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28/06/2015

Arménie 1915

Centenaire du génocide :

la ville de Paris accueille les collections du musée d'Erevan

Exposition gratuite à l'hôtel de ville jusqu'au 4 juillet

 

Lorsque je me suis rendu à Erevan, je n'ai pas manqué d'aller me recueillir au mémorial du génocide arménien. De là haut on voit le mont Ararat, qui se trouve en Turquie. La frontière est fermée entre les deux pays.

Au début du XXe siècle la population arménienne, essentiellement rurale, était nombreuse à l'Est de l'Empire ottoman. Les violences de masse ont commencé dès 1885. Aujourd'hui de nombreux Arméniens ont encore les clés de leur maison située en Turquie. J'ai vu le même phénomène dans les camps de réfugiés palestiniens.

Les guerres des Balkans se sont soldées par d'humiliantes défaites pour l'empire ottoman, amputant le pays de larges territoires, en particulier sur le continent européen. Pendant la Première guerre mondiale, l'empire ottoman est du mauvais coté, allié à l'Allemagne.

En 1913, un coup d'Etat porte au pouvoir des militaires nationalistes, "les Jeunes Turcs".

Les violences génocidaires contre les Arméniens, menées par l'armée avec le soutiens des chefs tribaux kurdes,  recommencent en décembre 1914, le long de la frontière avec l'empire perse.

En avril 1915, les élites arméniennes sont arrêtées.. Les déportations massives commencent, avec les massacres qui vont avec . Une faible minorité des déportés est arrivée dans "les lieux de relégation", une vingtaine de camps de concentration, mis en place à partir d'octobre 1915. L'année suivante, des massacres systématiques visent les survivants, en particulier femmes et enfants.

Entre 1922 et 1927, 58 000 Arméniens débarquent à Marseille.

 

C'est cette histoire terrifiante que raconte cette exposition...

 

19:03 Publié dans expo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : expo, histoire, arménie

27/06/2015

"Celui qui reste a raison" (Brentano)

Deux dans Berlin

Birkefeld et Hachmeister

éditions du Masque

 

Berlin, hiver 44, jusqu'au 8 mai 45. Souvent sous les bombes. "Berlin était une ville à l'agonie, elle se changeait en bûcher funéraire du Reich". "Berlin était transformé en un tas de cendres et de ruines.""Beaucoup de gens dans cette ville n'avaient pas mérité ces bombes." "Les raids étaient sans doute destinés à la population civile afin de briser son endurance." "Les suicides étaient à l'ordre du jour."

Le marché noir est l'occasion de profits mirifiques.

Ils sont deux dans Berlin : un évadé de Buchenwald et un ancien policier de la criminelle, devenu membre des services de renseignement de la Gestapo, à qui il est demandé par sa hiérarchie d'enquêter sur l'assassinat d'un dignitaire SS. Enquête qui le conduira sur la piste de l'évadé.

Quelques retours en arrière nous remémorent la prise du pouvoir par Hitler, et les positions prisent par les Allemands, dans leur diversité, à ce moment là. "De quel côté pouvait bien être Dieu, sinon celui des moutons ?"

Il y est question de Nebe, l'ancien chef de la police criminelle, puis chargé d'un groupe d'"intervention" à l'arrière des troupes allemandes dans l'est de l'Europe. Déserteur en 44. Le policier n'a pas le cynisme de Bernier Gunther, même s'il se demande parfois pourquoi enquêter sur une mort alors que tant de personnes, y compris femmes et enfants meurent chaque jour. "Le tas de cadavres augmentait. La douleur ne servait à rien." Les auteurs sont deux professeurs d'histoire,  allemands, et non Ecossais comme Philip Kerr.

Comme dans "le Labyrinthe du silence", est posée la question de la responsabilité collective du peuple allemand, et individuelles des sadiques. "Plus personne n'était capable de tracer une frontière entre culpabilité et innocence." "Nous avons été trop nombreux à défiler. Par conviction, par opportunisme, par peur ou par indifférence. Mais on ne pourra pas déclarer tout le peuple coupable..." "Tout le monde n'a pas obéi aux ordres criminels." "Qu'on ne vienne pas me raconter plus tard que personne ne savait ou n'avait rien vu !"

 

"La force créée le pouvoir, et le pouvoir le droit"

"Les femmes avec leurs questions. C'était la cause de tous les problèmes."

 

13/06/2015

Fred Vargas rend hommage à Arnaldur Indridason

Temps glaciaires

Fred Vargas

éditions Flammarion

 

Des gens surpris par la brume, dans le nord de l'Islande. Ils se perdent, ils meurent. Les survivants culpabilisent.

Ceci n'est pas une aventure du commissaire Erlandur mais du commissaire Adamsberg. Les deux ont bien des points de ressemblance. Surtout quand Adamsberg joue plus que jamais le "pelleteur de nuages".  Ces "temps glaciaires" ne sont pas sans évoquer l'"hiver arctique".

Fred Vargas écrit, avec succès,  des romans policiers depuis bientôt trente ans, mais n'avait rien publié depuis quatre ans.

Elle  ne se contente pas de nous emmener en Islande. Elle revisite pour nous la Terreur robespierriste, juste avant les exécutions de Danton ("Danton, l'image incarnée de la puissance vitale révolutionnaire") et Camille Desmoulins. "Je crains que le voyage dans le cercle arctique de Robespierre soit encore plus glaçant."

 

"Comment le livide et glacé Robespierre, dénué de charisme et d'empathie, avec sa voix aigrelette et son corps sans vie, a-t-il pu générer une telle adoration ? Avec sa face lugubre et ses yeux vides cillant derrière ses lunettes ?"

"A peine aurait- il détruit un ennemi qu'il s'en découvrirait un autre." "L'ennemi que traquait Robespierre était en lui même." "La pitié n'existait pas, car Robespierre n'avait aucun lien, et surtout pas étroit.""Jamais l'innocence ne redoute la surveillance publique" (Robespierre) "L'abstraction du meurtre chez Robespierre. Les exécutions se passaient toujours hors de sa vue. Elles étaient dématérialisées. Comme s'il avait guillotiné non pas des hommes, mais des concepts ; le vice, la trahison, l'hypocrisie, la vanité, le mensonge, l'argent, le sexe."

"Fouché est l'homme le plus terrible de la Révolution. Cynique absolu, habile comme le diable, fourbe et doucereux, surveillant tout un chacun, louvoyant au gré des évènements, il est le serpent dans l'herbe face à l'idéaliste Robespierre emporté par sa folle pureté."

"On est toujours plus élégant nu qu'à moitié dévêtu"

"L'alcool sucré monte au cerveau avec la célérité d'un acrobate sans fil"

 

 

  

09:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire

09/06/2015

Parution du tome 6 de l'histoire de France pour les nuls en BD

Les guerres de religion

Scénariste : Hervé Loiselet ; dessinateur : Vincenzo Acunzo ; Storyboard : Dan Popescu

Couleurs : Silvia Fabris ; Lettrage : Novy

D'après l'Histoire de France pour les nuls de Jean-Joseph Julaud

éditions First

 

Le volume commence avec l'affichage des libelles protestantes jusque sur la porte du roi François 1er. Dommage de ne pas préciser que jusqu'à cet épisode François 1er, sous l'influence de sa sœur Marguerite de Navarre, n'était pas hostile aux idées nouvelles.

Si les rôles de l'Espagne (la présence des troupes espagnoles à Paris pour "soutenir" Guise, n'est pas mentionnée) et de l'Angleterre sont plusieurs fois évoqués, l'ouvrage ne souligne pas assez qu'il s'agissait d'une lutte pour l'existence du Royaume, et que les religions étaient instrumentalisées par nos deux grands voisins pour pousser leurs hommes liges, les Guise côté catholique, les Bourbon/Condé pour l'Angleterre.

Entre les deux camps Catherine de Médicis, et ses fils, Charles IX et Henri III louvoient, au gré des rapports de force, François II ayant été clairement du côté des Guise.

La couverture représente Catherine regardant avec effroi le massacre de la Saint- Barthélemy. C'est une grande question historique. Pendant longtemps les historiens ont fait porter toute la responsabilité de cette horreur sur la Régente. Même si Charles IX a pris la faute sur lui. Aujourd'hui, les historiens soulignent que Catherine et Charles avaient pour ligne politique constante la coexistence des deux clans. L'ouvrage propose une troisième voix : Catherine propose que soient tués quatre ou cinq huguenots, dont Coligny qui proposait que la France soutiennent les protestants des Pays-Bas contre l'Espagne. Et Charles ordonne de les tuer tous pour "qu'il n'en reste pas un pour le (lui) reprocher". Il semble moins certain aujourd'hui qu'il ait prononcé cette phrase.

Le volume n'évoque pas les dizaines de libelles salissant les réputations de la Reine Margot et d'Henri III. Cela évite de trancher la question de savoir si ces attaques venaient des Guise ou des protestants. 

La conversion au catholicisme d'Henri IV ("Paris vaut bien une messe") me semble être l'exact opposé de la règle "cujus regio, ejus religio" (dans le pays du prince, la religion du prince) qui était appliquée depuis le Haut Moyen-Âge.

Le volume se ferme par l'assassinat d'Henri IV. Ainsi se termine la "guerre des trois Henri", Henri de Guise, Henri III et Henri IV.

Puisqu'il s'agit essentiellement d'histoire événementielle, faite de batailles, de traités de paix, de mariages arrangés, un point essentiel n'est pas évoqué : pendant la période, le coût de la vie a augmenté de 300 à 400% (Duby), les guerres n'étant jamais propices à la prospérité du peuple. Georges Duby note "l'élargissement du fossé entre riches et pauvres."

 "Tuer un homme, ce n'est pas défendre une doctrine, c'est tuer un homme" Cette phrase d'un partisan de Servet, brûlé à Genève sur ordre de Calvin, n'est-elle pas toujours d'actualité ?

 

08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire

30/05/2015

la Révolution se profile

La pyramide de glace

Jean-François Parot

éditions JC Lattès

 

C'est toujours un plaisir de retrouver Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet depuis 1761, ses vieux amis, leurs réflexions avisées et leurs recettes de cuisine. Dépaysant de lire la langue recherchée de Jean-François Parot, avec un renvoi en fin de volume pour quelques explications historiques ou linguistiques. Quelques mots peu communs mériteraient le même traitement. J'ignorais qu'une fidélité pouvait être adamantine et ce que peut être un pandémonium et en quoi consiste colliger. Sans parler des sagesses talapoines et autres pimpesouées.

Le Floch, marquis de Ranreuil, et Jean-François Parot, ne cachent pas leur sympathie pour le couple royal.

"Le Roi est un honnête homme qui connaît et qui veut, mais jamais il n'aura la force d'imposer sa préférence et d'en ordonner l'application."

En 1784, il fait très froid à Paris. "Il a fait froid à chier des clous". Des pyramides de glace sont érigées. Au moment du dégel, le corps nu d'une femme ressemblant étrangement à la reine est découvert. L'enquête ressemble à un labyrinthe, comme souvent avec Parot. Elle est l'occasion de défendre l'honneur de Marie-Antoinette, mis à mal par ses sosies,  et d'accabler de reproches le futur Philippe-Egalité, Duc de Chartres en 1784, puisque c'est le titre que portait le fils aîné du Duc d'Orléans, titre qu'il prendra à la mort de son père l'année suivante. "Homme intelligent, mais de basses manœuvres", "danger pour le trône", "il s'est placé entre les mains des Anglais."

L'auteur ne cache rien de la misère aggravée par le froid. "L'effervescence d'un peuple dont les manifestations de peur, d'exaspération et de rage étaient de plus en plus fréquentes et inquiétaient les autorités." Mais, selon lui, les mouvements de mécontentement du peuple sont suscités par le cousin du roi et ses amis francs maçons dont "de notoriété, le grand maître était le duc de Chartres". Nicolas vit très mal que son Aimée soit "entrée en loge".  "La présence dans ses rangs de la haute noblesse avait limité la répression et la condamnation du pape Clément XII était restée lettre morte dans le royaume." " Quelles étaient les visées de ces loges ? Dans leurs états occultes, agissaient-elles dans le respect du trône ou cherchaient-elles à l'ébranler en agitant les systèmes philosophiques ou en répandant comme le Duc de Chartres, les idées d'une réforme à l'anglaise du royaume ?". "Dans les loges, il y a ceux qui travaillent au progrès de l'humanité et ceux qui oeuvrent pour eux mêmes."

"Les uns souffrent de plus en plus, et les autres les oppressent sans pitié". "Chaque jour on ramassait des morts dans les rues. Quand ce n'était pas le froid, c'était la faim qui décimait les plus pauvres." "Les errants venus des campagnes, aimantés par la grande ville gonflaient le nombre des pauvres." "Le spectre de la famine demeurait toujours présent, dans l'obsession de l'approvisionnement en pain." "Rien n'avait transpiré d'une quelconque compassion de la famille d'Orléans pour soulager les plus pauvres." Contrairement au Roi...

 "La noblesse et la finance se disputent l'impudence et tombent dans le mépris public". Nicolas dénonce "les dérèglements des ordres supérieurs d'une société dans laquelle l'argent, la corruption et le libertinage constituaient les errements les plus communs." "Ces chats fourrés qui prétendant protéger le droit et les libertés communes, multipliaient d'aigres remontrances aux édits du roi."

Le libertinage décrit n'est pas sans échos aujourd'hui...

 

12:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, polar, histoire