10/12/2011
la lecture est comme une drogue
Liquidation
Imre Kertész
Prix Nobel de littérature 2002
Editions "Actes Sud", collection "Babel" (poche) n°707
J'avais acheté ce petit livre pour lire dans l'avion pour Budapest, pendant le semestre de présidence hongroise de l'Union européenne.
Attiré par une lecture plus urgente, un rapport officiel...ou un roman policier à terminer, je l'avais mis de coté. Il méritait que je le retrouve dans ma bibliothèque.
Un éditeur essaie de retrouver le roman que son écrivain le plus admiré a, assurément, écrit, avant de se suicider.
Pour cela il retrouve la dernière maitresse de celui-ci, ainsi que son épouse, dont lui même a été l'amant.
Les souvenirs des totalitarismes, de la Shoa, du communisme, ne sont jamais loin.
"La littérature est un piège qui nous retient prisonnier. Plus précisément, la lecture. La lecture est comme une drogue qui confère un agréable flou aux cruels contours de la vie".
"La vie est un vaste camp de concentration institué par Dieu sur la terre pour les hommes et que l'homme a développé en camp d'extermination de l'homme.
La grande désobéissance, c'est de vivre sa vie".
"Le véritable moyen d'expression de l'individu, c'est sa vie"
"Kürti croyait à la politique et la politique l'avait trompé, comme elle trompe tout le monde"
"Le sentiment de culpabilité est le seul véritable lien qui puisse exister entre deux personnes"
"Notre histoire était comme toutes les histoires, inexplicable et irréversible"
"L'once de mystère dont tout amour a manifestement besoin"
"Ce fatras qui porte le nom charitablement vague de "passé"
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04/12/2011
Des USA au Libéria, et retour
American Darling
Russel Banks
Editions « Actes Sud », collection « Babel » (poche) n°780
Récit, à la première personne, de la vie d’une Américaine de soixante ans, entre les Etats-Unis et l’Afrique.
Fiction qui rejoint l’histoire, puisqu’il y est beaucoup question des mouvements de luttes américains, pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam, et de la guerre civile au Libéria, ce pays créé en 1825, pour y renvoyer les esclaves, saisis sur des navires bravant l’interdiction du trafic, avec un petit capital, une hache et une bible. Peut-être un peu aussi pour permettre aux USA d’avoir un « point fixe » en Afrique de l’Ouest. Moins d’un siècle plus tard, 1% de la population détenait 99% du pays, et avait reproduit le système d’exploitation sudiste. « Rien n’exige que la main qui tient le fouet soit blanche ». Plus tard l’aide américaine sera « écrémée » par les privilégiés, sans atteindre le peuple.
De la difficulté de rester fidèle, au moins un peu, à ses convictions, quand on est l’épouse d’un ministre africain. Dans ce cas l’impasse gauchiste mène à l’élevage bio. Fille d’un médecin progressiste, à vingt ans elle était persuadée que « nous allions parvenir à purifier le monde raciste et tyrannique de nos parents par notre idéalisme et par la simple force de notre travail. »
L’héroïne est séduite par Charles Taylor, « élu par des gens qui avaient voté pour lui afin qu’il cesse de les massacrer ». Il bénéficie aujourd’hui de l’hospitalité de la Cour Pénale Internationale. Avant lui, l’adjudant analphabète Samuel Doe avait renversé, et assassiné, éventré, fouetté le Président Tolbert et ses ministres, avant de les abandonner, nus, aux vautours. Avec, à peine dans l’ombre, la CIA qui laissera tomber Doe en misant sur Taylor, avant de se retourner contre Taylor... « Les présidents fantoches deviennent peu à peu des despotes qui ont tendance à s’illusionner et à ne plus voir qui est réellement aux commandes du pays. » Tout cela serait anecdotique si ce n’était accompagné de tueries, de viols, de guerres tribales aux victimes innocentes.
« Ce que la corruption totale a de plus réconfortant et de plus utile, c’est justement qu’elle est systémique, du haut en bas de l’échelle, et donc prévisible et rationnelle. » « Une fois les dessous-de-table distribués, les sociétés avaient toute liberté de piller ce qu’elles voulaient dans le pays ».
« La vieillesse est une lente surprise »
« La conscience que l’on a de sa culpabilité est le baromètre de la vertu »
« La célébrité, c’est comme une drogue »
« Même l’homme le mieux intentionné, celui qui tente réellement de comprendre ce qu’éprouve une femme, demeure néanmoins incapable de savoir comment une femme ressent les relations entre hommes et femmes. Surtout, il ne peut pas savoir comment la femme le perçoit, lui. »
« Les vœux de silence sont des promesses de paix »
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
26/11/2011
prix du roman d'aventures
L’Aiglon ne manque pas d’aire
Patrick Weber
Editions du Masque (poche) n°2534
Prix du roman d’aventures
Un jeune antiquaire parisien, en faisant l’inventaire d’une succession, découvre des documents qui prouvent que l’Aiglon, passagèrement Roi de Rome, puis Duc de Reichstadt, a eu une descendance. Il s’en suit une série d’aventures qui, toutes, se déroulent dans le quartier très parisien du Marais. Un petit plan du quartier eut été utile.
En écho nous avons quelques supposées confidences de celui qui aurait pu être Napoléon II.
Malheureusement le tout manque de vraisemblance.
« Vivant le fils de Napoléon avait été instrumentalisé par les ennemis de son père à Vienne. Mort il avait fait l’objet d’une récupération de la part des ennemis de la France, venus cette fois de Berlin » (à propos du transfert de sa dépouille à Paris par les nazis)
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
20/11/2011
Little Bighorn
La saga des quatre rivières
1) Little Bighorn
Jean-Georges Aguer
Pocket n°13657
Un héros irlandais, ayant quitté son île pour le continent américain, pour se battre contre les Anglais, au Canada. Il s’enrôle dans l’armée américaine, composée en grande partie d’immigrants de fraiche date, comme lui.
Une saga de quatre rivières. La première est Little Bighorn, restée célèbre comme lieu d’une défaite mémorable du général Custer (« fils de l’étoile du matin », qui rêvait de devenir Président des Etats-Unis) face aux Indiens sioux et cheyennes, en juin 1876.
« En attirant ici des pionniers, l’armée ne cherchait-elle pas à déclencher de nouveau le processus bien connu ? Des Blancs s’installent au mépris de tous les Traités sur une terre indienne. Là, devant la réaction légitime des natifs, ils réclament la protection des troupes, qui arrivent et engagent le combat pour les protéger, à l’issue duquel les Peaux- Rouges vaincus doivent abandonner la région »
Ce premier volet raconte les dix ans du héros dans l’armée américaine, à peine remise de la guerre civile entre nordistes et sudistes. La lutte contre les indiens, mais aussi contre le KKK. « C’est notre destinée manifeste de sans cesse repousser la frontière en soumettant les peuplades ignorantes ». « On est tous les nègres de quelqu’un, les indiens de quelqu’un, tous les sudistes de quelqu’un ». »Dans ce monde, maintenant je le sais, il n’y a pas de blanc ni de noir, il n’y a que des nuances de gris. »
« Comment être heureux sur cette terre au milieu de la bêtise des hommes ? » A la fin, le héros part pour l’Afrique du Sud. La deuxième rivière de la saga a pour nom « Buffalo ».
Je dois cette lecture au conseil de mon ami Fréderic Dubuisson. Une certitude de qualité.
08:03 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature
19/11/2011
Fascination
Fascination
Rachid Boudjedra
Livre de poche n°15313
J’ai déjà raconté dans ce blog que Rachid Boudjedra fut mon professeur, en classe terminale, en 1968, dans un lycée d’une banlieue un peu lointaine. Il écrivait alors son premier roman, premier succès, « la répudiation ». Ecrivain prolixe, Boudjedra a publié depuis une bonne vingtaine de romans et pamphlets.
Fascination est le nom d’une pouliche d’exception. L’argent de sa vente sera volé par les hommes de confiance du riche éleveur de pur-sang.
Le périple va de Constantine (ville de l’empereur Constantin) à Paris (« C’est son métissage, tant humain qu’architectural, qui fait de Paris une sorte de modèle pour le reste des grandes villes » ; « Sacré-Cœur, véritable verrue construite pour se venger des Communards, comme pour prouver que la réaction politique ou la régression religieuse et la notion d’esthétique sont antinomiques ») en passant par Tunis (Carthage), Moscou (l’école de la guérilla), Pékin (où se faisaient soigner les blessés de la guerre contre l’armée française), Hanoi (la mousson, terme arabe signifiant la saison), Barcelone (le trafic d’armes pour le mouvement de libération) et Alger, avec la nostalgie de l’Andalousie arabe.
Au-delà des péripéties, Boudjedra revient sur un de ses thèmes favoris : la guerre pour l’indépendance contre le colonialisme. Comme dans « Les hommes libres », est évoqué le rôle des Algériens de France dans la lutte pour la libération de Paris.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature