12/06/2020
Il y a bien des manières de truquer une élection
Feu pour feu
Leye Adenle
éditions Métailié / Noir
Un polar qui change des polars polaires glaçants. Un auteur nigérian prometteur.
Il y a une élection, au poste de Gouverneur de Lagos, la plus grande ville du Nigeria. Il y a de l'argent, du sexe, donc de la violence et de la corruption. Avec des rebondissements. Parfois tellement surprenants que l'on préfère penser que c'est exagéré. Une belle femme courageuse qui va faire changer le cours des choses en osant s'opposer à la volonté du "Lion du pays yoruba". Un polar féministe !
La brigade "Fire-for-Fire", "Feu pour Feu" est spécialisée dans la lutte contre les braqueurs. Le titre du roman, mais pas du tout le sujet...
"Vois-tu, manipuler les élections est une nécessité. Si on ne le fait pas, l'adversaire, lui, le fera quand même. Il faut tricher un peu pour contrer leur propre tricherie."
"Quand nous bourrerons les urnes, nous ne pourrons pas nous attribuer tous ces votes. "
"Aucun esprit n'est plus puissant que l'argent. L'argent, c'est le pouvoir."
"Grâce aux allocations publiques de terrains, j'ai bâti ma fortune. Mais il suffit qu'un petit gars se pointe et révoque mes allocations de terrains et, d'un coup, je perdrais tout."
16:03 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, afrique
18/09/2018
Congo Brazzaville , 1977
Les cigognes sont immortelles
Alain Mabanckou
éditions du Seuil
1977, à Brazaville le Président Marien Ngouabi est assassiné, et immédiatement remplacé par ceux qui étaient censés être ses proches compagnons d'armes...qui en font un héros.
Tous ces évènements nous sont racontés à travers un collégien, qui nous raconte également la vie quotidienne à Pointe-Noire, la capitale pétrolière du pays.
Toutes les impasses du continent africain nous sont exposées.
Un moment de l'histoire qui n'est pas anecdotique, puisque Sassou N'Guesso est toujours Président, et que sa famille continue à s'enrichir au mépris des Congolais.
08:27 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, littérature
24/07/2018
Congo 1905
Le Rapport Brazza
Le premier secret d'Etat de la "Françafrique"
Vincent Bailly & Tristan Thil
éditions Futuropolis
En ce début de XXe siècle, la presse se fait l'écho des atrocités, et mêmes des crimes commis à l'encontre des populations africaines, de Brazzaville à Bangui.
Sous la pression parlementaire, une mission d'enquête est envoyée sur place, sous la direction du fameux explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, réputé pour son honnêteté.
Atteint de paludisme Brazza mourra sur le bateau du retour, mais les autres membres de l'expédition dresseront un tableau effrayant...qui ne sera jamais publié, mais provoquera un débat de trois jours à l'Assemblée nationale.
"Dans le Congo français, on a dépassé toutes les atrocités tant reprochées à nos voisins belges." (sur ce thème, lire "Le rêve du Celte" de Vargas Llosa.
Les femmes et les enfants sont pris en otages, dans des conditions épouvantables, afin d'obliger les hommes à ramener toujours plus de caoutchouc.
Les fonctionnaires coloniaux sont complices ou complaisants avec les société concessionnaires d'exploitation du caoutchouc.
"J'ai compris trop tard qu'il n'y aurait rien à attendre des compagnies, sinon leur rapacité et le pillage des ressources."
La Droite n'est pas colonialiste, à l'époque, car elle craint que le colonialisme éloigne de la volonté de reconquête de l'Alsace et la Lorraine.
08:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, afrique
24/09/2014
Le roman vrai des "Premières dames" africaines
Reines d'Afrique
Vincent Hugueux
éditions Perrin
Vincent Hugueux est journaliste à l'Express. Il a reçu l'année dernière le "Grand prix international de l'Association de la presse étrangère".
Il dresse le portrait de dix épouses de chefs d'Etat africains, essentiellement de l'Afrique de l'Ouest francophone. Quatre d'entre elles sont "blanches" ou métisse ("ethnie toubab"). Elles sont souvent beaucoup plus jeunes que leur président de mari, parfois plus de quarante ans. Elles président toutes des Fondations caritatives, "glissement d'une politique classiques des œuvres de bienfaisance à des politiques internationales de la compassion", mais se révèlent de redoutables prédatrices, "aux confins des affaires et du charity-business". Elles résument bien des maux de la mauvaise gouvernance africaine et des "biens mal acquis".
La plupart des qualificatifs et des commentaires s'appliquent à plusieurs d'entre elles, au risque de la répétition. "A croire que les Françaises promises à un destin de First Lady africaine ont en commun d'aimer la pierre, précieuse ou pas".
"On a plus de chances de croiser la Première Dame dans le hall d'un palace parisien ou suisse que dans les couloirs du palais présidentiel." "La confusion des caisses relève de l'affection chronique". "Tombée dans tous les travers du clanisme et du népotisme." ("touche pas à mon népote !") "Sa frénésie consumériste est proverbiale". "Cupide", "Gloutonne", "vorace", "pratiques kleptocratiques", "virago", "arriviste", affairiste", "goût pour le clinquant et l'ostentation" ; "elle aime tout ce qui brille et vit dans sa bulle, déconnectée des réalités" ; "toujours plus : telle pourrait être la devise de la tribu", par "un terrifiant système prébendier, dispositif de captation de la richesse nationale."
08:03 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
24/07/2014
Rwanda : quelques vérités sur le génocide et les massacres
Un génocide en question
Bernard Lugan
Éditions du Rocher, collection « lignes de feu »
Bernard Lugan, est professeur à l’Ecole de guerre, conférencier à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense, mais c’est au titre d’expert auprès du Tribunal International pour le Rwanda, de l’ONU, qu’il a souhaité rappelé quelques faits, 20 ans après les centaines de milliers de morts du Rwanda.
Aucune sentence du TIPR n’a retenu la charge de programmation du génocide. La distinction est claire entre ce qui s’est passé avant et après le 6 avril 1994, date à laquelle l’avion du Président rwandais a été abattu par deux missiles sol/air russes. La Russie a alors révélé que ces missiles avaient été livrés à l’Ouganda, fournisseur habituel d’armes du FPR. Comme en Ukraine, il n’y a pas de certitude sur les commanditaires et les réalisateurs de l’attentat, mais de très fortes présomptions, puisque l’armée rwandaise, contrairement au FPR, n’avait ce type de matériel.
L’auteur souligne que le FPR, parfaitement préparé, est passé à l’attaque dans la nuit qui a suivi, en partant d’une zone qui aurait du être démilitarisée, conformément aux accords d’Arusha. Les tueries dont les Tutsis, et les responsables hutus qui étaient leurs alliés, ont été victimes ont commencé après cette attaque.
Bernard Lugan dédouane la France de l’accusation de complicité de génocide, mais ne ménage pas ses critiques. La France a imposé la démocratisation du régime rwandais, ce qui partait d’une intention louable. Malheureusement le multipartisme a été un facteur de chaos.
Les accords d’Arusha, un an avant le drame, prévoyait, dans un délai maximum de deux ans, des élections pluralistes organisées par l’ONU. Elles n’auront jamais lieu. Kagamé, à partir de 1990 a toujours eu la même tactique : gains territoriaux par des attaques militaires/gains politiques par la négociation/préparation d’une nouvelle attaque militaire. L’annonce d’élections contrôlées par la communauté internationale signifiait pour le FPR que la possibilité de conquérir le pouvoir passait par les armes. Comme l’a montré à l’époque le résultat des élections locales.
Autre critique formulée par l’auteur : l’embargo sur les armes, décrété en 1990, ne touchait que l’armée rwandaise, puisque l’Ouganda pouvait continuer librement à fournir des armes au FPR. Une réédition de la guerre d’Espagne. Un déséquilibre flagrant.
Un regret : Bernard Lugan ne parle pas de la poursuite des Hutus à travers le Zaïre, tuant des milliers de femmes et d’enfants. Il arrête les opérations militaires en juillet, quand Kagamé est vainqueur.
Ce qui se passe après 94 n’est vu qu’à travers le TIPR, ce qui est un peu limité…
18:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique