Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/09/2014

Le roman vrai des "Premières dames" africaines

Reines d'Afrique

Vincent Hugueux

éditions Perrin

 

Vincent Hugueux est journaliste à l'Express. Il a reçu l'année dernière le "Grand prix international de l'Association de la presse étrangère".

Il dresse le portrait de dix épouses de chefs d'Etat africains, essentiellement de l'Afrique de l'Ouest francophone. Quatre d'entre elles sont "blanches" ou métisse ("ethnie toubab"). Elles sont souvent beaucoup plus jeunes que leur président de mari, parfois plus de quarante ans. Elles président toutes des Fondations caritatives, "glissement d'une politique classiques des œuvres de bienfaisance à des politiques internationales de la compassion",  mais se révèlent de redoutables prédatrices, "aux confins des affaires et du charity-business". Elles résument bien des maux de la mauvaise gouvernance africaine et des "biens mal acquis".

La plupart des qualificatifs et des commentaires s'appliquent à plusieurs d'entre elles, au risque de la répétition.  "A croire que les Françaises promises à un destin de First Lady africaine ont en commun d'aimer la pierre, précieuse ou pas".

"On a plus de chances de croiser la Première Dame dans le hall d'un palace parisien ou suisse que dans les couloirs du palais présidentiel." "La confusion des caisses relève de l'affection chronique". "Tombée dans tous les travers du clanisme et du népotisme." ("touche pas à mon népote !") "Sa frénésie consumériste est proverbiale". "Cupide", "Gloutonne", "vorace", "pratiques kleptocratiques", "virago", "arriviste", affairiste", "goût pour le clinquant et l'ostentation" ; "elle aime tout ce qui brille et vit dans sa bulle, déconnectée des réalités" ; "toujours plus : telle pourrait être la devise de la tribu", par "un terrifiant système prébendier, dispositif de captation de la richesse nationale."

 

08:03 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

24/07/2014

Rwanda : quelques vérités sur le génocide et les massacres

 

Un génocide en question

 

Bernard Lugan

 

Éditions du Rocher, collection « lignes de feu »

 

 

 

Bernard Lugan, est professeur à l’Ecole de guerre, conférencier à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense, mais c’est au titre d’expert auprès du Tribunal International pour le Rwanda, de l’ONU,  qu’il a souhaité rappelé quelques faits, 20 ans après les centaines de milliers de morts du Rwanda.

 

Aucune sentence du TIPR n’a retenu la charge de programmation du génocide. La distinction est claire entre ce qui s’est passé avant et après le 6 avril 1994, date à laquelle l’avion du Président rwandais a été abattu par deux missiles sol/air russes. La Russie a alors révélé que ces missiles avaient été livrés à l’Ouganda, fournisseur habituel d’armes du FPR. Comme en Ukraine, il n’y a pas de certitude sur les commanditaires et les réalisateurs de l’attentat, mais de très fortes présomptions, puisque l’armée rwandaise, contrairement au FPR,  n’avait ce type de matériel.

 

L’auteur souligne que le FPR, parfaitement préparé,  est passé à l’attaque dans la nuit qui a suivi, en partant d’une zone qui aurait du être démilitarisée, conformément aux accords d’Arusha. Les tueries dont les Tutsis, et les responsables hutus qui étaient leurs alliés, ont été victimes ont commencé après cette attaque.

 

Bernard Lugan dédouane la France de l’accusation de complicité de génocide, mais ne ménage pas ses critiques. La France a imposé la démocratisation du régime rwandais, ce qui partait d’une intention louable. Malheureusement le multipartisme a été un facteur de chaos.

 

Les accords d’Arusha, un an avant le drame, prévoyait, dans un délai maximum de deux ans, des élections pluralistes organisées par l’ONU. Elles n’auront jamais lieu. Kagamé, à partir de 1990 a toujours eu la même tactique : gains territoriaux par des attaques militaires/gains politiques par la négociation/préparation d’une nouvelle attaque militaire. L’annonce d’élections contrôlées par la communauté internationale signifiait pour le FPR que la possibilité de conquérir le pouvoir passait par les armes. Comme l’a montré à l’époque le résultat des élections locales.

 

Autre critique formulée par l’auteur : l’embargo sur les armes, décrété en 1990, ne touchait que l’armée rwandaise, puisque l’Ouganda pouvait continuer librement à fournir des armes au FPR. Une réédition de la guerre d’Espagne. Un déséquilibre flagrant.

 

Un regret : Bernard Lugan  ne parle pas de la poursuite des Hutus à travers le Zaïre, tuant des milliers de femmes et d’enfants. Il arrête les opérations militaires en juillet, quand Kagamé est vainqueur.

 

Ce qui se passe après 94 n’est vu qu’à travers le TIPR, ce qui est un peu limité…

 

 

 

 

 

18:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

14/06/2014

Erik Orsenna retourne au Mali avec Madame Bâ

Mali, ô Mali

Erik Orsenna

Éditions Stock

 

Dans les temps troublé que traverse le Mali, il n’est pas surprenant de voir revenir, sous la plume d’Erik Orsenna, Madame Bâ à la suite de qui nous remontons le fleuve Niger (« Djoliba ») jusqu’à Tombouctou, alors occupé par les Jidahistes, avant l’intervention de l’armée française. Les militaires maliens putschistes en prennent « pour leur grade ».

Madame Bâ a un programme qui ne peut pas plaire aux Salafistes : « l’école pour toutes les petites filles (les garçons, c’est moins grave) » et « distribution aux épouses de contraceptifs discrets ». « Merci les religions qui haïssent la contraception ».

 

« Allah, qu’Il soit célébré, a voulu les hommes pourvus de poils à cet endroit du corps, nul ne peut aller contre Sa Création. »

« Cette méchanceté propre aux humains quand ils sont rassemblés, donc quand ils savent qu’ils ne risquent pas grand-chose »

« Si vous vouliez de la simplicité dans les relations humaines, il ne fallait pas venir en Afrique ».

« La démocratie a ruiné la suprématie touarègue, le nombre de votes l’emportant désormais sur la menace des fusils. »

« Dieu préserve l’Afrique des épouses de ses chefs, politiques ou militaires ».

« Qui veut immobiliser la grande roue du temps accentue le dérèglement du monde ».

 « L’argent est le nerf de la guerre. Et la cocaïne, la source de l’argent. Qui fait fortune ? Les grossistes. Jamais les détaillants ni les producteurs. »

« Cette force contre laquelle on ne peut rien et qui s’appelle le culot d’une femme ».

« Venir n’est rien. Tout commence quand on revient. »

 

 

08:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afrique

11/05/2014

La "reine des bandits" béninoise

Le cantique des cannibales

Florent Couao-Zotti

Éditions « Le serpent à plumes »

 

Ce livre est dédié à « toutes les Africaines de l’ombre, féministes au ras du sol qui, tous les jours, tentent péniblement d’arracher au soleil quelques particules de rêve… »

Il met en vedette une « amazone », bandit au grand cœur qui redistribue au petit peuple dont elle est issue. Le personnage est inspiré de Phoolan Devi, la fameuse « reine des bandits » indienne.

S’y mêle une histoire d’amour avec un jeune et fougueux inspecteur de police au cœur pur.

Quelques maux de l’Afrique y sont évoqués, comme le trafic d’enfants et la condition des femmes. « Que faire d’une liberté quand on est pauvre et misérable ? », « la débrouillardise étant ce qu’on peut faire de mieux pour ne pas mourir. »

Quelques maux plus politiques également : la justice aux ordres, la police brutale et vénale, l’état des prisons, et surtout, à travers la campagne électorale du président sortant, l’état de la démocratie dans de trop nombreux pays africains.

   Le tout dans une langue poétique et imagée propre à la plupart des écrivains africains francophones qui démontrent que l’Afrique est l’élément moteur de l’avenir de la francophonie.

  

11:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afrique

08/04/2014

Génocide : jamais plus ?

Insoutenable

 

20 ans après les massacres, la pensée de ces centaines de milliers de morts est insoutenable.

 

Les historiens auront le devoir, avec le recul, d'expliquer, sans tomber dans le travers,  habituel depuis XX siècles,  toujours actuel,  de raconter l'Histoire du côté des vainqueurs. Ce que font beaucoup de journalistes à l'occasion de cet "anniversaire" qui doit être l'occasion de tirer des enseignements.

 

Je me contente de me poser quelques questions simples :

 

- Qui a déclenché les hostilités ?

Très clairement Kagamé et ses amis,  financés par l'Ouganda qui leur a servi de base de départ et de repli. Qui derrière l'Ouganda ? Tout porte à croire que les Britanniques et les Américains ne sont pas étrangers à l'organisation de cette rébellion armée contre un président et un gouvernent élus.

 

- La France a-t-elle joué un rôle ? Clairement oui, en appui à ce gouvernement légitime contre cette rébellion armée venant de l'étranger. Et Kagamé a raison d'en vouloir à la France pour cela.

 

- Le gouvernement rwandais était-il "génocidaire" avant le génocide ? Non, puisque le génocide a commencé quand le président rwandais, élu,  a été assassiné, son avion abattu. Non, puisque les amis de Kagamé était membres de ce gouvernement d'"union nationale"...tout en le combattant par les armes.

 

-Kagamé a-t-il été accueilli en libérateur ? Non trois millions de Rwandais ont fui devant l'avancée de ses troupes. Un million déplacés à l'intérieur du pays, deux millions au Congo et au Burundi.

 

Mon intime conviction est que la peur de la majorité hutue des Rwandais à l'égard de Kagamé, peur cristallisée en haine,  a joué un grand rôle dans le déclenchement du génocide.

Même si des forces politiques hutues attisaient et utilisaient politiquement cette haine, les voisins d'un même village ne se sont pas transformés spontanément en assassins. Les Tutsis étaient perçus par les Hutus comme des menaces même s'ils n'avaient rien à voir avec Kagamé.

Le même drame vient d'être vécu en Centrafrique au détriment des musulmans.

 

- Le tueries se sont-elles terminées avec la prise de pouvoir de Kagamé ? Non puisqu'au nom de la poursuite des génocidaires,  des centaines de milliers de Hutus, y compris femmes et enfants ont été massacrés, poursuivis non seulement au Rwanda mais jusqu'à l'intérieur du Congo, quasiment jusqu'à Kinshasa.

 

- La France est-elle intervenue ? Oui, avec un mandat de l'ONU pour protéger les réfugiés Hutus de la folie meurtrière des hommes de Kagamé. Et Kagamé a raison d'en vouloir à la France pour cela. Des génocidaires en ont incontestablement profité. Ils se sont retrouvés plus tard devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, ou sont jugés encore aujourd'hui, y compris en France. Justice tardive qui vaut mieux qu'une justice de guerre.

La justice des vainqueurs ne vaut pas mieux que l'Histoire racontée par les vainqueurs.

 

 

 

 

15:12 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, rwanda