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11/06/2011

Le Chili de Pinochet n'est pas mort

L’obscure mémoire des armes

Ramon Diaz-Eterovic

Editions Métaillé noir

 

La dernière aventure du détective privé Heredia. J’ai déjà parlé sur ce blog de « La couleur de la peau ». Heredia est un détective littéraire, qui complète ses maigres revenus en écrivant des résumés de livres. « On doit constamment être saoul d’écriture pour ne pas être détruit par la réalité » (Ray Bradbury). Il vit avec un chat philosophe baptisé « Simenon ». Avec lui, il ne peut être question d’une banale enquête. « Chercher la trace cachée, la vérité derrière les apparences »

« L’obscure mémoire des armes » nous parle de la période de la dictature militaire au Chili. Personne n’a oublié Pinochet. « Je ne crois pas les hypocrites qui prétendent ne pas avoir su ou ceux qui disaient être enfermés dans une bulle qui les empêchait de voir ce qui se passait ».  Amnistie et donc impunité ? Le débat faisait encore rage il y a deux semaines quand j’étais en Uruguay. Droit des victimes à la vengeance, si la justice ne passe pas ? « La vérité et la justice suivent parfois des chemins opposés ». Les anciens tortionnaires continuent-ils à commanditer des meurtres pour effacer leurs traces ? Sont-ils réellement devenus inactifs et inoffensifs ?

 

« Le courage consiste à dire ou faire quelque chose au moment opportun. Le reste n’est que remords ou compromissions »

« La politique, la sociologie, l’économie et autres sciences occultes prétendent expliquer le comportement erratique de l’homme depuis ses premiers pas sur la terre »

« Le poids des ans pèse comme une condamnation à l’heure de chercher un emploi »

« L’heure est venue, je suppose, de commencer à vivre de souvenirs »

« On ne peut échapper aux pressions de la mémoire. Tôt ou tard, que ça plaise ou non, on doit se rendre au rendez-vous qu’elle nous impose »

« Tout ce qui vaut la peine d’être consommé a une charmante odeur de cholestérol »

« Même les chats les plus farouches ont besoin d’une caresse de temps en temps »

« Un livre, un bon lit, une table bien garnie, une musique pour vous caresser les oreilles »

« La vie : sans doutes et  sans mystères, elle ne serait qu’une succession de jours monotones »

08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

05/06/2011

Leonardo da Vinci

L’obsession Vinci

Sophie Chauveau

Folio n°4880

 

Troisième, et dernier, volet de la trilogie sur les peintres du « siècle de Florence ». Après « La passion Lippi », mon préféré, celui dont la vie ressemble le plus à un roman et « Le rêve Botticelli ».

Léonard, le « génie universel », qui « rend intelligent qui l’écoute »,  « chercheur de liberté et de connaissances, revendiquant le droit au doute, peintre,  maître du « clair obscur » et du « sfumato ». Resté dans l’Histoire de l’Art de par sa « Joconde » (« l’invention du sourire »), sans oublier son « Annonciation », sa « Cène », sa « Belle ferronnière ».

Ingénieur militaire pour le compte de Ludovic Le Maure, Duc de Milan, puis pour César Borgia pour qui il fera construire le premier pont mobile d’Italie.

Inventeur d’instruments optiques,  il aurait tant voulu inventer des machines volantes.

Inventeur et fabriquant d’automates pour des fêtes somptueuses qu’il aimait à organiser pour le compte de ses maîtres.

Artiste itinérant de Florence à Milan, sous oublier Venise,  Mantoue, et même Rome quand un Médicis y sera élu Pape, avant de finir sa vie en France, comme invité de François 1er, au bord de la Loire. « Bouger ou être vivant sont synonymes, non ? ».

Sophie Chauveau nous fait revivre tout cela.

 

« L’antique mépris des nantis, bien à l’abri derrière leurs possessions »

« Se contenter de peu, mais avec un grand contentement. Un art certain pour le bonheur. » « Loin des rapetissantes vertus chrétiennes d’humilité, d’ascétisme, de culpabilité et de mauvaise conscience »

« Avec la médisance, rien ne court plus vite que la mégalomanie »

« Alors que je croyais apprendre à vivre, j’apprenais à mourir » (Leonard de Vinci)

 

 

08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

04/06/2011

Fantasmes de la vieillesse

Mémoire de mes putains tristes

Gabriel Garcia Marquez

Le livre de poche n°30608

 

Le narrateur raconte qu’à l’occasion de son quatre-vingt dixième anniversaire, il a voulu s’offrir une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge. Que les moralistes se rassurent : la nuit sera sage. « La morale aussi est une affaire de temps »

« J’ai découvert le plaisir invraisemblable de contempler le corps d’une femme endormie sans l’urgence du désir ni les inconvénients de la pudeur »

Dans ce petit livre aucune putain, triste ou gaie, n’y raconte ses mémoires, mais il y est beaucoup question de la vieillesse.

 

« Le premier symptôme de la vieillesse c’est quand on commence à ressembler à son père »

« Un des charmes de la vieillesse sont les provocations que se permettent les jeunes amies qui nous croient hors service »

« Je me suis habitué à me réveiller chaque matin avec une douleur différente qui changeait de place et de forme à mesure que les années passaient »

« La cinquantaine a été décisive, parce que j’avais pris conscience que presque tout le monde était plus jeune que moi. La soixantaine la plus intense, car j’avais cru ne plus pouvoir me permettre de faire des erreurs. Celle de soixante-dix à quatre-vingt a été terrible, car elle aurait pu être la dernière. »

« On n’a pas l’âge que l’on paraît mais celui que l’on sent » « On continue à se voir de l’intérieur tel qu’on a toujours été, alors que les autres découvrent les changements de l’extérieur » « On vieillit davantage et plus mal sur les portraits que dans la réalité » «Nous sommes vieux. L’ennui c’est qu’au-dedans on ne le sent pas, mais qu’au dehors tout le monde le voit »

« Mon âge sexuel ne m’a jamais inquiété, parce que ma vigueur dépendait moins de moi que d’elles, et qu’elles savent le comment et le pourquoi quand elles veulent » « Ce sont les inconvénients d’être toujours en vie »

« Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus »

 « Personne ne peut te reprendre ce que tu as vécu »

« J’étais condamné à mourir d’amour au terme d’une agonie de plaisir un jour quelconque après ma centième année »

08:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

29/05/2011

Charles IX

Charly 9

Jean Teulé

Editions Julliard

 

Biographie romancée de Charles IX, devenu roi à 10 ans, et resté sous la coupe de sa mère, la Régente, Catherine de Médicis.

Il est resté dans l’Histoire comme le Roi de l’horreur de la Saint Barthélémy, lui qui avait signé,  avec les protestants,  la Paix de Saint-Germain et qui cherchait la conciliation avec eux, allant jusqu’à marier sa sœur, la « Reine Margot » avec Henri de Navarre, alors âgé de 19 ans, lui dont la maîtresse, Marie Touchet, dont il a eu un fils,  était protestante.

Dans le film « La Reine Margot », jouée par Isabelle Adjani,  Charles est incarné de façon inoubliable par Jean-Hugues Anglade.

Le roman commence avec la calamiteuse décision prise sous la pression du « conseil royal » emmené par Catherine de Médicis, et se termine par les obsèques du Roi, mort à 23 ans, elles aussi sanglantes.

Entre les deux le basculement dans la folie,  devant l’horreur commise, avec la bénédiction du Pape. « Etat dépressif grave, proche de la prostration, et troublé par d’incessantes hallucinations ».

Tout cela raconté dans le style alerte de Teulé. Qui n’hésite pas devant les anachronismes, probablement pour rendre son récit plus actuel.

Un petit livre plaisant, qui ne mérite probablement ni son succès de ventes, ni la critique sévère du « Monde des livres » de cette semaine…

09:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature

28/05/2011

le roman de l'Uruguay du XXe siècle

La montagne invisible

Carolina De Robertis

Editions Belfond

 

L’Uruguay au XXe siècle à travers la vie de trois femmes.

Tout commence avec le grand-père, Ignacio,  qui quitte l’Italie pour émigrer dans le « nouveau monde », à Montevideo, « une ville de marins et d’ouvriers, de laine et de bœuf,  de pierres grises et de longues nuits d’hiver glacés ». Il apprend à boire la grappa au miel et le « maté » avec la « bombilla », « le liquide vert au goût amer et vivifiant. Le goût de l’Uruguay ». « Le président du nom de Battle y Ordonnez avait ensorcelé la population en promettant des écoles, des droits aux ouvriers et des hôpitaux ». « Il a transformé l’Uruguay en pays démocratique ». L’émancipation des femmes y date de 1905 ! Ignacio épouse, au fin fond de la campagne, Pajita (petit oiseau), jeune paysanne illettrée mais intelligente. Elle affirme descendre de José Artigas, héros de l’indépendance. « Il a mené le combat pour l’indépendance avec les gauchos, les indiens et les esclaves libérés ». Sa connaissance des plantes  permettra à Pajita de faire vivre sa famille pendant les absences de son mari.

Sa fille Eva devra quitter trop tôt ses études, mais n’abandonnera jamais son amour de la poésie. Elle partira pour Buenos Aires, de l’autre côté du Rio de la Plata.

Elle y connaîtra l’amour et vivra l’aventure du péronisme, jusqu’à la chute, qui entraînera pour elle le retour sur sa terre natale.

La fille d’Eva, Salomé, rejoint les Tupamaros, dont le nom s’inspirait de Tupac Amaru, le dernier roi inca transformé en martyr par les Espagnols. Les Tupamaros proclamaient « le droit sacré à la rébellion ». Nous étions en 1968 ! Les Tupamaros cherchaient à ridiculiser le pouvoir autoritaire du Président Pacheco, si possible sans utiliser la violence.  Ils ne réussirent qu’à permettre la prise du pouvoir par une junte militaire. Salomé est victime de la répression, des tortures, de l’emprisonnement. A ce moment là, « l’Uruguay détenait le record mondial du plus grand nombre de prisonniers politiques par habitant. »

Comme le dit l’auteur : « bien que ce livre soit un roman, il repose sur des évènements historiques réels. Ma propre famille fut une des plus importantes sources de documentation. »

 

« A chaque saison, un nouveau tyran, à la tête d’une armée, détruisait une autre armée, se saisissait du pouvoir, puis le perdait ».

« La mémoire est la reine des tours de passe-passe : elle embellit ce qui brille déjà et laisse dans l’ombre les misères et les erreurs »

« L’Uruguay avait eu un destin unique, preuve d’une solide démocratie : alphabétisation importante, droits du travail, santé publique »

« L’Uruguay, un joyau perdu sur un continent oublié »

« J’étais né pour te caresser, ma vie pour ça, ma main sur ta peau »

13:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature