07/08/2011
Hiver 1915
L'arme secrète de Louis Renault
Thierry Bourcy
"Folio policier" n°528
Célestin est policier, et soldat, mobilisé sur le front.
Hiver 1915 : il fait froid. Célestin est avec ses camarades dans les tranchées, "dont l'urgence, à chaque minute, était de survivre".
Rappel historique de ces chefs qui, pour se mettre en valeur, envoyaient au massacre tous ces jeunes gens, pour prendre une colline reperdue le lendemain.
L'industriel Louis Renault a l'idée d'un petit char blindé mais mobile, permettant aux fantassins de se mettre à l'abri des mitrailleuses ennemies.
Là commence le roman : les plans sont volés, et Célestin quitte le front pour une semaine, afin de mener l'enquête et, au passage, convaincre certains membres réticents du ministère des armées, peu convaincus par cette innovation. On ne disait pas "technocrates", à l'époque. Mais il est vrai que "la mise en service des chars lourds a été un échec cuisant"
L'occasion de nous parler de la vie à l'arrière, à Paris : les femmes dans les usines, moins payées que les hommes, et tous les profiteurs de la guerre.
"Les grandes grèves que l'arrivée du taylorisme avait provoquées semblaient complètement oubliées"
"Pendant que, sur le front, il assistait aux plus invraisemblables actes d'héroïsme et de camaraderie, des centaines de négociants accumulaient des profits scandaleux"
"La guerre ne faisait pas que des morts, elle faisait aussi des malheureux que rien ne pourrait consoler"
"Le bouillon de culture de la misère où fleurissaient la révolte ou le crime"
"Toute l'injustice du sacrifice des plus pauvres qui offraient leur vie à la guerre comme ils avaient offert leur travail à la paix : sans compter, sans même penser qu'il pût en être autrement"
08:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
06/08/2011
Drogue : travailler sur la demande et non sur l'offre
Du rififi au Proche-Orient
Auguste le Breton
Editions Plon
Séance nostalgie avec ce roman écrit en 1962.
Déception car il n'y est nullement question de "rififi" dans une région qui n'en manque pas depuis 1947, mais uniquement d'un trafic de drogues passant par le Liban.
"Le Président Kennedy a donné des ordres pour intensifier la lutte contre la drogue".
Peut-être l'occasion de se poser la question de la lutte contre la drogue, cinquante ans après ce roman ?
Manifestement, du Liban à la Colombie, en passant par l'Afghanistan et le Mexique, tous les efforts, en particulier américains, sont fait pour diminuer l'offre, jamais pour faire baisser la demande, en luttant, par la prévention et les soins, contre la toxicomanie.
Il est vrai que quand on connait le système de soins américains, et ses remboursements...
"La corruption n'est pas l'apanage des pays occidentaux". Mais celle-ci est largement développée dans les pays où s'épanouit l'argent du trafic de drogue. Et cela menace la stabilité de certains Etats, en provoquant une violence socialement insoutenable. "Il y a des bénéfices à tirer des vices du monde".
"En plus d'énormes bénéfices, la drogue peut aider à abrutir une Nation".
A noter d'insupportables clichés racistes à l'égard des "orientaux" et des "pouilleries de l'Orient", avec "des grappes humaines sales et braillardes". "A part les splendides montagnes et la mer éternelle, ce n'était que crasse, crapuleries, combines, taudis, déchéance, vols et viols".
"La mer attire les hommes par la force d'évasion qu'elle dégage, qu'elle promet et qu'elle tient. Elle attire aussi parce qu'elle change toujours de visage pour celui qui sait la contempler. Et quand on la regarde, on a l'impression de voir quelque chose d'impérissable, de plus grand, de plus durable que tout ce que font les hommes. Elle est plus puissante que les hommes."
08:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
30/07/2011
Apocalypse, mais pas "now" !
Apocalypse
Eric Giacometti et Jacques Ravenne
Editions « Fleuve noir » et « Pocket »
Giacometti et Ravenne ont créé le personnage d’un commissaire de police franc-maçon, ce qui permet de parsemer leurs intrigues de quelques réflexions symboliques.
Cet épisode vient enrichir les quelques centaines de livres qui ont pour cadre Rennes-le-Château. Phénomène accéléré depuis « Da Vinci Code » qui nous « révèle » que Marie-Madelaine y a terminé sa vie, avec le fils qu’elle aurait eu avec Jésus, le Christ en personne.
Les Mérovingiens se réclamaient de cette filiation.
« Ce village est une porte d’entrée, l’une des dernières en ce monde, dans le royaume du mystère ».
« L’Apocalypse », pour ceux qui auraient oublié leurs cours de religion, a été écrit par un « Saint Jean », de Patmos, ni le Baptiste, ni l’évangéliste.
Le scénario est simple : l’apocalypse marquera la fin des temps…et Dieu reconnaitra les siens.
« Pour que les élus soient sauvés, il faut d’abord que se produise la Fin des Temps ».
Bien entendu le Messie, est chargé de l’annoncer.
Et il en est quelques uns dans des établissements spécialisés…
« La fin des temps et le messianisme vont de pair, ce sont deux concepts inculqués aux fidèles pour les maintenir dans la peur tout en leur donnant de l’espoir ».
En marge de l’enquête, le roman nous ramène au temps du Christ, de Jeanne d’Arc, de la décapitation de Louis XVI, et bien entendu à Rennes-le-Château au temps de l’abbé Saunière, « dans cette région de pierre et de vent », et à Jérusalem, dans les fondations du temple de Salomon. « Comme lui nous sommes inachevés, et comme lui, nous aspirons à notre propre construction ».
« En politique comme en affaire, il n’y a qu’un secret : inspirer confiance et ne jamais baisser la garde »
11:23 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
26/07/2011
L'honorable société
L'honorable société
De Dominique Manotti et DOA
J'ai dévoré et j'ai adoré.
J'ai déjà, dans ce blog dit du bien de "Lorraine connexion" de Manotti, mais je n'ai pas encore lu "Citoyens clandestins" de DOA.
Ils ne sont donc mis à deux pour imaginer cette intrigue qui se déroule entre les deux tours de l'élection présidentielle et qui mêle politique et industrie nucléaire.
La description du candidat président ne laisse aucun doute sur le "modèle", même si, comme toujours, "toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé est, évidemment, fortuite".
Il se trouve qu'il est très proche de l'héritière du roi du béton et d'un milliardaire "qui a fait fortune en Afrique en développant les activités portuaires de pays amis". Dans le roman, il ne s'appelle pas Boloré.
Il "parle de cette victoire comme un retour sur investissement".
"Le ton est vulgaire et violent".
Il "polarise l'attention des médias à peu de frais".
La "rupture est dans le style, dans la confusion totale des genres entre les sphères dirigeantes des grandes entreprises et le bien public". "Un vrai changement de société ".
"Sa posture : le peuple et le travail, sa réalité : la consanguinité avec la France d'en haut"
Sa femme n'ira pas voter au second tour et finira par le quitter.
Les choses ne vont pas bien dans le couple de son concurrent, mais personne ne le sait.
Il propose à son concurrent la direction de la Banque mondiale...
"Etretat, une certaine vision du romantisme "
12:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
23/07/2011
tueur en série à Shanghai
De soie et de sang
Qiu Xiaolong
"Points policiers" n° P1939
Un tueur en série à Shanghai ! Un point commun a toutes les victimes : elles portent une robe fourreau "quipao", de soie rouge.
Au delà de l'enquête policière, qui utilise largement la psychanalyse, le roman vaut à la fois pour ses références à la littérature, et plus généralement à la culture chinoise, ses proverbes, et par son portrait sans concession de la Chine contemporaine, mal remise de la "Révolution culturelle", et de la révolution capitaliste, maintenue dans un cadre largement encore bureaucratique, avec de nombreuses descriptions de la vie quotidienne en train de se moderniser.
"Shanghai, qui avait été un centre industriel, était en train de devenir un centre financier".
"J'ai décelé dans notre culture la diabolisation des femmes dans l'amour sexuel"
"Dans la Chine ancienne, le terme "maladie de la soif" pouvait être une métaphore pour la passion amoureuse".
"La passion amoureuse n'existait pas avant d'être inventée par les troubadours français".
"Les femmes mandchoues ne bandaient pas leurs pieds"
"Les Chinois ne pouvaient pas avoir de problèmes psychologiques tant qu'ils suivaient l'enseignement du président Mao"
Confucius :
"Une femme se rend belle pour l'homme qui l'apprécie"
Proverbes :
"Tuer le singe, c'est effrayer les poulets"
"Dans un état désespéré, on s'adresse à n'importe quel charlatan"
"La marée tient toujours sa promesse de retour"
"Il n'y a pas de mur qui ne laisse le vent passer"
"On ne brûle pas sans raison de l'encens au temple"
"Quand tout le nid est renversé, pas un seul œuf ne reste intact, même si la fêlure ne se voit pas"
"C'était l'heure étrange de la nuit où les fantasmes s'affolent comme des chauve-souris"
08:48 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature