26/09/2014
Voyage chez les capitalistes
Les Banksters
Marc Roche
éditions Albin Michel
Marc Roche est le journaliste du Monde chargé des affaires financières. Depuis 25 ans il "couvre" Wall Street et la City.
Dans ces lieux prestigieux, il a relevé 6 des 7 péchés capitaux : l'orgueil (sentiment d'impunité et de supériorité), gourmandise (cupidité), la luxure (machisme), l'avarice (évasion fiscale), la colère et l'envie (course au bonus).
Cela explique la crise de 2008, dont les effets en Europe sont encore bien présents. "Bon nombre de Banksters sont toujours en place. Et ne manifestent aucun regret. L'absence de sens des responsabilités au sommet est choquante." "La réticence à faire repentance fait partie des gènes de ce prototype des Maîtres de l'univers." "Personne n'a eu de compte à rendre." "Les PDG ne peuvent se voir réclamer le remboursement des dettes sur leur fortune personnelle. Ce sont les actionnaires et le contribuable qui doivent régler la note." "Le succès est un mauvais professeur, il pousse des gens intelligents à croire qu'ils sont infaillibles" (Bill Gates).
"L'insensibilité au doute et la certitude d'avoir toujours raison favorisent tous les dérapages. Le despotisme est de plus en plus souvent perçue comme la clé du succès."
"Après 2008, les Etats et les banques n'ont survécu que grâce aux milliards d'argent public injectés dans le système. C'est le public, et pas les Banskers, qui a payé par des déficits budgétaires monumentaux qui ont provoqué des politiques d'austérité qui frappent durement les populations."
Evasion fiscale = "optimisation" fiscale, "le droit de tirer profit de pratiques fiscales différentes." "On compte plus de 120.000 sociétés opaques dans les paradis fiscaux". "Nauru est devenu la Mecque des activités illicites des riches Chinois et des oligarques russes." "Le statut privilégié sur mesure concocté par le fisc britannique pour attirer les fortunes étrangères facilite la balade des fonds." "Mystérieux oligarques russes, capitalisme chinois hors la loi et finance islamique trouble : la City reste une "vieille dame permissive" sachant utiliser à bon escient les richesses d'autrui."
"L'accroissement des inégalités et l'appauvrissement des classes moyennes au profit d'une élite mondialisée des super riches peuvent entraîner l'implosion du tissu social."
"Comme l'esclavage et l'apartheid, la pauvreté n'est pas naturelle" (Nelson Mandela)
10:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie
24/09/2014
Le roman vrai des "Premières dames" africaines
Reines d'Afrique
Vincent Hugueux
éditions Perrin
Vincent Hugueux est journaliste à l'Express. Il a reçu l'année dernière le "Grand prix international de l'Association de la presse étrangère".
Il dresse le portrait de dix épouses de chefs d'Etat africains, essentiellement de l'Afrique de l'Ouest francophone. Quatre d'entre elles sont "blanches" ou métisse ("ethnie toubab"). Elles sont souvent beaucoup plus jeunes que leur président de mari, parfois plus de quarante ans. Elles président toutes des Fondations caritatives, "glissement d'une politique classiques des œuvres de bienfaisance à des politiques internationales de la compassion", mais se révèlent de redoutables prédatrices, "aux confins des affaires et du charity-business". Elles résument bien des maux de la mauvaise gouvernance africaine et des "biens mal acquis".
La plupart des qualificatifs et des commentaires s'appliquent à plusieurs d'entre elles, au risque de la répétition. "A croire que les Françaises promises à un destin de First Lady africaine ont en commun d'aimer la pierre, précieuse ou pas".
"On a plus de chances de croiser la Première Dame dans le hall d'un palace parisien ou suisse que dans les couloirs du palais présidentiel." "La confusion des caisses relève de l'affection chronique". "Tombée dans tous les travers du clanisme et du népotisme." ("touche pas à mon népote !") "Sa frénésie consumériste est proverbiale". "Cupide", "Gloutonne", "vorace", "pratiques kleptocratiques", "virago", "arriviste", affairiste", "goût pour le clinquant et l'ostentation" ; "elle aime tout ce qui brille et vit dans sa bulle, déconnectée des réalités" ; "toujours plus : telle pourrait être la devise de la tribu", par "un terrifiant système prébendier, dispositif de captation de la richesse nationale."
08:03 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
23/09/2014
Une biographie d'Albert Camus en BD
Camus
Entre justice et mère
Scénario José Lenzini
Dessin et couleurs Laurent Gnoni
éditions du soleil
Tous les Français d'Algérie n'étaient pas des nantis. Le père d'Albert Camus était caviste, avec un salaire modeste. Il est tué en 1914. La mère d'Albert Camus est femme de ménage. Ils vivent chez la grand-mère, sévère, et qui compte les sous parce qu'il y en a très peu.
Elève brillant Camus doit à son instituteur d'avoir reçu une bourse pour continuer ses études. "Enfant du peuple, il ne se sent pas à l'aise avec ce nouveau milieu. Plus tard, il dira "avoir honte d'avoir eu honte".
Heureusement, il y a le foot, excellent moyen de mélanger les classes sociales. Albert est gardien de but.
De petits boulots, pour gagner sa vie, en écrits militants, des livres et des pièces de théâtre jusqu'au succès de l'Etranger, et la consécration avec le Prix Nobel de littérature.
Brièvement membre du Parti communiste algérien, il réprouve le système stalinien autant que le système américain.
Défenseur des droits des Kabiles et des Arabes d'Algérie, il refuse les méthodes du FLN : "j'ai toujours condamné la terreur, je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglement et qui, un jour, peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice."
Le dessin, et surtout les couleurs, sont de vrais réussites.
07:56 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
22/09/2014
Caricatures et propagande de la grande guerre
Baïonnette aux crayons
Jean-Pierre Auclert
Sélection de plus de 450 illustrations
éditions Gründ
Pendant que les "poilus" combattaient, il était indispensable de s'occuper du moral de "l'arrière". Rien de tel, pour montrer que la guerre est juste, que de caricaturer l'ennemi. Celle de "Germania" qui se trouve en couverture est particulièrement sévère. Les caricatures avaient également pour but de convaincre les pays neutres.
Les caricatures françaises constituent la majorité de la sélection présentée dans l'ouvrage. Les "Boches" sont des "barbares", les nouveaux Huns.
Des preuves : le bombardement de la cathédrale de Reims, le Lusitania envoyé par le fond avec 1 200 personnes, dont, comble de l'horreur, 118 Américains, les atrocités en Belgique, pays neutre, l'infirmière Edith Cavell fusillée...
Le Kaiser est "la personnification de l'ennemi honni". Le Kronprinz qui "commandait les terribles "Hussards de la mort" à Verdun" est présenté comme un débile et un voleur. Ferdinand de Bulgarie, petit-fils de Louis-Philippe par sa mère est un traître, puisqu'il a choisit l'autre camp. Idem, à rebours pour l'Italien Victor-Emmanuel III dont les caricaturistes soulignent la petite taille (était-il encore plus petit que Sarko ?). François-Joseph est présenté comme gâteux après son règne de 68 ans, le plus long de l'histoire, quatre ans de plus que Victoria.
En face, Marianne remporte le prix de la luxure. "La France est un pays femelle" (Guillaume II). John Bull, symbole de la perfide Albion est supposé manipuler tout le monde. Le Tsar est représenté comme un bourreau sanguinolant.
"Le mépris de l'ennemi fut donc le même dans les deux camps. A se demander pour quelles raisons ils n'avaient pas été balayés en quelques semaines."
"Cette guerre sera fraîche et joyeuse" (Guillaume II).
"A de rares exceptions près, ceux qui font la guerre ne sont pas ceux qui la racontent."
08:21 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, 1418
21/09/2014
Paris libéré, photographié, exposé
Au musée Carnavalet
Jusqu'au 27 septembre
Première partie : Paris sous occupation allemande. Photographies prises avec l'autorisation des autorités allemandes, et utilisées à des fins de propagande. Elles ont aujourd'hui une valeur documentaire indiscutable. L'excellent photographe qui les a prises a été marginalisé après la guerre et s'est orienté vers les photos de publicité et de mode.
La partie consacrée au combat pour la libération de Paris est la plus importante. Elle reprend en grande partie une exposition de l'automne 44. Elle est dans la droite ligne du fameux discours du général De Gaulle : donner à penser que Paris a été libéré par les Parisiens, avec l'aide des troupes françaises.
Ce qui me frappe, ce sont les petites armes des membres de l'insurrection, qui n'auraient rien pu faire contre l'armée allemande si elle avait combattu les insurgés et non les armées alliées qui marchaient sur Paris, même si leurs actions ont indiscutablement contribué à la victoire.
La division de Républicains espagnols, la première à entrer dans Paris, est absente des photos. Les étrangers doivent être absents, manifestement pour des raisons de propagande. Dans le même esprit la 2ème DB est valorisée par rapport aux troupes américaines, dont les noirs sont quasiment exclus des photos, à la demande des autorités américaines.
La photo du Grand Palais incendié donne à penser ce qu'aurait été Paris si tous les monuments avaient subi le même sort.
Ce qui me choque, ce sont les mesures de représailles prises à l'encontre des femmes ayant eu des relations coupables avec l'occupant.
La façon dont certaines photos sont recadrées, afin de mettre en valeur certains éléments, est instructive.
Parmi les photographes des noms illustres : Cartier-Bresson, Doisneau, Capa...
Un superbe catalogue a été publié. Il est bien plus qu'un catalogue, une véritable leçon d'histoire et de photographie.
11:06 Publié dans expo | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : expo, histoire