22/01/2007
Timor (suite)
Pas d'Etat sans institutions politiques
Le Timor oriental a, environ, la moitié de la surface de la Belgique, en beaucoup plus accidenté puisqu'il s'agit d'une île volcanique avec moins de 1 millions d'habitants.
La crise au sein de l'armée, puis entre l'armée et la police, est-elle d'origine politique ou a-t-elle provoqué la crise politique ?
Ce qui est certain, c'est que le ministre de l'intérieur a distribué des armes à des groupes civils, en toute impunité, avant d'être obligé de démissionner.
Ce qui est certain également, c'est la démission forcée du Premier ministre Mari Alkatiri qui disposait (dispose encore) de la confiance de la majorité parlementaire, résultat de la crise au sein des forces armées, mais aussi de la crise politique entre le Président et lui-même, même si la Constitution ne permet pas au Président de révoquer le Premier ministre, responsable uniquement devant le Parlement, largement dominé par le "Freitilin" (Front révolutionnaire pour un Timor oriental indépendant) qui a conduit le pays à l'indépendance et dont le leader incontesté reste Mari Alkatiri.
Le nouveau Premier ministre, José Horta, prix Nobel de la paix, tout comme le charismatique Président Xanana Gusmao, s'ils sont eux aussi des héros de l'indépendance, ne sont pas membres du "Freitilin" et surtout, peut-être pour cette raison, sont considérés comme beaucoup plus proches des Australiens.
Comme dans tous les pays "en développement", le Parlement est l'institution la plus faible du trio, ne disposant pas de personnel qualifié. Il lui est difficile de jouer son rôle de contrôle de l'exécutif, d'autant que la plupart des ministres ne sont pas parlementaires.
La Constitution manque peut-être d'un peu de clarté sur les pouvoirs respectifs du Président, du Gouvernement et de l'Assemblée, mais une bonne Constitution n'est-elle pas justement celle qui est assez floue pour permettre une certaine souplesse d'adaptation ?
De nouvelles élections (pour la première fois non organisées par l'ONU), présidentielle et législatives, sont prévues pour le printemps 2007.
L'opposition demande la mise en place d'une "commission électorale indépendante".
Le Premier ministre demande l'aide européenne (en matériel plus qu'en argent) et l'envoi de missions internationales d'observation.
Une des questions est de savoir si le "Freitilin" va exploser en plusieurs partis.
Une nouvelle loi électorale est en préparation. L'opposition n'apprécie pas la proposition de mettre une barre à 5% des suffrages pour avoir des élus. (Ce "couperet" existe en France afin d'éviter l'éparpillement des forces politiques).
Actuellement, dix partis, généralement minuscules, sont représentés au Parlement timorais.
Il ne faut pas attendre des élections la solution aux problèmes politiques, encore moins aux problèmes sociaux.
(à suivre)
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19/01/2007
timor
La difficile construction d'un Etat
La construction d'une identité
Le Timor oriental est le 191e et dernier Etat admis à l'ONU (et 78e Etat signataire de l'Accord de Cotonou).
Comme chacun sait, une identité se construit largement par opposition.
Annexée par l'Indonésie en 1975, au départ des colonisateurs portugais, les Timorais habitant la partie orientale de cette île, dont le nom signifie déjà "orient" et qui se situe donc le plus à l'Est de l'Asie, s'appuient sur la période coloniale portugaise et la christianisation qui s'en ai suivie à partir du XVIe siècle, sans jamais avoir été islamisée, pour affirmer leur identité spécifique.
Comme toujours dans une guerre de libération, de 1975 à 1999, année du référendum d'autodétermination, il y a eu les combattants de la liberté, ceux du maquis et ceux de l'exil (généralement dans des pays non démocratiques), des collaborateurs de l'occupant, des colons transplantés venus d'autres îles indonésiennes, de nombreux fonctionnaires du pays occupant (80% de la fonction publique) dont 90% des enseignants... et de nombreux attentistes.
Il en reste des traces indiscutables :
Physiques d'abord puisque les bâtiments, écoles, maisons (90% de la capitale), détruits par les Indonésiens et les milices collaboratrices au moment de l'indépendance, sont toujours en ruines, comme autant de monuments pour ne pas oublier.
Peut-être serait-il utile de raser et de reconstruire pour aider les plaies de la mémoire à cicatriser ?
Linguistiques également : le portugais, peu prisé au moment de la colonisation, est devenu un élément constitutif de l'identité nationale, par opposition à l'indonésien...mais parlé par moins de 1% de la population qui parle "tatum".
La scolarisation s'est faite pendant 24 ans uniquement en indonésien et les occupants ont détruit toutes les écoles avant de partir, les enseignants repartant dans les fourgons de l'armée indonésienne !
Le pays n'a pas de monnaie propre mais l'identité "portugaise" n'a pas été jusqu'à adopter l'escudo (l'euro n'existait pas encore) : le FMI a imposé le $ américain...en attendant la création d'une Banque centrale timoraise.
Aujourd'hui, des affrontements opposent ceux de l'Ouest du pays contre ceux de l'Est -que rien ne distingue- alors que cette opposition n'était jamais apparue jusqu'alors, comme si une quête identitaire désespérée les guidait, comme dans nos banlieues, la bande d'une "cité" contre la bande d'un autre "quartier" pour être "de quelque part". (à suivre)
11:15 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (1)
15/01/2007
République dominicaine (suite 2)
Zola à la montagne
Là haut, dans le sous-sol de la montagne, la décomposition de la forêt jurassique, au contact du cuivre et de la roche volcanique, a donné naissance à une pierre semi-précieuse que l'on ne trouve qu'à cet endroit du monde, baptisée "Larimar" par ses découvreurs, en 1974 parce qu'elle rappelle les couleurs de la mer, du bleu au vert.
Par quatorze tunnels, les mineurs creusent la montagne, dans l'humidité, au risque des éboulements mortels, fréquents.
Les mineurs risquent leur vie. Le salaire à la mine est quatre fois supérieur au salaire minimum national.
Il leur faudrait des outils, en particulier des compresseurs pour évacuer l'eau et éviter les inondations des galeries souterraines.
Ils extraient 45 kg par jour, en moyenne, vendant la pierre brute à des intermédiaires qui écoulent les pierres vers les stations touristiques et vers l'Europe, en particulier les Canaries.
La maison de l'un de ces intermédiaires, espagnol, trône, tel un château, au sommet d'une colline.
Le Président de la coopérative sert également d'intermédiaire. Il nous a reçu, chaîne en or autour du cou et montre en or au poignet (vrai ou fausse "Rolex" ?).
Les mineurs et leurs familles n'ont malheureusement ni la formation ni les outils qui leur permettraient de donner de la valeur ajoutée à leurs pierres. Ils ne savent pas les tailler et encore moins les monter pour en faire des bijoux.
La coopération italienne a cessé de financer la formation de formateurs et les pierres vendues aux touristes, même dans la capitale, font l'objet d'un travail minimum, les tailleurs de pierre travaillant sans aucune protection sur des installations précaires.
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04/01/2007
Fidji : paradis...des coups d'Etat !
Fidji : un coup d'Etat de plus ?
L'armée a renversé le gouvernement et le Parlement. Ce n'est pas bien et il y a lieu de condamner. Ce qu'a fait toute la communauté internationale.
Dans une démocratie, l'armée doit restée subordonnée aux autorités civiles élues.
La presse française en a peu parlé : c'est un peu loin pour les Français pour y aller en vacances.
Elle a, en particulier, omis de signaler que le Président et le Premier ministre en place étaient arrivés au pouvoir par le coup d'Etat précédent (légalisé par la suite par des élections), que ce coup d'Etat de 2000 visait un Premier ministre issu, pour la première fois, de la communauté Indo-Fidjienne (40% de la population), présente dans le pays depuis plus d'un siècle, amenée par les colons britanniques pour travailler dans les champs de canne à sucre, la communauté la plus pauvre du pays, victime d'une Constitution que l'on peut qualifier d'"apartheid" puisqu'elle assure la domination politique de la communauté Mélano-Fidjienne (de "souche"), en particulier par le découpage des circonscriptions, et même en laissant aux seuls Mélano-Fidjiens la possibilité de choisir le Président de la République.
Deux projets de loi du gouvernement ont fait réagir le chef de l'armée et ses hommes :
- l'amnistie des auteurs du coup d'Etat de 2000 qui avait permis au Premier ministre et au Président d'arriver au pouvoir ;
- un pouvoir renforcé pour les propriétaires, tous Mélano-Fidjiens, qui ne renouvellent qu'avec réticence, aux locataires agriculteurs, tous Indo-Fidjiens, leurs baux de 99 ans, afin de pouvoir spéculer sur la croissance immobilière due au tourisme.
Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que la communauté Indo-Fidjienne n'ait pas réagit négativement.
Dans ce contexte la communauté internationale joue l'hypocrisie en condamnant.
La crise politique entre le Premier ministre et le Chef de l'armée durait depuis au moins deux ans. Le Premier ministre fidjien avait même demandé au Premier ministre australien d'envoyer des troupes pour le protéger, et ce dernier avait refusé.
Tout le monde sait que la réforme européenne, imposée par l'OMC, sur les tarifs du sucre aggrave les conditions de vie de la communauté Indo-Fidjienne, mais personne, même pas l'Europe, ne propose de solutions de remplacement à l'abandon de la filière sucrière.
Comme toujours dans ces cas là, l'Union européenne menace de stopper les programmes de coopération, sauf les programmes humanitaires.
Sauf que l'essentiel de l'effort européen porte sur l'éducation.
Voulons nous vraiment mettre fin aux programmes ayant pour but de garantir à tous les groupes ethniques un accès égal à l'éducation et à la formation ?
Le Parlement européen a, heureusement, adopté l'amendement que j'ai proposé à ce sujet.
Comme il a accepté celui sur le retour à la démocratie "basée sur le principe d'égalité entre les êtres humains, indépendamment de leur appartenance ethnique".
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21/11/2006
Barbade, suite
Même si l'élite noire possède le pouvoir politique et malgré le développement d'une classe moyenne, les contradictions de races et de classes persistent et la bourgeoisie agro-commerciale, qui s'est substituée à la "plantocratie" traditionnelle, continue à diriger l'économie du pays.
Le pays a de nouveau été classé en tête des pays des Caraïbes et d'Amérique latine à l'indicateur de "développement humain" des Nations Unies (27e rang mondial).
Une politique de "contrôle des naissances" a été mise en place dès les années 60, en faisant le premier pays du "tiers monde" à financer publiquement le "planning familial", faisant œuvre de pionnier dans ce domaine.
La structure de la population se rapproche beaucoup plus de celle des pays développés que celle des pays en voie de développement.
Longtemps pays d'émigration, aujourd'hui un contrôle strict de l'immigration et de l'attribution des permis de travail répond à l'attirance qu'exerce ce pays le plus développé des Antilles.
Le secteur du sucre continue à chuter et le tourisme à progresser, effaçant les effets négatifs du 11 septembre 2001.
Le tourisme et l'interventionnisme de l'Etat ont encouragé la diversification de l'agriculture vers les productions vivrières.
Les valeurs de productions agricoles secondaires et de la pêche ("poissons volants" réputés) dépassent, depuis 1982, celle de la production sucrière.
La bourgeoisie des planteurs a été la première, dès les années 50, avec les encouragements étatiques, en particulier fiscaux et bancaires, à déplacer ses investissements vers le secteur touristique.
Puis des capitaux canadiens ont été attirés par des facilités fiscales.
Depuis, tous les modes d'hébergement, pour des clientèles aux revenus diversifiés, ont été développés, créant une classe moyenne de petits entrepreneurs, les pouvoirs publics faisant un effort considérable pour la modernisation des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, la mise en valeur des patrimoines culturel et naturel et les équipements sportifs (piscines, tennis, golfs). L'absence de reliefs importants sur un espace réduit a facilité les travaux d'infrastructures et les communications internes.
L'industrialisation a également bénéficié de facilités fiscales et d'incitations diverses (création de "zones industrielles", prêts à taux bonifiés, garantie de "capitaux-risque")
Malgré le poids de la dette, l'expansion se poursuit.
La Barbade est parvenue à diversifier son économie et à améliorer de façon sensible les revenus, ainsi que la situation sanitaire et sociale de sa population.
Depuis 1998, des mesures sévères contre le blanchiment d'argent sont prises, alors que jusque là de grandes facilités étaient données aux sociétés financières "off shore".
En 1990 le ministre des affaires étrangères avait été condamné pour trafic de drogue.
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