02/01/2014
Confessions inattendues d'une conductrice d'autobus
« La porte ! »
Anne Sari
Editions Michalon
Anne Sari, hôtesse de l’air, au bon niveau intellectuel, « sale gosse de riches et bobo décalée », la cinquantaine venue, se retrouve au chômage, et en instance de divorce.
Parce que « la liberté passe par l’épanouissement professionnel et l’indépendance financière », et parce que « les transports en commun demeurent encore une corporation très ouverte à l’embauche », après trois mois de formation, elle obtient le « titre professionnel de conductrice du transport routier interurbain de voyageurs ».
« Au pôle emploi j’étais classée dans les « séniors », plus de 45 ans oblige ».
Elle écrit pour raconter son quotidien. « L’on écrit parce que la vie ne suffit pas ».
« Des études de mœurs sur des populations très éclectiques qui raviraient à coup sûr n’importe quel sociologue ».
« La prise en charge d’êtres humains, quelle qu’elle soit, n’est pas une mission anodine ».
« Incroyable comme le cortex cérébral masculin perd si facilement tout discernement ».
« Un jovial collègue arabe m’a exposé sans états d’âme qu’il refuse les Roms à bord de son bus ».
« Démarré à 4h58 du matin. Tellement la trouille de ne pas me réveiller à 3 heures… »
« Impossible de savoir comment on va travailler, la veille pour le lendemain. »
« J’ai droit au fatal « la porte ! L’on a pas daigné ajouter « s’il vous plait » et l’on ne dira pas « merci ».
« Ma première insulte : deux « marmailles » de dix ou douze ans. »
« Une pierre lancée par un gamin de dix ans, accompagné de sa mère en burqua ».
« On peut être ferme, net et même dire des choses pas forcément agréables à entendre, tout en restant courtois. »
« C’est rigolo de voir les gens émerger, par encore stressés ni marqués par le poids de la journée ».
Total respect, et un seul regret : Anne Sari officie à Lyon, mais ses bus ne vont jamais à Tassin-la-demi-Lune !
08:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : transports en commun
31/12/2013
A l'ombre des jeunes vignes en fleurs
Chroniques de la vigne
Conversations avec mon grand-père
Fred Bernard
Editions Glénat
Fred Bernard est Bourguignon, et fier de l’être. Issu d’une famille de vignerons, il a abandonné la vigne pour « faire » les « Beaux Arts ». Il reste attaché à son terroir, proche de Beaune, et il fait parler son grand-père, qui parle du vin, « toute sa vie », et de l’ancien temps (« c’était considéré comme un aliment au même titre que le pain dans les années 30 »). Les temps anciens, c’est aussi la guerre.
J’ai appris qu’en Bourgogne « on a jamais eu droit aux assemblages comme à Bordeaux », que « la vigne adore le brouillard de novembre », qu’après le phylloxera « toutes les vignes françaises sont reparties de greffes américaines, sauf celle de Sarragachies dans le Gers, classée monument historique parce qu’elle est la seule à avoir survécu », que chaque pied de vigne représente environ une bouteille de vin, qu’ »apprécier le vin rouge demande une certaine maturité et d’assumer sa part d’animalité », que c’est le Bourguignon Gustave Eiffel qui a inventé le sécateur, car « il trouvait que le vignerons se blessaient trop souvent ».
Je ne l’ai pas lu un verre de Pommard à portée de mains, mais j’ai trouvé le livre « goûteux » !
« Je me méfie des gens qui ne boivent pas du tout. Je suis persuadé qu’ils craignent de perdre le contrôle » (Je suis de ceux-là, et j’assume !)
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd
28/12/2013
Amitié impossible
L’ami retrouvé
Fred Uhlman
Folio + classiques n°50
L’amitié absolue est-elle possible ? L’amitié est-elle possible entre un Juif et un Allemand partisan d’Hitler ? « Inconnu à l’adresse indiquée » a fourni une réponse. Comme l’amour, l’amitié absolue, « dans un romanesque idéal », peut-être « la source du plus grand bonheur, et du plus grand désespoir ».
Le débat sur l’assimilation, pourrait être repris aujourd’hui. Le père du narrateur, Juif non croyant se met en uniforme allemand, avec sa croix de guerre 14/18, tout comme beaucoup de Juifs français l’ont fait, en France, pendant la seconde guerre mondiale : ils ne pouvaient pas croire qu’on puisse mettre en doute leur appartenance à la patrie pour laquelle ils s’étaient battus, au risque de leur vie.
Alors qu’Hitler est aux portes du pouvoir, « la question essentielle n’était plus de savoir ce qu’était la vie, mais de décider de ce qu’il fallait faire de cette vie ».
Intéressant de voir comment l’Histoire est présentée aux jeunes Allemands à cette époque de propagande nationaliste.
08:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
21/12/2013
Variations sur le thème d'une dictature africaine
Nuruddin Farah
10/18 Domaine étranger n°3504
Troisième et dernier volet des "Variations sur le thème d'une dictature africaine".
L'action se passe en Somalie. Un "vieillard", à peine plus âgé que moi, "à la merci de sa progéniture", ancien de la résistance au colonialisme italien, se prépare à mourir dans la dignité.
"L'enfant doit faire ce que le parent ne peut pas"
Autour de lui, la conspiration contre "Le Général" se prépare activement.
"Alliances idéologiques par opposition aux allégeances tribales."
"Notre ventre est notre guide. Personne n'a le ventre en déroute sans qu'il y ait une bonne raison".
"Dans le fou, c'est le mystère que l'on aime"
"Il doit y avoir d'autres trésors que ce qui est entre tes propres jambes"
"Son esprit se mit à vagabonder, libre de brouter partout où il y avait un pâturage pour la pensée."
"Celui qui est trahi est quelqu'un qui a une confiance absolue en celui qui le trahit"
"J'ai vécu de nombreuses vies. Je fus esclave et je fus prince" (W.B. Yeats)
07:46 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
18/12/2013
Des Indiens en Camargue
Michel Faure
D'après le conte de Jean Vilane, d'après une histoire vraie.
Éditions Glénat
Une très belle histoire. Avec, en plus, une histoire d'amour impossible.
Au début du XXe siècle, le fameux "Buffalo Bill" organise un grand "show" racontant la conquête de l'Ouest. "Conquête toute jeune, trente ans à peine, et déjà une légende. Sans doute pour laisser dans l'ombre toutes les injustices, tout le sang et les horreurs commises par ces conquérants".
Pour être réaliste, il parvient à convaincre des indiens de la tribu de Sitting Bull et Crazy Horse, morts à "Wounded Knee", de sortir des réserves qui leur ont été attribuées pour "faire le spectacle" en Europe, en particulier en France, en traversant "l'eau qui pue" (l'Océan).
Se retrouvant à Marseille, en l'attente d'un bateau, ils sont invités en Camargue, "la terre des chevaux blancs et des taureaux noirs", par le fameux marquis de Baroncelli, l'inventeur du folklore Guardian, avec le poète Fréderic Mistral. Guardians et indiens auront l'occasion de rivaliser dans leur habilité équestre, en particulier à l'occasion de l'"abrivado" de Gallargues le Monteux.
Difficile d'être en Camargue sans faire un détour par les "Saintes Maries de la mer", surtout au moment de la Sainte Sara, et le pèlerinage du peuple gitan.
Fraternisation entre trois peuples, entre trois cultures, à une époque où la Camargue ne votait pas pour un parti xénophobe.
"Les gitans sont aux Français ce que les Indiens sont aux Américains".
"Ce n'est pas tant de savoir parler qui compte mais plutôt de savoir écouter".
07:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : bd