26/01/2023
Qu'arrive-t-il à la gauche ?
Une brève histoire mondiale de la gauche
Shlomo Sand
éditions la découverte
Shlomo Sand est historien, professeur émérite à l'université de Tel-Aviv, auteur de l'indispensable "Comment le peuple juif fut inventé".
En Israël, comme en France, les mouvements de la gauche organisée sont en difficulté. Difficulté électorale pour commencer, ou pour finir.
Shlomo Sand y voit l'effacement problématique de "l'imaginaire de l'égalité". Selon lui "le principal moteur de la gauche mondiale depuis le XVIIIe siècle". Imaginaire qui s'est heurté au "mur de l'égalité réelle".
Selon lui, "nous devons nous employer, de toutes nos forces, à réactiver l'imaginaire égalitaire."
"Le gouffre demeure béant entre l'univers des valeurs qui anime la gauche, dans toute sa diversité, et celui qui nourrit toutes les droites."
"la moitié de la population mondiale survit avec moins de 5 $ par jour"
"l'inégalité ne découle pas d'une volonté divine"
"la force ne crée pas de droit à la domination"
"Louis Blanc peut être considéré comme le père spirituel des courants sociaux-démocrates"
"le bonapartisme peut être considéré comme le premier avatar d'un national-populisme"
"la liberté sans le socialisme, c'est le privilège et l'injustice, et le socialisme sans la liberté, c'est l'esclavage et la brutalité" (Bakounine)
"l'identité nationale arabe fut essentiellement exclusive et musulmane, et non pas inclusive et universelle"
"c'était la première génération d'étudiants pour lesquels l'acquisition d'un diplôme universitaire ne constituait pas obligatoirement l'assurance de progresser dans la hiérarchie sociale"
"de toutes les formes d'inégalité, l'injustice dans l'accès aux services de santé est la plus choquante et la plus inhumaine"
"l'accès au logement social, la gratuité des études supérieures et l'assurance maladie universelle constituent autant d'objectifs majeurs de celles et ceux qui aspirent à une société plus juste."
08:11 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, socialisme
10/01/2023
Louis XV et le secret du Parc aux Cerfs
Le goût du roi
Camille Pascal
Tempus
Réédition en format poche (tempus) du livre de Camille Pascal paru en 2006.
Livre centré sur Marie-Louise O'Murphy, une des maîtresses de Louis XV. Maitresse pour qui il fit construire une maison dans le quartier du "Parc aux cerfs",dont elle fut la première pensionnaire, mais qui ne fut jamais officialisée comme "favorite". Car la favorite était la Pompadour qui ne mit jamais les pieds dans le charmant village corrézien mais qui contrôlait étroitement les fréquentations de son royal amant, en particulier les jeunes femmes qui faisaient avec le roi ce qu'elle même ne voulait plus faire.
"La petite Morfi ne fut pas seulement un objet de plaisir entre les bras de Louis XV mais un instrument politique aux mains de la marquise de Pompadour dans sa lutte contre les dévots." L'une et l'autre étaient "volterienne".
"Elle lui donna au moins deux enfants."
"Louis XV , contrairement à son aïeul, refusait catégoriquement de légitimer ses bâtards." "Rappelons que le roi fit dix enfants à la reine."
En récompense de son obéissance est devint "comtesse de Beaufranchet d'Ayat, puis de Flaghac.
08:18 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
02/01/2023
Grossesses et maternités à la Cour (XVIIe-XVIIIe)
Donner vie au royaume
Pascale Mormiche
CNRS éditions
Les questions de la fécondité se posent de manière aigüe dans les familles royales et princières françaises. La reine n'est vraiment reconnue dans sa fonction qu'après avoir enfanté. Les corps des femmes sont scrutés. Les retards de règles sont une affaire publique.
Dans ce passage de l'intime à l'officiel , l'auteure repense le rôle des reines qui tentent de faire respecter leur pudeur et mettent en place des pratiques de restriction des naissances pour ne plus être des "moules à enfants".
C'est la naissance, et les premiers mois, de deux cent enfants de la monarchie française qui ont ainsi été étudiés. Sans compter les cinq fausses couches, en moyenne, que connait chaque princesse. Ni les accouchements clandestins de certaines favorites.
Textes à l'appui, l'auteure, docteure en histoire moderne, agrégée, tord le cou à la légende du phimosis de Louis XVI, père, hors mariage, d'une enfant, Philippe Ernestine Lambriquet, née en 1778, fille reconnue et élevée comme telle. Inversion des responsabilités répandue par Marie-Antoinette qui n'aimait pas son époux, qui le lui rendait bien.
Autre légende balayée : la reine n'accouchait pas en public mais dans l'intimité entourée de ses amies les plus proches.
"la science de l'accouchement est la science du toucher"
08:13 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
28/10/2022
Procès en impuissance
L'impudence des chiens
scénario : Aurélien Ducoudray
dessin et couleur : Nicolas Dumontheuil
éditions Delcourt
Il y a quelques années Jean-Guy Soumy avait publié un livre surprenant intitulé "Le congrès" qui racontait un "procès en impuissance" tenu en 1685, organisé par l'Eglise qui désignait les jurés chargés de vérifier la consommation de l'acte de chair. Il s'agissait pour l'accusé de "dresser, pénétrer, mouiller" sa légitime épouse.
L'impudence des Chiens raconte, en BD, une aventure similaire. Sauf que l'auteur est plus porté sur la gaudriole et que le dessin est truculent !
Impossible de ne pas sourire mais impossible également de ne pas se poser des questions sur cette institution religieuse organisant le voyeurisme..."l'impudence des chiens.
07:54 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
24/10/2022
Conspiration "de Cellamare"
L'air était tout en feu
Camille Pascal
éditions Robert Laffont
Révélé par "l'été des quatre rois", Camille Pascal, agrégé d'histoire, remonte de quelques années dans l'histoire de la famille d'Orléans pour raconter la tentative de déstabilisation du Régent. Conjuration attribuée par l'histoire au prince de Cellamare, ambassadeur d'Espagne à Paris, mais menée dans la coulisse par Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, petite fille du Grand Condé, et donc, elle ne le répètera jamais assez, "princesse du sang", mariée à un batar légitimé de Louis XIV fait Duc du Maine, enfant chéri de sa nourrice, Madame de Maintenon qui était parvenue à convaincre Louis XIV de le désigner comme Régent. Point commun de Philippe V d'Espagne et de Madame de Maintenon : leur totale soumission aux Jésuites. Testament que Philippe d'Orléans parvint assez rapidement à faire casser. La Duchesse, "la naine la plus spirituelle et la plus méchante de l'univers", se considère comme bien supérieure à son mari, surtout par la naissance.
L'Espagne a une bonne raison d'en vouloir au Régent : sous son autorité, l'abbé Dubois a mis en place une quadruple alliance entre la France, l'Angleterre, l'Autriche et la Hollande, contre l'Espagne. Un renversement total de la politique de Louis XIV. Par la même occasion l'Espagne voudrait se voir restituer les territoires perdus au Traité d'Utrecht (le Roussillon). Certain(e)s, dont Cellamare et la Duchesse du Maine, croient à la possibilité de remplacer le jeune Louis XV par Philippe V d'Espagne, ci-devant Duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, malgré l'engagement formel de ne pas cumuler les deux royaumes. Il est clair que les autres puissances européennes n'accepteraient pas ce cumul.
Philippe V d'Espagne renverra son premier ministre et son ambassadeur et demandera très vite la paix.
Le Duc du Maine, sous la pression du Duc de Bourbon, se verra retirer la responsabilité de l'éducation de Louis XV, en punition d'avoir laissé faire son épouse.
L'abbé Dubois, d'origine très modeste, ministre des affaires étrangères puis principal ministre du Régent est obsédé par l'obtention du chapeau de cardinal, pour être l'équivalent de Richelieu et Mazarin. Il l'obtiendra en 1721, trois ans après l'échec de la conjuration contre le Régent.
07:54 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire