19/11/2011
Fascination
Fascination
Rachid Boudjedra
Livre de poche n°15313
J’ai déjà raconté dans ce blog que Rachid Boudjedra fut mon professeur, en classe terminale, en 1968, dans un lycée d’une banlieue un peu lointaine. Il écrivait alors son premier roman, premier succès, « la répudiation ». Ecrivain prolixe, Boudjedra a publié depuis une bonne vingtaine de romans et pamphlets.
Fascination est le nom d’une pouliche d’exception. L’argent de sa vente sera volé par les hommes de confiance du riche éleveur de pur-sang.
Le périple va de Constantine (ville de l’empereur Constantin) à Paris (« C’est son métissage, tant humain qu’architectural, qui fait de Paris une sorte de modèle pour le reste des grandes villes » ; « Sacré-Cœur, véritable verrue construite pour se venger des Communards, comme pour prouver que la réaction politique ou la régression religieuse et la notion d’esthétique sont antinomiques ») en passant par Tunis (Carthage), Moscou (l’école de la guérilla), Pékin (où se faisaient soigner les blessés de la guerre contre l’armée française), Hanoi (la mousson, terme arabe signifiant la saison), Barcelone (le trafic d’armes pour le mouvement de libération) et Alger, avec la nostalgie de l’Andalousie arabe.
Au-delà des péripéties, Boudjedra revient sur un de ses thèmes favoris : la guerre pour l’indépendance contre le colonialisme. Comme dans « Les hommes libres », est évoqué le rôle des Algériens de France dans la lutte pour la libération de Paris.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
12/11/2011
souvenirs d'une sale guerre
Les soldats de l'aube
Déon Meyer
Point policier P1159
Déon Meyer est un écrivain vedette en Afrique du Sud. Quand j'étais là bas, il y a quelques semaines, la version anglaise de son dernier livre était dans les vitrines de toutes les librairies. Si la traduction française est littérale, il s'appellera "Traces". Comme je suis un peu paresseux, j'ai préféré attendre la traduction, et je me suis contenté d'un de ses livres plus anciens, en français, et en format de poche.
L'enquête est menée par un ex-policier devenu détective privé, qui lutte contre l'alcoolisme qui lui a déjà fait perdre sa femme.
Il est chargé, contre forte rémunération, de retrouver le testament volé d'un homme torturé et assassiné.
Comme toujours chez Déon Meyer, son enquête l'amène vers le passé de l'Afrique du Sud, le temps de l'apartheid, ces années 70 pendant lesquelles ce pays envoyait ses soldats lutter contre les indépendantistes marxistes de Namibie et d'Angola. "Le grand combat contre le communisme mettait parfois de bien étranges compagnons dans le même lit". "Dieu sait si ce pays avait des secrets ! A en remplir des hangars entiers. Mort, torture, armes chimiques et nucléaires, missiles balistiques et listes d'assassinats".
"44 tonnes de documents brûlés en 93".
"La femme en victime sans défense qu'on doit manipuler, objet de prédilection du tueur en série"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/11/2011
Afrique du Sud, 1952
Justice dans un paysage de rêve
Malla Nunn
Editions des deux terres
Traduction du titre original : "Un bel endroit pour mourir".
Septembre 1952, dans une petite bourgade rurale d'Afrique du Sud. "Une époque où le terme "immoralité" était appliqué aux rapports sexuels interraciaux et non à la multitude de lois qui privaient tant de gens de leur liberté".
Un policier débarque de la capitale pour enquêter sur la mort du chef de la police locale.
Très rapidement, il est dessaisi de l'affaire au profit de la police politique. Pour le pouvoir en place, qui vient d'instaurer l'apartheid, le coupable ne peut être que noir et communiste. Dans "La pâle figure" les coupables ne pouvaient être que juifs, puisque cela servait la propagande du pouvoir.
"Huit ans après les plages de Normandie et les ruines de Berlin, on parlait encore d'esprit afrikaner et de pureté de la race dans les plaines africaines"
Pour régenter les rapports entre les êtres humains, le pouvoir s'appuie sur la Bible de l'Eglise hollandaise réformée. Mais est-il possible de réglementer l'Amour, et même les attirances sexuelles ?
Bien qu'écarté, l'inspecteur Emmanuel Cooper reste et se plonge dans "les secrets et les mensonges de la petite ville".
"Le métier d'inspecteur était l'un des rares à ne pas être soumis à la loi interdisant le contact entre les races."
"Les Boers authentiques n'avaient pas besoin de faire preuve de bon goût : Dieu était à leur côté"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
30/10/2011
Républicains ou Vendéens ?
L'énigme de la rue Saint-Nicaise
Laurent Joffrin
Editions Robert Laffont
Il n'y a pas d'énigme de la rue Saint-Nicaise. Le jour de Noël 1800, "qu'un arrêté du gouvernement venait de rétablir après sept ans d'interdiction révolutionnaire", le Premier Consul échappe à un attentat (une bombe dissimulée dans une charrette, rue Saint-Nicaise), en se rendant à l'Opéra. Les coupables sont connus. D'où la difficulté d'en faire un roman. Laurent Joffrin, brillant journaliste du Nouvel Observateur puis de Libération, y parvient en romançant l'enquête qui conduit à la vérité.
Au temps du nazisme les coupables se devaient d'être juifs (voir ma note sur "La pâle figure"), au temps de l'apartheid d'être noirs (voir ma note sur "Justice dans un paysage de rêve"), Bonaparte, à ce moment politique, qu'il voulait de réconciliation nationale, avait besoin qu'ils soient républicains. "C'est une course entre la politique et la justice. La justice a trois longueurs de retard...Comme toujours."
A l'occasion de l'enquête, le lecteur rencontre non seulement Napoléon, mais aussi Fouché, "trop républicain" dont "l'intelligence avait atrophié le cœur", Madame Récamier, Madame de Staël..."Là où se croisaient les passions les plus grandes, celles qu'attisent la luxure, l'argent et le pouvoir". "L'or et la galanterie sont des ingrédients de la politique".
Avec des retours en arrière vers la terrible guerre de Vendée.
"Il n'y avait plus de privilèges, sinon ceux que l'on se taillait soi-même"
"Les principes veulent une liberté de religion, mais non une obligation de culte"
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/10/2011
l'étincelle qui a embrasé le monde arabe
Par le feu
Récit
Tahar Ben Jelloun
Membre de l'Académie Goncourt
Editions NRF / Gallimard
Dans une fiction, sous forme d'hommage, Tahar Ben Jelloun raconte les jours qui ont précédé le sacrifice, par le feu, de Mohamed Bouazizi, jeune diplômé mis dans l'impossibilité de survivre en vendant des fruits et légumes.
"A force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, il a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde"
"Le croyant est disposé au malheur ; Dieu le met à l'épreuve ; alors patience..."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature