25/11/2020
Pour nous faire regretter Philip Kerr
Metropolis
Philip Kerr
éditions du Seuil
Roman posthume de Philip Kerr, décédé en 2018.Paradoxalement de tous les romans comptant les aventures du policier Bernie Gunther, celui ci se déroule le plus tôt dans la chronologie, en 1928.
Kerr raconte la montée des nazis et de l'antisémitisme. Il raconte également la débauche qui se répand dans une population traumatisée par la Première guerre mondiale, et la défaite. "Il ne fallait pas s'étonner qu'après une guerre où tant d'Allemands avaient été obligés de tuer pour leur pays, ils préfèrent maintenant s'envoyer en l'air."
Kerr manie un humour dévastateur, rempart face à la situation désespérante. Bernie a des répliques cinglantes et ironiques. "Je suis un salopard cynique. C'est le secret de mon charme"
Un "serial killer" assassine des prostituées. Personne ne semble s'en soucier. Un certain nombre se réjouissent même que les rues soient débarrassées de ces incarnations du péché. Et dans la ligne de ce grand nettoyage, le tueur s'attaque ensuite aux mutilés de guerre réduits à la mendicité. Une honte pour la "glorieuse" armée allemande. "Cela n'étonnait plus personne dans l'Allemagne de Weimar où l'indifférence vis-à-vis de la mort violente et de la souffrance humaine était peut-être un autre héritage de la Grande Guerre."
"Depuis l'assassinat du journaliste socialiste Kurt Eisner en 1919, tous les Juifs exerçant une activité publique étaient armés."
"La véritable essence de l'être humain, c'est l'aveuglement."
En 1933, le ministre de l'intérieur Albert Grzesinski et Bernhard Weiss, chef de la police, Juifs tous les deux, ont quitté l'Allemagne, l'un vers la Suisse, l'autre vers Londres.
18:07 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire
23/11/2020
Berlin, printemps 1945
Seules à Berlin
Nicolas Juncker
éditions Casterman
"Quant aux femmes des peuples vaincus...nous savons toutes ce qui nous attend."
Ingrid est allemande et travaille pour la Croix Rouge, Evgeniya est russe et fait partie du NKVD et recherche le cadavre d'Hitler dans son bunker. Deux femmes que tout oppose sont obligées de coexister dans la même chambre.
Une BD qui n'est pas une succession de cases. Tout est gris dans ce roman graphique. Effet accentué par l'utilisation du lavis Les seules cases en couleurs sont les plus gaies.
17:35 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire
20/11/2020
Berlin, hiver 46/47
La vengeance des cendres
Harald Gilbers
Calmann-Levy Noir
Harald Gilbers continue ses récits situés dans le Berlin de la fin de la deuxième guerre mondiale.
L'hiver 1946/47 est connu es Allemagne sous le nom de "hiver de la faim". Juste après la défaite allemande et l'arrivée des troupes soviétiques, puis des Alliés occidentaux, l'heure est au déblayage des ruines causées par les bombardements, pas encore vraiment à la reconstruction. Les organismes affaiblis par le manque de nourriture résistent d'autant plus mal au froid.
"Seul le trafic de denrées rares comme les pneus, les cigarettes et les produits alimentaires était formellement interdit par les Alliés".
A Berlin arrivent par milliers les populations d'origine allemande venant de l'Est de l'Europe, les "Allemands ethniques", ainsi que de nombreux Juifs n'ayant aucune confiance envers l'URSS et la Pologne. "Contre toute attente, Berlin avait connu durant les derniers mois un afflux de Juifs originaires d'Europe orientale. "C'est le Traité de Lausanne qui légalise pour la première fois en 1923 le transfert forcé de populations. Afin de stabiliser l'Europe d'après guerre, les Alliés ont encore eu recours à cette méthode prétendument éprouvée." "Malgré la proximité culturelle, l'intégration des réfugiés de souche allemande s'est avérée extrêmement difficile." "Mille réfugiés arrivaient chaque jour à Berlin".
Arrivent également les détenus des camps de concentration que les nazis ont évacués. Par manque d'intérêt et de moyens les trains transportant ces ex détenus se retrouvent stoppés en pleine campagne. "Les homosexuels ne sont pas reconnus comme victimes du nazisme."
"La vengeance des cendres" est un roman policier. Donc il y a des meurtres que l'ancien commissaire Oppenheimer va élucider. Ayant perdu son poste parce que Juif, il est à même de comprendre les envies de vengeances.
12:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, histoire
18/11/2020
Confidentiel
Archives secrètes des armées
Fabrice d'Almeida
Gallimard / Ministère des Armées
De 1852, le classement des algues bretonnes, à 1978 l'Amoco Cadiz, l'historien Fabrice d'Almeida présente plus de soixante séquences qui nous éclairent sur le rôle des forces militaires en France pendant un siècle à partir d'archives qui furent classées "confidentiel", "secret et même "très secret"...
Ces archives inédites révèlent l'isolement diplomatiques de la France dans sa stratégie coloniale en Afrique.
Les photos du pique-nique du Maréchal Joffre, alors Chef d'état-major de l'armée française, avec le roi d'Italie Victor-Emmanuel III en 1915 sont surprenantes.
Pendant la première guerre mondiale, les femmes deviennent des artistes du camouflage maritime.
"La guerre des partisans était un condensé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. C'est pour cette raison que l'armée a collationné ces documents qui, avec d'autres exactions constatées, pouvaient entraîner la constitution de poursuites devant les tribunaux militaires."
"D'une part le 5ème bureau voulait gagner le coeur des populations. Mais, d'autre part, le 2ème bureau et l'armée d'active pratiquaient déjà une politique de torture de masse et d'exécutions sommaires pour semer la terreur au sein des populations."
"Les archives conservées au service historique de la Défense montrent comment une pratique systématique de liquidations sommaires fut organisée. L'exécution de chaque innocent cause l'apparition d'un nombre dix fois supérieur de gens hostiles." "Les exactions finirent par ruiner la légitimité même de l'action militaire et conduisirent à une défaite politique dont officiers et soldats mirent longtemps à se relever."
"Espionner c'est prévoir"
07:59 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
12/11/2020
Un médecin des lumières
Soigner les corps, sauver des vies
Claude-François Boncerf (1727-1792)
Un médecin des Lumières à Etampes
Présenté par Jacques Gélis et Christian Carenton
édité par Etampes Histoire
Il y a peu, je parlais de "La chambre des dupes" qui montre l'impuissance des médecins de Louis XV bien près de faire périr leur royal patient à force de saignées et de purges. Manifestement, au siècle des Lumières des médecins commençaient à réfléchir et à remettre en cause, au moins partiellement, ces deux piliers de la médecine de l'époque.
En ces années pré-révolutionnaires, chacun aspire à moins souffrir et à vivre plus longtemps.
Claude-François Boncerf agit à l'hôpital, dans la ville et la campagne environnante. Correspondant de la Société Royale de Médecine, il relate sa pratique, y compris avec ses interrogations. Il s'intéresse à tout : la qualité de l'eau et de l'air, les épidémies et les épizooties, l'alimentation, les comportements démographiques qui laissent entrevoir les débuts d'un contrôle des naissances, reflet d'une société en pleine mutation à la veille de la Révolution. "Cette croyance au progrès s'appuie sur l'essor spectaculaire de toutes les sciences depuis un siècle."
"Pour lui, la bonne connaissance de l'environnement naturel est la condition même d'une bonne compréhension des maladies qui y sévissent."
"éviter la proximité des fumiers, curer régulièrement les mares et les puits, aérer et désinfecter de temps en temps les demeures. La propreté et un régime de vivre sans excès contribueraient alors à prolonger la vie."
"Il établit un lien entre la dureté du travail et la boisson."
"Une population dont l'alimentation est insuffisante et carencée est une population fragilisée, confrontée rapidement à la maladie, à l'épidémie et parfois à la mort."
Il plaide pour que les cimetières sortent de l'église et du centre des villages, et que les tombes soient creusées plus profondément."
"Autre nouveauté : l'isolement des contagieux". "Il veut que les soignants se lavent les mains après avoir touché le malade."
"Il insiste sur son opposition aux cordiaux et autres médicament incendiaires alors qu'il faudrait préconiser les rafraîchissants et les purgatifs doux."
08:34 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire