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01/10/2011

Eva Joly écrit un "polar" politico-financier

Les yeux de Lira

 

Eva Joly et Judith Perrignon

 

Editions "Les arènes"

 

 

Il y a Lira, journaliste russe, qui perdra la vue à vouloir regarder de trop près les affaires d'un oligarque. "D'habitude les Russe ne menacent pas, ils tuent".

Il y a Nwankwo, patron de la brigade financière du Nigeria, déçu de "voir les rebelles au pouvoir colonial devenir des tyrans",  qui s'intéresse de trop près à la corruption dans son pays, les centaines de millions de $ détournés.

Il y a Félix, greffier de justice à Nice, trop sensible, supportant mal "l'impunité obscène" des plus riches.

 

En fuite, ils se retrouvent tous les trois à Londres, où ils seront aidés par une journaliste et une juge, puis, quand l'orage éclatera, dans un hameau des Cévennes. "Les échines granitiques des Cévennes dessinent des fortifications d'une terre du refus et du refuge".

 

Associée à la journaliste Judith Perrignon, Eva Joly se souvient qu'elle a été juge au "pôle financier".

Comme elle a peu de chances de devenir Présidente de la République, elle peut continuer dans cette voie...

 

Ce roman, au rythme rapide, qui ne s'attarde dans aucun lieu, des îles Féroé à Oxford, de Saint Petersburg à Paris, "l'Afrique, son bruit, sa danse, sa poussière, son coude à coude", en prise avec l'actualité politico-financière, se lit avec intérêt. Pas autant que "L'Honorable société" de Banotti et D.O.A., mais un cran au dessus de "Meurtre à l'Assemblée" de Jean-Louis Debré.

 

 

"C'est triste de dévisager un homme sans même plus se demander s'il est séduisant, juste s'il est dangereux"

 

"Si vous voulez aider l'Afrique, mettons fin à cette vaste corruption. Le terrorisme, la guerre civile, les ravages et les épidémies n'en sont que les symptômes"

 

"Les hommes adorent croire qu'ils sont généreux et les femmes reconnaissantes"

 

08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

25/09/2011

Libertines

Les grandes libertines

 

Le roman de Sophie Arnould et Françoise Raucourt

 

Michel Peyramaure

 

Editions Robert Laffont

 

 

Fin du XVIIIe siècle : biographies romancées de la cantatrice Sophie Arnould et de la tragédienne, de la Comédie française, Françoise Raucourt.

 

Les actrices, et les danseuses de l’Opéra, n’étaient pas, à l’époque, des modèles de vertu.

La nécessité les poussait à se faire entretenir, généralement par des hommes, dont elles se reposaient dans les charmes de Lesbos.

L’Eglise n’excommuniait plus les comédiens, mais leur refusait toujours les derniers sacrements.

 

Au-delà du portrait de ces deux artistes,  qui n’hésitaient pas à provoquer les scandales, la description d’une époque en pleine mutation.

 

Comme l’écrit Robert Muchembled : « La libération féminine passe par celle des mœurs » ; « L’érotique des Lumières pose la première pierre de la modernité » ; « Après une longue période de répression sexuelle, l’érotisme s’impose. Le relâchement de la tutelle morale de l’Eglise, sous les coups des philosophes, y contribue largement, y compris dans les campagnes où se diffusent les « funestes » secrets de la contraception ».

 

 

« Le peuple a appris à lire, à écrire, à penser, et s’est peu à peu imprégné de ce sentiment singulier, répandu au gré du vent par les philosophes : l’esprit de justice »

08:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

24/09/2011

la trilogie berlinoise en un seul livre

L'été de cristal

 

(La trilogie berlinoise)

 

Prix des lecteurs 2010

 

Philip Kerr

 

Livre de poche (policier) n°31644

 

 

 

La livre de poche a rassemblé les trois romans qui constituent "La trilogie berlinoise" de Philip Kerr. La traduction littérale du titre original de la trilogie est "Berlin noir".

 

"L'été de cristal" est le premier volet de cette trilogie. La traduction littérale du titre original est " Les violettes de Mars". Les "violettes de Mars" sont les adhérents à un parti politique qui s'inscrivent pour des raisons uniquement intéressées et non idéologiques. "Ces gens qui adhèrent au parti pour se faire le plus d'argent possible".

 

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre français, l'action ne se déroule pas au moment de la fameuse "nuit de cristal". Cela est l'objet du deuxième volume.

 

Le premier volet met en scène Berlin en 1936.

"L'action policière, de même que la construction d'autoroutes, était devenue une des activités les plus florissantes de la nouvelle Allemagne".

"Est-ce l'obsession de ce pays pour son histoire qui l'a mis là où il se trouve ?"

 

Le narrateur est un détective privé, social-démocrate et provocateur, au langage imagé,   chargé d'éclaircir un cambriolage chez un puissant industriel,  réticent face à la politique du pouvoir hitlérien qui s'affirme. Le riche industriel n'a pas confiance dans la police.   

Plus facile d'être antinazi aujourd'hui qu'à l'époque...

"Quand un agneau manque au troupeau, inutile d'accuser le tigre si la montagne est infestée de loups".

"Peu de graffitis attaquaient directement les nazis. La plupart opposaient directement sociaux-démocrates et communistes qui se traitaient mutuellement de "vendus" en s'accusant d'être les responsables de l'élection d'Hitler."

 

Enquête policière avec rebondissements + reconstitution historique + style alerte et langage souvent imagé = prix des lecteurs du "Livre de poche" 2010, mérité.

 

 

"Privé du moindre de ses droits, l'homme redevient une bête"

 

07:50 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

18/09/2011

A la veille de la Révolution

L’honneur de Sartine

 

Les enquêtes de Nicolas Le Floch

 

Jean-François Parot

 

Editions Lattès

 

 

1780 : la colère du peuple gronde, et Parot a toujours autant de sympathie pour Louis XVI et son épouse.

Cette année là, l’ancien Lieutenant général de police perdra son poste de ministre de la Marine. Mais pendant tout le roman, il suit de près l’enquête du sémillant commissaire.

 

L’historien Robert Muchembled n’est tendre, ni pour Sartine, ni pour Lenoir (voir ma note sur « Les ripoux des Lumières ») : « Lenoir, ou Le Noir, a su se tailler pour la postérité une réputation d’intégrité totalement usurpée » ; « Le Noir est un des grands officiers les plus corrompus qui soient » ; « Intriguant de très haut vol durant toute sa carrière » ; « Corrompu à l’extrême, à l’image de son prédécesseur » ; « les archives révèlent qu’il fût un maître escroc, l’un de ceux qui contribuèrent le plus à saper les fondements de la monarchie qu’il était chargé de défendre. »

 

Ceci étant dit, le lecteur retrouve le charme des livres de Parot : la langue classique,  un peu désuète, les personnages secondaires intéressants, l’ambiance de l’époque.

Comme d’habitude, il y a de l’action, des mystères, et de la tendresse.

 

 

« La richesse côtoyait la plus atroce misère ».

 

« Le droit est une science faite pour les puissants ; il leur apprend jusqu’à quel point ils peuvent violer la Loi sans choquer leurs intérêts »

 

« Il faut avoir déjà beaucoup appris pour savoir demander ce qu’on ne sait pas »

 

 « L’argent n’est que la représentation d’un bonheur en puissance qui ne devient réel que pour ceux qui ont appris l’art d’en faire bon usage »

 

« Le sage est éclairé sur ce qu’il doit faire, le prudent sur ce qu’il doit éviter. »

08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature

17/09/2011

Roman noir à Moscou

Moscou, cour des miracles

 

Martin Cruz Smith

 

Editions Calmann-Lévy

 

 

Titre original : "les trois gares", nom d'une place de Moscou où convergent trois lignes ferroviaires, sans parler des lignes de métro et de bus. Lieu où convergent les immigrés sans papiers et, plus généralement,  tous les paumés de la Russie d'aujourd'hui, en particulier les enfants "perdus", qui ne survivent pas tous.

Une "cour des miracles, les miracles en moins", centre de l'action de ce roman qui met en scène un policier en mauvais état qui s'acharne sur la piste d'un tueur en série, là où ne procureur ne veut voir qu'un suicide parmi d'autres,  dans cet univers pitoyable et pourtant sans pitié, où l'on vole même les bébés, et où "quatre homicides avec violence sur cinq sont liés à la vodka".

Un vrai roman "noir" qui n'est pas tendre pour la Russie de Poutine.

 

 

"La vie est injuste. Pourquoi en serait-il autrement de la mort ?"

 

08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature