17/02/2012
ruiner les autres
Margin Call
Prix des critiques New-York
De J.C. Chandor
Avec Kevin Spacey, Jeremy Irons, Demi Moore
Le cinéma américain ne manque pas de capacités à critiquer le système capitaliste américain, surtout quand il est en crise.
L'histoire est édifiante : dans une société financière, un cadre intermédiaire est viré après plusieurs années de bons et loyaux services. Rien à lui reprocher : il faut faire place nette pour augmenter la motivation des jeunes aux dents longues qui rêvent d'ascension. Avant de partir il conseille à un de ses jeunes collègues de vérifier les paramètres de l'entreprise, qui va "dans le mur", plombée par trop de placements "toxiques". Impossible de ne pas penser à la crise des "subprimes".
La décision de la direction est claire : ramasser le maximum d'argent en vendant à des clients qui seront ruinés par la perte de valeur des placements ainsi bradés. Les employés sont, bien entendu, financièrement intéressés au succès de cette tromperie, qui n'est même pas une escroquerie illégale, simplement la loi du marché.
Le film nous montre cette caricature de la société américaine où la préoccupation essentielle est de gagner le maximum d'argent. Seule la mort d'une petite chienne peut distraire, un instant, de cette obsession. Un monde dans lequel il est si facile de gagner, et de dépenser, plusieurs millions de $.
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10/02/2012
trois ans...ou toujours ?
L'amour dure trois ans
De Fréderic Beigbeder
Avec Louise Bourgoin, Gaspard Proust, Joey Starr, Nicolas Bedos, Valérie Lemercier, Frédérique Bel
Une comédie romantique.
Comédie parce que c'est drôle, plein de mots d'esprit, de répliques provocatrices, d'autodérision.
Romantique parce que sur le thème de l'amour éternel, même si parfois celui-ci tourne au marivaudage.
Un film qui vaut beaucoup par ses personnages très bien servis par les actrices et les acteurs, à commencer par Louise Bourgoin, dans son meilleur rôle depuis "Adèle Blanc-Sec". Gaspard Proust est agaçant et provocateur par nature, cela convient au personnage du narrateur. Beigbeder a trouvé son double. Joey Starr ne chante pas beaucoup (heureusement ?) mais il est excellent et inattendu. Valérie Lemercier est convaincante en éditrice. Nicolas Bedos et Frédérique Bel font des apparitions sympathiques qui enrichissent la narration.
Malgré quelques chutes de rythme, un film plaisant.
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03/02/2012
50 ans à la tête du FBI
J. Edgar
De Clint Eastwood
Avec Leonardo Di Caprio, Naomi Watts
Personnage fascinant, cinquante ans à la tête du FBI. Tout pour en faire un "biopic".
J'ai été déçu, trouvant le film trop complaisant à l'égard de cet inventeur de l'Etat policier contemporain, basé sur les écoutes, y compris des Présidents américains, et de leurs proches, et les fichages. Complètement obsédé par la lutte contre le "communisme", et tout ce qui était progressiste, qui représentait, selon lui, la menace d'une invasion soviétique des Etats-Unis.
Il se croyait tellement puissant qu'il pensait pouvoir faire pression sur Martin Luther King pour qu'il refuse le prix Nobel de la paix...
Un anticommuniste ne croyant ni à la démocratie, ni à la liberté...
Je n'ai pas trop aimé non plus les sauts continuels dans le temps. L'interprétation de Leonardo Di Caprio est impressionnante mais handicapée par un maquillage trop voyant quand il faut le vieillir.
Le film insiste beaucoup sur les relations de Hoover avec sa mère, et sur son homosexualité plus ou moins difficilement refoulée, qui pourrait expliquer la psychologie de cet obsédé de l'"ordre moral".
Que vous ayez vu le film, ou non, je vous signale, sur le personnage de J. Edgar Hoover, le roman de Marc Dugain, "La malédiction d'Edgar", Folio n°4417, dont je parlerai un jour dans ce blog.
08:00 Publié dans Jeux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
27/01/2012
Honte ?
Shame
De Steve Mc Queen
Avec Michaël Fassbender, Carey Mulligan, Nicole Beharie
En ce moment, dans les salles de cinéma, Michaël Fassbender est à la fois le Dr Jung, le Rochester de Jane Eyre et ce personnage complexe, "mâle dans sa peau", qui lui a valu le prix du meilleur acteur à la fois à la Mostra de Venise et au "British Film Award".
Cette multiplicité montre l'étendue de son talent.
"Addiction sexuelle" ? Ses ordinateurs, y compris au bureau, sont plein de sites pornographiques, ses placards pleins de revues du même genre. Mais il n'agresse pas les femmes. Il ne les drague même pas. Incapable de jouer le jeu de la séduction, même avec la jolie et charmante Nicole Beharie. Eventuellement, il les paie. Sa sexualité est essentiellement masturbatoire. Honteuse ? C'est le titre du film.
Est-ce mieux ou pire que son chef et copain qui drague toutes les serveuses ?
Lui a un problème de communication.
Au début du film son regard croise, dans le métro, celui d'une jeune femme. La caméra nous montre, en gros plan, sa bague de fiançailles. Une complicité semble pourtant naître. Il la suit. Elle disparait.
A la fin du film, même rencontre. Il reste sagement assis. Il est guéri... Happy end ?
J'avoue être un peu agacé par ces films, ou ces romans, qui montrent des scènes sexuellement explicites, impudiques et crues, tout en faisant la morale. J'y vois beaucoup de racolage et d'hypocrisie.
Au delà de cette dérive moralisatrice, j'ai aimé ce personnage d'homme d'aujourd'hui, perdu dans la grande ville, incapable d'affection, à commencer pour lui même, ou sa sœur (craquante Carey Cullingan), à qui il reproche d'avoir couché avec un homme marié, crime suprême aux Etats-Unis. Solitudes impossibles à partager.
08:00 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
20/01/2012
romantique et féministe
Jane Eyre
De Cary Fukunaga
Avec Mia Wasikowska, Michaël Fassbender, Judi Dench
« Amor vincit omnia », l’Amour est vainqueur de toutes les épreuves. Le roman de Charlotte Brontë est un message d’espoir intemporel. Il est possible de réussir sa vie en étant orpheline, pauvre, pas particulièrement jolie, mais en ayant du caractère.
Le message actuel, de ce livre de femme, transposé pour la vingtième fois au cinéma, est féministe : soif de dignité, d’égalité, d’émancipation dans le respect. Mia Wasikowska, qui était l’Alice de Tim Burton, rend parfaitement cet aspect de lutte féminine, au-delà du romantisme.
18:28 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma