Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/08/2022

la Joconde pendant la guerre

La gardienne de Mona Lisa

Peter May

éditions du Rouergue

 

Découverte des ossements d'un soldat allemand, tué d'une balle dans la tête en 1944. Dans le même village, dans la maison qui surplombe l'endroit où les ossements viennent  d'être retrouvés, le meurtre sanglant d'un célèbre critique d'art parisien.

Les deux affaires sont elles liées ? A 70 ans d'intervalle ?  Oui, bien sûr !

Deux affaires, donc : au début de la guerre, avant l'arrivée des Allemands, le déménagement des chefs-d'oeuvre du Louvre, dont la célèbre Mona Lisa. D'abord vers les châteaux de la Loire, puis plus au Sud-Ouest. Georgette est chargée de veiller sur le tableau et reçoit pour cela une formation militaire dans une île des Hébrides (rappel : l'auteur,  Peter May, est Ecossais).

Deux spécialistes allemands des beaux-arts sont chargés de récupérer le tableau, l'un pour le compte d'Hitler, l'autre pour la collection personnelle de  Göring, donc en concurrence.

Après l'arrivée des troupes allemandes, le musée du Jeu de Paume est choisi pour regrouper les oeuvres volées à leurs propriétaires juifs. La conservatrice, Rose Valland, prend tous les risques pour noter les destinations des tableaux spoliés. Ce qui permettra de nombreuses restitutions après guerre.

L'auteur en profite, comme de nombreux romanciers avant lui, pour rappeler que la "Gestapo" française de la rue Lauriston, était encore pire que l'allemande.

L'affaire contemporaine : un marchand d'art parisien et un galliériste berlinois sont sur la piste d'une copie parfaite de Mona Lisa effectuée par un faussaire génial afin de tromper les Allemands en cas de saisie du tableau de Leonardo da Vinci.

Ce qui est inhabituel dans l'affaire criminelle contemporaine, c'est que l'auteur situe l'action dans le cadre de la pandémie donc des masques et des confinements.

En postface, il démêle l'historique du romanesque.

 

07:56 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire, mona lisa

05/08/2022

Au service d'Hitler

La goûteuse d'Hitler

Rosella Postorino

le livre de poche n°35821

 

Rosella, l'auteure,  devient, pour les besoins du livre écrit à la première personne, Rosa, jeune berlinoise qui se retrouve en Prusse orientale, dans la famille de son mari parti à la guerre.

Comme d'autres femmes vivant à proximité du "repère du loup", elle est recrutée pour tester la nourriture qui sera proposée au Führer.

Avantage : elle mange à sa fin , ce qui n'est pas un moindre privilège en cette année 1943 qui voit l'Allemagne s'effondrer inexorablement. Même sans viande puisqu' Hitler est végétarien.

Inconvénient : elle risque sa vie à chaque bouchée.

Inspirée d'une histoire vraie, le livre décrit les relations entre femmes, et entre ces femmes privées d'hommes puisque ceux-ci font la guerre, même si la défaite est inéluctable et les hommes qui possèdent les pouvoirs.

 

"manger, c'est lutter contre la mort"

"la punition avait fini par tomber : ce n'était pas le poison, ce n'était pas la mort. C'était la vie."

"tout ce que j'ai appris dans la vie, c'est à survivre"

"je prends le chemin que m'indique la providence avec l'assurance d'un somnambule, avait déclaré Hitler en occupant la Rhénanie"

"je n'avais jamais vu pleurer un homme, un vieux. C'étaient des pleurs muets, qui faisaient grincer ses articulations, quelque chose qui avait à voir avec l'ostéoporose, la claudication, la perte de contrôle musculaire. Un désespoir sénile."

"Plus l'homme est grand, plus la femme doit être insignifiante, même Hitler le dit."

"Soit Dieu est pervers, soit il n'existe pas."

"il n'y a aucune raison pour qu'un amour s'interrompe, un amour comme celui-là, sans passé, sans promesses, sans devoirs. Il s'éteint par indolence, le corps devient paresseux, il préfère l'inertie à la tension du désir."

 

 

08:28 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

03/08/2022

Nuit du 4 août

L'abolition des privilèges

Bertrand Guillot

éditions Delcourt / Les Avrils

 

"C'est un Etat en déficit chronique, où les plus riches échappent à l'impôt. Un peuple à bout de nerfs, qui réclame justice et ne voit rien venir. Un pays riche mais bloqué, en proie aux caprices d'un climat déréglé"

"On enterre un régime, on en fait naître un autre."

"Que les riches paient leur part au lieu de donner fièrement à quelques-uns ce qu'ils avaient volé à tous : voilà ce qu'on exige, à l'été 1789"

"Personne n'a oublié l'apocalypse de grêle qui a traversé la France, le 13 juillet 1788 : les récoltes dévastées, les clochers qui s'effondrent et le prix du pain qui s'envole." "Qu'une catastrophe survienne et on voit bien que la monarchie ne protège plus personne"

"Un peu partout, les curés se sont ligués pour faire barrage aux évêques, et dans bien des endroits, ils ont réussi, souvent étonnés de se voir élus." "Le 19 juin les curés, par 149 voix contre 137, votent pour rejoindre l'Assemblée nationale".

"Leur obsession à eux, c'est de limiter le pouvoir royal. Les nobles regardent vers le haut, pas vers le bas : on ne voit jamais que les privilèges que l'on a pas."

"Premièrement : que les représentants de la nation ont décidé que l'impôt sera désormais payé par tous les individus du royaume, dans la proportion de leurs revenus ;

deuxièmement : que toutes les charges publiques seront à l'avenir supportées également par tous ;

Troisièmement que les droit féodaux seront rachetables sur le prix d'une juste estimation ;

Enfin, que les corvées seigneuriales, les mainmortes et autres servitudes personnelles seront abolies sans rachat."

"Le vieux système qu'on croyait inébranlable commence enfin à se fissurer, c'est tout ce qui compte. Maintenant, tout devient possible."

"Le roi décide d'innover en se faisant vacciner contre la variole : l'affaire fait grand bruit dans un pays où l'on se méfie des vaccins, mais c'est un succès."

"Tout le monde le savait, désormais c'est écrit noir sur blanc : les pauvres paient pour les riches."

"Le service de la dette représente un tiers des dépenses."

"Comme si tous les privilégiés avaient acté l'effondrement du régime, et préféraient, plutôt que de défendre leurs avantages, attaquer ceux du voisin."

"nos systèmes politiques sont comme nous : des créatures vivantes. Pour le meilleur et pour le pire"

 

 

 

08:22 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

27/07/2022

les aventures d'un reporter photographe

Boro, Est-Ouest

Franck & Vautrin

couverture d'Enki Bilal

éditions fayard / Grasset

 

Franck a écrit seul ce roman, Vautrin étant décédé, mais le personnage de "Boro" reporter photographe,  ayant été créé à deux il y a trente cinq ans, Franck a voulu adjoindre le nom de son partenaire habituel pour lui rendre hommage.

Boro est Hongrois. Il nous raconte la tragédie de Budapest en 56, la révolté écrasée par les chars russes.

"Il était fidèle à son modèle, Robert Capra, hongrois comme lui, qui n'utilisait que des focales courtes ajustées sur des appareils 24X36."

"Dans un cas extrême, les Américains voleraient au secours des Hongrois, eux ou les forces de l'OTAN", croyaient les révoltés hongrois.

La première aventure se déroule en Argentine avec pour objectif l'arrestation d'Adolf Eichmann, et son transfert en Israël pour être jugé.

Nous sommes en 1961, l'agence photos de Boro se trouve à Paris. La guerre d'indépendance de l'Algérie est à son parroxisme. Boro aide les indépendantistes algériens. En particulier à travers le réseau de Francis Jeanson que j'ai eu la chance de rencontrer bien des années plus tard. Un chapitre est consacré à la tragédie de la manifestation du FLN le 17 octobre, réprimée sauvagement. "C'était un ordre formel donné par les organisateurs du rassemblement : pas de provocation, pas de violence. Pour preuve cette détermination, les familles devaient venir ensemble, hommes, femmes, enfants. Tous vêtus du mieux possible."

"Ce qu'il vit, comparable aux atrocités des fascistes en Espagne, des nazis partout en Europe, des staliniens à Budapest, ce fut une poignée d'Algériens jetés à la Seine, même ceux qui pleuraient parce qu'ils ne savaient pas nager, même la femme ayant perdu son bébé, même les blessés, membres brisés et visages ensanglantés, poussés par les uniformes bleus par-dessus le parapet."

Boro est un ancien de la guerre espagnole, si peu "civile". Côté républicain, bien entendu, mais anti-stalinien : "Staline s'était approprié l'or de la république. Il avait profité de la guerre civile pour liquider l'opposition de gauche, à commencer par les anarchistes et les trotskystes."

"Au moment du XXe congrès, j'ai compris que la guerre d'Espagne portait en germe toutes les catastrophes du siècle. A commencer par la Pologne, Budapest et Berlin."

61 est également l'année de l'expédition de la "baie des cochons""Les Etats-Unis en général et la CIA en particulier finançaient et encadraient  des troupes anti-castristes, composés d'exilés cubains." "Washington ignorait que les Soviétiques avaient leurs propres sources de renseignements ; il ne leur était pas difficile de les transmettre à La Havane."

"Le 22 novembre 1963, à Dallas JF Kennedy tombait sous les balles d'une coalition probablement formée par Cosa Nostra et des réfugiés cubains qui, tous avaient juré de se venger d'un président qui avait laissé Cuba aux mains des barbudos".

1961, c'est également l'année de la construction du mur de Berlin, objet de la dernière partie du roman et les efforts des Berlinois de l'Ouest de creuser des tunnels sous le mur, afin de permettre des passages d'Est en Ouest. D'où le titre du livre.

.

"Il apprit que l'armée rouge avait installé des missiles nucléaires à moyenne portée sur le territoire est-allemand. C'était la première fois qu'il s'en trouvait à l'extérieur de l'URSS."

"On ne "tombe" pas plus amoureux qu'on ne "tombe" enceinte. Ce sont deux états qui, au contraire, élèvent."

 

 

08:04 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

25/07/2022

le grand roman de la CIA

La compagnie

Robert Littell

J'ai lu n°13491

 

"J'ai lu" a eu l'excellente idée de ressortir en format poche, grosse poche quand même, le grand classique de la littérature d'espionnage, vingt ans après sa première parution. 1240 pages pour 10 euros...

A travers des histoires d'espionnage c'est un demi siècle de notre histoire qui est racontée, essentiellement à travers le prisme de la guerre froide.

Guerre froide qui commence dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, à Berlin, bien entendu.

"Je n'ai jamais pu comprendre comment la mère patrie avait pu perdre vingt millions d'hommes dans la Grande guerre patriotique."

"La troisième guerre mondiale avait commencé le jour où la deuxième pris fin. En grattant un peu un social-démocrate, on découvrait un communiste qui recevait ses ordres directement du Kremlin."

Quand un officier du KGB dit vouloir passer à l'Ouest, est-il sincère ou est-il destiné à délivrer de fausses informations ? Le grand jeu, pour le KGB comme la CIA est d'avoir des taupes chez l'ennemi. Comme le fameux Philby. Comment les débusquer ?

La première partie du livre est consacré à l'immédiat après guerre.

La seconde à Budapest 56.

"les Russes construisent en secret des missiles balistiques de moyenne portée qu'ils voudraient installer en Hongrie pour menacer le flan sud de l'OTAN en Italie et en Grèce.

"Si l'on en juge d'après l'histoire, la réponse est claire. Les Russes optent toujours pour l'invasion"

"Ni les Américains ni l'OTAN ne sont prêts à intervenir en Hongrie"

La troisième partie est centrée sur la tentative de renversement de Castro. Tentative désastreuse de débarquement dans la baie "des cochons".

"C'est la Hongrie qui recommence ! Des gens vont prendre des risques énormes puis ils vont se retrouver coincés et devront se débrouiller tout seuls" "Soudain les débats des grandes puissances tournant autour de grandes idées se réduisaient à ces corps sur une plage, à ce sang épongé par le sable" "Kennedy s'enfonça dans l'obscurité pour essayer de digérer le premier désastre politique de son existence"

La quatrième partie est consacrée à la recherche de la taupe au sein de la CIA qui renseigne le KGB.

"je leur apprend à se mettre les Américains dans la poche en leur parlant d'argent, et les Anglais en leur parlant de la dernière guerre."

"il y a toujours eu, et il y aura toujours, un antagonisme entre la nécessité pour une agence de renseignements de garder ses secrets, et le droit du public à savoir ce qui se passe"

La cinquième partie se déroule en Afghanistan en 1983, le soutien aux Talibans contre les Russes, au risque de les voir se retourner ensuite contre les Américains.

La sixième partie raconte la tentative de putsch du KGB et d'une partie de l'armée contre Gorbatchev, et Elsine qui tire les marrons du feu. Apparait un nouveau personnage : Poutine, mais ceci est une autre histoire...

Postlude : "l'URSS n'était pas un pays. C'est la métaphore d'une idée qui pouvait paraître bonne sur le papier, mais qui, dans la pratique, s'est révélée terriblement défectueuse."

 

"La révolution, c'est comme les romans, le plus difficile est de trouver la fin" (Tocqueville)

"les changements qui interviennent dans notre vie doivent trouver leur origine dans l'impossibilité de vivre autrement que suivant les exigences de notre conscience."

"Lorsque le général Gehlen reçut l'autorisation d'occuper à nouveau des fonctions dans un service de renseignements, il s'était engagé par écrit à n'employer ni anciens officiers de la Gestapo, ni criminels de guerre. Il s'est pourtant entouré d'anciens nazis qui figurent tous sur des listes de personnel sous une fausse identité."

"L'OSS (ancêtre de la CIA) a dressé la liste des caïds de la Mafia sicilienne fidèles aux Alliés"