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09/07/2011

SAS en Afrique

Bienvenue à Nouakchott

 

Gérard De Villiers

 

SAS n°187

 

 

La Mauritanie, en raison de l'immensité de ses espaces déserts, est devenue un point névralgique du terrorisme au Maghreb. Il est également possible d'y cacher des occidentaux enlevés, éventuellement dans d'autres pays,  comme le Mali ou le Niger.

 

Pour lutter contre ce fléau,  tous les pays de la région sont supposés collaborer, y compris avec les Américains, ce qui ne se fait jamais sans difficultés, en particulier en raison des tensions,  ouvertes, ou rampantes, entre pays de la région. Impossible de faire travailler ensemble services algériens et marocains, par exemple. Les Américains qui représentent "le mal absolu, à cause de l'Irak, de l'Afghanistan et de la Palestine",  ne sont acceptés que parce qu'ils fournissent du matériel performant, et, éventuellement, un peu d'argent.

 

"La question sécuritaire l'emportant sur l'idéal démocratique" (dixit "l'Etat du monde"), Paris et Washington ont salué l'installation au pouvoir, par un coup d'Etat,  régularisé par une élection,  du général ould Abdel Aziz. "La France et les Etats-Unis s'inquiétaient de la pénétration des réseaux islamistes en Afrique de l'Ouest" ("L'Etat du monde").

 

Autre problème récurrent : le paiement des rançons, auquel les pays de la région sont opposés, même si, dans la réalité, le Mali semble plus compréhensif que ses déclarations ne semblent l'indiquer.

 

Dans ce roman, les services algériens et mauritaniens s'opposent à la décision américaine d'échanger des otages américains contre des terroristes islamistes emprisonnés dans la capitale mauritanienne, "immense ville étalée dans le désert à quelques kilomètres de la mer, séparée de la capitale par une immense dune de sable".

SAS est chargé de cette délicate mission.

 

Je confirme que "Le Méditerranéen" est le meilleur restaurant de Nouakchott.

Petite précision : ne pas s'étonner que dans le livre, comme dans la réalité, le nom de tous les Mauritaniens commence par "ould" : cela signifie simplement "fils de...", et son équivalent dans les Etats du Golf arabo-persique est "Ibn".

 

 

 

 

"La parole que tu dis devient ton maître ; celle que tu tais est ton esclave" (proverbe touareg)

 

08:36 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

02/07/2011

réédition d'un classique

La clé de verre

 

Dashiell Hammet

 

"Folio" policier n°17

 

 

En pleine période électorale municipale, le fils d'un Sénateur américain est assassiné.

Le maire sortant est soupçonné, y compris au sein de sa propre famille.

 

Qui est le coupable ? Tous les coups sont-ils permis en politique ?

L'enquête est menée par le plus proche collaborateur de l'homme le plus puissant de la ville.

Enquête pleine de rebondissements, jusqu'au coup de théâtre final.

 

Ce livre a été publié pour la première fois aux Etats-Unis en 1931, en France en 1949 (très bonne année !), dans la collection "Série noire". N'est-ce pas le propre des classiques de traverser les années en restant actuels dans leurs problématiques, tout en témoignant de leur époque ? Un temps où les hommes buvaient et fumaient beaucoup, mais ne sortaient jamais sans leur chapeau, éventuellement avec leur canne.

 

 

"Aussi sûre qu'une femme peut l'être d'un homme..."

 

 

08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature

25/06/2011

Al Capone, le Malien

Al Capone, le Malien

 

Sami Tchak

 

Editions Mercure de France

 

 

Un journaliste se rend au Mali pour faire un reportage sur le balafon sacré de l'ancien empire du Mandingue.

Dans ses rares moments de détente, il tente de lire "L'homme sans qualités", "roman très intellectuel",  de Musil.

 

Typique de la littérature africaine francophone, le roman efface la frontière entre le rêve et la réalité,  et est parsemé de proverbes anciens ou inventés pour la circonstance : "Quand un singe fait des grimaces et exhibe son cul nu, le sage ne rit ni ne l'imite" ; "A la générosité du pêcheur envers le poisson, l'hameçon est de trop".

 

Le Malien surnommé "Al Capone", dont le lecteur ne connaîtra jamais la source de ses importants revenus, se fait également appelé "Son altesse Edmond VII". L'allusion à la corruption, qui permet une vie luxueuse est claire.

 

 

"A quoi bon épouser une belle femme puisque les autres te la voleront au moins par leurs yeux et par leurs intentions"

 

"La parole jamais ne remplacera ce dont a besoin le ventre qui tient dans sa mollesse toute la puissance du corps et de l'esprit"

 

"Dans une bataille de chiens, on ne sait quel individu a lancé les hostilités, on ne voit que la laideur des canines."

 

"C'est parce qu'il y a des gens qui n'osent pas dire non que l'abus est devenu une règle générale"

 

"C'est sur les débris solides des passés fracassés qu'on élève les murailles des grands rêves"

 

"La meilleure façon de jouir du monde, c'est de ne pas trop le questionner"

 

"Tout n'est que tonitruant pet de l'instant, ensuite le bruit s'estompe et l'odeur s'évanouit"

08:12 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

22/06/2011

le roman de Liliane Bettencourt

Un milliard de secrets

 

Marie-France Etchegoin

 

Editions Robert Laffont

 

 

Un milliard, c'est la somme offerte par Madame Liliane Bettencourt à son ami François-Marie Banier. "Le fric-frac du siècle dans le temple du capitalisme français".  "Les gens s'ennuient tant qu'ils acceptent presque tout si on les divertit". François-Marie avait, avant de connaître la femme la plus riche de France,  déjà profité des largesses de deux autres vieilles dames très riches.

 

J'avais peu lu les articles de journaux concernant cette affaire, considérant que ce monde n'était décidément pas le mien. Ce monde de femmes, qui ont pour mérite principal d'être des héritières, des rentières, ayant une idée toute relative de la valeur du travail et de l'argent. "Travaillez plus pour gagner plus". Cela a du amuser Liliane quand elle finançait, légalement et illégalement,  la campagne du petit Nicolas de Neuilly.

 

"La milliardaire incarne jusqu'à la caricature l'ordre bourgeois, la droite capitaliste, les dynasties industrielles construites entre les deux guerres et compromises sous l'Occupation".

"Elles n'ont rien construit. Tour leur a été donné". "L'argent est là, comme l'air que l'on respire".

 

Le mari n'a pas d'objection : François-Marie est un homosexuel notoire. Madame Bettencourt fait ce qu'elle veut de sa fortune, qu'elle ne dilapide pas. "Chaque jour, l'héritière, ou plutôt la rentière,  empoche près de 14 millions d'euros". Elle peut bien en distribuer un peu..."Elle peut s'offrir, si cela lui chante, un artiste. Ami, homme de compagnie, confident...qu'importe le statut."

Pour son argent de poche, et pour s'occuper,  André Bettencourt mène sa carrière politique. Il est souvent ministre. Il est peu présent au domicile conjugal. Contrairement à son épouse il n'a pas de fortune personnelle. Seulement un grand manoir de quatorze pièces dans sa circonscription de Normandie.

 

Ce livre d'une journaliste du Nouvel Observateur se lit comme un roman, qu'il aurait pu être si un écrivain avait eu assez d'imagination. Balzac est celui qui me vient à l'esprit. Marie-France Etchegoin fait souvent référence à Mauriac. "Observation de vies minuscules et de vices majuscules". "A travers le trou de la serrure : la vie des riches dans le ghetto de Neuilly". "Les jeux de l'amour et du pouvoir, la comédie de l'argent et du mensonge". Mais il y a également "un thriller sur les luttes au couteau dans les multinationales". Et "les incestueuses relations du pouvoir et de la fortune". Entre l'argent et la politique. Entre la politique et la "justice". Eric Woerth et son épouse, victimes expiatoires, y perdront leur emploi.

Au centre, il y a "l'obsession du complot et de l'argent", l'argent, "qui corrompt jusqu'au cœur des hommes" (et des femmes !). Et la guerre des clans pour s'en approprier la plus grande part. Les ressentiments. "Les universelles rancœurs familiales et éternelles questions d'héritage". Décuplées par les sommes impliquées.

Mais,  "toute ressemblance avec des individus existant ou ayant existé n'est en rien fortuite. Rien n'est inventé !".

 

08:42 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

18/06/2011

Le Président a disparu : le Poulpe le recherche !

La vacance du petit Nicolas

 

Le poulpe

 

Pierre Cherruau et Renaud Dely

 

Editions de la Baleine

 

 

"Toute ressemblance avec des faits réels, des personnes vivantes ou ayant vécu, ne serait que le fruit du hasard".

 

Il est certain que "le Poulpe" est un personnage de fiction. Il a même la particularité de vivre des aventures romanesques écrites par des auteurs différents.

Cette fois ci, il s'agit d'un auteur de romans policiers (dont, déjà, une aventure du Poulpe) et d'un journaliste politique.

 

Tous les autres personnages sont des caricatures de responsables politiques,  bien connus,  que Le Poulpe est amené à rencontrer dans son enquête pour retrouver le Président de la République qui, lui même, "le nain de Neuilly", "le Conducator de l'Elysée",  n'est pas épargné, "avec ses yeux de maquignon de comice agricole", "son attitude de comédien de série B" qui "refaisait son coup du "est-ce que vous trouvez ça normal ?".

 

Le lecteur croise donc "le visage d'honnête homme d'Eric Woerth", "le regard de mutant de Brice Hortefeux, "l'illuminée du Poitou", "le Che Guevarra des PTT", Faurisson et "sa voix nasillarde. Forcément nasillarde", "Titine", "pas du genre à laisser sa part à la cantine, souriante comme une porte de prison, un air de mère matonne à faire régner la terreur dans les cours de promenade. On se serait cru au parloir. C'était le Bureau national du PS !", chez DSK "un piano, à queue, évidemment" (c'était avant l'aventure du Sofitel...), "Nanard", "un gars capable de braquer 350 millions d'euros dans les caisses du Lyonnais et d'en ressortir  avec les félicitations du jury et la compassion du public pour "préjudice moral", jamais vu", et quelques autres... 

 

Jubilatoire !

08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature