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31/08/2010

Le dernier film d'Alain Corneau

Crime d'amour

 

D'Alain Corneau

 

Avec Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier

 

 

Alain Corneau vient de décéder. Je suppose qu'il est de bon ton de dire tout le bien imaginable de ses films.

Dans le domaine des films policiers "Police python" et "Le choix des armes" sont, et resteront, des classiques.

"Fort Saganne", "Stupeur et tremblements" et surtout "Tous les matins du monde" sont également inoubliables.

 

"Crime d'amour", par la force des choses, malheureusement, son dernier film,  n'aura probablement pas la même notoriété, mais se laisse voir sans déplaisir.

 

 

On se souvient du duel de Ludivine Sagnier face à Charlotte Rampling. Elle renouvelle l'exercice face à Kristin Scott Thomas tout aussi magistrale.

 

Duel de femmes, donc. D'un côté une grande patronne, sûre d'elle même et dominatrice, n'hésitant pas à utiliser la séduction et l'autorité pour manipuler, flatter ou humilier sa collaboratrice. Le monde du travail en parfois sans pitié. Alain Corneau, fidèle à l'idéal de Trotski, nous le rappelle.

Kristin Scott Thomas incarne parfaitement le personnage.

 

A perverse, perverse et demie, la jeune cadre intelligente apprendra vite.

Une histoire d'amour qui se termine mal...

 

Film à éviter si vous avez du mal à supporter votre chef, car cela pourrait vous donner des idées,  à moins que,  par comparaison vous ne le/la trouviez pas si mal...

 

Malheureusement, si Ludivine Sagnier est excellente quand son personnage joue la comédie, je ne l'ai pas trouvée crédible en "business woman", d'abord coincée puis épanouie. Ce n'est qu'une des invraisemblances de ce film.

 

09:36 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

29/08/2010

Naissance de la porcelaine française

Bleu de Sèvres

 

Jean-Paul Desprat

 

Points  P1733

 

 

"Bleu de Sèvres", "bleu du Roy",  de la célèbre manufacture royale de Sèvres, ayant eu le monopole de la production de porcelaine en France, et dont le roi était l'unique actionnaire.

 

Ce livre raconte la naissance de la porcelaine, sur le modèle de la porcelaine de Saxe, mais en mieux.

Recherche par de savants chimistes des secrets  de la porcelaine "dure", celle qui permet de verser de l'eau chaude dedans sans qu'elle ne se fissure, sans être obligé de verser d'abord du lait afin d'amortir le choc thermique, comme le font encore certains Anglais. Porcelaine à l'imitation, mais en mieux, de celle ramenée de Chine par Marco Polo.

 

Découverte du kaolin limousin à Saint-Yrieix,  qui permet une production 100% nationale, tandis que d'autres cherchent du charbon, bien après les Anglais. En attendant la naissance de la fameuse porcelaine de Limoges

Le talent des peintres, graveurs et autres artisans français parachèveront l'œuvre.

 

Dix années du règne de Louis XV, "le monarque sans doute le plus dépressif de la longue lignée des rois de France",  plutôt en fin de règne, à travers ce prisme particulier.

La Pompadour, protectrice des beaux arts et qui encourage la porcelaine française, puis la Du Barry, trente trois ans plus jeune que le roi, plus indifférente.

Les tensions entre les "lumières" et le conservatisme religieux. La croyance dans les vertus intrinsèques des progrès techniques, "une religion nouvelle, la foi dans le progrès illimité de la science". "Les puissances de l'intolérance frappaient à coups redoublés, dans le temps où précisément s'imprimait l'Encyclopédie."

Avec le héros,  nous rencontrons Rousseau et Diderot.

 

Puisqu'il s'agit d'un roman, il y a également des histoires d'amours, éternelles, heureuses ou malheureuses.

Des digressions, dont certaines intéressantes, comme celle qui concerne l'action de l'abbé de l'Epée, en faveur des sourds et muets.

Mais, tout de même, face à ce gros livre de plus de 700 pages serrées, comme face à un film de plus de trois heures, une question : était-il indispensable d'être aussi prolifique ? N'était-il pas possible de raconter la même histoire avec moins de mots ?

 

 

"La réflexion ne doit jamais être absente des mouvements du cœur et de l'âme"

 

"Un vrai Parisien, c'est à dire l'un de ces animaux faits pour le monde, ses grands brassages et ses grandes aventures"

 

"L'idée de Dieu est légitime ; en revanche l'intolérance et le fanatisme ne le sont pas"

08:14 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

27/08/2010

copacabana

Copacabana

 

De Marc Fitoussi

 

Avec Isabelle Huppert et Lolita Chammah

 

 

N'espérez pas voir  dans ce film la célèbre plage de Copacabana, au Brésil, sinon en rêves, à travers l'imagination de "Babou", femme généreuse et fantasque, et même farfelue, mais qui ne se laisse jamais abattre, incarnée par Isabelle Huppert. Elle se retrouve à Ostende, alors que ce n'est même pas l'été, pour tenter d'y gagner sa vie, et prouver à sa fille, totalement dénuée de fantaisie,  qu'elle n'a pas à avoir honte d'elle.

 

Véritable festival d'Isabelle Huppert, loin de sa réputation de "froideur". Elle joue aussi bien la comédie que la tendresse et l'émotion dans cette comédie humaine qui est également une caricature féroce de certaines relations humaines, en famille et dans l'entreprise, et des méthodes de vente dans l'immobilier, incompatibles avec la compassion naturelle de "Babou".

 

 

08:27 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma

26/08/2010

Parcours intellectuel et politique

Paris – Montpellier

 

PC – PSU 1945 – 1963

 

Emmanuel Le Roy Ladurie

 

Gallimard, collection « Témoins »

 

 

Emmanuel Le Roy Ladurie est professeur, d’Histoire moderne,  au Collège de France, membre de l’Institut. Son « Montaillou, village occitan » l’a fait connaître, sa publication correspondant à la nostalgie du monde rural, en plein essor dans ces années d’urbanisation intensive. Il a écrit également une « Histoire du climat » en des temps où l’on ne parlait pas encore des changements de celui-ci.

 

Ce livre autobiographique, écrit en 1982,  garde toute sa pertinence.

Loin de se dresser un piédestal, il raconte ses difficultés à intégrer l’Ecole Normale Supérieure, à obtenir sa licence d’Histoire, à décrocher l’agrégation…et ses erreurs de jugements politiques, son sectarisme parfois. « Transformé d’enfant royaliste que j’étais en petit bourgeois républicain et en professeur socialiste, avec la mutation stalinienne entre ces deux états. »

 

Plus attiré alors par le militantisme que par les études, il explique la fascination des jeunes intellectuels, en particulier catholiques,  pour le communisme d’après guerre, le culte de Staline et de Thorez, orchestrés par la direction, et relayés avec zèle par les militants dont il était.

Il explique pourquoi de fervents catholiques pouvaient être d’aussi fervents partisans du stalinisme, avec une bonne dose de puritanisme janséniste.

« La section du PCF fonctionnait à l’image des confréries de Pénitents du XVIIIème siècle. »

 

Deux évènements l’ont éloigné  du PC :

1)    Le changement dans les relations soviéto-yougoslave, en 1955 : « J’avais cru avec trop de foi les journaux du parti quand ils disaient blanc pour avaler tout cru leurs mensonges quand ils disaient noir ». Tito n’était soudain plus un « flic » à la solde des Américains » !

2)    Les évènements de Budapest, en 1956.

 

« Nous nous sommes baignés dans le mensonge ».

 

Il se cherche, mais note que les groupes gauchistes valent le PCF dans « l’obscurantisme intellectuel, existentiel, émotionnel. »

Il raconte son, bref, passage au PSU, dont il fut le secrétaire de la section de Montpellier, son score de 3% lors d’élections (j’ai connu cela également !) et son retrait définitif du militantisme partisan, à l’occasion de son retour à Paris, en 1963.

« Tout le prolétariat méridional se moquait bien de notre existence. »

 

Il témoigne également de ses rencontres avec certains de ses collègues, qui furent mes maîtres, comme Jean Bouvier et Madeleine Rébérioux, ou dont je lis les livres avec intérêt : Le Goff, Furet, Maurice Agulhon, Pierre Goubert (je ne connais pas mieux que son "initiation à l'Histoire de France"...

 

Son livre se termine par ses espoirs, et ses craintes, par rapport au communisme, qu’il croyait connaître, la gauche française se trouvant,  enfin,  au pouvoir.

« Cette union de la gauche aboutissait à dédouaner, à conférer implicitement un certificat d’honorabilité aux pratiques léninistes staliniennes dans les partis communistes ».

Les craintes n’étaient pas justifiées. Les espoirs, un peu quand même…

 

 

    « Pratique du copinage et constitution de réseaux et maffias de pouvoir qui s’intéressaient davantage aux intérêts de ses membres qu’aux grands principes ».

 

« La grande supériorité du capitalisme, c’est que personne ne l’a inventé. Il n’est pas sorti tout armé du cerveau des intellectuels. »

 

« Laisser passer une réflexion, ou une association d’idées, sans la noter, c’est se condamner à la perdre pour longtemps dans l’invraisemblable capharnaüm de la mémoire non écrite. »

 

« Cette mixture de natation fraîche et de dossiers poudreux évoque pour moi l’une des images possibles du bonheur »

 

08:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

25/08/2010

Roms + Europe = cauchemar ?

Zemmour, les Roms et l’Europe

 

Le-betisier-historique-deric-zemmour, tenu par le nouvelobs.com va pouvoir s’enrichir de sa chronique de ce matin sur RTL.

 

1er mensonge : l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne aurait été retardée parce que les dirigeants européens craignaient un « déferlement » de 9 millions de Roms.

La vérité est que dans ce pays,  500.000 Roumains se sont déclarés « Roms » afin de profiter des avantages de la discrimination positive. Les études les plus sérieuses estiment à 6% le pourcentage de Roms dans la population roumaine.

Moins qu’en Bulgarie et en Slovaquie, sans parler de la Hongrie et des Balkans.

Les migrations séculaires des Roms ont été bloquées lors de l’établissement de frontières fixes entre les Etats. Aujourd’hui, les frontières s’entrouvrent : les migrations reprennent.

Zemmour contribue à un amalgame injustifié entre Roms et Roumains.

 

2ème mensonge : « le Gouvernement roumain va non seulement recevoir 20 milliards d’euros d’aide de Bruxelles  (pour Zemmour, la Communauté européenne, c’est « Bruxelles »), mais  il profite également  de cette crise pour réclamer un peu plus d’argent ».

La vérité est que la Roumanie  -un des pays les plus pauvres de l’Union européenne-  est un contributeur net au budget européen, tout comme la Finlande, la Suède, l’Allemagne, les Pays-Bas, et contrairement à la France. C'est-à-dire qu’il donne plus d’argent au budget européen qu’il n’en reçoit. L’explication en est fort simple : l’aide européenne n’est octroyée aux Etats membres que si elle est complémentaire à des financements nationaux ou/et régionaux. La Roumanie n’ayant pas les moyens de « mettre au pot »,  ses programmes de développement régional restent à l’état de projets, et les affirmations de Zemmour au stade de fantasmes nauséeux.

Pour continuer, une affirmation digne de Le Pen : « La France attire en raison de ses structures sociales et scolaires qui conjuguent générosité et laxisme ».

En langue des Roms, ce mot signifie simplement « être humain ». Si la France peut contribuer à la scolarisation d’enfants même s’ils ne sont pas Français, faut-il y voir du laxisme ? Ou de la générosité bien comprise pour préparer l’avenir ?

 

Concernant les camps illégaux : s’ils sont illégaux, ils ne le sont pas seulement pour les Roms. Les premières déclarations de Sarkozy (nom typiquement « Rom »,  de Hongrie), pour lancer sa grande opération de diversion politicienne,  visaient des « gens du voyage »,  Français depuis plusieurs générations. Les Gitans sont présents en France depuis plus de six siècles. Il serait plus facile de faire appliquer la loi sur ces camps illégaux si la législation sur les camps légaux était appliquée.

21:04 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : roms, europe, politique