28/07/2014
été 1914 : comment l'Europe a marché vers la guerre
Les somnambules
Christopher Clarke
Flammarion « au fil de l’histoire »
Le 28 juillet 1914, l’empereur François-Joseph signe, avec une plume d’oie, sa déclaration de guerre à la Serbie, « pour la défense de l’honneur de la monarchie, pour la protection de sa dignité et de son statut de puissance, pour la sécurité de ses possessions. »
« Les somnambules » est le dernier gros livre historique sur les causes de la première guerre mondiale, écrit par un éminent professeur de l’université de Cambridge. Ce livre est un succès de librairie en Allemagne, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il va à l’encontre de la thèse habituelle, et au Traité de Versailles, qui fait porter la responsabilité de la guerre à l’Allemagne (voir à ce sujet ma note sur « Le dernier été de l’Europe » de l’universitaire américain David Fromkin).
Pour résumer la thèse de Christopher Clarke :
- L’Autriche-Hongrie était dans son droit en voulant « punir » la Serbie ; elle a « le droit de défendre ses intérêts vitaux » ; Sigmund Freud déclare : « Toute ma libido est offerte à l’Autriche-Hongrie » ;
- L’Allemagne ne voulait pas la guerre : « elle s’est abstenue de tout préparatif militaire et compte toujours éviter l’extension du conflit austro-serbe » ; « Les décideurs allemands s’accrochent de toutes leurs forces à leur stratégie de localisation du conflit » ;
- La Russie a tout déclenché en mobilisant le 31 juillet, après la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie : « les sentiments de crainte et d’horreur inspirés par la guerre qui submergent le Tsar au moment de déclencher le conflit ». Clarke fait semblant d’oublier que c’est l’Allemagne qui déclara la guerre à la Russie, le 1er août, et non l’inverse…avant d’envahir le Luxembourg et la Belgique le 2 août, en violant leur neutralité ! Rapides pour des gens qui s’étaient « abstenus de tout préparatif militaire ».
- « La Russie et la France avaient ainsi lié la fortune de deux des plus grandes puissances mondiales, de façon asymétrique, à la destinée incertaine d’un Etat turbulent et parfois violent. »
- Mais, il ne faut pas poser la question de la responsabilité : « le déclenchement de la guerre de 1914 n’est pas un roman d’Agatha Christie à la fin duquel nous découvrons le coupable. » « Les protagonistes de 1914 étaient des somnambules, aveugles à la réalité des horreurs qu’ils étaient sur le point de faire naître dans le monde. »
08:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
27/07/2014
Promenade au château de Fleckenstein
Alors que les circuits touristiques mènent majoritairement au sud de l'Alsace (Koenigsbourg, Mont Sainte-Odile, Colmar, route des vins...), il ne faut pas manquer au nord, à la limite de la frontière entre la France et l'Allemagne, de l'Alsace et du Palatinat, le château-fort du Baron de Fleckenstein.
Il n'est pas superbement restauré comme le Haut-Koenigsbourg. Les travaux ont consisté essentiellement à sécuriser les ruines afin que les touristes puissent s'y promener.
Il faut donc faire fonctionner l'imagination devant, et à l'intérieur de ce château troglodyte taillé dans le grès rose des Vosges. Un énorme rocher haut de 30 mètrres, long de 90, à l'intérieur duquel, et contre lequel, ont été creusés ou construits, escaliers, salles, bâtiments, tours, citernes filtrantes, puits.
Château-fort au Moyen-Âge, palais seigneurial au XVIe, avant d'être largement démoli, par crainte qu'il ne devienne un repère de brigands, après la guerre de 30 ans et le Traité de Westphalie (1648), l'Alsace étant incorporée à la France.
Autre intérêt de la promenade : la magnifique forêt domaniale qui l'entoure, que l'on traverse pour y aller et en revenir, et que l'on voit du haut de cet escarpement.
08:33 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyages
26/07/2014
Afghanistan, corruption, traffic d'armes...
La marionnette
Alex Berg
Actes Sud / actes noirs
Afghanistan : une militaire allemande, membre d’une unité d’élite est blessée…par une balle allemande !
Cette balle est la preuve que du matériel de guerre allemand a été livré aux Talibans. Elle est décidée à ne pas laisser passer cette affaire, qui a causé la mort de ses camarades de combat. Au risque de mettre en cause ministres et capitaine d’industrie. Le lecteur se souviendra peut-être du scandale qui avait mis en cause le Chancelier Kohl, un trafiquant d’armes alimentant la caisse noire du parti du Chancelier.
La CIA qui espionne le gouvernement allemand, comme dans la vraie vie.
Atteinte du symptôme post-traumatique psychologique, mais maîtrisant toujours les techniques de combat, Katja devient une véritable bombe vivante.
Au-delà des péripéties, un livre noir, désespéré, et qui laisse peu d’espoirs.
« Cette lueur désagréable et dure qu’il avait déjà rencontrée chez les femmes qui fréquentaient depuis longtemps les allées du pouvoir. »
07:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
25/07/2014
Love punch
Duo d’escrocs
De Joël Hopkins
Avec Emma Thompson, Pierce Brosman
Il ne faut pas se fier au titre français. Emma Thompson et Pierce Brosmaan n’ont rien d’escrocs. Ce sont deux retraités qui se sont fait spolier leur retraite par capitalisation et veulent voler un gros diamant au requin de la finance qui les a plumés.
A noter, au passage, quelques réflexions sur le système français comparé à l’anglo-saxon.
L’histoire et les rebondissements sont tellement invraisemblables que le « non-sens » britannique en est à son apogée.
Mais il s’agit d’une comédie, avec ses gags, et surtout deux acteurs qui s’amusent. Pierce Brosman semble prendre un grand plaisir à tourner en dérision ses rôles de James Bond.
13:59 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
24/07/2014
Rwanda : quelques vérités sur le génocide et les massacres
Un génocide en question
Bernard Lugan
Éditions du Rocher, collection « lignes de feu »
Bernard Lugan, est professeur à l’Ecole de guerre, conférencier à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense, mais c’est au titre d’expert auprès du Tribunal International pour le Rwanda, de l’ONU, qu’il a souhaité rappelé quelques faits, 20 ans après les centaines de milliers de morts du Rwanda.
Aucune sentence du TIPR n’a retenu la charge de programmation du génocide. La distinction est claire entre ce qui s’est passé avant et après le 6 avril 1994, date à laquelle l’avion du Président rwandais a été abattu par deux missiles sol/air russes. La Russie a alors révélé que ces missiles avaient été livrés à l’Ouganda, fournisseur habituel d’armes du FPR. Comme en Ukraine, il n’y a pas de certitude sur les commanditaires et les réalisateurs de l’attentat, mais de très fortes présomptions, puisque l’armée rwandaise, contrairement au FPR, n’avait ce type de matériel.
L’auteur souligne que le FPR, parfaitement préparé, est passé à l’attaque dans la nuit qui a suivi, en partant d’une zone qui aurait du être démilitarisée, conformément aux accords d’Arusha. Les tueries dont les Tutsis, et les responsables hutus qui étaient leurs alliés, ont été victimes ont commencé après cette attaque.
Bernard Lugan dédouane la France de l’accusation de complicité de génocide, mais ne ménage pas ses critiques. La France a imposé la démocratisation du régime rwandais, ce qui partait d’une intention louable. Malheureusement le multipartisme a été un facteur de chaos.
Les accords d’Arusha, un an avant le drame, prévoyait, dans un délai maximum de deux ans, des élections pluralistes organisées par l’ONU. Elles n’auront jamais lieu. Kagamé, à partir de 1990 a toujours eu la même tactique : gains territoriaux par des attaques militaires/gains politiques par la négociation/préparation d’une nouvelle attaque militaire. L’annonce d’élections contrôlées par la communauté internationale signifiait pour le FPR que la possibilité de conquérir le pouvoir passait par les armes. Comme l’a montré à l’époque le résultat des élections locales.
Autre critique formulée par l’auteur : l’embargo sur les armes, décrété en 1990, ne touchait que l’armée rwandaise, puisque l’Ouganda pouvait continuer librement à fournir des armes au FPR. Une réédition de la guerre d’Espagne. Un déséquilibre flagrant.
Un regret : Bernard Lugan ne parle pas de la poursuite des Hutus à travers le Zaïre, tuant des milliers de femmes et d’enfants. Il arrête les opérations militaires en juillet, quand Kagamé est vainqueur.
Ce qui se passe après 94 n’est vu qu’à travers le TIPR, ce qui est un peu limité…
18:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique