08/09/2013
40 ans de photo-journalisme
Génération Sygma
Editions de la Martinière
Cette semaine, à Perpignan, comme chaque année, se tient le festival du photojournalisme.
Très admiratif des reporters photographes, mais ne pouvant aller à Perpignan, je me suis consolé avec le beau livre retraçant les 40 ans de l’agence Sygma, du début des années 70 au début des années 2000, lorsque cette agence a été rachetée par Bill Gates.
Livre qui n’est pas aussi impressionnant que « l’Agence » consacré au photojournalisme de l’AFP, aux mêmes éditions, mais intéressant aussi bien par les photos que par les textes joints, qui les éclairent.
Je dois avouer que je ne connaissais pas la plupart des photos, et que j’ai trouvé utile que les textes les expliquent et les resituent dans le contexte de l’époque.
Intéressant, d’honnêtes mises au point, par exemple celle qui explique que, contrairement à la « légende » Simone Veil n’écrasait aucune larme à l’Assemblée nationale, mais se frottait les yeux de fatigue.
Intéressant, le mélange de deux métiers dissemblables, parfois pratiqué par les mêmes photographes : d’une part les photos de conflits, prises au plus près, au risque de leur vie, d’autre part les photos de « people », parfois très glamour comme Catherine Deneuve ou Stéphanie de Monaco.
Pas de nostalgie, mais des photos marquantes, généralement d’évènements qui ne l’étaient pas moins.
08:31 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photos
07/09/2013
Quand la France aidait les Américains contre l'Angleterre
L'année du volcan
Jean-François Parot
Editions JC Lattès
1783, Paris
1783 est l'année de l'éruption d'un volcan en Islande. Pas de perturbation du trafic aérien, puisque c'est l'année du premier vol de montgolfière avec des hommes à son bord, mais le climat semble perturbé partout en Europe.
C'est également la fin de la guerre, fort couteuse, contre l'Angleterre, après la victoire des "insurgents" américains.
Nicolas enquête, jusqu'en Angleterre, sur la mort suspecte d'un proche de la reine.
A la fin, comme dans un roman d'Agatha Christie, tous les suspects seront rassemblés, et la vérité jaillira dans une implacable démonstration basée sur l'observation minutieuse et une logique sans faille.
L'enquête est l'occasion de montrer une société éclatée, mûre pour l'explosion. "La découverte permanente de la plus extrême misère avoisinant la plus grande opulence."
Le jeu est la passion du siècle. La noblesse, plus arrogante que jamais, s'y adonne, et la reine également, pour tromper son ennui. Les moins bien nantis tentent leur chance à la loterie, qui connait un vif succès.
Les libelles contre l'imprudente Marie-Antoinette se multiplient. "Marie-Antoinette n'apparaissait plus comme la reine de tous ses sujets, mais comme un pantin couronné animé par un groupe de voraces."
Les ordres religieux semblent plus intéressés par les biens matériels que spirituels.
Les bourgeois trouvent trop lourds les impôts qu'ils doivent payer pour résorber le déficit abyssal.
Les paysans pauvres affluent vers la capitale, augmentant le nombre des mendiants.
Des inquiétudes renaissent sur le prix du pain.
"Une agitation larvée couvait dans plusieurs faubourgs".
Spéculations immobilières et fabrication de fausse monnaie complètent le tableau.
"Ce siècle des lumières ne dédaignait pas de s'en remettre à un escroc alchimiste (Cagliostro) après s'être abandonné à un magnétiseur bonimenteur (Messner).
Jean-François Parot, dans la langue si particulière qui est un de ses charmes, continue de décrire un roi qui ne méritait pas le destin qui l'attend.
"Il ne faut point, vieillard que je suis, fréquenter ceux de mon âge. Ils ajoutent à nos maux en commentant les leurs et radotent en arrière au lieu de regarder le siècle en avant."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/09/2013
Pour mieux comprendre l'Afrique
Congo
Une histoire
David Van Reybrouck
Prix Médicis "essai"
Editions "Actes Sud"
Ouvrage hybride.
En partie livre d'histoire, puisqu'il retrace l'histoire du Congo ex belge depuis la préhistoire. Mais pas un livre d'historien, puisqu'il se base essentiellement sur des témoignages oraux, dont les historiens connaissent les faiblesses, et même les contradictions.
En partie livre de journaliste d'investigation, carnet et stylo à la main.
En partie livre d'"écrivain-voyageur" qui consigne ses souvenirs de voyage.
Au final, un livre utile qui rappelle la "traite" des esclaves, "l'immonde saloperie" de la politique coloniale de Léopold II, la honte de l'assassinat de Lumumba par les Belges, avec l'aide de la CIA, la complaisance des mêmes à l'égard de Mobutu, pour cause de "guerre froide", la lutte sans pitié, et sans guère d'espoir, après la chute du dictateur, les vains efforts de l'Union européenne pour éviter de nouveaux massacres.
"Officiellement le but de Léopold était de mettre un terme à la traite afro-arabe des esclaves et de faire progresser les sciences."
"Tout comme l'arbre à caoutchouc était arrivé juste à temps pour remplacer le commerce de l'ivoire, l'exploitation minière du cuivre arriva juste à temps pour prendre la relève."
"Des gains fabuleux qui furent engrangés, la majorité de la population n'en a pas reçu une miette"
"Le jour de l'indépendance, le pays comptait seize diplômés de l'université, pas un seul officier noir, pas un seul médecin indigène, pas un seul ingénieur, pas un seul juriste, agronome ou économiste."
"L'Etat ne devient l'Etat qu'à mesure qu'il parvient à monopoliser la violence sociale, tribale, territoriale."
"Le Zaïre, l'un des pays les plus fertiles au monde devint extrêmement dépendant de coûteux produits alimentaires importés."
"Au Zaïre, l'esprit humain s'est avéré particulièrement inventif pour concevoir les tortures."
"De grandes parties du Congo sont gérées depuis la guerre par des organismes caritatifs internationaux".
"Le post matérialisme est un luxe de riches. Le pauvre respecte le frimeur."
07:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique
04/09/2013
Cuba : changement de génération
Cuba, père et fils
Jacques et Pierre Ferrandez
Extrait de « Grands reporters »
Editions « Les Arènes XXI »
Il y a un demi-siècle l’épopée de Fidel et du Che a bercé toute une génération.
Que pensent aujourd’hui les Cubains, en particulier la jeune génération qui veut vivre sans entendre parler ad libidum des idéaux de la Révolution ? Expliquer que tout est de la faute des Yankees ne passe plus.
Cette problématique est traitée à travers les relations entre un père castriste combattant, mais mis au rencart par des bureaucrates, et son fils qui rêve d’ailleurs.
Les touristes occidentaux qui ont de l’argent, les vieilles voitures américaines rafistolées, les difficultés pour survivre au quotidien, tout est traité avec sensibilité.
07:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
31/08/2013
La suite du "don du roi"
L'ami du roi
Rose Tremain
Editions JC Lattès
1683 - 1685, Angleterre, France, Suisse
La prolixe romancière Lady Rose Tremain, anoblie par Sa majesté la Reine, a connu, il y a vingt ans, un succès certain avec "Le don du Roi", porté à l'écran.
J'ai revu le DVD pour me remémorer l'histoire. Le "don" du roi, à l'égard du Dr Merivel, médecin doué mais désargenté, courtisan, est celui d'un titre de noblesse, d'un manoir, contre un mariage fictif avec la favorite du moment. Une seule interdiction : ne pas tomber amoureux de son épouse, maîtresse du roi. Bien entendu, comme dans l'histoire d'Adam et Eve, il sera chassé du paradis. "Peu importe combien nous travaillons et luttons, nous ne pouvons jamais savoir quand une chose nous sera donnée ni à quel moment elle nous sera reprise."
Le roi, c'est Charles II d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, arrière petit fils de Marie Stuart, décapitée par sa cousine Elisabeth 1ère, fils de Charles 1er, décapité par Cromwell. Après la période de puritanisme de celui-ci, la Restauration est un temps de plaisir, au moins pour les riches.
C'est le temps aussi de la "Société pour l'amélioration de la connaissance naturelle par l'expérimentation", encouragée par le Roi. Amélioration dont la médecine de l'époque aurait bien eu besoin.
Dans cette suite, Charles et Merivel, l'ami du roi, sont vieillissant.
Merivel ne tient pas en place très longtemps dans sa propriété restituée par le roi, dont il dépend pour sa survie financière, n'étant médecin qu'à temps très partiel.
Le voilà parti pour Versailles, avec une lettre de recommandation du roi pour son cousin Louis, ce qui nous offre une description de la vie à la Cour, difficile pour les nombreux solliciteurs.
Il y rencontre la ravissante épouse d'un colonel de la garde suisse. Il ira la rejoindre quelques temps dans les environs de Neufchâtel. Les voyages sont longs et plein d'imprévus.
"Montaigne insiste sur le fait que le bonheur d'un homme est déterminé par sa connaissance, acquise petit à petit, de ses propres capacités".
"Selon Montaigne, la fin de l'illusion pourrait bien annoncer la fin de la joie".
"L'on ne peut connaître à l'avance le nombre infini de choses que l'on ignore."
"Les monarques et la mort sont tous deux chargés du fardeau de la terreur qu'ils inspirent."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature