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19/04/2015

Suite de l'épopée des Normands de Sicile

Le Hors venu

Viviane Moore

10/18 "grands détectives" n°4084

 

1156, Palerme. Sur le trône de Sicile, Guillaume Ier, dit "le Mauvais", fils de Roger II, premier roi, normand, de Sicile. Il est Normand, mais son allégeance au Duc de Normandie, roi d'Angleterre, n'est que théorique. Les Normands n'ont pourtant conquis la Sicile,  qu'il y a moins d'un siècle. Contre les Musulmans qui l'avaient prise aux Byzantins. "La Sicile avait eu bien des maîtres : Phéniciens, Corinthiens, Romains, Ostrogoths, Grecs, Arabes...et aucun d'entre eux n'avait renoncé volontairement à ses charmes."

Carrefour de civilisations, Palerme abrite des communautés musulmanes, byzantine, juive,  lombarde...et normande. Celle qui détient le pouvoir.Plus pour très longtemps, mais cela est une autre histoire ! 

Héritage des occupations précédentes, le harem tient une grande place.

Pendant que Guillaume fait la guerre, ou part à la chasse, l'émir gère les affaires. En joueur d'échecs, et sans hésiter à réprimer durement les opposants, réels ou supposés. Les Musulmans sont des boucs émissaires parfaits. Il y a même une secte de djihadistes !

Nous retrouvons nos deux héros, partis de Barfleur la même année. Hugues de Tarse veille toujours sur Tancrède d'Anaor, supposé être le petit-fils de Roger II. Une menace pour son oncle Guillaume ? Tancrède se sent "Hors venu" (venu d'ailleurs) bien que natif de Sicile.

Ce n'est qu'à la moitié du roman que l'émir donne l'ordre à Hugues de Tarse d'enquêter sur une série de meurtres. Il trouvera le coupable, et son mobile : la vengeance qui, chacun sait, est une très mauvaise conseillère.

 

 

16:52 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, polar, histoire

17/04/2015

L'invention des origines médiévales de l'Europe

Quand les nations refont l'histoire

Patrick J. Geary (professeur à l'université de Californie)

éditions Flammarion

 

Un livre salutaire à l'heure de la montée des nationalismes.

Ce spécialiste de l'histoire médiévales démontent les idéologies nées au XIXe siècle qui imprègnent les discours identitaires aujourd'hui.

A la fiction du "nous étions là les premiers", et les manipulations qui s'en suivent,  l'auteur oppose une Europe médiévale sans cesse remodelée par les migrations.

"Les peuples de l'Europe sont une réalité en train de se former, un projet en cours : il faut même qu'ils gardent éternellement ce statut." "Les Francs "nés avec le baptême de Clovis" ne sont pas les Francs de Charlemagne, ni ceux du peuple français que Jean-Marie Le Pen espérait rassembler autour de son mouvement politique."

"Ceux qui n'ont pas été baptisés avec Clovis, en particulier les juifs et les musulmans, ne pourraient pas être de vrais Français ?"

"La correspondance entre les peuples du Moyen-Âge et les peuples contemporains est un mythe."

"Un certain nombre d'étiquettes ont fini par être perçues comme des désignation "ethniques". "Au Ive siècle, des bandes militaires  s'approprièrent ces étiquettes." "Les noms des peuples étaient moins des moyens de décrire la réalité que des moyens d'affirmer une forme d'unité sous la conduite de chefs qui espéraient monopoliser et incarner les traditions associées à ces noms."

"Les peuples sont redevenus des unités territoriales d'organisation géographique et politique, non des groupes sociaux ou culturels."

"En 212 la citoyenneté fut étendue à presque tous les les habitants libres de l'Empire. La distinction entre citoyen et non citoyen perdit toute signification pour une différence fondée largement sur la richesse." Au début du VIIe siècle, l'opposition entre Romains et Barbares avait perdu toute signification, la citoyenneté romaine ne représentant plus rien." Au IXe siècle, les Romains sont simplement les habitants de la ville de Rome.

"Les rois victorieux projetaient le passé imaginaire de leur famille sur leur peuple en tant que collectivité, ce qui donnait à tous les membres de l'élite militaire le sentiment de partager la même origine." "Les rois barbares mirent aussi la religion au service de la création de ce sentiment d'identité". ("la conversion de Clovis facilita l'amalgame rapide entre Francs et Gallo-Romains" ;  Arianisme pour les Goths). "La majorité de la population finit par adopter l'identité de la minorité au pouvoir."

"la grande force de la synthèse franque fut la création d'une société unifiée, à partir du double héritage des traditions romaines et barbares."

 

Ce livre est dédié à "tous ceux qui comprennent l'importance que peut avoir le passé pour le présent, et la différence qu'il y a entre les deux." "Le passé est un pays étranger dans lequel nous ne nous trouverons jamais."

 

11/04/2015

Héloïse romancée

Héloïse, ouille !

Jean Teulé

éditions Julliard

 

Abelard a écrit son autobiographie. Beaucoup d'historiens ont écrit sur Abelard, son rôle théologique, philosophique, et son amour pour Héloïse, avec les conséquences que tout le monde connait...et qui ont largement contribué à son passage à la postérité. "Ouille" est le cri qu'il est censé avoir poussé auprès d'Héloïse après l'ablation de ses génitoires.

Jean Teulé en tire un roman, bien troussé, qui s'inspire de la réalité historique sans s'y laisser emprisonner. 

Ainsi, ce n'est pas le chanoine Fulbert qui aurait offert à Abelard une chambre chez lui, mais Abelard qui a demandé au parrain d'Héloïse de le prendre comme pensionnaire, contre un fort loyer...et des cours particuliers, alors qu'il était le professeur le plus célèbre de Paris. Dès ce moment, il avait une idée de ce qu'il souhaitait. D'après son autobiographie, Abelard, à 38 ans, n'avait jamais connu l'amour charnel. Ce que nous appellerions aujourd'hui "le démon de midi" ? Il affirme que la nièce du chanoine l'a séduit "par l'abondance de son savoir", en ces temps où suivre des études n'était pas chose courante pour les filles. Il semblerait que la belle Héloïse avait alors 16 ans, et non 18, comme dans le roman de Teulé ! Abelard rattrape le temps perdu...Jusqu'à ce qu'Héloïse soit enceinte de ses oeuvres.

Pour parler de l'amour physique , Teulé alterne les termes anciens et les mots actuels, très crus.

Abelard emmène  Héloïse enceinte en Bretagne, c'est à dire, à l'époque, à l'étranger. Ce que Teulé ne signale pas. Mais il montre bien l'incroyable égoïsme d'Abelard qui oblige Héloïse à entrer au couvent, afin de sauver sa carrière. Et Héloïse accepte et se sacrifie par amour, pour l'amour de l'homme qu'elle aime. Héloïse sera donc, "une religieuse cultivée comme peu de femmes le sont en ce siècle."

Fulbert avait accepté le "mariage de compensation" qui était encore en pratique au XXe siècle : la fille est enceinte, le garçon l'épouse pour réparer. C'est parce qu'Abelard ne respecte pas ce mariage en envoyant Héloïse au couvent, que Fulbert paie des hommes de main pour lui faire subir la peine alors prévue pour les époux adultères : il sera châtié par là où il a péché.

Les controverses théologiques sont un peu plus difficiles à suivre. La tentative d'Abelard d'appliquer à la religion les principes de la logique est, bien entendu, condamnée par les pères de l'Eglise, que Teulé décrit comme majoritairement ivrognes. "Sous forme de cent cinquante questions, il pointe toutes les incohérences de la religion chrétienne." "Le raisonnement par la logique est une usurpation de l'autorité divine et donc un blasphème". Bernard de Clairvaux, qui sera plus tard sanctifié, est le principal accusateur. Il est particulièrement "soigné" par Teulé qui le qualifie "d'avorton" et de "hyène en soutane". Abelard finira par être déclaré "hérétique", condamné au silence perpétuel,  mais recueilli par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, et grand adversaire de Bernard de Clairvaux.

Héloïse et Abelard ne seront réunis que dans la mort (aujourd'hui au Père Lachaise). Tous les deux au même âge, donc avec vingt,  ou vingt deux,  ans d'écart.

"Un beau conte d'amour et de mort". 

 

"Felicitas habetur in ista et non in alia" (Le bonheur se possède dans cette vie et pas dans une autre)

 

 

13:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

08/04/2015

la France envahie

Les Vikings en France

Jean Renaud (professeur à l'université de Caen)

éditions Ouest France, collection "Mémoire de l'histoire"

 

"Nous sommes gouvernés par des immigrés ou des enfants d'immigrés", vient de déclarer Jean-Marie Le Pen. Il aurait pu ajouter : "et ça ne date pas d'hier" !

La première incursion viking, en Aquitaine,  date de 799. 

Pendant un siècle et demi, ils se sont opposés aux Francs, qui étaient également des envahisseurs, arrivés avant eux. Dans tous les territoires qui sont devenus la France. Partant du littoral et remontant les fleuves. Même en Méditerranée, remontant le Rhône jusqu'en Isère, traversant les Cévennes jusqu'en Lozère. Souvent il fallait acheter leur départ. La confrontation entre les Scandinaves et les Francs passe aussi par des phases où ils tentent de s'entendre, à défaut de se comprendre."

"Après la mort de Charlemagne en 814, les Danois trouvèrent le champ libre pour partir à l'assaut du littoral de l'Empire franc qui se délabrait."

En 911, le Traité de Saint-Clair-sur-Epte leur accorde, "in sempiternum",  un territoire correspondant à l'actuelle Haute-Normandie contre l'engagement à protéger le royaume franc , et surtout la région de Paris, contre de nouvelles incursions.", ainsi que la conversion des Vikings au christianisme. "C'était l'acte de naissance du duché de Normandie." "Les Vikings ont construit de nouvelles fermes et multiplié les défrichements"."Les hommes libres réunis en assemblées pour prendre les décisions, comme en Scandinavie."

"Les nouvelles flottes,  qui se voyaient interdire la remontée vers Paris, faisaient voile vers la Bretagne."

"Contrairement à ceux de la Seine qui se coulèrent dans le moule franc, ceux de la Loire s'en tinrent à une présence essentiellement militaire. Il ne semble pas qu'ils aient tenté d'introduire une forme d'administration ni de développer une activité économique structurée." "Les Vikings ont servi, malgré eux, la formation d'une Bretagne indépendante, favorisant la volonté des Bretons de s'affirmer au Xe siècle net tant qu'Etat celtique."

"Les archéologues n'ont malheureusement fait que relativement peu de découvertes datant de l'époque viking. Leurs traces concrètes sont d'ordre linguistique et toponymique. Essentiellement en Normandie."

 

13:22 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

02/04/2015

La guerre de 1000 ans

Les Gaulois contre les Romains

Joël Schmidt

éditions Perrin

 

L'auteur démontre que les hostilités entre les Gaulois et les Romains ne se sont pas limitées à "la guerre des Gaules" de Jules César, mais qu'elles ont duré dix siècles, avec comme point fort l'occupation de Rome par Brennus en 390 avant notre ère, avec sa fameuse phrase "Vae Victis", malheur aux vaincus.

Il affirme également que la romanisation de la Gaule ne fut qu'un leurre et qu'en réalité, il y eut sans cesse des révoltes gauloises contre l'Empire romain, jusqu'à la chute de Rome au Ve siècle.

Pour appuyer ces deux thèses, l'auteur s'appuie sur les révoltes de tous les Celtes. Il est incontestable que les Gaulois étaient des Celtes, mais beaucoup d'historiens, s'appuyant sur l'archéologie,  réfutent l'idée que tous les Celtes étaient des Gaulois. Les fameux Celtibères, par exemple. Il y a discussion également concernant les Bretons : incontestablement Celtes, mais Gaulois ?

Autre problème : présenter les Gaulois comme une Nation, alors que chaque groupe avait ses propres intérêts et donc ses alliances, ou ses révoltes, contre Rome. Chacun sait que Jules César n'aurait jamais conquis la Gaule sans l'aide de ses alliés gaulois, et qu'ensuite l'armée romaine a bénéficié de l'appui de Gaulois, cavaliers réputés. Une phrase comme "les Gaulois, toujours prêts à aider un ennemi de Rome" ne me semble pas exacte, car Romains et Gaulois furent souvent alliés pour lutter contre les invasions venant de Germanie.

L'auteur a probablement raison de souligner que la romanisation a été essentiellement un phénomène urbain, ne touchant pas les campagnes profondes. Mais n'était-ce pas dans les villes que se trouvaient les classes dirigeantes ? Et même à la campagne, les "villas" romaines, ne reprenaient-elles pas les grands domaines gaulois ?

Les Chrétiens qui refusent la religion publique romaine, sont ils rebelles parce que chrétiens, ou parce que Gaulois ?

Les fameuses "bagaudes" étaient-elles une révolte contre Rome, ou une tentative de survivre par le brigandage de Gaulois réduits à la misère ?

 

 

 

08:18 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire