01/06/2017
Piquant
Quand sort la recluse
Fred Vargas
éditions Flammarion
Trente ans que Fred Vargas a publié son premier roman policier. Elle en maîtrise parfaitement la technique. Suspens jusqu'au dénouement final, personnages atypiques, cumul d'horreurs humaines inhumaines, enquêtes annexes qui n'ont rien à voir et succès en librairie.
L'action se passe à Nîmes et dans les environs où se produisent plusieurs mort mystérieuses qui seraient causées par des piqures d'une araignée surnommée "la recluse" car elle se cache.
Qui a pris le train en gare de Nîmes se demandera si l'auteur s'y est réellement rendue. Impossible de choisir une table au café de la gare près de la fenêtre, "avec vue sur les rails", car ceux-ci se trouve un étage plus haut...
"Ils connaissait les chiffres noirs, une femme violée toutes les sept minutes dans le pays et 1 à 2% des violeurs condamnés."
"Celui ou celle qui devient humain abandonne ses facultés divines"
20:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, littérature
27/05/2017
Berlin 1939
Zoo station
David Downing
éditions du "cherche midi"
Impossible de ne pas penser à Philip Kerr et son héros récurrent Bernie Gunther.
John Russell n'est pas Allemand, ni policier, mais journaliste anglo-saxon, correspondant à Berlin, père d'un enfant allemand. Il voit venir la guerre.
Quand un de ses confrères, qui enquêtait sur l'eugénisme organisé par le régime nazi, est poussé sous une rame de métro à la station Zoo, John n'enquête pas, mais poursuit le travail d'investigation journalistique.
"Les sujets d'actualité mentionnés sont d'une tragique authenticité."
"Hitler n'a jamais tenu secret son projet de purifier la race en stérilisant les handicapés mentaux et tous les autres malades soi-disant incurables."
"Même si un Juif couchait avec une Aryenne une seule fois, les membranes de son vagin seraient tellement imprégnées de semence étrangère que la femme ne pourrait plus porter d'Aryens de race pure."
"Les seuls criminels violents que l'on pouvait voir dans les rues de Berlin étaient les autorités."
"Il y a plus de larmes en ce monde que tu ne peux le comprendre" (Yeats)
08:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire, littérature
30/04/2017
Le retour de Bernie Gunther
Les pièges de l'exil
Philip Kerr
éditions du Seuil
Après quelques incursions dans d'autres projets littéraires, Philip Kerr nous propose un onzième tome des aventures de son détective allemand Bernie Gunther.
Celui-ci est devenu concierge d'un grand hôtel sur la côte d'azur, au milieu des années cinquante, à la recherche de la tranquillité. Il a perdu de son humour cynique. Bien entendu, le passé le rattrape.
Son chemin croise celui de Somerset Maugham, ancien espion et homosexuel notoire. Bernie se trouve plongé dans le scandale des "espions de Cambridge", agents doubles au service du KGB, par idéalisme. En pleine guerre froide.
"Le sénateur Mc Carthy ne s'en prend pas seulement aux communistes, mais aussi aux homosexuels, la fameuse peur lavande."
Mais c'est dans l'évocation de la période de la guerre que Kerr est à son meilleur. Ce Britannique n'hésite pas à souligner les souffrances du peuple allemand, surtout à la fin de la guerre.
Il est bien connu que l'histoire est écrite par les vainqueurs. C'est sans doute pour cela que la plus grande catastrophe maritime de tous les temps est complètement passée sous silence dans les pays vainqueurs de l'Allemagne nazie.
En 1945, l'armée russe se rapproche de Königsberg, la ville de Kant, aujourd'hui Kaliningrad. "Une centaine d'enfants ont été tués dans cette cathédrale alors qu'ils fuyaient les bombes de la RAF. Pour vous convaincre que Dieu n'existe pas, ça bat Nietzsche à plate couture..." Les Allemands évacuent des milliers de personnes sur des paquebots. Combien de victimes sur le Gustloff (dont, dans le roman, la compagne de Bernie, enceinte de ses oeuvres), coulé par un sous marin russe ? Plus de 9.000 dit Kerr. Le chiffre officiel de 9.343 vient d'être revu à la hausse par un chercheur allemand : plus de 10.000, dont 4.000 enfants, et autant de femmes que l'on évacuait pour éviter qu'elles ne soient violées par les soldats russes.
Au cours du premier semestre 1945 d'autres navires transportant des réfugiés allemands furent coulés : "le Goya sur lequel 7.000 personnes perdirent la vie. Le Cap Arcona sur lequel 7.000 autres-dont beaucoup de détenus des camps de concentration- périrent. Et le Steuben, sur lequel 3.500 Allemands moururent.
"En comparaison, le naufrage du Titanic n'a fait que 1.500 victimes."
"Jamais les Berlinois de gauche ne se sont pris de sympathie pour Hitler comme l'ont fait les Autrichiens."
"De nos jours (le milieu des années cinquante), seules les Américaines peuvent se permettre de ressembler à des putes."
"Les livres sont précieux. Ils peuvent vous faire sentir chez vous."
"A moins d'être un imbécile, personne n'a jamais écrit sauf pour du pognon."
10:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, littérature
17/03/2017
Politique fiction
En pays conquis
Thomas Bronnec
Série noire, Gallimard
Il ne faut pas se laisser abuser, même s'il y a écrit "thriller" sur la couverture, même si c'est dans la prestigieuse Série noire, même s'il y a un mort au début du roman, il s'agit plus d'un livre de politique fiction (qui, j'espère, restera de la fiction) que d'un livre policier. D'ailleurs, il n'y a pas de policier, ni de détective privé.
L'élection présidentielle a vu la victoire d'un président de gauche, disons de centre gauche, mais les élections législatives qui ont suivi n'ont pas dégagé de majorité claire.
La droite est en tête, mais n'a pas la majorité. Le nombre des parlementaires d'extrême droite a explosé.
Deux possibilités :
- soit faire une "grande coalition", avec les socialistes, comme en Allemagne, et d'autres pays européens,
- soit faire une alliance entre la droite et l'extrême droite, comme à Dreux autrefois, comme à certaines élections régionales passées.
La porosité des idées est devenue telle entre la droite et l'extrême droite, que c'est , bien entendu, la seconde solution qui est retenue.
Reste un problème, et non des moindres : l'Union européenne, à commencer par l'Euro. Un référendum devra trancher la question...
Au passage, le roman est un bon réquisitoire contre le financement des partis politiques, en particulier ces micro-partis qui ont pour objet de financer les présidentiables éventuels.
18:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, politique
12/02/2017
un temps d'intolérance religieuse
La ville qui n'aimait pas son roi
Jean D'Aillon
Livre de poche policier n°32147
La couverture peut prêter à confusion. Elle représente Henri IV alors que le roi dont il est question est Henri III. La ville "qui n'aimait pas son roi", c'est Paris que le souverain a été obligé de fuir devant la menace que faisait peser sur lui l'alliance d' Henri de Guise, Duc de Lorraine avec les bourgeois parisiens ultra-catholiques "qui voulait se libérer du joug royal et payer moins d'impôts, regroupés dans la "Sainte Ligue".
L'intrigue policière passe au second plan derrière la tension des évènements historiques. Même si nous savons comment tout cela s'est terminé.
L'auteur prend le parti d'Henri III, "malade, toussant, édenté, boitant à cause de ses fistules, le teint blême, le regard fuyant", et justifie l'assassinat du Duc de Guise : c'était une question de survie pour lui. ("J'y aurais laissé la vie") "Les Lorrains disposaient de troupes bien équipées et de milliers de mercenaires payés par l'Espagne.""Le Balafré demandait tout, hormis la couronne et que le cardinal de Bourbon soit déclaré l'héritier du trône", à la place de l'hérétique Henri de Navarre. Henri III convoque les Etats généraux à Blois. "Pour le roi ce fut un échec et une nouvelle humiliation. Les trois ordres étaient dirigés par ses ennemis."
Après avoir tenté en vain de concilier les inconciliables, Catherine de Médicis "expira après avoir recommandé au roi de se réconcilier avec son beau-frère (Henri de Navarre), de cesser les persécutions contre les catholiques et d'établir dans le royaume la liberté de religion."
Henri III sera poignardé à son tour par Jacques Clément, moine fanatisé par les ultra-catholiques qui lui avaient fait croire que son geste lui donnerait un accès direct au paradis. Tentant, même sans promesse de vierges...
"Cette guerre civile n'était pas seulement entre les hommes, entre les familles. Elle se livrait aussi à l'intérieur de leur esprit. Personne ne pouvait en sortir intact.
18:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire