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23/10/2011

Berlin et Vienne après guerre

Un requiem allemand

 

Philip Kerr

 

Troisième tome de la "trilogie berlinoise"

 

Prix des lecteurs 2010 Livre de poche policier,  N°31644

 

 

1947. Le détective privé Bernard Gunther ne s'attarde pas longtemps à Berlin, qui a reçu 75 000 tonnes de bombes. "Berlin ruinée par la vanité des hommes". Il a froid et il ne mange pas à sa faim. Sa femme flirte un peu trop avec un officier américain. ("Les seules femmes en qui on peut avoir confiance, ce sont les femmes des autres".) Il tue un soldat russe qui tentait de le dépouiller. Il accepte une mission à Vienne.

 

Contre forte rémunération, il doit prouver l'innocence d'un de ses anciens adjoints de la police berlinoise. Il croisera la route d'une association de "vieux camarades", ces anciens SS qui se font passer pour morts, que les Américains recyclent dans l'anticommunisme et les Russes dans le goût de l'ordre. "La Ratline était la principale filière d'évacuation clandestine des nazis recherchés". "Aujourd'hui, on croirait qu'ils n'ont été qu'une poignée". "Il existait une certaine base théologique pour refuser l'idée d'une culpabilité allemande collective. La culpabilité, expliquaient les prêtres, est une affaire personnelle entre un individu et son Dieu".

 

Les agents sont parfois doubles, sinon triples. Le "Troisième homme" et John Le Carré ne sont pas loin.

 

Avec le style caractéristique de Philip Kerr : "mon crâne palpitait comme les flancs d'un doberman excité." ; "La matinée était plus froide qu'un couteau de circoncision".

 

 

"Le langage bureaucratique était la seule langue qu'un Britannique pourrait parler en dehors de la sienne"

 

"Une très jolie fille doit veiller à se partager équitablement entre tous"

 

"Le mythe d'une armée française victorieuse est une idée presque insupportable pour un Allemand"

 

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

22/10/2011

prix allemand du polar

Requins d'eau douce

 

Heinrich Steinfest

Quatre fois "prix du polar" en Allemagne

 

Editions "carnets Nord"

 

 

Un corps déchiqueté par un requin et retrouvé dans la piscine du 28e étage d'un immeuble viennois.

 

L'enquête est menée par un policier un peu particulier, toujours dubitatif, plein de manies, qui dine chaque soir d'une soupe chez ses parents, qui roule en Ford mustang doré ("si vraiment la patrie existe, alors, pour la plupart des êtres humains elle doit se trouver à l'intérieur de leur voiture"),  et qui lit les aphorismes du philosophe Ludwig Wittgenstein en toutes occasions.

"Il considérait la criminalisation comme la plus philosophique de toutes les sciences de la nature"

 

Il y a peu d'action et pourtant des imprévus et des rebondissements en permanence, jusqu'à la conclusion finale, inattendue.

"C'est toujours l'impatience qui crée l'impression d'énigme".

 

 

"La plupart des agents de la police scientifique entretiennent avec les cadavres et morceaux de cadavres un rapport qui évoque un peu la discrète ferveur des philatélistes"

 

"C'était le strict respect des rituels qui donnait son sel à la vie de couple. Indispensable"

 

"C'est une chose entendue : seuls les livres- de préférence lorsque leurs couvertures montrent la pâleur de princesses anémiques- sont à même d'exposer, visuellement, de manière exemplaire, l'intelligence et le degré d'instruction d'un individu"

 

"Il y a beaucoup de gens qui travaillent consciencieusement parce qu'il leur manque, pour la paresse, le concept adéquat"

 

"Chaque être humain est fait pour deux ou trois choses dans la vie. Il nous faut juste identifier ces deux ou trois choses,  sous peine de rester prisonniers d'un terrible sentiment d'absurdité."

08:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

16/10/2011

Berlin en 1938

La pâle figure

 

2ème tome de la "Trilogie berlinoise"

 

Philip Kerr

 

Prix des lecteurs 2010 du "Livre de poche policier" n°31644

 

 

Traduction du titre original "Le pâle criminel".

 

Berlin 1938. L'année de l'annexion des Sudètes, grâce à la lâcheté des Français et des Britanniques, qui acceptent de signer les "accords de Munich" pour tenter d'éviter la guerre, alors qu'ils donneront à Hitler le signal qu'il peut aller plus loin.

L'année également de la "Nuit de cristal" : incendie de 177 synagogues et destruction de 7 000 magasins tenus par des juifs, alors que Berlin était une ville à la réputation de tolérance religieuse.

 

"Berlin est aussi chaud que l'aisselle d'un boulanger". Le style de Kerr est toujours aussi imagé !

"La bestialité la plus dépourvue de scrupules était en pleine renaissance aryenne".

Jusqu'où peut aller la recherche de la pureté du sang, sinon jusqu'à la catastrophe ?

 

Le narrateur, détective privé, enquête sur un chantage avec la même insolence, la même perspicacité, le même courage, et le lecteur se régale autant qu'à la lecture du premier volet de la trilogie.

 

 

"N'y-a-il pas des tas de façons d'échapper à ce qui nous fait peur, et l'une des plus répandues n'est-elle pas la haine ?"

 

"C'est lorsque vous êtes au régime que les tartes aux fraises vous paraissent les plus appétissantes"

 

"Lorsqu'une femme dépasse la cinquantaine, son âge n'a plus d'intérêt que pour elle. Alors que pour les hommes, c'est exactement le contraire"

 

"Les enfants sont le miroir de votre vieillesse. Le miroir de votre déclin"

 

 

08:13 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

15/10/2011

L'affaire Mao

La danseuse de Mao

 

Qiu Xiaolong

 

Points policiers n°P2139

 

 

Traduction du titre original : "L'affaire Mao".

Ne pas confondre avec le film "Mao's last dancer", tiré de l'autobiographie d'un danseur étoile du ballet de Pékin.

 

L'inspecteur Chen, bien connu depuis "Mort d'une héroïne rouge", est chargé de récupéré une marque d'affectation un peu trop compromettante que Mao aurait offert à une de ses "conquêtes", une actrice connue avec qui il aimait danser (d'où le titre français).

 

Aujourd'hui, le culte de Mao n'est plus ce qu'il était, mais il reste intouchable, puisque toutes les erreurs étaient de la faute de la "bande des quatre", menée par Madame Mao.

 

Au delà de l'enquête policière, l'auteur revient sur ses thèmes chers : les désastres de la "révolution culturelle", non seulement pour les familles, dont la sienne, qui en furent victimes, mais aussi pour les "gardes rouges" désorientés par la nouvelle ligne politique du parti.

 

Le livre décrit bien les immenses inégalités, si loin du rêve d'une société communiste.

"Avec une économie de marché entièrement capitaliste-et encore au stade de l'accumulation primitive-quelle sorte de superstructure communiste ou de "civilisation spirituelle" pouvait-on attendre ?"

Mais, "pour ceux que la réforme matérialiste a laissé au bord de la route, les années Mao deviennent un grand mythe. Une sorte d'âge d'or sans fossé entre les riches et les pauvres, sans corruption généralisée du Parti, sans crime organisé, ni prostitution, mais avec l'assurance médicale, gratuite, la retraite stable et le logement contrôlé par l'Etat."

 

Il est, bien entendu, également question de la vie sexuelle, conjugale (bigame à deux reprises) et extra conjugale du "Grand Timonier".

"Nuages et pluie était une métaphore courante pour l'amour sexuel dans la littérature classique"

 

 

"L'Histoire est une succession continuelle de dynasties. Celui qui est tout en bas de l'échelle se rebelle pour renverser celui qui est au sommet, mais le rebelle triomphant devient inévitablement l'Empereur corrompu et oppresseur à son tour"

 

"Une femme est comme une tête de poisson fumé. Pas beaucoup de chair et trop d'arrêtes"

 

"Il est facile de jeter des pierres sur quelqu'un qui est déjà au fond du puits"

 

"Seule la littérature dure des milliers d'automne"

 

08:27 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

08/10/2011

meilleur roman noir francophone 2010

Bien connu des services de police

 

Dominique Manotti

 

"Trophée du meilleur roman noir francophone 2010"

folio policier n°611

 

"Bien connu des services de police" est d'actualité, malheureusement. Dans une banlieue difficile, de jeunes policiers, peu formés, doivent faire face à des situations violentes, complètement en décalage avec les idées de leur ambitieuse commissaire qui se place dans l'optique sécuritaire du ministre de l'intérieur ("C'est la peur de l'insécurité, fortement corrélée à la peur de l'étranger, à la fois hyper réel et fantasmé, qui sont les ferments de la cohésion sociale" ; "On ne fait pas de la police avec les droits de l'Homme"). Par des "contrôles d'identité systématiques des Beurs et des Blacks", la France est transformée en pays d'occupation, sur la ligne politique du nettoyage ethnique. "Elle fait du travail de police un instrument de lutte idéologique, elle remplace la recherche de la preuve par une habile politique de communication".

 

Il y a des "bavures" policières, l'incendie d'un squat, peuplé d'immigrés, en situation plus ou moins régulière, de la spéculation immobilière, des zones où la police a du mal à se faire respecter, tant la violence est prégnante, des groupes d'extrême droite spécialisés dans les provocations...

 

Il y a également des ripoux, mais de petite envergure...

"Quand un flic cherche du renseignement, et comment pourrait-il faire son travail sans renseignement, c'est son oxygène, il est amené à fréquenter ceux qui le détiennent et qui sont, par définition, des truands".

 

J'aime quand les romans policiers n'oublient pas la dimension sociale et politique.

J'ai déjà dit dans ce blog tout le bien que je pense des livres de Dominique Manotti, en particulier "Lorraine connection", ainsi que le récent et excellent "L'honorable société", écrit avec DOA, probablement le meilleur livre que j'ai lu cet été.

 

 

"Ils pensent toujours que la sécurité et l'avenir de ce pays ne pourront être assurés que par un gouvernement fort, fondé sur l'ordre et le culte de la Nation, qui balaie toutes les théories humanitaristes et décadentes".

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature