13/03/2010
Le collaborateur de Bethléem
Le collaborateur de Bethléem
Une enquête d'Omar Youssef
Matt Rees
Livre de poche n°31384
"Tous les crimes relatés dans ce livre s'inspirent de faits réels survenus à Bethléem. Les tueurs ont effectivement procédé de la sorte, et les victimes sont mortes ainsi"
Matt Rees est journaliste, en poste à Jérusalem. Il a inventé le personnage d'Omar Youssef, sorte d'antihéros, grand-père attentionné, professeur d'histoire poussé à prendre sa retraite, cherchant à donner un sens à la vie. Ce roman est le premier de la série. "C'était la conviction d'avoir semé quelques germes de connaissance, de sagesse et de bonté en d'autres êtres qui l'empêchait de sombrer dans la dépression".
L'enquête policière est l'occasion de montrer la vie des gens simples de Palestine, bercés entre fatalisme et rêve de revenir dans les villages dont ils ont été chassés, coincés entre les forces d'occupation israéliennes, imposant leurs règles, et rendant la vie impossible, et les "héros" palestiniens, imposant la même loi du plus fort sur les désarmés qui subissent la violence arbitraire quotidienne et la corruption. "Les criminels se sont arrogés le droit de faire la loi". "Connivence, influence, malveillance".
Avec un petit coup de griffe, en passant, pour les fonctionnaires de l'ONU.
Qui est le "collabo" qui renseigne les Israéliens ? Le chrétien, victime expiatoire toute désignée ? Le chef de la "brigade des martyrs d'al-Asqa" ? Le chef de la police locale ? Nous ne le saurons que dans les dernières pages !
"Tout le monde est persuadé que l'unique remède aux mauvaises relations entre communautés, c'est d'éliminer l'autre camp"
"Ces héroïques défenseurs de la liberté du peuple palestinien qui sont toujours les premiers à se planquer en cas d'intervention israélienne"
"Vous voulez être un martyr de la grippe ? Ils vous serviront 72 tasses de cidre chaud au paradis !"
"Une seule chose peut nous éviter d'être accablé d'angoisse : la conviction d'avoir apporté au monde des changements positifs"
08:38 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
27/02/2010
le testament syriaque
Le testament syriaque
Barouk Salamé
Editions Rivages / Thriller
Cela commence comme un livre policier, avec enquête sur des meurtres, mais, assez rapidement la « police judiciaire » est dessaisie au profit des « renseignements généraux » et de la « Direction de la sécurité du territoire », des services étrangers étant impliqués, avec des menaces terroristes.
Ce livre semble avoir été conçu pour servir de base à un film d’actions tant celles-ci se succèdent à grande vitesse.
Son originalité vient de sa culture historique sur la naissance de l’islam (le « testament syriaque » est-il celui du prophète ?), avec une réflexion sur l’origine des religions monothéistes d’Akhenaton à Muhammad, en passant par Moïse et Jésus. « Aucune religion n’est apparue ex nihilo, une nouvelle religion s’enracine toujours dans un culte plus ancien ».
Un « policier historico-théologique » original et très contemporain. Un des mes livres préférés des derniers mois.
« Sans doute le mâle n’en revient-il pas du plaisir que cet organe spongieux arrive à lui fournir. »
« Chacun voulait convertir son semblable, imposer ses interdits, de sorte que la planète allait bientôt devenir invivable »
« Une pensée simple et belliqueuse est très efficace pour consolider les identités vacillantes »
« La femmes est un scorpion dont la piqûre est douce » (imam Ali)
« On ne devient pas maître dans un domaine où l’on a pas connu de défaite »
« Le Paradis se trouve sous les pieds des mères »
« Moins on s’occupe de l’islam, plus les musulmans deviennent libéraux et permissifs » ; « Une religion accepte de changer plus facilement si elle méconnaît sa mutation, demeure inconsciente de ses transformations »
« Les religieux n’ont jamais plus d’empire sur les foules que dans les pires situations »
« L’éternelle indulgence amusée du principe féminin envers l’impétuosité du principe masculin… »
08:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
21/02/2010
le tour des géants
Le Tour des géants
Nicolas Debon
Editions Dargaud
Le Tour est né en 1903, mais Nicolas Debon raconte, en bandes dessinées, le Tour de 1910, il y a tout juste un siècle car, pour la première fois, il affronte la haute montagne.
Le règlement est draconien, puisqu’il interdit toute aide en dehors des points de contrôle et de ravitaillement.
Les étapes sont démentielles, pouvant partir au milieu de la nuit, et durer dix heures...pour les meilleurs ! L’étape des Pyrénées ne compte pas moins de sept cols, sur des routes qui n’ont rien à voir avec celles d’aujourd’hui.
Etapes après étapes nous suivons l’aventure et la compétition.
L’EPO n’a pas encore été inventé, mais les coureurs ont besoin de « fortifiants » pour conforter « une détermination que la souffrance, au lieu de l’anéantir ne fait qu’aviver ».
Ils ne sont plus que 41 sur plus de cent à parvenir à « boucler la grande boucle ». Nombre d’entre eux trouveront la mort lors de la « grande guerre » de 14/18.
Depuis, plus de 4.00 athlètes ont participé à cette épreuve mythique.
08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, bd, sports
20/02/2010
Parquet flottant
Parquet flottant
Samuel Corto
Editions Denoël
Samuel Corto, un nom qui ressemble à un pseudonyme.
Avocat devenu magistrat, il a aujourd'hui quitté l'institution judiciaire, et dit tout le mal qu'il en pense à travers ce petit roman dans lequel il évoque quelques fantasmes, pour nous prouver que les magistrat(e)s (profession de plus en plus féminisée) sont des femmes et des hommes comme les autres (que porte sous sa "robe" la belle avocate ? ; comme le fantasme de l'infirmière nue sous sa blouse...)
Dès le début, le ton est donné : ce livre est un roman, tout n'est donc que fiction, "la justice elle même, peut-être" ?
L'auteur explique, parfois de façon très critique, aux béotiens que nous sommes, le fonctionnement de la justice : la magistrature assise qui prononce les décisions de justice, et le "parquet" "qui accepte de jouer le rôle des méchants", avec, chaque année en septembre le "mercato" des transferts massifs d'une équipe à l'autre".
Comme dans toutes les administrations, la grille indiciaire et l'affectation est une préoccupation majeure : "la relation au supérieur hiérarchique oscille entre dévotion craintive et haine farouche.""En quelques années de soumission hiérarchique, les magistrats du parquet ont cessé d'être des magistrats".
"Les avocats ne plaident plus : ils deviennent des conseils en stratégie de risque pénal"
"Les juges ont renoncé à ce qui constituait le fondement même de leur métier : l'individualisation de la peine"
"La majorité des procédures concernent des affaires de mœurs".
"Il est tellement vrai qu'une pénétration sexuelle trouble beaucoup plus l'ordre public qu'un délit d'initié ou qu'une pollution industrielle"
"Le juge est un voyeur légal de l'intimité et portent souvent des coups de loupe éhonté ment intrusifs sur les pratiques humaines. Un "peep-show" juridique".
"La fellation est plus difficile à rédiger qu'à subir : elle nécessite des contorsions stylistiques peu en rapport avec les dossiers".
"Le Code pénal est un grand marché à ciel ouvert où il suffit de piocher : tous les comportements humains y sont répertoriés."
Dans les "Cours d'appel" : "les magistrats en voie de fossilisation méritante".
Tout en haut : "la Cour de cassation" : "ceux qui y sont allés n'en sont jamais revenus, comme d'une maison de retraite"
La conclusion est radicale : il faut supprimer le "parquet" !
"Semez la dérision, il en restera toujours quelque chose"
08:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
14/02/2010
Putain de guerre
Putain de guerre
1917-1918-1919
Tardi et Verney
Editions Casterman
Deuxième tome de Tardi et Verney sur la première guerre mondiale.
Avec, pour illustrer le texte de l’historien Jean-Pierre Verney, des photos du « musée de la grande guerre de Meaux ».
Un album essentiellement en noir et blanc, avec, par moments, du rouge, à la fin un peu plus de couleurs, et le graphisme implacable de Jacques Tardi.
C’est 1917, la lassitude, les refus de monter en première ligne qui sont qualifiés de « mutineries » et conduisent souvent au peloton d’exécution.
Sept mois de boucherie pour aller de Craonne au « chemin des dames », et l’envoi à Limoges de Nivelle, « limogé ».
Notre allié russe qui cesse les combats après la révolution bolchévique.
L’arrivée, à partir de juin, des Américains, par bateaux entiers. La dernière grande offensive allemande, avec des canons à longue portée, avant d’être surpassés.
A partir de septembre 1918, l’avancée des alliés sur tous les fronts.
Et enfin, à la onzième heure du onzième jour du onzième mois, l’armistice, la fin de la guerre.
Une bonne idée de ne pas s’arrêter là : la grippe « espagnole » qui fait des ravages, les « gueules cassées », l’inventeur, allemand, des gaz de triste mémoire dans les tranchées, qui reçoit le prix Nobel de chimie...
« Les cloches et les chants patriotiques, les farandoles et les pitreries, ne se justifient pas plus après quatre ans de guerre que les chansons grivoises à la fin des repas d’enterrement. »
Paul Valéry peut écrire : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ».
08:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, histoire, bd