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11/09/2012

entre un photographe et un dessinateur de BD, un écrivain suit la campagne de François H.

Rien ne se passe comme prévu

 

Laurent Binet

 

Editions Grasset

 

 

"HHhH" : titre du livre qui a valu  à Laurent Binet le "Goncourt du premier roman". J'en ai parlé dans ce blog. Traduction en français et en clair : "Le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich".

 

Qui est le "cerveau" de François Hollande ? Manifestement, ils s'y mettent à plusieurs... et François Hollande fait se qu'il veut.  Le livre de Yasmina Reza, "L'aube, le soir ou la nuit",  était centré sur Sarkozy : "il ne s'adresse qu'à lui même". "En politique on est tous tournés sur nous mêmes" (N. S.). Le livre de Binet l'est davantage sur l'entourage, dont certains vont devenir ministres,  manifestement plus facile à aborder que le candidat lui même. "Je n'aurai pas dansé aux Antilles avec le candidat comme Yasmina Reza en 2007".

 

Au départ penchant plutôt pour Mélanchon, Binet reconnaît avoir été victime du "syndrome de Stockholm" : l'otage prend le parti des ravisseurs ! "J'observe, fasciné, l'altération progressive de ma subjectivité".

 

Avant même le résultat de la "primaire", il m'avait été demandé, comme probablement à un certain nombre d'autres, de faire des fiches argumentées sur d'éventuels déplacements du candidat à l'étranger, afin de lui donner cette dimension internationale, soit disant indispensable.

Je ne peux que souscrire aux réflexions lues dans ce livre, dans la bouche du candidat ou de certains conseillers :

- "tout le monde se focalise sur l'international, mais dans une élection présidentielle française, ce n'est jamais là-dessus que ça se joue"  (et, selon moi, pas seulement pour la présidentielle, même pour les Européennes !)

- "je ne veux pas m'afficher avec tous les battus de la gauche".

- "en tant que président, c'est très important, mais en tant que candidat, pas tellement".

 

J'ai appris dans le livre le nom du "Conseiller d'Etat" chargé de trier et de synthétiser en une page maximum nos fiches. Mais je ne suis pas de ceux qui envoyaient des pensums de quinze pages.  Travaillant depuis plus de trente ans pour les femmes et les hommes politiques, je sais que leur temps de lecture est des plus limité. Deux pages a toujours été mon maximum.

 

Les journalistes politiques sont assez sévères avec ce livre de témoignages. Il faut dire qu'il ne les épargne pas : "hystériques ; "les voies du journalisme sont impénétrables ; "un tel manque de lucidité, c'est fascinant" ; "la jouissance bornée du journaliste qui répète pour la millième fois la dernière expression à la mode". Il démonte, et démontre, leur fonctionnement au moins autant que celui du candidat. Et ce n'est pas à leur avantage.

 

"Rien ne se passe comme prévu", titre du livre,  est la réflexion de François Hollande apprenant l'arrestation de DSK à New-York.

 

 

"Dans le débat, François Hollande fonctionne comme au judo, c'est à dire qu'il utilise la force de l'adversaire."

 

"Il ne faut pas confondre un débat sur le fond avec un débat qui touche le fond".

 

"La jovialité masque une ironie fondamentale, comme indice d'une distance à soi-même et aux évènements que je n'ai pas observée chez les autres, comme l'aveu qu'il n'est pas dupe de toute cette comédie humaine".

 

"Tu dois cliver avec les politiques de droite, mais pas avec les Français"

 

"Derrière ces attaques, c'est quoi ? C'est que la gauche est illégitime pour diriger le pays" (Manifestement toujours vrai après les élections...)

 

"Comment être très laïc et à l'écoute du religieux ?" (Manuel Valls)

 

"C'est surprenant l'importance des relations personnelles en politique. Beaucoup plus important que les considérations idéologiques."

 

"Pour faire de la politique, il faut deux choses : la santé et accepter de prendre des coups. François est fait en plumes de canard : les attaques glissent sur lui".

 

"Toute victoire appelle après, un nouveau combat"

 

08/09/2012

Washington et ses symboles maçonniques

Le symbole perdu

 

Dan Brown

 

Editions J C Lattès "Pocket" n°12265

 

 

Quand je suis allé à Washington, en mai, ma fille ainée, sachant que j'allais passer quelques jours au Capitole, et que j'avais la ferme intention de visiter la bibliothèque du Congrès, ne comprenait pas que je n'ai pas mis dans ma valise "Le symbole perdu". Non, je n'avais lu aucun livre de Dan Brown, rebuté par les films inspirés de "Da Vinci Code" et "Anges et démons", pleins d'actions et surtout d'invraisemblances.

 

La période estivale étant favorable a l'attaque du "pavé", j'ai pu parcourir de nouveau  les sous-sols du Congrès où sans guide je me serais réellement perdu. Les couloirs sont si longs qu'un petit train électrique a été installé entre le Sénat et la Chambre des députés.

 

George Washington, franc-maçon, voulait donner une dimension symbolique à la ville qui a pris son nom.

C'est vêtu de ses "décors" maçonniques que Washington a posé la première pierre du Capitole.

"La ville de Washington compte plus de symboles astrologiques dans son architecture que n'importe quelle autre ville au monde".

 

" Les père fondateurs avaient baptisé Washington "la nouvelle Rome".

Cela contribue peut-être à la conviction d'un certain nombre d'Américains : les Etats-Unis sont une nouvelle Terre Sainte et Washington une nouvelle Jérusalem.

 

Mon ami, et fidèle commentateur historien, Frédéric Dubuisson évoquait la possibilité d'un plan de Washington inspiré des plans des jardins du château de Versailles. Ceux-ci auraient-ils été d'inspiration maçonnique ? Peu probable, la franc-maçonnerie spéculative n'ayant alors pas encore été "importée" d'Angleterre.

Peut-être des plans plus "astrologiques" que maçonniques, basés sur une symbolique séculaire qui n'est pas spécifique à la maçonnerie ?

 

Thomas Jefferson, lui aussi franc-maçon, décrivait le Capitole comme "le premier temple consacré à la souveraineté du peuple." "Plus de la moitié des auteurs de la Constitution étaient des francs-maçons".

"Les pères de l'Amérique rêvaient d'un pays spirituellement éclairé, dans lequel la liberté de penser, l'instruction du peuple et la science remplaceraient les vieilles superstitions religieuses".

 

Je n'aurais jamais imaginé la présence de symboles maçonniques sur le billet de 1$. J'ai regardé pour vérifier ce que je n'avais jamais remarqué : "une figure architecturale emblématique qui matérialise la capacité de l'homme à se libérer de ses attaches terrestres pour monter vers les Cieux, vers l'illumination suprême" (pas mal sur un billet de banque !) ; "rappelant à l'Amérique son destin encore inaccompli".

 

Il s'agit d'une enquête policière, à la suite d'un meurtre, et dont la clé se trouve dans des traditions ésotériques séculaires ("le symbole perdu") reprises par la franc-maçonnerie américaine.

Comme l'ont écrit Alain Bauer et Roger Dachez : "on imagine guère les francs-maçons français aller dissimuler sous l'Obélisque de la Concorde quelque rébus ésotérique dont la clé serait finalement kabbalistique, biblique et pour tout dire mystique !"

 

 

"Vivre dans le monde sans en explorer le sens est comme errer dans une grande bibliothèque sans toucher les livres" (Manly P. Hall)

 

"Le savoir est un outil, et comme tous les outils, son utilisation est entre les mains de l'utilisateur"

 

"Les premiers alchimistes s'étaient longtemps acharner à essayer de changer le plomb en or, sans jamais comprendre que cette transmutation n'était qu'une métaphore du potentiel humain"

"Le secret est à l'intérieur, non pas au paradis, au dessus, mais en son cœur, au fond de soi. C'était le message de tous les grands maîtres."

 

"L'idée de la vie après la mort est une invention humaine, une chimère destinée à nous faire supporter notre nature mortelle"

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature

02/09/2012

une enquête de M. De Mortagne, bourreau

En ce sang versé

 

Une enquête de M. De Mortagne, bourreau

 

Andrea H. Japp

 

Editions Flammarion

 

 

 

1305, environs de Nogent-le Rotrou, "enclave bretonne en Perche"

 

 

Pour celles et ceux qui ont lu "Monestarium", l'action se passe un an avant, en partie dans la même abbaye de femmes des Clairets.

 

Le Roi de France est alors Philippe le Bel, et nous ne pouvons donc échapper à quelques allusions à l'Ordre du Temple ainsi qu'aux relations entre le Roi et le Pape.

Beaucoup de références aux problèmes de vie quotidienne de l'époque : les habitudes alimentaires, la faim, la tuberculose, la mortalité infantile, et des femmes au moment de l'accouchement.

Quelques chapitres nous permettent de mieux connaître la vie du puissant conseiller du Roi, Guillaume de Nogaret, sans que cela ait une incidence sur le déroulement de l'intrigue.

 

Une moniale, d'origine noble,  a été assassinée, et l'enquête est menée par le bourreau de Nogent-le-Rotrou qui va au delà des apparences,  en se basant sur les conclusions d'un "aesculapius" déjà rencontré dans "Les mystères de Druon de Brévaux". Il constatera que les relations à l'intérieur des familles peuvent être marquées par la haine.

 

Réhabilitation du métier de bourreau, ayant plus que d'autres quelques notions anatomie,  bénéficiant à la fois de privilèges mais souffrant d'ostracisme.

 

Comme à son habitude, l'auteur nous offre en notes en bas de pages l'étymologie de mots et d'expressions venus du fond des âges.

 

 

"L'homme redoute ce qu'il ne comprend pas ou ce qui le remet face à sa faiblesse"

08:04 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

01/09/2012

On the road

Sur la route

 

Jack Kerouac

 

Nrf et Livre de poche

 

 

Le film m’a donné envie de lire le livre.

L‘écriture, hachée, sans paragraphe, avec des phrases courtes, rend bien le rythme fou, celui du jazz que l’auteur écoutait en  écrivant, sur un seul rouleau, pour ne pas perdre le fil.

 

Comme son nom l’indique, l’essentiel se passe sur la route : par des traversées incessantes d’Est en Ouest, ou inversement,  et pour finir du nord au sud vers le Mexique, en voitures, en cars,  parfois en trains, clandestinement.

Dans ces années de l’immédiat après guerre, l’avion ne s’était pas démocratisé…

A moins de bien connaître les Etats-Unis, ce qui n’est pas mon cas, une carte, avec villes et Etats, est indispensable. Mais le livre constitue un formidable témoignage sur les USA de la fin des années 40.

 

« On s’attend toujours à trouver une forme de magie, au bout de la route ».

Le but est de découvrir soi même plutôt que les Etats traversés.

 

Comme chacun sait, c’est une histoire dans laquelle certains picolent pas mal, n’hésitent pas à prendre quelques substances licites, ou non (à l’époque il était possible d’acheter de la morphine en pharmacie sans ordonnance). Au passage, ils font tomber quelques tabous sexuels, y compris homosexuels.

 

Jack admire Neal, et sa vitalité, mais ne semble pas approuver sa propension à abandonner les enfants qu’il fait aux femmes qu’il séduit. « Libération » des hommes, pendant que les femmes font le ménage et préparent les repas,  en  attendant d’être abandonnées.

« Le monde ne trouvera pas la paix tant que les hommes ne se jetteront pas aux genoux de leur femme pour lui demander pardon ».

 

Les protagonistes semblent avoir du mal à répondre à la simple question : « qu’est-ce que tu veux de la vie ? » Après avoir « accompli leur unique et noble devoir du moment : bouger ».

« Ca ne peut pas durer toujours…ce délire, ces virées aux quatre coins du pays. Il faut qu’on se range, qu’on trouve notre place ».

 

Neil finira en clochard « mystique », et Jack sera sauvé par l’écriture.

 

 

 

08:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

30/08/2012

la Syrie sans Bachar el Assad ?

Le chemin de Damas (1)

 

Gérard De Villiers

 

SAS n°193

 

 

La thèse du romancier est surprenante : les Américains, ainsi que les Israéliens,  ne voudraient pas la chute du régime syrien, par peur des islamistes. Leur solution aurait donc été de remplacer l'actuel Président afin de mieux permettre la continuation du régime alaouite.

Comme chacun sait, SAS, commandité par la CIA,  n'est pas encore parvenu à ce résultat. Mais l'histoire n'est pas terminée...

 

"Les Américains veulent se débarrasser de Bachar el Assad pour former un gouvernement plus souple et mettre fin à la contestation. Ils ne veulent pas la chute du régime alaouite, mais un "ajustement" qui lui permettrait de durer, et d'éviter le chaos". "Qu'on lève l'état d'urgence et qu'il y ait quelques réformes".

"C'est le régime alaouite qu'il faut conserver. Sinon nous avons les Frères musulmans, et là, on ne sait pas où on va...". "Provoquer un Coup d'Etat intérieur qui permette de se débarrasser de Bachar pour que son successeur mette un peu d'eau dans son vin."

Quitte à s'appuyer sur ceux du pouvoir qui trouvent le président trop "mou"...par rapport à son père "qui avait exterminé en deux mois 20 000 islamistes, à Hama, en 1985, à l'arme lourde."

"Les Alaouites savent que, s'ils perdent, ils seront massacrés".

"Il faut éviter à tout prix une solution à la libyenne."

"Une victoire des islamistes aurait pour résultat la liquidation des chrétiens de Syrie."

La fin du régime pourrait entraîner également l'éclatement du pays. Les Alaouites se réfugiant dans leur région montagneuse adossée à la mer, les Kurdes demandant leur autonomie, comme en Irak.

 

"Israël s'accommodait parfaitement de la domination alaouite à Damas. Dans la pratique, il n'y avait jamais d'incidents de frontière. Israël considérait Bachar el Assad comme un partenaire peu sympathique, mais fiable, qui tenait son pays d'une main de fer. Les dictateurs avaient certains inconvénients, mais un véritable avantage : c'était un verrou solide. Quand ils sautent, cela peut avoir des conséquences fâcheuses".

 

De Villiers fait la confusion, probablement volontaire, entre les "Frères musulmans", les Salafistes (les musulmans qui veulent vivre comme au temps du Prophète - sauf la voiture, la télévision, le téléphone portable, l'ordinateur, etc.), et les terroristes d'Al-Qaïda, alors que les "Frères musulmans" sont combattus par Al-Qaïda. La voie terroriste contre la voie pacifiste, éventuellement électorale, comme en Egypte, au Maroc, en Tunisie... L'Arabie saoudite a cessé de financer Al-Qaïda quand les Russes ont quitté l'Afghanistan. Ben Laden a été déchu de sa nationalité saoudienne et tous ses avoirs gelés.  Réciproquement, Ben Laden n'a jamais pardonné à l'Arabie Saoudite et au Qatar d'accepter sur leur sol, terre d'Islam, des troupes occidentales composées d'"infidèles".

 

Il affirme que l'Arabie Saoudite et le Qatar financent et arment les terroristes. La vérité est que l'Arabie Saoudite finance les intégristes religieux et le Qatar les intégristes du PSG, mais en aucun cas les terroristes car ils en sont une des cibles privilégiées.

 

L'Arabie Saoudite aide les rebelles syriens par opposition à l'Iran, soutien du régime actuel.

 

Autre inexactitude quand l'auteur affirme que Chypre est "partagée entre les Turcs au Nord, et les Grecs au Sud". Les Chypriotes parlent grec dans le sud de l'île, mais ne sont pas Grecs. Le nord de l'île, où habitent traditionnellement des Chypriotes parlant majoritairement turc,   est occupé par l'armée turque qui a fait venir des colons d'Anatolie. La Turquie est le seul pays à reconnaître le nord de Chypre comme pays indépendant. Aux yeux de la communauté internationale, Chypre est donc un pays bilingue, partiellement occupé par une armée étrangère.

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, syrie