Organiser le chaos pour fabriquer de la puissance, c'est passionnant" (en salle des profs).

 

"Il y a des chose qui se disent et qui ne s'écrivent pas. Déjà, il faut que tu enlèves toutes les expressions orales ou familières"

"Le style, c'est tout ce qui n'et pas strictement utile. Et bien, pour le langage, c'est pareil".

(Cours de français)

 

"Bien choisir c'qu'on veut par rapport à c'qu'on peut" (orientation de fin d'année).

 

"Il faut trouver le compromis entre désir et réalité". (Ecole de la vie ?)

 

 

 

 

 

08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

09/10/2008

un monde sans frontières ?

L'obsession des frontières

 

Michel Foucher

 

Editions Perrin

 

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la "mondialisation", la "globalisation", n'ont pas effacé les frontières.

Au contraire : l'éclatement de l'URSS et de la Yougoslavie ont multiplié les frontières, internationalement reconnues, ou non. L'Abkhazie, l'Ossétie, le Kosovo nous montrent l'actualité de la question. Sans parler de toutes ces Nations sans Etat !

En Europe, le continent le plus morcelé de la planète, la moitié des frontières datent d'après 1945 et le quart sont postérieures à 1990.

"La frontière est d'autant plus instrumentalisée que l'Etat est récent et manque de cohésion interne". "La limite sert de lieu métaphorique à l'identité nationale".

D'autant plus que "l'accès à l'indépendance doit se payer d'une acceptation préalable de limites préexistantes".

"L'instrumentalisation des frontières fait pleinement partie du dispositif de fabrication des Nations, au même titre que la réécriture de l'Histoire."

De plus, comme l'ont bien compris Poutine, et le Président géorgien, "les bruits de bottes sur les confins fabriquent de la cohésion autour du leader".

Pour trois réunifications (Allemagne, Vietnam et Yémen), combien de kilomètres de nouvelles frontières ?

Les conflits "gelés" risquent à tout moment de ne plus l'être, puisqu'il n'y a plus de guerre "froide".

Jamais on a autant délimité, clôturé des "frontières", surtout quand elles n'en sont pas,  en profitant des toutes les possibilités de l'électronique (USA, Israël, Chypre, Ulster,  Cachemire, Sahara occidental, Koweït, Bengale, Botswana, etc.).

Les frontières cessent souvent d'être les lieux de rencontres et d'échanges qu'elles étaient dans l'Histoire, pour devenir des coupures, des lignes de confrontation,  comme autant de "rideaux de fer".

"Les frontières se sont transformées en membranes asymétriques autorisant la sortie, mais protégeant l'entrée". Mais "la clôture est d'abord un message politique à usage interne", "au prix d'un amalgame entre migration illégale, criminalité et risques terroristes".

 

"L'homme moderne paie sa liberté d'aller et venir d'une surveillance accrue".

 

Faisant le tour du globe, n'oubliant aucun continent, aucune île, l'auteur, géographe et diplomate, Directeur du "Centre d'analyses et de prévisions" du ministère des affaires étrangères montre les réalités frontalières concrètes,  pour étayer ses analyses.

 

Le livre se termine par différents scenarii possibles pour l'Union européenne de demain, car "nous ne pouvons pas dire où se situent les frontières de l'Europe" :

- L'Union européenne n'ayant "rien de mieux à offrir qu'elle même", tous les conflits débouchent sur des promesses de futures adhésions. "On voit mal comment l'intégration à l'Union règlera, comme par miracle, des questions nationales", mais "la valeur européenne essentielle est la résolution négociée et démocratique des différends".

- "Chaque Etat membre estime bénéfique de faciliter l'intégration de son voisin immédiat". Il faudra alors intensifier "les transferts en direction des périphéries les moins développées, de manière à réduire les écarts".

- "Pour le Caucase du Sud, le nouvel argument en faveur de l'adhésion est d'assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques".

 

Le "Conseil de l'Europe", Russie comprise, compte 46 membres. N'y sont pas les Etats non encore reconnus à l'ONU, comme le Kosovo. Sans parler de l'Ossétie, de l'Abkhazie, de la Transnistrie...

 

05/10/2008

Natures mortes au Vatican

Natures mortes au Vatican

 

Roman noir et gastronomique en Italie à la Renaissance

Suivi d'un recueil de recettes de l'époque

 

Michèle Barrière

 

Editions Agnès Viénot

 

 

Michèle Barrière est historienne, auteur, pour ARTE,  de la série "Histoire en cuisine".

Son livre est un vrai roman policier qui se passe au XVIe siècle en Italie, et la cuisine y joue un rôle important.

 

La Renaissance, qui a commencé un siècle plus tôt,  a bouleversé l'art et la vie, mais l'Inquisition veille toujours. Giordano Bruno va le payer de sa vie.  "Les temps sont à la suspicion". A Genève les autorités sont "tout aussi féroces".

 

Le peintre Arcimboldo est au centre de l'intrigue. Arcimboldo dont les peintures, à nulles autres pareilles,  ont été exposées à Paris il y a quelques mois, au musée du Luxembourg. Il réalisait la prouesse de composer des portraits dont les éléments étaient des légumes ou des fruits. "La mode est aux tableaux représentant des scènes de cuisine". "Depuis Raphaël et Michel-Ange tout a changé". "Tout doit être invention, caprice et fantaisie", sauf que, "pour lutter contre l'avancée des protestants, après que des foules menées par des pasteurs acharnés aient détruit dans les églises tous les tableaux qui, selon eux, ne sont qu'idolâtreries offensant Dieu,  le Concile de Trente a émis des directives qui conçoivent la peinture comme une arme au servie de la foi. Tout doit être utile et convenable". "C'est le retour à l'ordre moral".

 

Un livre pour celles et ceux qui aiment les livres policiers, l'Histoire, l'Histoire de l'Art...et l'Art culinaire.