25/04/2016
L'Iran d'aujourd'hui
Dernier refrain à Ispahan
Naïri Nahapétian
Point policier n°P3268
"Dans un royaume où les ignorants sont rois, un homme a volé la voix des femmes. Il a emporté leur chant, semé des tulipes sur leur chemin ; et la joie s'en est allée."
Tel est le "dernier refrain à Ispahan". La chanteuse à succès qui le chantait a été assassinée. Un bouquet de tulipes, symbole de la révolution islamiste, a été déposé près de son corps. Elle s'était exilée aux USA. Avait eu l'imprudence de vouloir revenir pour un concert, alors que le chant des femmes est désormais interdit. "Car le son de leur voix éveille la sensualité masculine"."Il y a un siècle, il était interdit à l'ensemble des musulmans de jouer de la musique."
L'enquête policière est le prétexte pour raconter l'Iran d'aujourd'hui de l'intérieur. De façon très critique, bien entendu.
"En Iran, nous nous inspirons davantage du comportementalisme que de Freud ou de votre incompréhensible Lacan. Je ne porte que peu de foi à toutes ces histoires d'Oedipe. Un bon musulman ne saurait tomber amoureux de sa mère ! Les règles de la charria sont là pour empêcher de telles perversités..."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
21/04/2016
Moi Président
Moi Président
Mathieu Janin
Le Serpent à plumes éditions
Un roman policier sur fond politique. 2017 : à la surprise générale, la primaire de la droite a été gagnée par le député maire d'une ville située à 60 km de Paris (comme Meaux ?) Beau gosse, énarque, il a misé sur la surenchère sécuritaire. Mais comment les choses se passent-elles dans les "quartiers difficiles" de sa ville où vivent les jeunes, enfants d'immigrés, déscolarisés et sans autre perspective que le chômage et le petit trafic de stupéfiants ?
Pour régler le problème, le député-maire a confié les pleins pouvoirs à son bras droit, Corse de l'école du SAC.
Entre les deux tours de la Présidentielle, les choses se mettent à déraper, et les cadavres s'accumulent.
Le suspens, consiste à se demander si, à la fin, les méchants seront punis et l'élection ratée.
L'auteur est journaliste. Longtemps au Parisien, il connait bien les problèmes des banlieues.
11:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
16/04/2016
Le premier polar de Vincent Peillon
Aurora
Vincent Peillon
éditions Stock
J'ai bien connu Vincent Peillon au Parlement européen. Homme très sympathique. J'ai été déçu qu'il ne réussisse pas au ministère de l'éducation nationale. D'autant plus que je trouvais bonne l'idée d'organiser plus d'activités péri-scolaires. Le système éducatif français se trouve dans les profondeurs du classement de l'UNICEF, et les pesanteurs semblent trop lourdes...
Aurora se lit beaucoup plus facilement de le libre précédent de Vincent Peillon, sur la laïcité.
C'est un "thriller" géopolitique. Je n'ai pas compté, mais le total des morts doit approcher de la cinquantaine.
Il s'agit d'une lute pour les ressource gazières du Groenland. Les USA considèrent que c'est leur chasse gardée, depuis la guerre, mais le consortium Aurora, basé à Hambourg, a passé un accord avec le Danemark, ancienne puisance tutélaire du Groenland.
Le consortium Aurora est dirigé par un ancien nazi qui n'a pas renoncé à ses convictions. Il profite de ses énormes ressources pour financer ceux qui partagent ses convictions.
Une équipe d'anciens du Mossad est donc volontaire pour faire un grand nettoyage.
Pour ne pas laisser de traces, elle est menacée dès le travail terminé. Mais "vieux de la vieille", ils ne se laissent pas surprendre...
J'espère ne pas vous en avoir pas trop dit...
18:29 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
10/03/2016
1943 : Berlin, Zagreb, Zurich
La dame de Zagreb
Philippe Kerr
éditions du Masque
Dixième roman des aventures du policier berlinois, et social-démocrate, toujours plus insolent et cynique. A la limite de la crédibilité parfois. Créature de l'Ecossais Philippe Kerr. Je ne m'en lasse pas.
1943 : pour les nazis la guerre est déjà perdue, même si elle durera encore deux ans. Les bombes tombent sur Berlin et autres villes allemandes, et donc sur les populations civiles. Le moral est en berne. Certains dirigeants rêvent d'une paix séparée avec les Américains, "pour sauver l'Allemagne".
Logé luxueusement à Berlin et entretenu par les nazis, avec le grade de général SS Grupenführer, le grand mufti de Jérusalem.
Bernie est envoyé en Croatie et en Suisse.
Croatie : les Oustachis sèment la terreur. Le camp de Jasenova n'est pas un camp d'extermination. Cent mille personnes y trouvèrent la mort. D'anciens moines catholiques se distinguent pas leur cruauté, leur sadisme y compris à l'égard d'enfants.
Les Allemands tentent, avec beaucoup de mal, d'entraîner dans leur politique anti sémite les musulmans de Bosnie.
Ces faits n'ont pas été oubliés et resurgiront au moment de l'éclatement de la Yougoslavie.
Suisse : "cela aurait été embarrassant pour les autorités suisses si on avait su le volume d'affaires réalisées avec le gouvernement allemand, et en particulier la SS. Pour ne pas dire compromettant. Leur neutralité était en jeu." Parmi les contrats : les baraquements en bois des camps de concentration.
"La vie n'est rien d'autre qu'une série d'évènements aléatoires. Ce qui arrive n'a aucune logique."
"La mort avait déjà emporté tant d'êtres humains depuis le début de la guerre qu'un meurtre de plus semblait dérisoire."
"Tuer un homme est un sacré truc. On a toujours l'impression que les balles traversent deux personnes : celle qui les reçoit et celle qui les tire."
08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
27/02/2016
Après la guerre
Après la guerre
Hervé Le Cor
éditions Payot / Rivages / Noir n°983
Après la guerre, la deuxième mondiale, à Bordeaux. "Les ports sont des lieux de désordre et d'intranquillité."
Il y a Jean, le père, rescapé d'un camp de concentration. Il revient avec des idées de vengeance.
Il y a Daniel, le fils qui a l'âge pour partir faire son service militaire dans une guerre coloniale qui n'est pas la sienne. "L'Algérie en train de remodeler le peuple français autour d'un ennemi commun cerné par tout un vocabulaire assassin : le frisé, le bronzé, le bicot, le crouille, le raton."
Il y a le flic pourri, sans scrupule, prêt à tout. "L'infamie des flics français. Après avoir raflé les Juifs et traqué les résistants, au service du Maréchal et de la Gestapo, ils se sentaient tout soudain l'âme républicaine et se pressaient tout soudain dans les couloirs de la préfecture en bras de chemise, brassards tricolores au biceps, pour offrir leurs services à ceux qu'ils avaient pourchassés pendant quatre ans. Et on avait envie d'y croire. Les gens, ils veulent oublier toute cette merde."
Au total, un polar noir aux nombreux cadavres, dans l'atmosphère des années 50, avec un engagement politique assez clairement marqué.
"Quelques collabos déjà recasés sur qui l'épuration passera, plus tard, comme un nuage insignifiant, à peine une ombre : vraies ordures, faux résistants, flics, préfets, chefs de cabinet qui ont organisé les rafles, contresigné les demandes d'arrestations, outrepassé et anticipé les ordres boches mais ont senti le vent tourner en 43 et se sont inventé des actes de bravoure et fabriqué des alibis, ont sauvé utilement quelques Juifs et gardé traces de cet héroïsme pour le moment venu."
"Après le bourgeois, l'alcool est le pire ennemi de l'ouvrier. Son poison familier. Un des opium qui tiennent le peuple hébété dans sa misère."
"Il suffira d'utiliser la presse, bonne fille qui se laisse faire tous les bâtards qu'on veut"
"Quand on est flic, il faut être un sentimental : envisager toutes les passions, n'en éprouver aucune."
"Il faut aimer les vivants parce que les morts s'en foutent et vous laissent tout le restant de vos jours avec vos remords et votre chagrin."
"C'était un temps déraisonnable , on avait mis les morts à table, on faisait des châteaux de sable, on prenait les loups pour des chiens, tout changeait de pôle et d'épaule, la pièce était-elle ou non drôle ? moi si j'y tenais mal mon rôle, c'était de n'y comprendre rien" (Aragon)
16:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar