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08/09/2023

Les mystères du dépotisme postcolonial

Tyrans d'Afrique

Vincent Hugueux

éditions Perrin

 

L'auteur est journaliste spécialiste de l'Afrique. Pendant trente ans à L'Express, il écrit des livres sur ce continent qu'il connait bien. Dans celui-ci il nous offre une galerie de portraits tous plus édifiants les uns que les autres.

Avec des points communs : absence de scrupules, cruauté,  narcissisme,  ivresse méssianique ("par la grâce de Dieu", comme nos rois !) , arrogance, paranoïa, mégalomanie, culte du chef,  mythomanie,  besoin de liquider ceux qui les ont aidé à prendre le pouvoir, recrutement clanique, et même strictement familial...et des classements honteux à l'indice de développement humain des Nations Unies, ainsi qu'au palmarès de Reporters sans frontière et dans celui de Transparency International qui dénonce les "machineries kleptocratiques".

"Rien de tel, pour asseoir un pouvoir sans partage, que le complot déjoué." "Sékou Touré invente des complots afin de se consolider."Tendance générale. "Liquider, purger, venger".

Dix portraits, dont trois hors de la francophonie.

Dix portraits et seulement deux encore au pouvoir : Obiang (Guinée équatoriale), détenteur du record mondial de longévité au pouvoir...et des "biens mal acquis",  et Afeworki (Erythrée, pays qui n'a jamais connu d'élections , même truquées, depuis son indépendance et qui n'a pas de Constitution).  Gnassingbé Eyadéma, "premier putschiste galonné de l'ère postcoloniale", est décédé, mais à sa mort son fils a pris la place en violant la Constitution.

Il ne parle pas de Bongo, père et fils, probablement parce que leur tyrannie était moins sanguinaire que les dix retenues. "En Afrique, on n'organise pas une élection pour la perde" (Omar Bongo). Denis Sassou Nguesso aurait pu également avoir droit à un chapitre "Il est parvenu plutôt deux fois qu'une au pouvoir à Brazzaville ; la première par les urnes, la deuxième par les armes, au prix de l'une de ces atroces guerres réputées civiles, à ceci près qu'elles sont menées par des soudards, militaires et miliciens mêlés."

Pas un mot de Kagamé dont la tyrannie vaut bien celles de dix retenues et qui, lui, est encore au pouvoir, probablement pour longtemps.

 

"L'Afrique est de loin le continent le plus riche en pauvreté et en dictatures." (Ahmadou Kourouma)

"Au rayon des  assurances-vie géostratégiques, le fléau djihadiste a supplanté la menace libyenne"

 

17:45 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

29/08/2023

Vie sauvage et braconnage

Okavango

Caryl Férey

Série Noire

 

L'Okavango qui coule du Botswana à l'Angola en passant par la Namibie. Un endroit idéal pour tous les trafics. Au temps des guerres de Namibie et d'Angola, armes et produits de contrebande y circulaient.

 

"Je voulais être tueur de braconniers quand j'étais petit" (Caryl Férey).

 

"Les réserves animalières étaient devenues des lieux stratégiques pour les guérillas d'Afrique australe dans les années 1970 et 1980 : vastes, faiblement peuplées, composées de terrains souvent difficilement praticables et proches des pays voisins, ces zones s'avéraient idéales tant pour l'infiltration des guérilleros basés dans les pays limitrophes que pour le trafic d'ivoire, qui finançait l'achat d'armes."

"Plus de cent mille éléphants furent tués, dont une majorité pendant la guerre d'Angola."

"Le tourisme employait plus de trente mille personnes"

"Contrairement aux humains, aucun animal ne se faisait exploiter, pervertir, humilier, insulter, torturer, aucun animal n'aimait avoir peur, faire de ses semblables des prisonniers ou des esclaves."

"Les "prélèvements" d'animaux sauvages se déroulaient surtout en Afrique, avant que le produit (vivant ou mort) soit expédié vers une clientèle majoritairement asiatique, qui s'arrachait ces trésors."

"Les groupes armés provoquaient la dislocation des communautés locales et l'instabilité politique et finançaient le terrorisme - Boko Haram et Al-Qaida participaient au trafic-, précipitant l'extinction en cours."

"Les mafias liés au trafic d'animaux considéraient les rangers comme des ennemis, plus de cent d'entre eux étaient assassinés chaque année."

"Il combattait dans les rangs de l'oppresseur pour une solde qui sauvait sa famille de la misère"

"L'Etat de droit est l'unique façon d'avancer ensemble, de faire reculer la barbarie."

 

15:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, afrique

15/02/2023

Expédition coloniale

L'incroyable expédition de

Corentin Tréguier

au Congo

scénario : Emmanuel Suarez

Dessin : Hamo

éditions Nathan

 

1872 : la France a perdu l'Alsace et la Lorraine et se lance dans des expéditions coloniales en Afrique.

Un éminent professeur a disparu au Congo. Une expédition est envoyée à sa recherche. Elle est dirigée par un piètre marin mais brillant botaniste. On pense à Stanley à la recherche du Dr Livingstone, je présume.

Dans le bassin du Congo la France rivalise avec la Belgique dont le roi Léopold est personnellement intéressé par l'exploitation du caoutchouc. Une jeune journaliste belge suit l'expédition pour espionner les Français.

Le second de l'expédition est un "dur", macho et raciste. Tout le contraire de Corentin.

Ils sont aidés par un pasteur africain qui rejoint Corentin dans son humanité.

En remontant le fleuve les aventures les attendent. Mais ce n'est pas "Tintin au Congo".

Une BD anti-raciste qui nous parle également de nos relations avec la nature et les animaux.

Ce livre est tiré d'un "podcast" de France culture téléchargé plus d'un million de fois...

 

07:48 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, afrique

11/08/2022

Guinée équatoriale

Guinea

Fernando Gamboa

 

L'écrivain espagnol Fernando Gamboa se met dans la peau de Blanca, anthropologue travaillant pour l'UNICEF.

A la suite d'un incident avec la police elle fuit à travers le pays, en particulier la jungle et ses périls. Elle croise gorilles, éléphants, serpents, sans parler des araignées...

Mais aussi l'occasion de rencontrer des pygmées qui la soigneront de la malaria. Ainsi que des religieuses qui l'aideront dans sa fuite.

Le roman est l'occasion de dénoncer le régime dictatorial qui règne depuis l'indépendance. La justice française a saisi certains des "biens mal acquis" que le fils du président à vie détenait en France.

En raison de la manne pétrolière, le pays détient en Afrique un des plus haut revenu par habitant. Moyenne théorique bien entendu car la presque totalité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et la Guinée équatoriale est classé en bas du tableau de l'"indice de développement humain." et en 174ème position en ce qui concerne la corruption. Bref, la Guinée équatoriale et le symbole même de cette Afrique qui me désespère, pillée par ses dirigeants prédateurs.

 

"Qu'est-ce qui est normal pour toi ? avoir l'eau potable te parait normal ? La lumière électrique ? Le tout-à-l'égout ? des hôpitaux ? De quoi manger ? Ce ne sont pas des choses normales : ce sont des luxes. Seulement vous, la minorité des privilégiés qui peuvent en bénéficier, vous êtes persuadés que c'est "normal", et que nous, les pauvres de ce monde, nous sommes "des gens bizarres". Et ce qu'il y a de plus pathétique, c'est que vous croyez que c'est une question de mérite. Vous ignorez l'accablante vérité : que l'exception, c'est vous."

 

07:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, littérature

02/06/2021

Dessine-moi la liberté

Africa

Plantu et Cartooning for peace

Texte et direction d'ouvrage René Guitton

éditions Calmann Lévy

 

Un livre évènement qui réunit une sélection d'une cinquantaine de dessinateurs de presse issus de nombreux pays du continent africain. Cela nous permet de voir les tendances graphiques africaines et nous permet également de mieux connaitre leurs pays. Leur marge de manoeuvre nous permet de deviner les limites de la liberté de la presse...

"Le dessin constitue l'arme idéale pour écrire leur société."

 

"Nos tabous : Dieu, la religion, la sexualité, l'homosexualité" (Alaa Satir, Soudan)

"J'ai voulu étudier le dessin parce qu'il représente pour moi une forme de journalisme" (Alaa Satir)

"l'atteinte au sacré demeure une ligne rouge interdite, défendue et indépassable"

"Si tu n'as pas été jeté en prison, c'est que tu n'es pas un bon caricaturiste"