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07/05/2015

les trahisons font-elles partie de la nature humaine ?

Intrigues, complots et trahisons au Moyen Âge

Jean Verdon

éditions Perrin

 

Désir du pouvoir, cupidité, amour ou haine, sont les motivations essentielles des traitrises.

"Entre intrigue et trahison il existe de nombreux stades."

Au Moyen Âge, "l'amour apparaît assez rarement car le mariage est avant tout l'union de deux familles." "L'adultère désigne toute fornication perpétrée en dehors du sacrement de mariage."

"Trop souvent victime de trahison, le roi Louis XI se juge en droit de trahir, et la restriction mentale n'est pas le moins significatif de ses comportements. La parole donnée en vaut autant qu'elle sert." Comme disait Chirac : "les promesses n'engagent que ceux qui y croient."

"Les nobles, les hommes d'armes doivent une loyauté active comportant avant tout des services militaires." "De 1293 à 1337, certaines populations changent par quatre fois de maître." "Les Bretons passent d'un camp à l'autre au gré des circonstances."

"Celui qui empoisonne ajoute la trahison à l'homicide car il recourt à la déloyauté absolument contraire à la morale chrétienne." "A la fin du Moyen Âge apparaît une véritable psychose du poison." "Le développement de la médecine incite à rechercher les raisons des décès."

"La cour ne plaît qu'à ceux qui obtiennent ses faveurs."

A Byzance, de 395 à 1453, seulement 39 empereurs décèdent naturellement, alors que 41 périssent de mort violente. "Les successions au trône donnent souvent lieu à des complots."

"Un pouvoir fort, non contesté, se prête moins aux complots."

Dans le milieu religieux les combats sont souvent féroces pour les nominations à la tête d'abbaye, au poste d'évêque, surtout pour celui de Rome. "Le cardinalat offrant sans cesse plus d'avantages en matière de pouvoir et de richesses, cette fonction est activement recherchée."

"La société médiévale punit plus qu'elle ne pardonne." "La prison n'est généralement pas utilisée comme peine." "La peine doit être exemplaire", donc publique. "L'Eglise évite de s'en prendre aux catégories sociales les plus élevées."

 Comme le disait Machiavel, certains "appellent honte le fait de perdre et non celui de tromper pour gagner."

 

 

15:34 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

27/04/2015

les racines chrétiennes de l'Europe

L'Europe est-elle née au Moyen- Âge ?

Jacques Le Goff

 

Je me souviens, il y a quelques années, du débat sur les "racines chrétiennes de l'Europe". Devaient-elles être mentionnées dans le préambule de ce qui aurait du être une Constitution européenne, en réalité un Traité,  refusé par les Français, ce qui permit à d'autres, en particulier les Britanniques, de l'enterrer. 

Pour le célèbre médiéviste Jacques Le Goff, la réponse est claire : ça qui constitue l'Europe au Moyen-Âge, c'est sa commune appartenance au christianisme. Au temps de l'Empire romain, les autres c'étaient les "barbares", mais l'octroi de la citoyenneté romaine à tous les citoyens de l'Empire changea la donne. Il y eu donc, "nous", les Européens, et "eux" , essentiellement les musulmans. Les conquêtes de l'Empire ottoman dans les Balkans, dont la célèbre bataille de Kosovo (le champ du merle), font faire que "la menace turque va être un des ciments de l'Europe".

Le christianisme est "l'instrument du métissage" entre les Barbares, Celtes et Germains et les Latino-Européens. "A la naissance de l'Europe, s'affirme, dès le début, la dialectique de l'unité et de la diversité." "La dialectique entre unité et diversité est le fond même de l'histoire européenne."

Mais si, au Moyen-Âge, être Européen , c'est être chrétien, cela s'accompagne "d'un rejet, contrairement à l'Islam ou au christianisme byzantin d'une théocratie". Avec un "équilibre entre la foi et la raison." Abélard, au delà de sa relation amoureuse avec Héloïse a donné une place décisive à l'esprit critique en posant comme principe "la première clé de la sagesse, c'est une interrogation continuelle." 

Bien avant le programme européen "Erasmus", une Europe des universités se met en place, avec échange de professeurs et d'étudiants. En théologie, mais aussi, beaucoup, en droit. Déjà l'Europe des juristes !

Le Moyen-Âge voit aussi naître une "Europe de la persécution", pour "détruire tout ferment de souillure", contre les hérétiques, les juifs, les homosexuels, les lépreux. "La société chrétienne du Moyen-Âge a commencé à construire l'antisémitisme européen."

"La législation barbare , sur les unies du droit romain, prolongea, malgré tout, une Europe du droit." Et l'adoption de la "minuscule caroline" en a fait la première écriture européenne.

"L'Europe sera un monde du pain." Avec comme boissons dominantes, le vin, favorisé par la pratique religieuse,  la cervoise et le cidre, en fonction du climat.

"Une Europe du textile a engendré une Europe des marchands." Et de là, une "Europe de la mer" et une "Europe de la banque". Et même une "Europe de la fraude fiscale." Déjà, "une Europe de globalisation des échanges économiques, mais d'aggravation des inégalités sociales et politique était née."

Et, comme "le temps , c'est de l'argent", "un rythme s'est imposé jusqu'à nous, celui de la semaine, entraînant un rapport entre le temps de travail et le temps de repos." "L'Europe de la fin du XVe siècle est une Europe du temps précieux, du temps approprié par les individus et les collectivités constitutifs de l'Europe éventuelle."

La réponse à la question posée par le titre du livre est donc : "La Moyen-Âge a constitué le mouvement décisif de la naissance, de l'enfance et de la jeunesse de l'Europe."

 

16:29 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

19/04/2015

Suite de l'épopée des Normands de Sicile

Le Hors venu

Viviane Moore

10/18 "grands détectives" n°4084

 

1156, Palerme. Sur le trône de Sicile, Guillaume Ier, dit "le Mauvais", fils de Roger II, premier roi, normand, de Sicile. Il est Normand, mais son allégeance au Duc de Normandie, roi d'Angleterre, n'est que théorique. Les Normands n'ont pourtant conquis la Sicile,  qu'il y a moins d'un siècle. Contre les Musulmans qui l'avaient prise aux Byzantins. "La Sicile avait eu bien des maîtres : Phéniciens, Corinthiens, Romains, Ostrogoths, Grecs, Arabes...et aucun d'entre eux n'avait renoncé volontairement à ses charmes."

Carrefour de civilisations, Palerme abrite des communautés musulmanes, byzantine, juive,  lombarde...et normande. Celle qui détient le pouvoir.Plus pour très longtemps, mais cela est une autre histoire ! 

Héritage des occupations précédentes, le harem tient une grande place.

Pendant que Guillaume fait la guerre, ou part à la chasse, l'émir gère les affaires. En joueur d'échecs, et sans hésiter à réprimer durement les opposants, réels ou supposés. Les Musulmans sont des boucs émissaires parfaits. Il y a même une secte de djihadistes !

Nous retrouvons nos deux héros, partis de Barfleur la même année. Hugues de Tarse veille toujours sur Tancrède d'Anaor, supposé être le petit-fils de Roger II. Une menace pour son oncle Guillaume ? Tancrède se sent "Hors venu" (venu d'ailleurs) bien que natif de Sicile.

Ce n'est qu'à la moitié du roman que l'émir donne l'ordre à Hugues de Tarse d'enquêter sur une série de meurtres. Il trouvera le coupable, et son mobile : la vengeance qui, chacun sait, est une très mauvaise conseillère.

 

 

16:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire

17/04/2015

L'invention des origines médiévales de l'Europe

Quand les nations refont l'histoire

Patrick J. Geary (professeur à l'université de Californie)

éditions Flammarion

 

Un livre salutaire à l'heure de la montée des nationalismes.

Ce spécialiste de l'histoire médiévales démontent les idéologies nées au XIXe siècle qui imprègnent les discours identitaires aujourd'hui.

A la fiction du "nous étions là les premiers", et les manipulations qui s'en suivent,  l'auteur oppose une Europe médiévale sans cesse remodelée par les migrations.

"Les peuples de l'Europe sont une réalité en train de se former, un projet en cours : il faut même qu'ils gardent éternellement ce statut." "Les Francs "nés avec le baptême de Clovis" ne sont pas les Francs de Charlemagne, ni ceux du peuple français que Jean-Marie Le Pen espérait rassembler autour de son mouvement politique."

"Ceux qui n'ont pas été baptisés avec Clovis, en particulier les juifs et les musulmans, ne pourraient pas être de vrais Français ?"

"La correspondance entre les peuples du Moyen-Âge et les peuples contemporains est un mythe."

"Un certain nombre d'étiquettes ont fini par être perçues comme des désignation "ethniques". "Au Ive siècle, des bandes militaires  s'approprièrent ces étiquettes." "Les noms des peuples étaient moins des moyens de décrire la réalité que des moyens d'affirmer une forme d'unité sous la conduite de chefs qui espéraient monopoliser et incarner les traditions associées à ces noms."

"Les peuples sont redevenus des unités territoriales d'organisation géographique et politique, non des groupes sociaux ou culturels."

"En 212 la citoyenneté fut étendue à presque tous les les habitants libres de l'Empire. La distinction entre citoyen et non citoyen perdit toute signification pour une différence fondée largement sur la richesse." Au début du VIIe siècle, l'opposition entre Romains et Barbares avait perdu toute signification, la citoyenneté romaine ne représentant plus rien." Au IXe siècle, les Romains sont simplement les habitants de la ville de Rome.

"Les rois victorieux projetaient le passé imaginaire de leur famille sur leur peuple en tant que collectivité, ce qui donnait à tous les membres de l'élite militaire le sentiment de partager la même origine." "Les rois barbares mirent aussi la religion au service de la création de ce sentiment d'identité". ("la conversion de Clovis facilita l'amalgame rapide entre Francs et Gallo-Romains" ;  Arianisme pour les Goths). "La majorité de la population finit par adopter l'identité de la minorité au pouvoir."

"la grande force de la synthèse franque fut la création d'une société unifiée, à partir du double héritage des traditions romaines et barbares."

 

Ce livre est dédié à "tous ceux qui comprennent l'importance que peut avoir le passé pour le présent, et la différence qu'il y a entre les deux." "Le passé est un pays étranger dans lequel nous ne nous trouverons jamais."

 

11/04/2015

Héloïse romancée

Héloïse, ouille !

Jean Teulé

éditions Julliard

 

Abelard a écrit son autobiographie. Beaucoup d'historiens ont écrit sur Abelard, son rôle théologique, philosophique, et son amour pour Héloïse, avec les conséquences que tout le monde connait...et qui ont largement contribué à son passage à la postérité. "Ouille" est le cri qu'il est censé avoir poussé auprès d'Héloïse après l'ablation de ses génitoires.

Jean Teulé en tire un roman, bien troussé, qui s'inspire de la réalité historique sans s'y laisser emprisonner. 

Ainsi, ce n'est pas le chanoine Fulbert qui aurait offert à Abelard une chambre chez lui, mais Abelard qui a demandé au parrain d'Héloïse de le prendre comme pensionnaire, contre un fort loyer...et des cours particuliers, alors qu'il était le professeur le plus célèbre de Paris. Dès ce moment, il avait une idée de ce qu'il souhaitait. D'après son autobiographie, Abelard, à 38 ans, n'avait jamais connu l'amour charnel. Ce que nous appellerions aujourd'hui "le démon de midi" ? Il affirme que la nièce du chanoine l'a séduit "par l'abondance de son savoir", en ces temps où suivre des études n'était pas chose courante pour les filles. Il semblerait que la belle Héloïse avait alors 16 ans, et non 18, comme dans le roman de Teulé ! Abelard rattrape le temps perdu...Jusqu'à ce qu'Héloïse soit enceinte de ses oeuvres.

Pour parler de l'amour physique , Teulé alterne les termes anciens et les mots actuels, très crus.

Abelard emmène  Héloïse enceinte en Bretagne, c'est à dire, à l'époque, à l'étranger. Ce que Teulé ne signale pas. Mais il montre bien l'incroyable égoïsme d'Abelard qui oblige Héloïse à entrer au couvent, afin de sauver sa carrière. Et Héloïse accepte et se sacrifie par amour, pour l'amour de l'homme qu'elle aime. Héloïse sera donc, "une religieuse cultivée comme peu de femmes le sont en ce siècle."

Fulbert avait accepté le "mariage de compensation" qui était encore en pratique au XXe siècle : la fille est enceinte, le garçon l'épouse pour réparer. C'est parce qu'Abelard ne respecte pas ce mariage en envoyant Héloïse au couvent, que Fulbert paie des hommes de main pour lui faire subir la peine alors prévue pour les époux adultères : il sera châtié par là où il a péché.

Les controverses théologiques sont un peu plus difficiles à suivre. La tentative d'Abelard d'appliquer à la religion les principes de la logique est, bien entendu, condamnée par les pères de l'Eglise, que Teulé décrit comme majoritairement ivrognes. "Sous forme de cent cinquante questions, il pointe toutes les incohérences de la religion chrétienne." "Le raisonnement par la logique est une usurpation de l'autorité divine et donc un blasphème". Bernard de Clairvaux, qui sera plus tard sanctifié, est le principal accusateur. Il est particulièrement "soigné" par Teulé qui le qualifie "d'avorton" et de "hyène en soutane". Abelard finira par être déclaré "hérétique", condamné au silence perpétuel,  mais recueilli par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, et grand adversaire de Bernard de Clairvaux.

Héloïse et Abelard ne seront réunis que dans la mort (aujourd'hui au Père Lachaise). Tous les deux au même âge, donc avec vingt,  ou vingt deux,  ans d'écart.

"Un beau conte d'amour et de mort". 

 

"Felicitas habetur in ista et non in alia" (Le bonheur se possède dans cette vie et pas dans une autre)

 

 

13:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire