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13/09/2014

Le parcours d'un gestapiste

Franz Stangl et moi

Dominique Sigaud

éditions Stock

 

Ceux qui, comme moi, aiment la "Trilogie berlinoise" et les romans de Philip Kerr ne manqueront pas de trouver une certaine ressemblance entre Bernie Gunther et Franz Stangl, "bon professionnel de la police, embauché par l'histoire dans la Gestapo."

Divergence de carrière, Stangl est promu commandant du camp de Treblinka, où 900.000 hommes, femmes et enfants furent exterminés parce qu'ils étaient Juifs. Une partie de la Shoah, de l'hébreu "anéantissement". "Il n'avait pas choisi ce poste ? Il ne l'avait pas non plus refusé. A Treblinka il avait prouvé d'excellentes capacité d'organisation."

"Catholique pratiquant qui se dédouanerait, comme les autres, de toute responsabilité et sentiment coupable quant aux crimes perpétrés sous son autorité ; il n'avait fait qu'obéir aux ordres." "Il inculquait à ses enfants la prééminence du croire sur le savoir."

A la fin de la guerre, comme Gunther il peut fuir vers l'Amérique du Sud, avec l'aide du Vatican qui lui fournit un faux passeport.

Rattrapé par son passé, après plusieurs années de vie heureuse, il est extradé vers l'Allemagne, condamné à perpétuité, fait appel. Sa femme l'avait alors quitté, "tant qu'elle n'avait pas eu à rougir de lui devant les autres, elle était restée."

 

Pourquoi lui ? "Des 23 responsables des Einsatzgruppen comptables de plus de un million de morts, jugés à Nuremberg en 1948 seuls quatre ont été condamnés à mort, la plupart libérés en 1951." "Il n'avait jamais infligé de souffrance physique de ses propres mains, contrairement à d'autres. Il devait s'assurer que les procédures d'extermination seraient respectées." "Aucun de ses supérieurs n'avait été inquiété." "La honte n'avait atteint que leur proie."

 "Les morts militaires furent évalués à 20 millions, les civils à 30 et les Juifs à 7. On ne sait toujours pas si les Roms comptaient 250.000 ou un million de morts." "La réalité était si démesurée qu'elle parut insensée à ceux qui en eurent connaissance."

 

 

 

 

11:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

22/08/2014

Après guerre

Vert-de-gris

 

Philip Kerr

 

Livre de poche policier n°33284

 

L'Ecossais Philip Kerr continue à se glisser dans la peau du policier allemand Bernie Gunther pour nous raconter la période trouble et tragique de la seconde guerre mondiale, y compris l'avant et l'après guerre.

Ce livre peut être dégusté sans avoir lu au préalable "La trilogie berlinoise" tant il s'appuie sur l'histoire. Contrairement aux épisodes précédents, il n'y a pas vraiment d'enquête policière, sauf pour découvrir le meurtrier d'un gardien d'un camp soviétique. L'intrigue est basée sur le double jeu des uns et des autres, tous espions, avec de nombreux rebondissements.

1954 : Bernie est arrêté par les Américains alors qu'il tente de quitter clandestinement Cuba. Il se retrouve en Allemagne, interrogé par la CIA. Les interrogatoires "musclés" auxquels Bernie, plus social-démocrate que jamais,  est soumis font immanquablement penser à Guantanamo. "La croyance aveugle de tous les Américains qu'ils avaient le droit pour eux."  "Le vision d'un futur où la démocratie américaine gouvernerait le monde avec un révolver dans une main et une tablette de chewing-gum dans l'autre." "Il n'y a qu'en Amérique qu'on pouvait avoir mis un uniforme à des avocats." "Vous êtes pires que la Gestapo. Elle au moins ne faisait pas semblant de défendre le monde libre. C'est votre hypocrisie qui est offensante." "Les Britanniques possédaient les mêmes défauts que les Américains - l'arrogance et l'ignorance - sans aucune des qualités - l'argent notamment - qui auraient rendus ces défauts plus supportables."

 Comme toujours,  le récit est plein de "flash-back" qui amènent le lecteur à différents moments que j'ai remis dans l'ordre.

Allemagne 1931 : "On en était encore à essayer de payer la guerre, par la faute des Français avec leur paix carthaginoise." "Quatre millions de chômeurs, une crise bancaire, ce que les nazis attendaient pour tirer les marrons du feu." "Les nazis tuaient des communistes à raison de pratiquement deux pour un." "Le Komintern a donné l'ordre au parti communiste allemand de traiter le SPD, alors à la tête du pays, comme le véritable ennemi au lieu des nazis." "En juillet 1931, le KPD et les nazis manifestèrent et votèrent ensemble."

URSS 1935 : "Staline a décidé qu'une partie des nombreux communistes allemands et italiens qui avaient fui à Moscou après l'arrivée au pouvoir d'Hitler et Mussolini n'étaient plus dignes de confiance." Nombreux furent remis à la Gestapo en 1939, après le pacte Staline/Hitler."

Paris 1940 : "Maxim's se trouvait sous administration allemande ; dans le métro, les voitures de première classe étaient réservées aux Allemands."

France 1940, camps d'internement des réfugiés républicains espagnols et membres des brigades internationales.  "La seule différence entre Gurs et Dachau résidait dans le fait que la clôture de fil barbelé à Gurs était plus petite et manifestement non électrifiée ; et qu'il n'y avait pas d'exécutions" "Les gardiens étaient tous des gendarmes français, équipés chacun d'une épaisse cravache en cuir." Au Vernet, "les hommes étaient dans un état honteux, pire qu'à Dachau."

Allemagne 1941 : "Hitler est le maître depuis l'effondrement de la France. Plus personne n'ose s'opposer à lui." "Brusquement, nous nous sentions fiers d'être allemands. Nous pensions que la guerre était finie."  "Tout ce qui intéressait les nazis, c'est de pouvoir dire que les chiffres de la délinquance avait baissé. En fait, la criminalité, la vraie, connut une recrudescence sous les nazis : vols, meurtres, délinquance juvénile, tout cela allait de mal en pis."

Minsk, 1941 : les troupes allemandes ont un "permis de tuer octroyé par les quartiers généraux." "Opérations de police et lutte contre les partisans étaient simplement des euphémismes pour massacrer des Juifs." "Même une partie du clergé ukrainien local s'est empressée à bénir ces "pacifications". "Un tas de luthériens avaient vu en Hitler le véritable héritier de Luther." J'ai déjà parlé dans mon blog de l'action meurtrière des "Einsatzgruppen" SS et de leurs alliés locaux.

URSS 1941 : "Le camarade Staline, en tant que commissaire du peuple à la défense, avait émis une ordonnance tristement célèbre - l'ordonnance n°270-qui déclarait qu'il n'y avait pas de prisonniers de guerre soviétiques, seulement des traîtres, soit près de deux millions d'hommes et de femmes, dont un grand nombre de membres loyaux du parti."

Berlin 1945 : les Français de la division SS Charlemagne sont les derniers défenseurs du bunker d'Hitler.

 

"Tel est le sens de la vie : savoir quand on est bien loti et ne haïr ni envier personne."

"Nous ne sommes que le fruit de nos actes, passés et présents, et non ce que nous aurions aimé être."

 

11:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, histoire

21/08/2014

L'odyssée des premiers hommes en Europe

Emmanuel Anati (Directeur du centre des études préhistoriques de Capo di Ponte, professeur de préhistoire à l'université de Lecce)

éditions Fayard

 

Le livre raconte l'histoire des "Européens",  "entre l'arrivée du premier être humain sur le continent européen et le début de l'histoire écrite."

"L'homme qui ne connaît pas ses origines est un orphelin." "Plus on remonte dans le temps, plus l'histoire est racontée par le mythe." "L'histoire renferme des éléments de mythe tout comme le mythe renferme des éléments d'histoire." "Depuis qu'il existe, le texte écrit est le principal canal d'information historique ; mais c'est en même temps le principal instrument de mystification historique"." L'histoire est la vision des faits de ceux qui les racontent."

"Les Néandertaliens ont occupé 99% de l'ère humaine." : langage articulé, pensée abstraite, conservation du feu, pointes de lances en silex, culte des morts.

"Les premiers Européens étaient des immigrants venus d'Asie ou d'Afrique et la population européenne s'est constamment enrichie grâce à l'afflux de nouveaux peuples." Le secret du succès européen, c'est que ses peuples ont été capables d'accepter la différence et d'apprendre en s'inspirant de celle-ci."

"Le Moyen-Orient a été pendant des millénaires un lieu de rencontre, de passage et d'union pour des populations diverses."

"L'art est le principal témoignage de l'esprit humain." "L'art graphique, ce sont les principales archives historiques qui existent avant l'écriture." "L'art visuel a joué le rôle de l'écriture avant l'écriture." "L'homme cherchait une communion avec d'autres êtres humains ou avec des esprits, ou encore avec son propre monde imaginaire ou avec les forces de la nature." "Sur tous les continents, l'apparition de l'Homo Sapiens correspond à l'avènement de l'art."

"Alors que l'animal était le principal centre d'intérêt des chasseurs, les premiers agriculteurs s'intéressent surtout à l'homme." "Graduellement, l'homme est montré dans toutes ses activités quotidiennes." "L'homme a créé des divinités à son image."

 

 

 

 

16:07 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

20/08/2014

Les aventures d'Aline

Christophe Carmona

i.d.l'édition

 

J'ai fait la connaissance d'Aline, pré-adolescente qui n'a peur de rien, à l'occasion de ma visite du Haut-Koenigsbourg, en Alsace...et je me suis empressé d'offrir deux albums de ses aventures à ma petite-fille qui a bien changé depuis la photo de ce blog.

A l'occasion d'une visite du château de Lichtenberg avec son grand-père, Aline découvre qu'elle a la possibilité de voyager dans le temps. Procédé utile pour le narrateur qui lui permet de nous promener au Moyen-âge, à la Renaissance ou dans des époques plus proches de nous.

Le tome 3 est consacré au Mont Saint-Michel et le n°7, dernier en date, à Strasbourg.

 

 

17:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, histoire

14/08/2014

François-Ferdinand d'Autriche

Jean-Paul Bled

 

éditions Tallendier

 

"Rien ne fera que ce qui a été n'ait pas existé".

Quelles étaient les positions politiques de celui qui devait succéder au vieil empereur François-Joseph, et dont l'assassinat, à Sarajevo, il y a un siècle, a servi de prétexte à la première guerre mondiale ?

Sur le plan intérieur : un catholique intégriste, autocrate, qui aurait souhaité appliquer à la société civile les principes militaires d'organisation, hostile au suffrage universel, "avec son arrière goût de social-démocratie". L'opposé de Rodolphe, fils de François-Joseph, qui s'est suicidé à Mayerling, et qui était un libre-penseur notoire. François-Ferdinand est "allemand" et n'a aucune envie d'apprendre le hongrois ou autres langues de nombreuses nationalités de l'empire.

Mais il n'a aucune influence réelle sur son oncle, l'empereur. Malgré son opposition, le suffrage universel est adopté, et le "compromis" entre l'Autriche et la Hongrie est renouvelé.

Sur le plan extérieur, il est logique et en continuité avec ses options idéologiques : il souhaite une union des trois empereurs (Autriche/ Allemagne et Russie) contre les forces progressistes. "Que vaudrait le gain d'une province (la Bosnie) s'il devait être payé de l'hostilité durable de la Russie". "A quoi serviraient ces lauriers si nous en récoltons une crise européenne générale". " Une guerre entre l'Autriche et la Russie se terminerait par la chute des Romanov ou par celle des Habsbourg, peut-être par les deux."

L'homme privé a un côté  sympathique : il ose faire un mariage d'amour, contre son oncle et l'immense majorité de la Cour qui n'a de cesse d'humilier Sophie, son épouse morganatique. L'impératrice Sissi, qui l'avait poussé dans ce sens, n'est malheureusement plus là pour le soutenir : elle vient d'être assassinée à Genève.

C'est parce que, pour la première fois, Sophie était autorisée à l'accompagner lors d'un voyage officiel au sein de l'empire qu'ils tenaient tant à aller ensemble à Sarajevo, au risque d'y mourir, ensemble...

 

"Il n'est de politique qui vaille qui ne prenne appui sur les réalités".

 

19:08 Publié dans histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire