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12/07/2015

Les carnets de Joann Sfar

Si Dieu existe

Joann Sfar

éditions Delcourt, collection Shampooing

 

"Si Dieu existe, il ne tue pas pour un dessin". 

Joann Sfar ("le chat du rabbin" ; Gainsbourg en film ; actuellement dessinateur au Huffington Post) nous livre ses derniers carnets qui commencent par les carnages du 11 janvier de ses amis dessinateurs à Charlie.

Il y est beaucoup question de sa maman, décédée quand il avait quatre ans, de son papa, décédé peu de temps avant le 11 janvier, et des femmes. Avec des interrogations dignes de sa maîtrise de philosophie. 

"Ils croyaient s'en prendre à des dessinateurs, ils ont aussi tiré sur  l'islam". "Si des voix musulmanes s'élèvent pour apaiser l'islam, elles devront venir du Golfe, et disposer de beaucoup de pétrodollars." "Tant que le Prophète sera plus important que les hommes, on ne pourra rien construire."

"Aucun extrémiste juif n'a tué personne en France." "Ils étaient sur le sol français avant que la France existe, avant même qu'elle soit chrétienne." "Ethniquement, Israël, c'est le Brésil."

"Le Christ, pour aimer son prochain, il serre vachement les poings."

"Personne n'est obligé de croire en Dieu, ou de croire que Dieu est sacré." "Aucun Dieu ne pardonne celui qui abîme une tombe." "Je déteste que là où nous sommes, Jean-Paul Sartre ait raison : aujourd'hui, c'est bien l'antisémite qui fait le Juif."

"Sans les livres, on est plus humain"

"Si le questionnement s'arrête, nous mourrons en tant que civilisation." "Le futur n'est pas écrit. S'il est pourri, ça sera de notre faute." "Comment faire pour y croire encore ?"

"Tu ne dois pas laisser s'éloigner les enchantements du monde."

 

12:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

06/07/2015

Une année dans les coulisses de l'Elysée

Le château

Mathieu Sapin

éditions Dargaud

 

Mathieu Sapin a raconté la campagne électorale de François Hollande en BD ("Campagne présidentielle"). J'en ai parlé sur ce blog. Il a demandé aux collaborateurs du Président de la République, connus lors  de la campagne, l'autorisation de suivre pendant un an les évènements de l'intérieur de l'Elysée, le "château". Même un peu plus,  puisqu'il a pu suivre quelques voyages présidentiels, y compris, brièvement dans l'avion du Président. Ce qui n'est pas sans rappeler le livre de Jean-Marie Cambacérès. Là aussi il y a un certain nombre d'anecdotes qui allège le côté didactique. 

L'intendance, la sécurité, les conférence de presse, les visites de chefs d'Etats étrangers, ou de personnalités, les prises de parole à répétition du Président, et surtout le fonctionnement de la machine, côté "communication" plus que "politique" (on ne voit pas se prendre les décisions).

L'album devait se terminer avec la Coupe du monde de foot : match d'ouverture suivi, au Palais,  avec le Président et les médaillés handisports. Quelques pages ont été rajoutées à l'occasion des assassinats de Charlie et de l'hyper casher, vécus par mathieu Sapin à l'Elysée.

Vers la fin du livre l'auteur laisse paraître son sentiment : "François Hollande est quand même un homme d'Etat honnête et sympathique."

 

17:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd

26/06/2015

L'arabe du futur 2

Une jeunesse au Moyen-Orient

1984-1985

Riad Sattouf

éditions Allary

 

Un an après le succès mérité du tome 1,  voici la suite des aventures d'un bambin Syrien par son père, Breton par sa mère.

Rappel : le père de l'auteur, élève brillant, a obtenu une bourse pour étudier à la Sorbonne, y a rencontré une belle blonde, s'est marié avec elle. Ils ont eu un petit garçon blond comme sa mère. Le père a obtenu un poste d'enseignant en Libye, puis dans son pays, la Syrie.

Dans le tome 2 comme dans le premier, les vacances en Bretagne, chez les grands-parents, sont l'occasion d'un choc de civilisations.

A part ce chapitre en Bretagne, toute l'action se passe en Syrie, dans un village a côté d'Homs (malheureusement nous avons beaucoup entendu le nom de cette ville martyr...). Riad va à l'école du village. Il y découvre l'uniforme, les chants patriotiques, la lecture du Coran dont, comme ses camarades,  il ne comprend pas un mot... et les coups de règle sur les doigts. Il apprend tout ce qui est "haram" : "interdit par le sacré".

Il apprend l'arabe à l'école, et le français à la maison, avec sa maman.

Comme il est différent, il est accusé par certains d'être Juif, et attaqué pour cela.

En dehors de l'école, il découvre les inégalités sociales avec les relations importantes que son père doit entretenir . Les "élections" sont remportées à 100% par Hafez al-Assad, le père de l'actuel dictateur.

Comme dans le premier tome, sa mère grince des dents chaque fois qu'il est question de la place de la femme dans la société. Surtout quand les traditions poussent au "crime d'honneur".

Ls biens d'importation sont taxés jusqu'à 600%. L'essentiel de l'équipement de la maison passe donc par la contrebande .

Quelques jours de vacances à Palmyre permettent de nous parler de cet important vestige de l'antiquité.

 

 

 

16:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, moyen-orient

18/06/2015

la galère d'une préparation de thèse

Carnets de thèse

Tiphaine Rivière

éditions du Seuil

 

Jeanne, professeur de collège dans une ZEP est acceptée comme "doctorante". Elle va donc préparer une thèse. Sur "Le motif labyrinthique dans la parabole des portes de la Loi dans Le Procès, de Kafka". Pour cela elle se met en disponibilité de l'Education nationale. Mais il faut bien vivre. Elle donne des cours à l'université, peu payés, payés avec retard, ou même pas payés du tout. Mais qui demandent des heures de préparation ! Ou des travaux de secrétariat dissimulés sous des appellations pompeuses.

Quelques années, et plus de 3000 ouvrages critiques plus tard, le moment de la rédaction est le plus délicat. "Elle refichait tout ce qu'elle avait déjà lu à chaque fois qu'elle essayait de commencer à rédiger." Puis arrive le moment où l'auteur a tellement relu qu'il ne veut plus voir son texte "même relire ce que j'ai écrit me donne envie de vomir."

La famille est sceptique, et admire le cousin qui prépare une thèse scientifique.

La vie devient vite insupportable pour le compagnon. La thèse est l'obsession. En dehors des heures de travail alimentaire, pas question de sortir avec les copains, de se divertir. "Elle a un énorme tas sur son bureau avec marqué : papiers administratifs.Elle n'ouvre jamais son courrier."

On sent le vécu, et c'est drôle, plein de moments qui font sourire. La "science" littéraire a peut-être perdu un fleuron, mais la BD a gagné une auteur de talent.

En littérature, 60% des doctorants abandonnent leur thèse. On comprend pourquoi !

Son directeur de thèse, qui n'a aucune envie de lire les centaines de pages des ses "thésards", pour se débarrasser d'elle, lui prescrit de lire tout Schopenhauer : "La vie oscille comme un pendule, de la souffrance à l'ennui. La condition de l'homme consiste à désirer douloureusement tout ce qui lui fait défaut. La vie humaine consiste à aller sans cesse du désir, qui est manque, à l'ennui de la satiété."

 

"En cherchant des réponses à une question, les types continuent à se demander si la question qu'ils posent est pertinente..."

 

11:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, littérature

09/06/2015

Parution du tome 6 de l'histoire de France pour les nuls en BD

Les guerres de religion

Scénariste : Hervé Loiselet ; dessinateur : Vincenzo Acunzo ; Storyboard : Dan Popescu

Couleurs : Silvia Fabris ; Lettrage : Novy

D'après l'Histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud

éditions First

 

Le volume commence avec l'affichage des libelles protestantes jusque sur la porte du roi François 1er. Dommage de ne pas préciser que jusqu'à cet épisode François 1er, sous l'influence de sa sœur Marguerite de Navarre, n'était pas hostile aux idées nouvelles.

Si les rôles de l'Espagne (la présence des troupes espagnoles à Paris pour "soutenir" Guise, n'est pas mentionnée) et de l'Angleterre sont plusieurs fois évoqués, l'ouvrage ne souligne pas assez qu'il s'agissait d'une lutte pour l'existence du Royaume, et que les religions étaient instrumentalisées par nos deux grands voisins pour pousser leurs hommes liges, les Guise côté catholique, les Bourbon/Condé pour l'Angleterre.

Entre les deux camps Catherine de Médicis, et ses fils, Charles IX et Henri III louvoient, au gré des rapports de force, François II ayant été clairement du côté des Guise.

La couverture représente Catherine regardant avec effroi le massacre de la Saint- Barthélemy. C'est une grande question historique. Pendant longtemps les historiens ont fait porter toute la responsabilité de cette horreur sur la Régente. Même si Charles IX a pris la faute sur lui. Aujourd'hui, les historiens soulignent que Catherine et Charles avaient pour ligne politique constante la coexistence des deux clans. L'ouvrage propose une troisième voix : Catherine propose que soient tués quatre ou cinq huguenots, dont Coligny qui proposait que la France soutiennent les protestants des Pays-Bas contre l'Espagne. Et Charles ordonne de les tuer tous pour "qu'il n'en reste pas un pour le (lui) reprocher". Il semble moins certain aujourd'hui qu'il ait prononcé cette phrase.

Le volume n'évoque pas les dizaines de libelles salissant les réputations de la Reine Margot et d'Henri III. Cela évite de trancher la question de savoir si ces attaques venaient des Guise ou des protestants. 

La conversion au catholicisme d'Henri IV ("Paris vaut bien une messe") me semble être l'exact opposé de la règle "cujus regio, ejus religio" (dans le pays du prince, la religion du prince) qui était appliquée depuis le Haut Moyen-Âge.

Le volume se ferme par l'assassinat d'Henri IV. Ainsi se termine la "guerre des trois Henri", Henri de Guise, Henri III et Henri IV.

Puisqu'il s'agit essentiellement d'histoire événementielle, faite de batailles, de traités de paix, de mariages arrangés, un point essentiel n'est pas évoqué : pendant la période, le coût de la vie a augmenté de 300 à 400% (Duby), les guerres n'étant jamais propices à la prospérité du peuple. Georges Duby note "l'élargissement du fossé entre riches et pauvres."

 "Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme" Cette phrase d'un partisan de Servet, brûlé à Genève sur ordre de Calvin, n'est-elle pas toujours d'actualité ?

 

08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire