18/06/2011
Le Président a disparu : le Poulpe le recherche !
La vacance du petit Nicolas
Le poulpe
Pierre Cherruau et Renaud Dely
Editions de la Baleine
"Toute ressemblance avec des faits réels, des personnes vivantes ou ayant vécu, ne serait que le fruit du hasard".
Il est certain que "le Poulpe" est un personnage de fiction. Il a même la particularité de vivre des aventures romanesques écrites par des auteurs différents.
Cette fois ci, il s'agit d'un auteur de romans policiers (dont, déjà, une aventure du Poulpe) et d'un journaliste politique.
Tous les autres personnages sont des caricatures de responsables politiques, bien connus, que Le Poulpe est amené à rencontrer dans son enquête pour retrouver le Président de la République qui, lui même, "le nain de Neuilly", "le Conducator de l'Elysée", n'est pas épargné, "avec ses yeux de maquignon de comice agricole", "son attitude de comédien de série B" qui "refaisait son coup du "est-ce que vous trouvez ça normal ?".
Le lecteur croise donc "le visage d'honnête homme d'Eric Woerth", "le regard de mutant de Brice Hortefeux, "l'illuminée du Poitou", "le Che Guevarra des PTT", Faurisson et "sa voix nasillarde. Forcément nasillarde", "Titine", "pas du genre à laisser sa part à la cantine, souriante comme une porte de prison, un air de mère matonne à faire régner la terreur dans les cours de promenade. On se serait cru au parloir. C'était le Bureau national du PS !", chez DSK "un piano, à queue, évidemment" (c'était avant l'aventure du Sofitel...), "Nanard", "un gars capable de braquer 350 millions d'euros dans les caisses du Lyonnais et d'en ressortir avec les félicitations du jury et la compassion du public pour "préjudice moral", jamais vu", et quelques autres...
Jubilatoire !
08:43 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
11/06/2011
Le Chili de Pinochet n'est pas mort
L’obscure mémoire des armes
Ramon Diaz-Eterovic
Editions Métaillé noir
La dernière aventure du détective privé Heredia. J’ai déjà parlé sur ce blog de « La couleur de la peau ». Heredia est un détective littéraire, qui complète ses maigres revenus en écrivant des résumés de livres. « On doit constamment être saoul d’écriture pour ne pas être détruit par la réalité » (Ray Bradbury). Il vit avec un chat philosophe baptisé « Simenon ». Avec lui, il ne peut être question d’une banale enquête. « Chercher la trace cachée, la vérité derrière les apparences »
« L’obscure mémoire des armes » nous parle de la période de la dictature militaire au Chili. Personne n’a oublié Pinochet. « Je ne crois pas les hypocrites qui prétendent ne pas avoir su ou ceux qui disaient être enfermés dans une bulle qui les empêchait de voir ce qui se passait ». Amnistie et donc impunité ? Le débat faisait encore rage il y a deux semaines quand j’étais en Uruguay. Droit des victimes à la vengeance, si la justice ne passe pas ? « La vérité et la justice suivent parfois des chemins opposés ». Les anciens tortionnaires continuent-ils à commanditer des meurtres pour effacer leurs traces ? Sont-ils réellement devenus inactifs et inoffensifs ?
« Le courage consiste à dire ou faire quelque chose au moment opportun. Le reste n’est que remords ou compromissions »
« La politique, la sociologie, l’économie et autres sciences occultes prétendent expliquer le comportement erratique de l’homme depuis ses premiers pas sur la terre »
« Le poids des ans pèse comme une condamnation à l’heure de chercher un emploi »
« L’heure est venue, je suppose, de commencer à vivre de souvenirs »
« On ne peut échapper aux pressions de la mémoire. Tôt ou tard, que ça plaise ou non, on doit se rendre au rendez-vous qu’elle nous impose »
« Tout ce qui vaut la peine d’être consommé a une charmante odeur de cholestérol »
« Même les chats les plus farouches ont besoin d’une caresse de temps en temps »
« Un livre, un bon lit, une table bien garnie, une musique pour vous caresser les oreilles »
« La vie : sans doutes et sans mystères, elle ne serait qu’une succession de jours monotones »
08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
05/06/2011
Leonardo da Vinci
L’obsession Vinci
Sophie Chauveau
Folio n°4880
Troisième, et dernier, volet de la trilogie sur les peintres du « siècle de Florence ». Après « La passion Lippi », mon préféré, celui dont la vie ressemble le plus à un roman et « Le rêve Botticelli ».
Léonard, le « génie universel », qui « rend intelligent qui l’écoute », « chercheur de liberté et de connaissances, revendiquant le droit au doute, peintre, maître du « clair obscur » et du « sfumato ». Resté dans l’Histoire de l’Art de par sa « Joconde » (« l’invention du sourire »), sans oublier son « Annonciation », sa « Cène », sa « Belle ferronnière ».
Ingénieur militaire pour le compte de Ludovic Le Maure, Duc de Milan, puis pour César Borgia pour qui il fera construire le premier pont mobile d’Italie.
Inventeur d’instruments optiques, il aurait tant voulu inventer des machines volantes.
Inventeur et fabriquant d’automates pour des fêtes somptueuses qu’il aimait à organiser pour le compte de ses maîtres.
Artiste itinérant de Florence à Milan, sous oublier Venise, Mantoue, et même Rome quand un Médicis y sera élu Pape, avant de finir sa vie en France, comme invité de François 1er, au bord de la Loire. « Bouger ou être vivant sont synonymes, non ? ».
Sophie Chauveau nous fait revivre tout cela.
« L’antique mépris des nantis, bien à l’abri derrière leurs possessions »
« Se contenter de peu, mais avec un grand contentement. Un art certain pour le bonheur. » « Loin des rapetissantes vertus chrétiennes d’humilité, d’ascétisme, de culpabilité et de mauvaise conscience »
« Avec la médisance, rien ne court plus vite que la mégalomanie »
« Alors que je croyais apprendre à vivre, j’apprenais à mourir » (Leonard de Vinci)
08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
04/06/2011
Fantasmes de la vieillesse
Mémoire de mes putains tristes
Gabriel Garcia Marquez
Le livre de poche n°30608
Le narrateur raconte qu’à l’occasion de son quatre-vingt dixième anniversaire, il a voulu s’offrir une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge. Que les moralistes se rassurent : la nuit sera sage. « La morale aussi est une affaire de temps »
« J’ai découvert le plaisir invraisemblable de contempler le corps d’une femme endormie sans l’urgence du désir ni les inconvénients de la pudeur »
Dans ce petit livre aucune putain, triste ou gaie, n’y raconte ses mémoires, mais il y est beaucoup question de la vieillesse.
« Le premier symptôme de la vieillesse c’est quand on commence à ressembler à son père »
« Un des charmes de la vieillesse sont les provocations que se permettent les jeunes amies qui nous croient hors service »
« Je me suis habitué à me réveiller chaque matin avec une douleur différente qui changeait de place et de forme à mesure que les années passaient »
« La cinquantaine a été décisive, parce que j’avais pris conscience que presque tout le monde était plus jeune que moi. La soixantaine la plus intense, car j’avais cru ne plus pouvoir me permettre de faire des erreurs. Celle de soixante-dix à quatre-vingt a été terrible, car elle aurait pu être la dernière. »
« On n’a pas l’âge que l’on paraît mais celui que l’on sent » « On continue à se voir de l’intérieur tel qu’on a toujours été, alors que les autres découvrent les changements de l’extérieur » « On vieillit davantage et plus mal sur les portraits que dans la réalité » «Nous sommes vieux. L’ennui c’est qu’au-dedans on ne le sent pas, mais qu’au dehors tout le monde le voit »
« Mon âge sexuel ne m’a jamais inquiété, parce que ma vigueur dépendait moins de moi que d’elles, et qu’elles savent le comment et le pourquoi quand elles veulent » « Ce sont les inconvénients d’être toujours en vie »
« Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus »
« Personne ne peut te reprendre ce que tu as vécu »
« J’étais condamné à mourir d’amour au terme d’une agonie de plaisir un jour quelconque après ma centième année »
08:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
29/05/2011
Charles IX
Charly 9
Jean Teulé
Editions Julliard
Biographie romancée de Charles IX, devenu roi à 10 ans, et resté sous la coupe de sa mère, la Régente, Catherine de Médicis.
Il est resté dans l’Histoire comme le Roi de l’horreur de la Saint Barthélémy, lui qui avait signé, avec les protestants, la Paix de Saint-Germain et qui cherchait la conciliation avec eux, allant jusqu’à marier sa sœur, la « Reine Margot » avec Henri de Navarre, alors âgé de 19 ans, lui dont la maîtresse, Marie Touchet, dont il a eu un fils, était protestante.
Dans le film « La Reine Margot », jouée par Isabelle Adjani, Charles est incarné de façon inoubliable par Jean-Hugues Anglade.
Le roman commence avec la calamiteuse décision prise sous la pression du « conseil royal » emmené par Catherine de Médicis, et se termine par les obsèques du Roi, mort à 23 ans, elles aussi sanglantes.
Entre les deux le basculement dans la folie, devant l’horreur commise, avec la bénédiction du Pape. « Etat dépressif grave, proche de la prostration, et troublé par d’incessantes hallucinations ».
Tout cela raconté dans le style alerte de Teulé. Qui n’hésite pas devant les anachronismes, probablement pour rendre son récit plus actuel.
Un petit livre plaisant, qui ne mérite probablement ni son succès de ventes, ni la critique sévère du « Monde des livres » de cette semaine…
09:49 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature