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18/10/2012

Afrique : Etats faillis, miracles ordinaires

AFRICA

 

Etats faillis, miracles ordinaires

 

Richard Dowden

Directeur de la "Royal African Society"

 

Préface de Sylvie Brunel

 

Editions Nevicata

 

Le livre de Dowden,  correspondant de journaux anglais en Afrique pendant trente ans, fait penser à ceux de Kapuscinsky : des chapitres conçus comme des reportages, avec des anecdotes, et une réflexion de fond sur les problèmes vécus par les Africains.

 

A travers des voyages dans une douzaine de pays africains, majoritairement anglophones, les réalités de l'Afrique nous sont dévoilées.

 

Le livre se termine par une note optimiste : l'Afrique va s'en sortir, avec trois atouts : le téléphone portable, la Chine et la classe moyenne naissante.

"L'Europe a dominé l'Afrique. Cette domination semble aujourd'hui toucher à sa fin avec l'arrivée des Chinois."

"Là où l'Occident voit un continent qu'il faut aider à s'arracher à la pauvreté, la Chine voit une terre où gagner de l'argent."

"Les gouvernements qui ont obtenu le plus de la Chine sont ceux dont les réserves pétrolières sont les plus abondantes."

"L'Afrique est la dernière ressource inexploitée de minerais."

 

La couverture, photo d'une jeune femme qui exhibe fièrement son doigt taché d'encre, preuve qu'elle a voté, est superbe.

 

Mais, comme l'écrit dans sa préface la géographe, spécialiste de l'Afrique, Sylvie Brunel : "la meilleure façon de découvrir l'Afrique, c'est d'y aller".

 

 

"L'industrie de l'humanitaire a tout intérêt à pérenniser l'image des Africains en victimes; quoi de plus simple- et lucratif- que de dresser le portrait de victimes dépendantes de la charité de l'Occident ?"

"Jamais l'aide extérieure ne permettra de transformer des sociétés entières".

 

"C'est la combinaison fatale de luttes internes pour le pouvoir et d'ingérences extérieures qui ont provoqué le naufrage du continent noir". "Les guerres se mirent de plus en plus à ressembler à des luttes pour le contrôle des ressources, sans objectif politique".

 

"Une chose différencie les dictateurs d'Afrique de ceux d'Asie, c'est que dans cette dernière région, ils investirent leurs fortunes volées dans le pays même. Les élites africaines ne voyaient pas en quoi le développement de leur pays aurait servi leurs intérêts. D'après la Banque mondiale, la richesse privée hors du continent se monte à deux fois le montant de l'aide reçue."

"Si même les Africains expatrient leurs avoirs, comment l'Afrique pourrait-elle attirer les investisseurs étrangers ?"

"L'argent volé à l'Afrique passe par le système bancaire international et ses territoires off-shore".

 

"Le capitalisme a besoin de marchés et les Occidentaux auraient sans nul doute préféré que des Etats prospères émergent en Afrique." "Quelle ironie de constater que l'Ouest capitaliste persiste à considérer l'Afrique comme un continent nécessitant de l'assistance et non un marché à prendre."

 

"Comme la plupart des conflits africains la guerre du Soudan entraîne relativement peu de pertes directes en vie, mais provoque des décès massifs dans la population par suite des exodes, pénuries et maladies".

 

  "Ce qui est indispensable pour survivre est à l'opposé de ce qui est nécessaire pour se développer".

 

"Les Etats-Nations n'ont pas été créés par les Africains, alors quel intérêt pourraient-ils leur porter ?"

08:02 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

28/08/2012

Congrès de l'Internationale Socialiste en Afrique du Sud

En 1995, les Socialistes européens ont été très fiers de la décision de l'ANC de rejoindre l'IS ( je sais, j'y étais !)
Quand l'ANC est arrivé au pouvoir, en 1994, ses priorités étaient celles dans lesquelles se retrouvent tous les sociaux- démocrates :
Éducation, santé, logements, électrification , grands travaux publics.
Depuis, il y a une course perpétuelle entre les attentes de la génération post-apartheid et la croissance économique .
L'enorme écart entre les plus riches et la majorité des plus démunis ne s'est pas résorbé .
La seule différence aujourd'hui est la couleur de la peau des plus riches, plus diversifiée, qu'au temps de l'apartheid.
Héritage de l'apartheid, certaines entreprises présentent le visage le plus révoltant du capitalisme.
Pour la majorité des noirs, le problème prioritaire reste celui de l'emploi, même si les perspectives sont nettement meilleures que dans la plupart des pays africains, ce qui entraîne d'importants mouvements migratoires, en particulier en provenance du Nigeria, du Zimbabwe, du Mozambique.
Presque vingt ans apres la fin de l'apartheid, le sentiment qui domine parmi la majorité des noirs est qu'ils n'ont pas reçu ce qu'ils espéraient .
L'Afrique du Sud n'est pas un pays africain comme les autres. Sa Constitution est une des plus progressistes du monde, garantissant les libertés individuelles et la protection des droits des minorités et des plus faibles.
L'avenir de l'Afrique du Sud n'est pas seulement entre les mains de l'ANC et de son gouvernement . Il se trouve également entre les mains de ses institutions, en particulier de la police et de la justice , que le régime d'apartheid avait organisé conformément à son idéologie et ses priorités politiques.
 

08:00 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

22/08/2012

Meles Zenawi, "exemplaire"

Le dictateur éthiopien Meles Zenawi vient de décéder d'une tumeur au cerveau, à l'hôpital Saint-Luc de Bruxelles.

 

Ces vingt ans de pouvoir ont été caractérisés par une répression sans faille : opposants et journalistes, éthiopiens ou étrangers,  en prison ou réduits à l'exil.

Il faudra, encore et toujours, réclamer leur libération.

 

Je connais bien Ana Gomes et Thijs Berman qui conduisaient les deux dernières missions d'observation électorale de l'Union européenne en Ethiopie.

Je me trouvais au Parlement Panafricain lorsque celui-ci entendait le rapport de ses observateurs.

A chaque fois, la conclusion était claire : les élections étaient totalement truquées. "Une farce", ai-je même entendu dire de la part des parlementaires africains, habituellement peu critiques.

Mais ni les ministres européens, ni les ministres africains n'ont osé assumer cette vérité.

Sans parler du fait que Zenawi était un protégé des Américains.

 

L'explication tient en un mot : la Somalie.

Le pouvoir somalien était à la pointe de la lutte contre les islamistes somaliens.

 

Les Occidentaux, comme Pékin, préfèrent une dictature stable à une démocratie incontrôlable. Surtout dans cette région. Le Kenya voisin a déjà exprimé sa crainte de déstabilisation. Personne ne devrait oublier  que la fin de la "guerre froide" et l'arrivée du pluralisme au début des années 90,  se sont traduites par la multiplication des guerres "civiles", dans plus de trente pays sur les cinquante de l'OUA.

 

Donc pas de pluralisme en Ethiopie ces vingt dernières années. Les mouvements issus de guérillas sont mal équipés pour la démocratie, car elle ne règne pas dans leurs rangs pendant la période de clandestinité.

Je ne connais d'exception que la SWAPO de Namibie, et l'ANC de Mandela.

 

Espérons que la mort du dictateur permettra une transition vers, enfin, des élections libres, pluralistes, transparentes, et que l'Ethiopie, enfin démocratique, sera un exemple pour l'ensemble de la Corne de l'Afrique.

10:34 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique

14/06/2012

Angola

D'une guerre l'autre

 

Angola,  1975

 

Ryszard Kapuscinski

 

Editions Flammarion

 

 

Certains esprits chagrins reprochent à Kapuscinski d'être plus un romancier qu'un journaliste. Cela tombe bien, ses livres se lisent comme des romans. Et c'est la raison pour laquelle ils sont réédités.

 

L'action se déroule à Luanda, et vers le front sud,  à la veille de la proclamation de l'indépendance de l'Angola, pays plus grand que la France, l'Allemagne et l'Italie réunies.

Le MPLA, qui tient la capitale encerclée, peut compter sur l'aide des Cubains, comme cela est raconté dans le livre, mais également de l'URSS (matériel militaire et jusqu'à 1.500 "conseillers") et de la RDA (jusqu'à 2.500 "conseillers").

C'est le pétrole, off-shore, de Cabinda qui financera l'effort de guerre, et finance aujourd'hui une corruption endémique.

Le FLNA, qui menace alors la capitale, est soutenu par le Zaïre de Mobutu, et par certains pays occidentaux.

L'UNITA de Savimbi, qui contrôlera jusqu'à 1/3 du pays,  finance son effort de guerre grâce à l'exploitation de mines de diamants,  bénéficie du soutien, y compris militaire, de l'Afrique du Sud de l'apartheid, en passant par la Namibie, où règne l'armée blanche sud-africaine, mais aussi du soutien bizarrement convergent des USA (y compris par des livraisons de missiles) et de la Chine.

 

Tout cela sur fond de guerre ethnique, ancestrale, entre tribus qui attrapaient et vendaient les futurs esclaves brésiliens, et les tribus victimes. "Les tribus se transmettaient leur terreur et leur haine mutuelles de génération en génération".

  

Tout cela se terminera quand le gouvernement du MPLA acceptera de vendre son pétrole à tout le monde, mais aussi avec l'effondrement de l'URSS et des régimes d'apartheid.

L'ONU a parlé de 1.000 morts par jour.

 

 

"Au lieu de viser l'ennemi, il cherche à tuer la peur qui le hante. Il doit gagner la guerre contre sa propre panique"

 

 

Je me suis rendu en Angola en 2002,  dans un "camp de regroupement" de l'UNITA, quelques semaines après la mort de Savimbi, dans son "fief" de Bailundo.

La crise humanitaire y était terrible. La mort guettait le long des routes, le pays étant le plus miné du monde.

 

Je suis retourné en Angola en 2009. Les Chinois travaillaient partout, y compris dans les couloirs de l'Assemblée nationale, ainsi qu'à la construction d'une ville nouvelle en banlieue. Les Brésiliens construisaient un nouveau barrage pour fournir l'électricité à la capitale.  Les galonnés du MPLA affichaient sans complexe leur richesse. L'hôtel Tivoli, établissement luxueux pour étrangers,  n'avait plus rien à voir avec la description de Kapuscinski.

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afrique

27/05/2012

Pas de tolérance pour les coups d'Etat

Les forces de la CEDEAO viennent de se déployer en Guinée Bissau afin de " sécuriser la transition"
Dommage qu'elles ne soient pas là pour sécuriser le deuxième tour de l'élection présidentielle et les élections législatives !
Elles ne sont que la caution de la junte militaire qui a pris le pouvoir à la place du President , du Premier ministre et de l'Assemblée nationale.
Nous avions pu espérer que le temps des coups d'Etat était passé.
Apres la Mauritanie et le Mali, la Guinée Bissau montrer que le risque est, de nouveau, bien réel, profitant des faiblesses des organisations internationales, à commencer par les organisations régionales.