16/03/2015
polar en Mongolie
Yeruldelgger
Ian Manook
Prix Quais du polar 2014
Prix SNCF du polar 2014
Grand prix des lectrices d'ELLE, policier
Livre de poche n°33600
Yeruldegger ("cadeau d'abondance") est le prénom d'un commissaire qui ressemble étrangement au commissaire islandais Erlendur, d'Indridason, en beaucoup plus violent. Lui aussi a des problèmes avec sa fille qui ne lui pardonne pas de la délaisser pour faire son métier de flic. Lui également ne se pardonne pas d'avoir perdu un petit être cher.
Mais Ian Manook n'est pas Mongol. Il est Arménien de Paris. Il pourrait être classé comme "écrivain voyageur". Il nous raconte les coutumes de la vaste plaine mongole. "Ce pays qui avait coupé tant d'arbres qu'il en avait inventé le désert". Au fil de l'enquête, nous saurons tout sur la façon de bien préparer et déguster la marmotte, et nous en apprendrons beaucoup sur la situation géopolitique de la Mongolie et ses relations avec la Chine et la Corée. Et même qu'en Chine, la fête des amoureux est le septième jour du septième mois. "Nous sommes sous la coupe économique des Chinois qui se comportent en occupants." "D'où ce nationalisme xénophobe qui grandit à Oulan-Bator".
"La Mongolie découvrait le tourisme comme une seconde source de revenus après l'extraction des minerais."
Je suis généralement admiratif de l'imagination des romanciers. Dans ce livre, la violence, la cruauté de certaines scènes dépassent mon imagination, et je ne supporterais pas de les voir au cinéma.
"Il importe peu que nous ne voyions pas de la même façon le paysage identique que nous regardons. L'essentiel est de le regarder ensemble". (Patrick Manoukian)
"Une bonne intrigue se construit autour de sentiments et d'émotions universels évoqués à travers le récit de destins individuels."
"Les rêves sont un langage. Ils ne sont ni divinatoires ni prémonitoires. Ils ne font qu'essayer de te dire ce que tu n'oses encore t'avouer. Tout ce qui fait ton rêve est déjà en toi."
"Eviter les combats inutiles, qui ne sont que la preuve de l'inefficacité de toute autre chose, mais ne jamais reculé une fois le combat engagé. Toujours avancer, sans colère, toujours à son rythme, esquiver l'attaque en avançant, frapper les appuis".
"Semer le désordre pour appeler à l'ordre, salir les étrangers pour appeler à la préférence nationale, gangrener les pouvoirs pour les discréditer, infiltrer la police pour la manipuler."
"Les Mongols ont régné sur un quart du monde par la seule terreur. Ni par notre culture, ni par notre art, ni par notre pensée."
"La république mongole qui, il y a cinquante ans, brûlait ses dissidents dans les chaudières de ses locomotives."
"Si Gengis Khan vivait de nos jours, il ne serait qu'un Kim Jong-un".
"Ce n'est pas l'espoir d'une autre vie qui doit te faire vivre la tienne ici-bas."
17:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
07/03/2015
Un polar entre la Cisjordanie, Israël et la France
Une terre pas si sainte
Pierre Pouchairet
Jigal polar
Ancien commandant de la police nationale, chef de groupe aux stups, l'auteur nous fait vivre une enquête entre Nice et Naplouse, en passant par Jérusalem.
Les polices israéliennes, françaises et palestiniennes collaborent, plus ou moins, pour démanteler un réseau de drogues de synthèses. Et comme les polices se féminisent, certaines policières jouent un rôle prépondérant.
Terre sainte pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans, mais surtout terre de toutes les oppressions, de toutes les violences et de bien des trafics. Le tout raconté sur un rythme nerveux.
"Les fous de Dieu surfent sur la misère et le désespoir de certains de nos jeunes pour les enrôler et leur faire commettre des actes de barbarie qui permettent à l'Etat hébreu de jouer les victimes."
"Une société qui tient autant par l'aide internationale que par la corruption."
"Il est facile d'enrôler une jeunesse désoeuvrer et décourager et de canaliser l'énergie du désespoir".
"Des gens qui n'étaient pas des assassins préféraient laisser croire le contraire, ce qui leur conféraient un statut social de héros."
"Entrer en zone sous contrôle palestinien ne gênait personne, seules les bonnes âmes de la communauté internationale y trouvaient à redire." "Il y a des routes interdites aux Palestiniens en Palestine." "Nous sommes en Cisjordanie et c'est Israël qui tient la frontière."
"Il n'y a plus de permis de travail pour les Palestiniens, remplacés par des Africains qui font l'affaire."
"Les jeunes Palestiniens, sans espoir et acculés sur leur terre , étaient une menace pour Israël qui ne ferait qu'empirer tant qu'une solution durable ne serait pas trouvée. La force, dans le long terme, avait peu de chance de l'emporter et il n'était pas certain qu'une jeunesse israélienne, embourgeoisée, manie le bâton avec autant de virulence que ses parents, même si la violence avec laquelle Gaza avait été réprimée indiquait qu'il y avait de beaux restes chez certains."
"Il avait vécu dans la clandestinité, combattu et tué pendant deux décennies pour la liberté de son peuple et l'établissement d'une société démocratique. Au final, le Fatah était aujourd'hui corrompu jusqu'à la moelle et détenait un pouvoir illusoire sur une parcelle de terre grignotée jour après jour par de nouvelles colonies . La confiance de la population s'était détournée des politiques au profit des imams.
19:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
27/02/2015
les tondues de la Libération
Et ils oublieront la colère
Elsa Marpeau
"Série noire" Gallimard
Un jeune prof d'histoire est assassiné. Il se passionnait (un peu trop ?) pour le sort des "tondues" de la Libération. "Entre 43 et 46, elles ont été à peu près vingt mille en France". Avec un exemple concret dans le village où il a été tué.
La gendarme chargée de l'enquête fait le lien entre le meurtre et les évènements de l'été 44.
Une enquête qui nous mène de surprises en revirements, mais en gardant en perspective la problématique des sentiments exacerbés dans ce moment historique fort, avec "le plaisir entier, intact, de blesser, de meurtrir, d'humilier". "A la mémoire collective de tous les boucs émissaires qui permettent aux autres de se croire plus forts." "Ressouder la communauté derrière un bouc émissaire. Créer un spectacle. Redevenir des vainqueurs après des années d'humiliation." "plus tard encore, la plupart d'entre eux désirent plus que tout oublier."
"Toutes les religions, musulmane, juive ou catholique, s'en sont prises à la chevelure féminine. Dès le premier Epître de saint Paul aux Corinthiens."
"J'aurais dû prendre un peu parti pour sa toison
J'aurais dû dire un mot pour sauver son chignon" (Georges Brassens, La Tondue)
"Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La victime raisonnable
Au regard d'enfant perdue" (Paul Eluard)
"Il n'est pas interdit d'espérer qu'un gamin, parfois, ne hurle pas avec la meute et refuse de participer au massacre collectif." (à propos du harcèlement à l'école)
Mais tout est relatif : "pensez à d'autres pays où on se venge des crimes imputés aux femmes en les lapidant à mort."
18:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
21/02/2015
Deon Meyer au top de son art
Kobra
Deon Meyer
Policiers Seuil
Deon Meyer maîtrise l'art de l'action et du suspens. Le livre est haletant et ferait un très bon film. De la même veine que "13 heures".
Le plus qu'apporte Deon Meyer est, en toile de fond, l'Afrique du Sud post-apartheid, plus que jamais "arc en ciel", comme l'équipe de ses collègues ("Avec cette amabilité qui va de pair avec la culpabilité d'être blanc") Un pays menacé par la violence et la corruption, mais où les gens intègres, intelligents et dévoués sont majoritaires, où "il n'y a pratiquement pas de crimes contre les touristes.
Le scénario : un mathématicien a disparu, et avec lui une carte mémoire contenant un algorithme permettant de détecter, dans les millions d'échanges bancaires, les anomalies liées au blanchiment d'argent et au terrorisme...tout en préservant le respect de la vie privée des citoyens ordinaires. Un système trop performant qui révèle la puissance des groupes de pression, y compris sur les médias. Sans parler de la transparence des comptes publics..."Des preuves accablantes prouvant que le système bancaire a les mains sales" (et c'était avant HSBC) L'enjeu est de taille !
Un des livres que j'ai lu avec le plus de plaisir depuis plusieurs mois.
"Les flics ne grattent pas là où ça ne démange pas".
11:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
15/02/2015
trafics au coeur de Paris
Sombre sentier
Dominique Manotti
Points, roman noir, P266
J'aime les livres de Dominique Manotti, agrégée d'histoire clairement engagée à gauche. Ses romans policiers, au style tranchant, parlent toujours des droits humains.
Celui-ci dénonce les trafics d'êtres humains, pour les faire travailler ou les prostituer. Mêmes filières que le trafic de drogue et d'armes, et de contrefaçon.
L'action se passe dans le quartier du "Sentier", dépassant les limites du IIe arrondissement sur le IIIe et le Xe.
"Une partie de la solution du problème est dans les pays d'origine. Il faut comprendre ce qui s'y passe si l'on veut arrêter les trafiquants ici."
"Quand on sait ce qu'on cherche, on court à l'erreur judiciaire"
"La classe ouvrière existe par sa solidarité collective, pas par ses martyrs."
"Une grosse affaire de drogue signifie beaucoup d'argent. Et beaucoup d'argent ça veut dire meurtres."
18:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar