06/01/2023
entre Cherbourg et le Pakistan
Les sentiers obscurs de Karachi
Olivier Truc
éditions Métailié
Olivier Truc est journaliste, au Monde. Il s'est fait connaitre comme auteur de romans policiers avec "Le dernier Lapon", et il a continué dans la même veine avec "Les enquêtes de la police des rennes".
Il nous surprend avec ce polar en nous entraînant au Pakistan.
En France on se souvient de cette histoire de "rétrocommissions" sur la vente de sous-marins. Argent ayant contribué à la campagne présidentielle de Balladur. Chirac élu président, un brin rancunier, avait bloqué les versements de ces commissions et il se raconte que ces non-paiements avait provoqué, en 2002, un attentat contre les techniciens français présents à Karachi. Autre hypothèse : les Français auraient fait des rétentions de transferts de technologie prévus au contrat.
Pour les Pakistanais, un attentat parmi d'autres, au rythme d'un par semaine, en moyenne. Généralement contre les Chiites baloutches. "Le gouvernement s'en prend à toutes les minorités religieuses.
Un journaliste français se rend sur place pour essayer d'y voir plus clair.
"Karachi n'est plus une ville. Mais un cri de détresse. Qui résonne. Des quatre côtés. On ne tire plus en l'air à Karachi. Les balles atteignent désormais les rêves des habitants..."
"La vérité restera cachée à ceux qui ne veulent pas la voir, et seulement à ceux-là. Seule la justice restera cachée."
"La littérature pouvait prendre le relais du journalisme. Là où une enquête pouvait buter sur l'incapacité d'apporter des preuves pour faire éclater la vérité, la littérature pouvait s'en affranchir et permettre de panser les plaies, de punir les coupables, d'apporter une forme de justice virtuelle, faute de justice des hommes."
08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar
30/12/2022
En Géorgie
La baignoire de Staline
Renaud S. Lyautey
Seuil / cadre noir
Les Géorgiens se sentent très proches des Ukrainiens. Comme en Ukraine la Géorgie a deux régions séparatistes, aidées par la Russie, avec présence militaire russe : l'Abkhazie et l'Ossétie. Les politiciens tentés par un rapprochement avec l'Union européenne sont contrés par les forces pro-russes. La Géorgie a manifestement servi de terrain d'essai à Poutine, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, alors président de la République française qui assurait la présidence tournante de l'UE. Un remake des accords de Munich, Sarko assurant le rôle de Chamberlain, sans les scrupules de Daladier. Hitler ne s'était pas contenté des Sudètes, Poutine ne se contenterait pas du Donbass. Il rêve de reconstruire l'Empire russe.
La Géorgie est la terre natale de Staline...et de Béria, chef du KGB ! Staline avait fait construire un ensemble balnéaire important en marge duquel Staline s'était fait construire un immense palais dans lequel se trouvait la baignoire du dictateur, volée pour être revendue par des habitants qui manquent de tout.
"En Russie, encore aujourd'hui, la question du legs historique de l'URSS est un enjeu national. Des groupes d'historiens s'affrontent quotidiennement. Et le pouvoir russe actuel, à l'évidence, se considère comme le dépositaire de ce legs. Au prix des pires travestissements. On réécrit l'histoire. On réhabilité Staline. Et on veille à ce que nul n'écorne les épisodes les plus glorieux de la guerre froide."
C'est un polar, donc il y a des meurtres et une enquête.
Renaud S. Lyautey est diplomate et fut ambassadeur en Géorgie. Il nous fait visiter le pays.
"la frontière invisible entre les empires perse et ottoman".
"A la violence des moeurs caucasiennes répondait une nonchalance orientale."
"un peuple solidement campé sur ses deux jambes depuis la nuit des temps, qu'aucun envahisseur - qu'il fût byzantin, persan, arabe, turcs ou russe - n'était jamais parvenu à déloger, ni même à assimiler."
"Quand les Russes ont entamé la conquête des nations du Caucase aux dépens des Persans, au début du XIXe siècles, ils ont , en quelques sorte, découvert le Sud."
"La criminologie, même dans les versions les plus modernes , était une science de l'échec. Certes, on finissait presque toujours par deviner ce qui s'était passé. Avec un peu de chance, on arrêtait même des suspects. Mais on ne faisait pas revenir les morts."
07:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, géorgie
26/12/2022
Espions à la retraite
L'espion qui aimait les livres
John le Carré
Seuil
John le Carré est décédé il y a deux ans, à l'âge de 89 ans. Son plus jeune fils, Nick Cornwell, a retrouvé le manuscrit non publié de "L'espion qui aimait les livres", et a considéré que cette oeuvre méritait d'être publiée.
"L'espion qui aimait les livres" présente une caractéristique inédite pour un roman de le Carré : il décrit un service divisé entre plusieurs factions politiques, pas toujours bienveillant envers ceux qu'il devrait protéger, pas toujours très efficace ou attentif, et en fin de compte, plus très sûr d'arriver à se justifier lui même. Dans "l'espion qui aimait les livres", les espions britanniques ont, comme beaucoup d'entre nous, perdu leurs certitudes sur ce que représente leur pays et sur leur identité véritable." (Nick Cornwell)
L'espion à la retraite aime les livres, se rend à toute heure dans la petite libraire du village qui vient d'être reprise par Julian qui a abandonné son job lucratif à la City.
Comme, je suppose, tous les retraités il se souvient de quelques actions d'éclat de sa vie active, en particulier avec son épouse qui était également sa collègue.
"Au fil du temps, il en venait à considérer tout le clan, satellites inclus, comme uni non pas par les secrets qu'ils partageaient mais par les secrets qu'ils se cachaient les uns aux autres"
08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, espionnage
13/12/2022
Une ado n'est pas rentrée
Le carré des indigents
Hugues Pagan
éditions Payot / Rivages / Noir
Grand Prix de littérature policière
Prix noir de l'Histoire
Prix Landerneau du Polar
Surprenant que le prix noir de l'Histoire soit attribué à un roman ont l'action, les actions, se déroulent en 1973. En fait l'inspecteur de police qui enquête a fait partie de l'armée en Algérie, dans les Aurès, et il ne s'en est pas remis.
"Les guerres coloniales ne sont pas des guerres, ce sont tout au plus des opérations de basse police où les populations paient le prix fort.
Malheureusement, l'enlèvement d'une adolescente n'est pas cantonné au domaine de la fiction.
Pas question de ne suivre que la piste de l'assassinat car d'autres affaires ne peuvent être délaissées. Y compris la disparition d'un clochard. Suite à une bavure policière ? La police doit affronter la misère humaine, c'est "Le carré des indigents".
"Dans la pénombre, le Bunker (le commissariat de police) revêtait des atours maléfiques. On devinait bien qu'il s'agissait du dernier rempart, abrupt et solitaire, contre le désordre et la colère à venir, qu'il était avant tout destiné à faire peur, à contenir ceux que l'on craignait presque autant que les Rouges : les pauvres." "La justice, c'est pas pour les pauvres".
08:09 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar
05/12/2022
Prix du Quai des Orfèvres 2023
Fils de personne
Jean-François Pasques
éditions Fayard
Chaque année le prix du Quai des Orfèvres met en avant une spécialité de la police. Cette année c'est une psychologue qui vient aider les policiers. D'abord réticents face à ce qu'ils considèrent comme une ingérence dans leurs enquêtes, ils découvrent vite l'aide qu'elle peut leur apporter.
Le thème de cette année est la naissance "sous X". Malgré la généralisation de la contraception et la légalisation de l'interruption de grossesse, il reste de nombreuses naissances "sous X", avec, parfois, des répercussions psychologiques qui peuvent amener certains d'entre eux entre les pages d'un roman policier.
"Tout grand lecteur compulsif avait sa PAL : sa Pile à Lire, une pile ne diminuant jamais, toujours alimentée , parce qu'elle était en quelque sorte à la lecture ce que le désir était au plaisir."
"les flics sont de grands optimistes, ils prévoient toujours le pire en espérant le meilleur."
08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar