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27/07/2022

les aventures d'un reporter photographe

Boro, Est-Ouest

Franck & Vautrin

couverture d'Enki Bilal

éditions fayard / Grasset

 

Franck a écrit seul ce roman, Vautrin étant décédé, mais le personnage de "Boro" reporter photographe,  ayant été créé à deux il y a trente cinq ans, Franck a voulu adjoindre le nom de son partenaire habituel pour lui rendre hommage.

Boro est Hongrois. Il nous raconte la tragédie de Budapest en 56, la révolté écrasée par les chars russes.

"Il était fidèle à son modèle, Robert Capra, hongrois comme lui, qui n'utilisait que des focales courtes ajustées sur des appareils 24X36."

"Dans un cas extrême, les Américains voleraient au secours des Hongrois, eux ou les forces de l'OTAN", croyaient les révoltés hongrois.

La première aventure se déroule en Argentine avec pour objectif l'arrestation d'Adolf Eichmann, et son transfert en Israël pour être jugé.

Nous sommes en 1961, l'agence photos de Boro se trouve à Paris. La guerre d'indépendance de l'Algérie est à son parroxisme. Boro aide les indépendantistes algériens. En particulier à travers le réseau de Francis Jeanson que j'ai eu la chance de rencontrer bien des années plus tard. Un chapitre est consacré à la tragédie de la manifestation du FLN le 17 octobre, réprimée sauvagement. "C'était un ordre formel donné par les organisateurs du rassemblement : pas de provocation, pas de violence. Pour preuve cette détermination, les familles devaient venir ensemble, hommes, femmes, enfants. Tous vêtus du mieux possible."

"Ce qu'il vit, comparable aux atrocités des fascistes en Espagne, des nazis partout en Europe, des staliniens à Budapest, ce fut une poignée d'Algériens jetés à la Seine, même ceux qui pleuraient parce qu'ils ne savaient pas nager, même la femme ayant perdu son bébé, même les blessés, membres brisés et visages ensanglantés, poussés par les uniformes bleus par-dessus le parapet."

Boro est un ancien de la guerre espagnole, si peu "civile". Côté républicain, bien entendu, mais anti-stalinien : "Staline s'était approprié l'or de la république. Il avait profité de la guerre civile pour liquider l'opposition de gauche, à commencer par les anarchistes et les trotskystes."

"Au moment du XXe congrès, j'ai compris que la guerre d'Espagne portait en germe toutes les catastrophes du siècle. A commencer par la Pologne, Budapest et Berlin."

61 est également l'année de l'expédition de la "baie des cochons""Les Etats-Unis en général et la CIA en particulier finançaient et encadraient  des troupes anti-castristes, composés d'exilés cubains." "Washington ignorait que les Soviétiques avaient leurs propres sources de renseignements ; il ne leur était pas difficile de les transmettre à La Havane."

"Le 22 novembre 1963, à Dallas JF Kennedy tombait sous les balles d'une coalition probablement formée par Cosa Nostra et des réfugiés cubains qui, tous avaient juré de se venger d'un président qui avait laissé Cuba aux mains des barbudos".

1961, c'est également l'année de la construction du mur de Berlin, objet de la dernière partie du roman et les efforts des Berlinois de l'Ouest de creuser des tunnels sous le mur, afin de permettre des passages d'Est en Ouest. D'où le titre du livre.

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"Il apprit que l'armée rouge avait installé des missiles nucléaires à moyenne portée sur le territoire est-allemand. C'était la première fois qu'il s'en trouvait à l'extérieur de l'URSS."

"On ne "tombe" pas plus amoureux qu'on ne "tombe" enceinte. Ce sont deux états qui, au contraire, élèvent."

 

 

08:04 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

25/07/2022

le grand roman de la CIA

La compagnie

Robert Littell

J'ai lu n°13491

 

"J'ai lu" a eu l'excellente idée de ressortir en format poche, grosse poche quand même, le grand classique de la littérature d'espionnage, vingt ans après sa première parution. 1240 pages pour 10 euros...

A travers des histoires d'espionnage c'est un demi siècle de notre histoire qui est racontée, essentiellement à travers le prisme de la guerre froide.

Guerre froide qui commence dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, à Berlin, bien entendu.

"Je n'ai jamais pu comprendre comment la mère patrie avait pu perdre vingt millions d'hommes dans la Grande guerre patriotique."

"La troisième guerre mondiale avait commencé le jour où la deuxième pris fin. En grattant un peu un social-démocrate, on découvrait un communiste qui recevait ses ordres directement du Kremlin."

Quand un officier du KGB dit vouloir passer à l'Ouest, est-il sincère ou est-il destiné à délivrer de fausses informations ? Le grand jeu, pour le KGB comme la CIA est d'avoir des taupes chez l'ennemi. Comme le fameux Philby. Comment les débusquer ?

La première partie du livre est consacré à l'immédiat après guerre.

La seconde à Budapest 56.

"les Russes construisent en secret des missiles balistiques de moyenne portée qu'ils voudraient installer en Hongrie pour menacer le flan sud de l'OTAN en Italie et en Grèce.

"Si l'on en juge d'après l'histoire, la réponse est claire. Les Russes optent toujours pour l'invasion"

"Ni les Américains ni l'OTAN ne sont prêts à intervenir en Hongrie"

La troisième partie est centrée sur la tentative de renversement de Castro. Tentative désastreuse de débarquement dans la baie "des cochons".

"C'est la Hongrie qui recommence ! Des gens vont prendre des risques énormes puis ils vont se retrouver coincés et devront se débrouiller tout seuls" "Soudain les débats des grandes puissances tournant autour de grandes idées se réduisaient à ces corps sur une plage, à ce sang épongé par le sable" "Kennedy s'enfonça dans l'obscurité pour essayer de digérer le premier désastre politique de son existence"

La quatrième partie est consacrée à la recherche de la taupe au sein de la CIA qui renseigne le KGB.

"je leur apprend à se mettre les Américains dans la poche en leur parlant d'argent, et les Anglais en leur parlant de la dernière guerre."

"il y a toujours eu, et il y aura toujours, un antagonisme entre la nécessité pour une agence de renseignements de garder ses secrets, et le droit du public à savoir ce qui se passe"

La cinquième partie se déroule en Afghanistan en 1983, le soutien aux Talibans contre les Russes, au risque de les voir se retourner ensuite contre les Américains.

La sixième partie raconte la tentative de putsch du KGB et d'une partie de l'armée contre Gorbatchev, et Elsine qui tire les marrons du feu. Apparait un nouveau personnage : Poutine, mais ceci est une autre histoire...

Postlude : "l'URSS n'était pas un pays. C'est la métaphore d'une idée qui pouvait paraître bonne sur le papier, mais qui, dans la pratique, s'est révélée terriblement défectueuse."

 

"La révolution, c'est comme les romans, le plus difficile est de trouver la fin" (Tocqueville)

"les changements qui interviennent dans notre vie doivent trouver leur origine dans l'impossibilité de vivre autrement que suivant les exigences de notre conscience."

"Lorsque le général Gehlen reçut l'autorisation d'occuper à nouveau des fonctions dans un service de renseignements, il s'était engagé par écrit à n'employer ni anciens officiers de la Gestapo, ni criminels de guerre. Il s'est pourtant entouré d'anciens nazis qui figurent tous sur des listes de personnel sous une fausse identité."

"L'OSS (ancêtre de la CIA) a dressé la liste des caïds de la Mafia sicilienne fidèles aux Alliés"

 

23/07/2022

Plongée dans l'histoire longue de l'Europe

Chroniques de l'Europe

sous la coordination de Sonia Bledniak, Isabelle Matamoros

CNRS éditions

 

Six siècles d'histoire de l'Europe en 124 dates par une centaine d'historiennes et d'historiens. "Loin d'inventorier les grandes dates qui ont fait l'histoire, cet ouvrage préfère mettre en lumière celles que l'on connait moins". De la parution de "La Cité des dames" de Christine de Pizan en 1405 et l'adoption de l'écriture romaine dans l'imprimerie en 1470 jusqu'au lancement de la fusée Europa II en 1971 et le prix Nobel de la paix décernée à l'Union européenne en 2012. Des évènements qui font sens à l'échelle de l'Europe par "leurs résonances à travers le temps et l'espace" par la circulation des savoirs. "Le fond commun d'une civilisation européenne, ébranlée périodiquement par des guerres présentées comme "civiles".

"L'Européen naît en réaction à la perte traumatique de l'Orient"

"En moins d'un siècle les fabriques d'indiennes deviennent les premières usines modernes ; la révolution industrielle est passée par là"

"Dès 1792 les femmes sont progressivement exclues de la vie politique"

"Frankenstein devient support à la critique sociale et politique"

 

 

08:17 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, histoire

07/07/2022

1967 : Cabu illustre la rafle du Vel'div

La rafle du Vel D'hiv

Cabu

dessins présentés par Laurent Joly

éditions Tallandier

 

Cabu, surnommé par certains "le Daumier du XXe siècle" a 29 ans en 1967,  quand il accepte d'illustrer le livre de deux anciens résistants communistes sur la rafle des 16 et 17 juillet 1942. Quinze dessins qui donnent l'impression que le dessinateur était présent et qu'il a assisté au drame qui va coûter la vie à presque 13 000 Juifs, hommes , femmes dont 4 000 enfants. Jusqu'à 55 ans pour les femmes, 60 ans pour le hommes, dépouillés de leurs biens.  Réduits à l'esclavage avant d'être exterminés.

Les Allemands refusent les enfants, mais les autorités françaises insistent !

Cabu travaille comme un journaliste et comme l'écrit sa veuve Véronique "ses dessins sont des coups de poing dans la gueule".

Cabu commençait ses dessins par les yeux, soulignant l'importance du regard.

"Contrairement à la légende, la majorité des victimes n'ont pas attendu sagement que l'on vienne les arrêter." "Le taux d'échec de la police approche les 2/3."

Certains sont persuadés que cette rafle ne les concerne pas puisqu'ils se sont battus pour la France lors de  la Grande guerre. Ils exhibent, en vain, leurs médailles obtenues au combat.

On estime à plusieurs dizaines le nombre de suicides, au moment des arrestations puis au Vel d'hiv.

Les bus emmènent les victimes à Drancy ou dans le Loiret (Pithiviers et Beaune- la- Rolande).

Très peu reviendront de déportation.

 

08:08 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0)

27/06/2022

Histoire de Montpellier en BD, tome 2

Montpellier, des guerres de religion à nos jours

de 1562 à 2022

scénario et dialogues : Dobbs

documentaires et textes historiques : Béatrice Merdrignac

couverture : Benjamin Blasco-Martinez

éditions "petit à petit"

 

Au temps des "guerres de religions", Montpellier, comme quasiment toute la région, était un foyer de protestantisme. "Les premiers protestants sont les étudiants en médecine".

En 1622, "les Montpelliérains acceptent de faire amende honorable. Louis XIII signe l'édit de Montpellier : il leur confirme la liberté de culte, mais la ville doit détruire ses fortifications."

"En 1629, par la paix d'Alès les protestants sont exclus de toutes les fonctions publiques et des métiers nobles. Les mariages mixtes sont interdits."

Au XIXe siècle Montpellier devient une capitale viticole, la vigne prenant la place de la polyculture. Au début du XXe siècle le secteur connait une grave crise qui va se traduire en 1907 part des manifestations très suivies. La hausse du prix du vin permet une période de prospérité à partir de 1910. Pendant la Grande guerre, les soldats bénéficient de distribution régulière. 75 centilitres par jour.

Le XIXe siècle voit également la construction des chemins de fer et un urbanisme "haussmannien", ainsi que des campagnes de vaccination (diphtérie, rage, tuberculose).

Presque deux mille soldats de Montpellier sont morts pour la France.

Avant même la deuxième guerre mondiale, Montpellier voit arriver des milliers de réfugiés espagnols. En 1941, le maire de Montpellier démissionne pour ne pas collaborer. Jean Moulin passe à Montpellier pour voir sa mère et sa soeur. Des mouvements de résistance s'organisent.

Georges Frêche écrira une nouvelle page, contemporaine, de l'histoire de la ville.

 

07:57 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire