05/12/2014
Rê l'a mis au monde
Le monde des Ramsès
Claire Lalouette
éditions Perrin
Claire Lalouette, professeur émérite à la Sorbonne propose ce petit livre de poche sur "l'âge d'or" des Ramsès qui héritent d'un Empire qui va de la Méditerranée à l'Afrique et contrôle les pistes des caravanes et les ports phéniciens.
Le monde des Ramsès est peuplé de Hittites, d'Assyriens, de Nubiens (Soudanais et Ethiopiens), de peuples du désert (Libyens, Hébreux, "Palestiniens") de "peuples de la mer" (Grecs).
Elle parle des Pharaons, mais aussi de la vie immuable des paysans. De celle des ouvriers, y compris les nombreux immigrés qui construisent une nouvelle capitale "tournée vers l'Asie" (Per- Ramsès) et des temples à Louxor, Karnak et Memphis. Ce ne sont pas des esclaves mais des artisans ayant des droits, y compris le droit de grève.
"Les dimensions colossales de l'architecture témoignent de la richesse du grand Empire et la puissance de ses rois." Et pourtant, "les monuments que l'on voit aujourd'hui ne sont plus que les squelettes de pierres des monuments d'antan."
Cet Empire est hérité de la XVIIIe dynastie, malgré Amenophis IV (Akhenaton), "prince mystique préoccupé surtout d'idéologie religieuse, intolérant et maladroit, provoquant le premier déclin de l'Empire."
Le premier Ramsès, fondant la XIXe dynastie, était général et vizir, désigné par Horemheb, premier général à prendre le pouvoir.
Le règne de Ramsès II est considéré comme "le point culminant de la longue histoire de l'Egypte".
Il y aura sept Pharaons entre Ramsès II et Ramsès III (XXe dynastie) qui "repousse les envahisseurs" venus de toutes parts.
Ramsès IV, fils de Ramsès III "a rendu à l'Egypte son prestige et son indépendance".
Les Pharaons Ramsès V à XI sont trop mal connus pour être restés dans l'histoire.
"Le thème de la jalousie et de la perfidie féminine est classique : il appartient à tous les florilèges du monde."
08:08 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
22/11/2014
Ramses
Le fils de la lumière
Christian Jacq
éditions Robert Laffont
Afin de mieux connaître l'Egypte ancienne (voir ma note de jeudi), à côté du livre savant de Nicolas Grimal, je me suis plongé dans l'oeuvre du romancier le plus connu pour cette période.
Ce tome raconte le parcours de Ramsès vers l'intronisation, à partir de ses 14 ans, son père Séthi, qu'il rencontre pour la première fois, l'initiant aux mystères religieux et à l'exercice du pouvoir, tandis que son frère aîné conspire, considérant que le pouvoir doit lui revenir de droit.
Pas vraiment de suspens, puisque le lecteur sait que Ramsès va l'emporter, à 23 ans, et pour 67 ans.
Pas de roman, même historique, sans amour. Ramsès, initié au plaisir par la belle Iset, qui lui donnera un fils, et qu'il continuera à aimer, préfère comme "Grande épouse royale" la très sérieuse, et plus intelligente Néfertari.
Parmi les amis du jeune prince : un scribe dévoué, un charmeur de serpents...et Moïse !
"Le raffinement n'était-il pas la caractéristique d'une civilisation qui attachait le plus grand prix à l'hygiène, aux soins du corps et à son embellissement ?"
"Un puissant obélisque dont la pointe couverte d'or perce le ciel afin d'y dissiper les influences nocives."
"Construire le temple est le premier devoir de Pharaon ; c'est par lui qu'il bâtira son peuple." "Nulle vérité absolue n'était enseignée dans le temple, aucun dogme n'enfermait la pensée dans le fanatisme."
"La recherche d'une solution juste commence par le respect de la pensée d'autrui"
"Bien qu'elle fût une femme, elle semblait sincère..."
"Les femmes se révélaient beaucoup plus indépendantes qu'en Grèce. Elles n'étaient pas cloîtrées dans des gynécées, circulaient librement le visage découvert, tenaient tête aux homme et occupaient de hautes fonctions."
"Qui désire régner est un insensé ou un incapable".
08:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire
20/11/2014
40 siècles d'Histoire...
Histoire de l'Egypte ancienne
Nicolas Grimal
éditions Fayard
Je suis allé à Gizé, voir le sphinx et la pyramide, j'ai une licence d'histoire, mais j'étais tout à fait conscience de mes lacunes, pour ne pas dire l'abime de mon ignorance concernant l'histoire de l'Egypte ancienne.
Je me suis donc plongé dans le livre de Nicolas Grimal, professeur à la Sorbonne. Pas vraiment un livre de vulgarisation pour ceux qui ne connaissent rien, mais un tableau des trente dynasties de l'Empire, ancien, moyen, classique. 40 siècle en 400 pages !
Ce qui est notable, c'est que 3.000 ans avant notre ère, se mettent en place les structures politiques et religieuses (la théocratie), économiques avec ce fleuve de vie dans ses crues, mais également la dépendance à l'égard des voisins pour les matières premières. "L'apparition de structures sociales qui témoignent de son éloignement de l'état de nature." Structures qui permettent un architecture en pierres 2.700 ans avant notre ère.
L'auteur met en relief les nombreuses luttes de succession (on se croirait à tour de rôle à l'UMP, au PS à l'UDI ou chez les Verts !). Les luttes entre le pouvoir central et les féodalités. Les richesses cléricales qui permettront, à certains moments, au Grand Prêtre de supplanter Pharaon.
Dans les derniers temps, les envahisseurs, libyens, éthiopiens, assyriens et finalement grecs n'auront aucun mal à trouver des fonctionnaires zélés pour assurer la continuité du pouvoir. Le mot "collabos" n'est pas utilisé par l'auteur, mais il est difficile de ne pas y penser. Continuité de la nature humaine ?
Nicolas Grimal conteste la vision qui fait d'Akhenaton l'initiateur d'un Dieu unique, même s'il regroupe dans le Disque le pouvoir de nombreux Dieux. Aton remplace Amon, sans que la population ne change sa pratique religieuse. Et Pharaon est toujours le représentant de Dieu sur terre.
En interdisant les cultes autres que chrétiens, en 380, Theodose met fin à la pratique religieuse égyptienne, donc de la langue du clergé, donc d'une culture antique qui brille encore aujourd'hui.
08:43 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : histoire
16/10/2014
regards croisés sur la guerre de 14/18
Une guerre des images
1914/1918 France / Allemagne
Benjamin Gilles et Arndt Weinrich
éditions de La Martinière
Deux historiens, un Français et un Allemand, tous deux spécialistes de la Première guerre mondiale, confrontent leurs travaux basés sur les archives des deux agences de presse nationales, l'AFP et son homologue allemande. La guerre des communiqués et des images, "premier grand affrontement médiatique", répondait en écho aux combats dans les tranchées.
L'invention d'appareils photos plus compacts et de la pellicule souple, ainsi que la "similigravure" pour l'impression facilitent la diffusion d'images auxquelles il est possible de "faire dire tout et son contraire", sous l'oeil attentif de la censure, de chaque côté. Les "blancs" de la censure "ont un effet délétère et entretiennent le sentiment que l'on cache tout". A moins d'une nouvelle mise en page !
L'armée allemande encourage ses soldats à prendre des photographies. Pratique interdite en France. Interdiction souvent réitérée, jamais appliquée, puisque les journaux illustrés, dont certains sont vendus un million d'exemplaires chaque semaine, les paient bien. Elles sont jugées plus authentiques que celles fournies par les services officiels des armées. "La photographie incarne le réel". "Un déluge visuel sans précédent."
Au début de la guerre, de chaque côté, un véritable culte de la personnalité se développe autour des généraux. Aucun leader civil n'a droit à un tel honneur avant octobre 1915. En France, les généraux bénéficient de l'imaginaire napoléonien (voir le dernier livre de Lionel Jospin) et du mythe boulangiste. En Allemagne, Hindenburg et Ludendorff, crédités d'avoir "arrêté le rouleau compresseur russe" à Tannenberg, instaure la primauté des militaires sur les responsables politiques. En France, ce n'est qu'à partir de 1917, avec le retour de Clemenceau que "le régime républicain parvient à rétablir la suprématie du politique sur le militaire". "L'hégémonie visuelle des chefs militaires est atténuée".
D'importantes campagnes publicitaires assurent le succès des différents emprunts de guerre, dans les deux pays.
Alors que pour les Français, l'Allemand est le barbare, pour les Allemands l'ennemi majeur c'est l'Empire russe, et au deuxième rang la perfide Albion.
"Les fraternisations survenues sur le front occidental sont les grandes absentes des images diffusées pendant la guerre." Pas plus que les "fusillés pour l'exemple".
L'aviation, réintègre le combat individuel chevaleresque et fait l'objet d'une intense mise en images, avec ses héros : Guynemer pour nous, le "Baron rouge" pour les Allemands.
L'ampleur des ravages causés par les obus, surtout sur les églises, les dévastations, sont les plus fréquents dans la presse.
L'arme chimique, qui a causé moins de 1% des pertes, est hyperreprésentée.
L'échec de la bataille de Verdun explique que les sous-marins occupent une grande place dans la culture visuelle allemande.
La guerre des images ne s'arrêtent pas le 11 novembre 18. Le Chancelier, social-démocrate, Friedrich Ebert exprime le sentiment général en Allemagne quand il déclare : "aucun ennemi ne nous a vaincus." Dans la presse allemande, aucune image d'une armée défaite. Le retour des troupes à Berlin, en décembre, montre une armée acclamée. La droite entretien le mythe du "coup de poignard dans le dos" de l'armée.
Pendant qu'en France est montré le retour des provinces perdues en 1870.
Il n'est pas surprenant que la question des commémorations donne lieu à une nouvelle guerre des images. Au "plus jamais ça" répond "plus jamais la guerre". Hindenburg est élu président de la république en 1925. le fossé mémoriel se creusera de nouveau à partir de 1945. Il est vrai que les combats se sont déroulés essentiellement sur le sol français, où se trouvent de nombreux lieux de mémoire. L'occultation mémorielle de la Première Guerre outre-Rhin ne s'oppose pas à la tenue de grandes cérémonies franco-allemandes.
08:40 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, photos
30/09/2014
Le ras-le-bol des poilus
Le chant du cygne
Scénario Xavier Dorison et Emmanuel Herzet
Dessin : Cédric Babouche
éditions Le Lombard, collection "Signé"
Avril 1917, la guerre dure depuis bientôt trois ans. Trois ans de promesses d'offensive décisive qui mettra fin à la guerre. Trois ans de gâchis et de milliers de morts en attaques autant inutiles que meurtrières.
Les "poilus" n'en peuvent plus. Une pétition circule. Un rêve d'intervention à l'Assemblée nationale pour que l'état-major change de tactique.
Les meneurs sont passés par les armes.
08:12 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire