27/02/2015
les tondues de la Libération
Et ils oublieront la colère
Elsa Marpeau
"Série noire" Gallimard
Un jeune prof d'histoire est assassiné. Il se passionnait (un peu trop ?) pour le sort des "tondues" de la Libération. "Entre 43 et 46, elles ont été à peu près vingt mille en France". Avec un exemple concret dans le village où il a été tué.
La gendarme chargée de l'enquête fait le lien entre le meurtre et les évènements de l'été 44.
Une enquête qui nous mène de surprises en revirements, mais en gardant en perspective la problématique des sentiments exacerbés dans ce moment historique fort, avec "le plaisir entier, intact, de blesser, de meurtrir, d'humilier". "A la mémoire collective de tous les boucs émissaires qui permettent aux autres de se croire plus forts." "Ressouder la communauté derrière un bouc émissaire. Créer un spectacle. Redevenir des vainqueurs après des années d'humiliation." "plus tard encore, la plupart d'entre eux désirent plus que tout oublier."
"Toutes les religions, musulmane, juive ou catholique, s'en sont prises à la chevelure féminine. Dès le premier Epître de saint Paul aux Corinthiens."
"J'aurais dû prendre un peu parti pour sa toison
J'aurais dû dire un mot pour sauver son chignon" (Georges Brassens, La Tondue)
"Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La victime raisonnable
Au regard d'enfant perdue" (Paul Eluard)
"Il n'est pas interdit d'espérer qu'un gamin, parfois, ne hurle pas avec la meute et refuse de participer au massacre collectif." (à propos du harcèlement à l'école)
Mais tout est relatif : "pensez à d'autres pays où on se venge des crimes imputés aux femmes en les lapidant à mort."
18:01 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
21/02/2015
Deon Meyer au top de son art
Kobra
Deon Meyer
Policiers Seuil
Deon Meyer maîtrise l'art de l'action et du suspens. Le livre est haletant et ferait un très bon film. De la même veine que "13 heures".
Le plus qu'apporte Deon Meyer est, en toile de fond, l'Afrique du Sud post-apartheid, plus que jamais "arc en ciel", comme l'équipe de ses collègues ("Avec cette amabilité qui va de pair avec la culpabilité d'être blanc") Un pays menacé par la violence et la corruption, mais où les gens intègres, intelligents et dévoués sont majoritaires, où "il n'y a pratiquement pas de crimes contre les touristes.
Le scénario : un mathématicien a disparu, et avec lui une carte mémoire contenant un algorithme permettant de détecter, dans les millions d'échanges bancaires, les anomalies liées au blanchiment d'argent et au terrorisme...tout en préservant le respect de la vie privée des citoyens ordinaires. Un système trop performant qui révèle la puissance des groupes de pression, y compris sur les médias. Sans parler de la transparence des comptes publics..."Des preuves accablantes prouvant que le système bancaire a les mains sales" (et c'était avant HSBC) L'enjeu est de taille !
Un des livres que j'ai lu avec le plus de plaisir depuis plusieurs mois.
"Les flics ne grattent pas là où ça ne démange pas".
11:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
15/02/2015
trafics au coeur de Paris
Sombre sentier
Dominique Manotti
Points, roman noir, P266
J'aime les livres de Dominique Manotti, agrégée d'histoire clairement engagée à gauche. Ses romans policiers, au style tranchant, parlent toujours des droits humains.
Celui-ci dénonce les trafics d'êtres humains, pour les faire travailler ou les prostituer. Mêmes filières que le trafic de drogue et d'armes, et de contrefaçon.
L'action se passe dans le quartier du "Sentier", dépassant les limites du IIe arrondissement sur le IIIe et le Xe.
"Une partie de la solution du problème est dans les pays d'origine. Il faut comprendre ce qui s'y passe si l'on veut arrêter les trafiquants ici."
"Quand on sait ce qu'on cherche, on court à l'erreur judiciaire"
"La classe ouvrière existe par sa solidarité collective, pas par ses martyrs."
"Une grosse affaire de drogue signifie beaucoup d'argent. Et beaucoup d'argent ça veut dire meurtres."
18:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar
31/08/2014
Le dernier polar de Camilla Läckberg
La faiseuse d'anges
Camilla Läckberg
éditions Actes Sud / Actes noirs
Dernier en date de Camilla Läckberg, premier pour moi, je l'avoue. J'ai suivi les conseil de mon épouse, experte en polars, et à qui je conseille d'écrire un blog pour en parler. J'ai remarqué que ce livre était en tête des ventes cet été.
Un roman bien noir, basé sur la dualité des êtres humains, capables du pire, y compris de meurtres.
Un polar bien suédois, pas aussi politique que "Millenium", mais, comme dans "Millenium" le côté obscur de certains Suédois lors de la dernière guerre est rappelé. "La neutralité de la Suède était une notion qu'on avait développé plus tard."
Un polar qui ne devrait pas plaire à la famille Le Pen, car l'extrême-droite et ses thèses xénophobes sont mises en cause.
Mon premier Läckberg, qui m'a donné envie d'en lire d'autres, à commencer par "L'enfant allemand" qui semble, d'après son résumé, de la même veine.
Il n'est pas indispensable d'avoir lu les premiers romans de la série pour suivre le dernier, même s'il y a un foisonnement de personnages dans lequel je me suis parfois un peu perdu.
"L'ego des hommes est tellement fragile"
11:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar