08/04/2015
la France envahie
Les Vikings en France
Jean Renaud (professeur à l'université de Caen)
éditions Ouest France, collection "Mémoire de l'histoire"
"Nous sommes gouvernés par des immigrés ou des enfants d'immigrés", vient de déclarer Jean-Marie Le Pen. Il aurait pu ajouter : "et ça ne date pas d'hier" !
La première incursion viking, en Aquitaine, date de 799.
Pendant un siècle et demi, ils se sont opposés aux Francs, qui étaient également des envahisseurs, arrivés avant eux. Dans tous les territoires qui sont devenus la France. Partant du littoral et remontant les fleuves. Même en Méditerranée, remontant le Rhône jusqu'en Isère, traversant les Cévennes jusqu'en Lozère. Souvent il fallait acheter leur départ. La confrontation entre les Scandinaves et les Francs passe aussi par des phases où ils tentent de s'entendre, à défaut de se comprendre."
"Après la mort de Charlemagne en 814, les Danois trouvèrent le champ libre pour partir à l'assaut du littoral de l'Empire franc qui se délabrait."
En 911, le Traité de Saint-Clair-sur-Epte leur accorde, "in sempiternum", un territoire correspondant à l'actuelle Haute-Normandie contre l'engagement à protéger le royaume franc , et surtout la région de Paris, contre de nouvelles incursions.", ainsi que la conversion des Vikings au christianisme. "C'était l'acte de naissance du duché de Normandie." "Les Vikings ont construit de nouvelles fermes et multiplié les défrichements"."Les hommes libres réunis en assemblées pour prendre les décisions, comme en Scandinavie."
"Les nouvelles flottes, qui se voyaient interdire la remontée vers Paris, faisaient voile vers la Bretagne."
"Contrairement à ceux de la Seine qui se coulèrent dans le moule franc, ceux de la Loire s'en tinrent à une présence essentiellement militaire. Il ne semble pas qu'ils aient tenté d'introduire une forme d'administration ni de développer une activité économique structurée." "Les Vikings ont servi, malgré eux, la formation d'une Bretagne indépendante, favorisant la volonté des Bretons de s'affirmer au Xe siècle net tant qu'Etat celtique."
"Les archéologues n'ont malheureusement fait que relativement peu de découvertes datant de l'époque viking. Leurs traces concrètes sont d'ordre linguistique et toponymique. Essentiellement en Normandie."
13:22 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
02/04/2015
La guerre de 1000 ans
Les Gaulois contre les Romains
Joël Schmidt
éditions Perrin
L'auteur démontre que les hostilités entre les Gaulois et les Romains ne se sont pas limitées à "la guerre des Gaules" de Jules César, mais qu'elles ont duré dix siècles, avec comme point fort l'occupation de Rome par Brennus en 390 avant notre ère, avec sa fameuse phrase "Vae Victis", malheur aux vaincus.
Il affirme également que la romanisation de la Gaule ne fut qu'un leurre et qu'en réalité, il y eut sans cesse des révoltes gauloises contre l'Empire romain, jusqu'à la chute de Rome au Ve siècle.
Pour appuyer ces deux thèses, l'auteur s'appuie sur les révoltes de tous les Celtes. Il est incontestable que les Gaulois étaient des Celtes, mais beaucoup d'historiens, s'appuyant sur l'archéologie, réfutent l'idée que tous les Celtes étaient des Gaulois. Les fameux Celtibères, par exemple. Il y a discussion également concernant les Bretons : incontestablement Celtes, mais Gaulois ?
Autre problème : présenter les Gaulois comme une Nation, alors que chaque groupe avait ses propres intérêts et donc ses alliances, ou ses révoltes, contre Rome. Chacun sait que Jules César n'aurait jamais conquis la Gaule sans l'aide de ses alliés gaulois, et qu'ensuite l'armée romaine a bénéficié de l'appui de Gaulois, cavaliers réputés. Une phrase comme "les Gaulois, toujours prêts à aider un ennemi de Rome" ne me semble pas exacte, car Romains et Gaulois furent souvent alliés pour lutter contre les invasions venant de Germanie.
L'auteur a probablement raison de souligner que la romanisation a été essentiellement un phénomène urbain, ne touchant pas les campagnes profondes. Mais n'était-ce pas dans les villes que se trouvaient les classes dirigeantes ? Et même à la campagne, les "villas" romaines, ne reprenaient-elles pas les grands domaines gaulois ?
Les Chrétiens qui refusent la religion publique romaine, sont ils rebelles parce que chrétiens, ou parce que Gaulois ?
Les fameuses "bagaudes" étaient-elles une révolte contre Rome, ou une tentative de survivre par le brigandage de Gaulois réduits à la misère ?
08:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
18/03/2015
Comment sortir du déficit de l'Etat ?
Le système
D'Antoine Rault
Avec Lorànt Deutsch, Stéphane Guillon
Théâtre Antoine
Il y a 300 ans, l'Etat français est très endetté, suite aux guerres de Louis XIV. Le régent cherche des expédients. L'abbé Dubois, un de ses principaux conseillers, lui présente John Law (prononcez LASS, comme dans la pièce qui reprend l'habitude de l'époque).
L'idée de Law : émettre de la monnaie papier dont la valeur sera adossée sur les richesses de la Louisiane. La pièce ne précise pas que la principale richesse de la "Compagnie des Indes Occidentales" vient non pas des bayous mais du commerce "triangulaire" des esclaves.
La monnaie de papier existe déjà en Europe, en particulier à Londres et à Amsterdam, qui s'en portent très bien. Ce que la pièce ne dit pas. La société française était, déjà, plus réticente devant le capitalisme commercial protestant.
Comme toujours, la valeur d'une monnaie repose beaucoup sur la confiance dans les autorités qui l'émettent.
Le système entraînera une spéculation effrénée, et donc une inflation qui ruinera bien des épargnants...et permettra à l'Etat de sortir du système moins endetté.
Le système s'écroulera quand quelques grandes familles (Duc de Bourbon, Prince de Conti) récupéreront leur mise, après avoir empoché de substantiels bénéfices.
Comme dans "Le diable rouge", une autre de ses pièces dans laquelle Claude Rich incarnait Mazarin, Antoine Rault truffe son texte d'allusion à la situation contemporaine. Facile dans les dialogues sur le déficit à combler...L'émission, par la Banque Centrale Européenne, d'une importante quantité de monnaie rend actuelles les théories monétaristes de Law.
Stéphane Guillon rend bien les capacités de manœuvre de l'abbé Dubois et son obsession pour le chapeau de cardinal, mais ne parvient pas à faire oublier Jean Rochefort qui constituait un couple d'anthologie avec Philippe Noiret dans le rôle du Régent.
17:48 Publié dans Téâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, histoire
05/03/2015
sic transit gloria mundi
Pompée, l'anti-César
Eric Teyssier
Eric Teyssier est Maître de Conférences à l'université de Nîmes, ville romaine s'il en est. Chaque semaine, dans "La Gazette de Nîmes", et sur les ondes de Radio France Gard, il propose une "minute romaine" qui permet de mieux connaître la Rome antique.
De Pompée on retient sa défaite ultime contre César, alors qu'il disposait de troupes plus importantes. Une défaite après des triomphes remarquables pour celui qui fut, à 23 ans le plus jeune général romain, surnommé "le Grand" à 25.
Pompée est une des derniers grands défenseurs de la République agonisante. "Un système oligarchique injuste, brutal et très fragile." "L'antique république n'est plus adaptée à la puissance impériale que les Romains ont forgée en quatre générations."
Jules César est un politique sans scrupule : issu de l'aristocratie, il devient le leader de la plèbe et, fort de ses victoires en Gaules, d'où il a ramené un million d'esclaves dont al vente remplisse ses caisses, il appuie son pouvoir sur le peuple de Rome.
Issu de la classe intermédiaire des "chevaliers", Pompée est méprisé par l'aristocratie, malgré plusieurs mariages successifs avec des filles de grandes familles (dont Julia, la fille de Jules César). Les sénateurs sont arc-boutés sur leurs privilèges de caste. "Les meilleures places et les premiers rôles sont réservés à une poignée de praticiens." "L'élite du Sénat s'enrichit énormément en dirigeant les provinces conquises." "Cette caste privilégiée confond la défense du système avec ses intérêts propres."
Pompée consul redonne au tribuns de la plèbe leur droit de véto et ils peuvent postuler de nouveau aux magistratures du cursus honorum. Mais Pompée est impuissant face à la démagogie violente des tribuns du peuple. Entre César et lui, représentant d'une aristocratie qui ne le considère pas comme l'un des siens, le peuple choisit César. Les deux rivalisent de dépenses pour offrir "du pain et des jeux", "ces deux substituts de la démocratie."
18:54 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire
16/02/2015
Himler décent ?
Heinrich Himmler, the decent one
De Vanessa Lapa
A la fin de la guerre, après le suicide d'Himmler, ont été retrouvées dans sa villa des centaines de lettres et de photos personnelles, à ses parents, sa fiancée puis épouse, à sa fille, et enfin à son amante.
Nous sommes en plein dans "la banalité du mal". Cet homme, d'une bonne conscience totale, raconte à quel point il travaille d'arrache pied au coté du chancelier Hitler. La voix off lisant la lettre à sa fille explique qu'il fallait "détruire le peuple juif, avant que celui-ci ne détruise le peuple allemand".
Ces lettres, le plus souvent affectueuses, forment un contraste violent avec les images des corps des victimes ou des rescapés des camps de la mort.
Un film marquant.
08:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, histoire