16/01/2010
Le mystère de Tarn House
Le mystère de Tarn House
Titre original : « The Old Contemptibles »
Martha Grimes
Pocket policier n° 7185
“The old contemptible”, “les vieux méprisables”, désigne les vétérans de l’armée britannique de 1914/1918, suite au mot du Kaiser qui aurait parlé d’une “méprisable petite armée”. Dans le roman, c’est également le nom d’un pub de la région des lacs (nord ouest de l’Angleterre, terre d’élection des romantiques, lieu de prédilection des voyages de noces anglais, avant l’invention des vols « low cost ») où se déroule l’essentiel de l’action (dans la région, mais pas dans le pub). « Tarn House » qui a donné son nom à la version française est le manoir au bord d’un lac (« Tarn »), où vit la riche famille qui vient de connaître quatre décès suspects, accidents, suicides…ou meurtres ? Mais le lieu essentiel n’est ni le pub, ni le manoir, mais « Castle Howe », luxueuse maison de retraite où s’est retiré le patriarche de la famille. Il détient encore la fortune. Il a pour copine une vieille dame à l’esprit agile. De vieux farceurs qui n’ont rien de « méprisables ».
Pour celles et ceux qui aiment l’atmosphère « So british », indémodable, comme les vestes de tweed.
« L’âge était en ce lieu une épidémie contre laquelle personne n’aurait trouvé de vaccin »
08:34 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
14/01/2010
En Afghanistan
En Afghanistan
Rory Stewart
Prix "Témoin du monde" 2009 de "Radio France Internationale"
Editions Albin Michel
Une histoire de fou. Un jeune enseignant, ancien diplomate, fou de marche à pied, après avoir marché en Iran, au Pakistan, en Inde, au Népal, décide, dès que les talibans sont chassés du pouvoir en Afghanistan, d'accomplir le "chainon" qui lui manquait : la traversée, à pied, d'Ouest en Est de l'Afghanistan, d'Hérat à Kaboul, par le centre, donc par les montagnes, en hiver, avec des cols à plus de 4.000 mètres d'altitude, sur les traces de Babur, le premier empereur moghol de l'Inde (début du XVIe siècle), demandant l'hospitalité chaque soir au nom de l'obligation islamique d'accueil de l'étranger.
"Les religions, comme les caravanes de chameaux, semblent éviter les cols de montagne".
Il en résulte une plongée dans les profondeurs de l'Afghanistan, là où il n'y a pas d'électricité, et où les copies de kalachnikovs sont quasiment les seuls signes de modernité, dans des villages dont les femmes ne se sont jamais éloignées de plus de quelques kilomètres. Elles ne sont pas voilées, mais ne restent pas seules avec les étrangers.
Traversée de l'Hazarajat, carrefour des cultures persane, hellénique et hindoue ("l'Afghanistan était le pays où le bouddhisme avait rencontré l'art de la Grèce d'Alexandre"), le pays des Hazaras, descendants, depuis 1216, des guerriers moghols de Gengis Khan, chiites, donc soutenus par l'Iran, mais minoritaires, pauvres, et donc discriminés dans le reste du pays par leurs puissants voisins Tadjiks et Pachtouns. "Les Hazaras haïssent l'idée d'un gouvernement centralisé, parce qu'ils l'associent à la domination d'autres groupes ethniques".
Rencontres de seigneurs féodaux toujours en rivalités, sur fond d'occupations russe puis talibane, particulièrement sanglante. "Nulle part ailleurs en Afghanistan, la cruauté des talibans n'a semblé si totale ou si ethniquement orientée". "L'Occident a peu fait attention aux massacres des Hazaras. Ce qui l'émouvait, c'était la destruction des bouddhas de Bamiyan, ou le sort du lion du zoo de Kaboul".
Contraste entre les villages montagnards et Kaboul. Critiques de la bureaucratie internationale et des ONG (sauf "Médecins Sans Frontières"). "La plupart des décideurs ne savent presque rien des villages où vivent 901% de la population".
"Personne n'exige davantage qu'une charmante illusion d'action pour le monde en développement"
08:37 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, afghanistan
09/01/2010
Le choeur des femmes
Le chœur des femmes
Martin Winckler
P.O.L. éditeur
Quel bonheur de retrouver la saveur de « La maladie de Sachs » (12 ans déjà !), en plus fort encore !
La vedette n’est plus tenue par Bruno Sachs, médecin de campagne, mais par Jean, interne en fin d’études, se destinant à la chirurgie, devant effectuer son dernier stage dans un service n’offrant aucune perspective de carrière.
On retrouve le style, si attachant, de « La maladie de Sachs », et tous les thèmes développés alors et depuis par Martin Winckler : la formation des médecins, les différentes sortes de pratiques, l’influence des laboratoires pharmaceutiques, la place des femmes, la détermination sexuelle…
J’ai eu un peu peur en voyant le « pavé » de 600 pages. Je ne regrette pas de m’en être saisi. Un livre pour les femmes, pour les hommes aussi (pour mieux aimer les femmes) et que je me vais me faire un plaisir d’offrir !
« Ne jugez pas, écoutez »
« Aucune douleur n’est justifiée, jamais »
« Tout le monde ment parce que tout n’est pas facile à dire »
08:57 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature
07/01/2010
expressions
Les expressions de nos grands-mères
Marianne Tillier
Points n°P2036
Collection « le goût des mots » dirigée par Philippe Delerm
J’ai appris que « les nèfles » (pas grand-chose) viennent du nom d’un fruit fade qui ne pouvait se consommer qu’en confiture.
« Chenapan » vient de l’allemand « schnapphahn » (qui attrape le coq », moins évident que « loustic » qui vient de « lustig » (gai).
« Potron minet », c’est quand le chat montre son cul (« potron » = cul en bas latin, qui a donné également postérieur).
Le « marchand de sable » qui vient nous endormir est apparu au XVIIe siècle.
J’ai été déçu d’apprendre que Morphée n’était pas une ravissante créature dans les bras de laquelle je pouvais me réfugier, mais le Dieu des songes, fils d’Hypnos (le sommeil) et Nyx (la nuit).
La « greluche » était, dans les années 30, une femme aux mœurs légères.
Il y en a 150 pages comme ça, mais je conteste que la « der des ders » fasse référence à la seconde guerre mondiale. Il s’agit de la première, ce qui rend l’expression amère, justement parce qu’’il y eu la seconde…
08:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature
03/01/2010
l'interprétation des meurtres
L’interprétation des meurtres
Jed Rubenfeld
Pocket 13611
Quand un universitaire, ayant consacré sa thèse à Freud, décide d’écrire un roman policier, il y est question du subconscient qui guide les actions, y compris les criminelles.
Dans ce roman policier, il est donc question de l’inconscient, de rêves, qui en sont la porte, de refoulement des désirs sexuels, de l’Oedipe, clé indispensable pour comprendre Hamlet. Mais si Freud avait compris à l’envers ? Si c’était les pères qui voulaient tuer les fils, par jalousie ? « Le secret du désir œdipien se cache dans le cœur des parents et non des enfants ». J’ai connu, au Niger, un lion qui cherchait à tuer tous ses descendants mâles…
L’action se passe au début du XXe siècle, à New-York en plein transformation, lors du seul voyage de Freud dans cette ville. Sont mélangées les personnes réels (Freud, Jung, le maire de New-York, etc.) et les personnages inventés, parfois à partir de cas connus et expliqués par Freud, en changeant à peine leur nom.
L’énigme est parfois un peu embrouillée : c’est quand elle colle à la réalité de « patients » ayant existés !
« Les malheureux se ressemblent tous. Une blessure d’autrefois, un désir jamais assouvi, un orgueil outragé, un amour naissant brisé par le mépris, ou pire, l’indifférence. »
« La psychanalyse exigeait qu’on eût conscience de ses véritables désirs sexuels, pas qu’on y succombât »
« Les traits que nous attribuons à Dieu reflètent les craintes et les désirs que nous éprouvions en tant que petit enfant »
« Le désir commence toujours par le désir du désir de l’autre » (Hegel)
08:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature