21/09/2008
Moi, Mona Lisa
Moi, Mona Lisa
Jeanne Kalogridis
Presses de la Cité
Tout le monde connait le tableau, mais les historiens ne savent pas grand chose de celle qui incarna "La Joconde", dont "la vie est aussi mystérieuse que son sourire".
Bonne occasion pour laisser courir l'imagination d'une romancière qui n'en manque pas.
Ce livre, probablement mon préféré parmi mes lectures de cet été, est l'occasion de se promener à Florence à la fin du XVe siècle : fin du règne de Laurent le Magnifique, assassinat de son frère Julien, montée en puissance de Savonarole, intégriste religieux qui ne supporte pas que l'art ne soit plus exclusivement religieux, dans un siècle qui a du mal à sortir des superstitions moyenâgeuses.
Les femmes ont bien du mal à décider pour elles mêmes : pères puis maris s'en chargent pour elles !
C'est la Renaissance, et se croisent à Florence des artistes inoubliables comme Botticelli, Michel-Ange...et bien entendu Léonard.
Il y a l'Histoire, donc des intrigues politiques, des histoires, avec de l'action, du "suspens", de l'Amour...
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : litérature, histoire
20/09/2008
Gomorra (le livre)
Gomorra
Dans l'empire de la camorra
Roberto Saviano
Editions Gallimard
"Ceux qui l'emportent, quelle que soit la manière, jamais n'éprouvent de honte" (Machiavel)
"L'éthique est le frein des perdants"
"Comprendre ce qu'est l'atroce, ne pas nier son existence, affronter la réalité, sans préjugés" (Hannah Arendt)
"Il y a ceux qui commandent aux mots et ceux qui commandent aux faits : tu dois comprendre qui commandent aux faits et faire mine de croire ceux qui commandent aux mots".
Le système de la camorra est la logique du profit à tout prix poussée à son paroxysme :
"La logique de l'entreprenariat criminel est empreinte d'un ultralibéralisme radical. Les règles sont dictées et imposées par les affaires, par l'obligation de faire du profit et de vaincre la concurrence. Vaincre dans l'arène du marché : lancer un produit, conquérir des parts de marchés, investir dans des secteurs de pointe : tout à un prix".
"Il ne connait que la syntaxe des entreprises et la grammaire du pouvoir."
"L'organisation criminelle repose directement sur l'économie et la dialectique commerciale est l'ossature du clan."
"Le chômage est endémique et on ne perçoit aucune volonté de progrès social". "N'importe qui peut recruter une main d'œuvre de base qui coûte moins chère que les dealers nigérians ou albanais."
"70% du volume des exportations de textile chinois transitent par le seul port de Naples, ce qui ne représente pourtant que 20% de leur valeur"
"50.000 cas de contrefaçons ont été répertoriés". "La contrebande s'intéresse à présent aux produits de consommation courante davantage qu'au vice des fumeurs".
"Peu importe comment cette richesse est produite, ce qu'il faut c'est que cette chair à canon reste engluée dans les banlieues, écrasée entre le béton et les ordures, dans les ateliers clandestins et les entrepôts de coke".
"Un ouvrier du textile travaille dix heures par jour pour un salaire qui va de 500 à 900 euros par mois, sans aucun filet de protection sociale, majoritairement des femmes."
"Un contrôle strict et militaire du territoire n'est plus nécessaire et les plus grosses affaires des groupes camorristes se développent hors de Naples, recyclant l'argent dans les activités économiques légales." "Même le bitume essaie de se barrer d'ici".
"La partie illégale du commerce permet de casser les prix de la partie légale".
"La force des entrepreneurs criminels italiens est de ne jamais renoncer aux sources illégales de profit et d'avancer sur deux voies parallèles. La voie criminelle prend le relais lorsque la branche légale est en crise."
"Le délit de falsification de bilan a été dépénalisé par Berlusconi".
"La force économique du Système camorra est précisément ce renouvellement permanent des chefs et des stratégies."
"Aucun empire économique fondé dans le sud de l'Italie ne s'est construit sans passer par le bâtiment et les marchés publics".
"Les camorristes ont toujours eu recours non pas au marché noir des armes, mais aux dépôts militaires de pays de l'Est."
"Les Siciliens ont appris au monde à la fermer, les Napolitains ont montré que commander, c'est mieux que baiser".
"Si l'on veut être jugé pour ce qu'on est, il faut toujours bénéficier d'une protection qui puisse au moins permettre qu'on soit pris en considération."
"Je n'ai retiré qu'une seule certitude : la mort est dégueulasse".
08:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, société
16/09/2008
Il a donné son nom à une place du XVe arrondissement de Paris
Charles Vallin, mon père
Enquête sur une certaine idée de la France
Thérèse Charles-Vallin
Editions Atlantica
Charles Vallin n'est pas mon père.
Charles Vallin est décédé un an avant ma naissance.
Lointain cousin ? L'arbre généalogique très complet réalisé par le cousin Vatinel pourrait le dire. Je ne remets pas la main dessus. Je devrais demander à Dany si elle voit un Charles Vallin (1903-1948).
Fils de Daniel Vallin, officier, son enfance a surtout été marquée par l'Auvergne de sa naissance et de sa famille maternelle, celle du Père Teilhard de Chardin, dont il était le neveu, alors que dans sa famille paternelle, les Vallin, "on trouve des marins, des peintres, et toutes sortes d'anticonformistes" (je n'invente rien, c'est écrit !).
J'ai eu envie d'en savoir un peu plus sur cet homme qui porte le même nom que moi et dont une place de Paris porte, grâce à lui, le nom de Vallin, dans le XVe arrondissement.
Son parcours politique n'est pas le mien, pour le moins : Action française, qu'il quitte après l'excommunication de Maurras par le Pape, il devient le bras droit du colonel de La Rocque aux "Croix de feu", puis au "Parti Social Français", dont il est le Secrétaire général.
Il a la "conviction que la civilisation chrétienne est la clé de voute de tout projet de société".
Elu député, à l'occasion d'une élection partielle, il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, comme l'immense majorité de l'Assemblée élue par le "Front populaire".
Tout cela lui vaudra d'être déclaré inéligible à la Libération, malgré ses états de service : chargé de mission, en Afrique, du Général de Gaulle, qui le qualifie d'"ardent patriote" dans ses "mémoires de guerre", puis, il quitte l'Etat-major du Général de Gaulle pour combattre en première ligne, en tant que commandant du 3e bataillon de zouaves, à partir du débarquement en Provence (à Sainte- Maxime) jusqu'au cœur de l'Allemagne, car, rapidement, il a connu "un écœurement de plus en plus grand en face de la politique de Vichy. Son aspect antisémite le heurte terriblement. Il s'est, d'ailleurs, très intimement lié avec une jeune femme d'origine juive." En partance pour Londres, il se lie d'amitié avec le responsable socialiste Pierre Brossolette, rédacteur en chef du "Populaire", le journal de la SFIO.
Charles Vallin est décédé en Algérie, d'une maladie foudroyante, en 1948, à l'âge de 45 ans.
Thérèse Vallin, fille de Charles, est historienne et elle le prouve : c'est avec une méthodologie d'historienne qu'elle a su prendre la distance avec son sujet d'étude.
Citations
"La guerre révèle l'homme à lui même dans ce qu'il a de plus humain, et le libère, comme le fait l'amour"
"Les femmes ont été, presque partout, plus héroïques que les hommes. Les simples mieux que les fameuses "élites".
08:41 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : biographie, histoire
14/09/2008
Laurent le magnifique
Laurent le Magnifique
Jack Lang
Editions Perrin
Homme politique et homme de culture.
Il est possible de le dire aussi bien de Jack Lang que de Laurent Médicis, "figure emblématique" de la Renaissance.
En cette fin de XVe siècle, "La civilisation grecque est l'objet d'une attention d'autant plus curieuse que l'empire byzantin menace ruine"
De par l'évergétisme des Médicis, Florence, "la cité la plus libre et la plus indépendante, devient la plus intelligente, la plus cultivée."
Le livre s'ouvre sur "la mort du héros" en 1492, année où l'Europe se tourne vers des horizons plus lointains que les querelles incessantes entre principautés italiennes.
Extraits
"Laurent le Magnifique avait établi un pouvoir original fondé sur la mise en scène et en images de sa personne et de ses œuvres."
"A l'homme d'Etat de dessiner l'horizon du possible"
"Il n'y a que celui qui a appris à pardonner qui sache se faire des partisans"
"La gangrène sociale est une maladie à évolution lente, nourrie par la frustration"
"La vertu sans le pouvoir est chose vaine"
"Ils aimaient la beauté parce que le plaisir qu'elle donne aide à traverser la vie"
07:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, jack lang
09/09/2008
Je n'ai jamaisrencontré Mitterrand...
Je n'ai jamais rencontré Mitterrand, ni sa femme, ni sa fille...
Etienne Liebig
Editions La Musardine
"On était nombreux à attendre depuis longtemps la réalisation de ce grand rêve, fondant des espoir insensés et imaginant que la société allait se retourner comme un gant. Souvenez vous, nous avions tout juste 20 ans, et nous prenions le pouvoir...Enfin presque !"
Ce roman est supposé être le journal d'un jeune bricoleur, plombier sans fiche de paye ("travailleur occasionnel, non déclaré, et prêt à tout pour survivre") ancré à gauche et ayant rêvé de revanche sociale et de "vie changée".
Du 10 mai 1981 à l'été 82, les principales décisions politiques marquent, ou non, sa recherche d'une vie meilleure.
Précision : contrairement à ce qu'écrit l'auteur, Pierre Joxe n'a jamais été Premier secrétaire du PS : en 81, c'était Jospin !
Il rêve de rencontrer, au moins apercevoir, François Mitterrand ("J'avais un peu l'impression que Mitterrand avait été élu pour moi"), et n'hésitera pas, pour cela, à se faire embaucher dans une équipe de "sécurité" un peu facho.
J'ai rencontré quatre fois François Mitterrand, jamais pendant sa présidence : à l'occasion de la sortie de son livre "ma part de vérité" (il m'a fait parlé de mes études), à l'occasion des élections législatives de 78 (j'étais suppléant), à l'occasion d'une conférence de presse pour laquelle il avait souhaité ma présence...avec quelques autres, lorsque j'étais secrétaire national des cheminots socialistes, et quand il est passé au siège du PS, à la fin de son deuxième septennat.
Le héros ne rencontrera jamais Mitterrand, ni sa femme, ni sa fille, mais il fera des rencontres sympathiques qui enrichiront sa connaissance de la littérature, de la sociologie, de l'art moderne, de la musique, en particulier le "vieux" jazz...et des variations rendues possibles par la sexualité des femmes, et des hommes.
Ce livre, de réflexions entrecoupées de scènes de la vie quotidienne, donc de sexe, m'a donné envie de lire les autres livres, aux titres prometteurs, d'Etienne Liebig : "Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle", "Comment draguer la militante dans les réunions politiques" et "Osez coucher pour réussir".
Probablement qu'ils démontrent, comme celui-ci, que la meilleure recette de séduction reste l'humour et la tendresse.
Extraits
"Chez les pauvres, quand tu te drogues, tu n'es pas un malade, tu es un délinquant"
"Les pauvres types essayent toujours de justifier leurs saloperies. C'est la différence avec les bourgeois qui les revendiquent. La honte appartient aux pauvres."
"J'ai pensé à Primo Levi. Qu'aurait-il donné pour n'être prisonnier que du besoin d'argent ?"
"Qui possède le verbe possède le pouvoir"
"Bourdieu met en parallèle le capital économique et le capital culturel, l'accès aux livres, aux musées, aux savoirs..."
"Incontestablement les riches ont du goût : c'est si facile de préférer le bois au plastique, la pierre de pays au béton, le feu de cheminée aux jeux télévisés"
"Pas de musique de Coltrane ou de Bach quand on a la chance d'être bercé par le chant naturel des cigales. C'est chiant les cigales !"
"ça me laissait aussi froid qu'un dessin de Faizant dans le Figaro"
"Dans le Sud, ceux qui ne sont pas mafieux sont des flics"
"Les artistes savent récupérer ces moments de décalage et de doutes dans leur propre vie pour les communiquer aux autres"
Citation
"On ne désire pas une personne parce qu'elle est belle, mais elle est belle parce qu'on la désire" (Spinoza ?)
08:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, mitterrand