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11/04/2023

Violences de classes et violences de genre

Petite Sale

Louise Mey

éditions du Masque

 

Catherine est petite et elle "fait" sale. Catherine est pauvre, élevée par sa mère couturière et veuve. Catherine travaille comme domestique au domaine du plus gros betteravier de la région. Même les autres domestiques lui donnent des ordres.

Monsieur est riche. Il ne parle pas à Catherine, il lui donne des ordres comme à tout le monde, y compris au Maire, y compris à ses enfants, sans parler de son épouse. Monsieur a le pouvoir que donne l'argent.

Le jour où sa petite-fille de quatre ans est enlevée, Monsieur est face à un abîme : comment renoncer à son cher argent pour payer la rançon ? Comment accepter que ces policiers venus du quai des Orfèvres n'aient pas à son égard la même déférence que tout le village dont presque tous les habitants dépendent de lui ?

Ce livre est d'abord une intrigue policière : qui a enlevé l'enfant ? l'enfant sera-t-il rendu vivant(e) ? la rançon récupérée après coup ? Mais c'est également une galerie de portraits : le Maître et ses trois enfants adultes, les ouvriers agricoles, bucherons,  saisonniers italiens, suspects puisque étrangers...

Portrait également de ces paysages des Hauts de France, aux terres riches et lourdes qui collent aux chaussures. En plus,  l'action se déroule lors d'un hiver particulièrement dur. 

 

"de manière brouillonne, il pense qu'être riche, c'est avoir le luxe de décider devant qui on doit avoir honte."

 

17:16 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar

04/04/2023

Alain Mabanckou au polar

Tais toi et meurs

Alain Mabanckou

Points policiers P5698

 

Makambo est le personnage de Mabanckou. Comme lui, il vient du Congo Brazzaville. Julien Makambo est en prison. Et pourtant, nous savons qu'il est innocent.

L'affaire commence rue du Canada, dans le 18 ème arrondissement. Rien à voir avec le roman mais la rue du Canada est une petite rue que je parcourais le matin pour aller de notre domicile de la rue Riquet, à mon école primaire de garçons, et le soir pour en revenir.

Julien est un "sapeur", une personne élégante qui dépense des fortunes pour acheter des costumes et des chaussures hors de prix. Par exemple un costume vert vif.

Julien survit grâce à diverses combines montées par son aîné. Jusqu'à celle de trop qui va conduire notre gentil et naïf "sapeur" en prison.

Le suspens n'est pas intense mais la lecture est aisée.

 

08:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar

01/02/2023

Enquête serrée

Rétiaire (s)

DOA

Série noire / Gallimard

 

Lutte contre les stupéfiants : une grande part du travail de la police, avec plusieurs services qui s'entendent plus ou moins. Relations compliquées par les habitudes de travail différentes entre les policiers, les gendarmes, et les douaniers, forcément impliqués puisque "la came" vient d'au-delà de nos frontières. Sous l'oeil malveillant de la fameuse "IGPN", la police des polices.

Les meilleures prises viennent de confidences du clan des voyous. Jusqu'où peut aller la coopération entre police et crime organisé ?

S'il y a des divisions entre les forces de l'ordre, elles ne manquent pas non plus parmi les forces du désordre.

Un "interlude" nous explique le rôle de la Bolivie dans la production, la transformation et la vente de la coca.

DOA sait raconter des histoires et, à cause de lui,  je me suis plusieurs fois endormi à pas d'heure...

 

"Je me suis mise à pâtisser comme une folle. Mon mari a pris dix kilos en un an. Par amour croyez-moi, parce que j'en ai raté pas mal, des gâteaux, durant cette période. Il a tout mangé quand même." "La pâtisserie, c'est précis. Il faut de la maîtrise, de la discipline. Procéder dans l'ordre, en suivant les règles. Et prendre son temps."

"Il ne doit surtout pas y avoir la moindre circonstance atténuante qui obligerait à réfléchir sur le fonctionnement ou le dysfonctionnement de l'institution- son incapacité à garantir la sécurité de ses fonctionnaires et de leurs familles, par exemple - et par delà, l'impéritie de ses chefs et des chefs de ses chefs, les politiques. In fine, ce sont eux qu'il faut protéger des égarements de la troupe, pas le public."

"c'est la police ici, on ne commande pas, on gère les susceptibilités"

 

 

 

07:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar

06/01/2023

entre Cherbourg et le Pakistan

Les sentiers obscurs de Karachi

Olivier Truc

éditions Métailié

 

Olivier Truc est journaliste, au Monde. Il s'est fait connaitre comme auteur de romans policiers avec "Le dernier Lapon", et il a continué dans la même veine avec "Les enquêtes de la police des rennes".

Il nous surprend avec ce polar en nous entraînant au Pakistan.

En France on se souvient de cette histoire de "rétrocommissions" sur la vente de sous-marins. Argent ayant contribué à la campagne présidentielle de Balladur. Chirac élu président,  un brin rancunier, avait bloqué les versements de ces commissions et il se raconte que ces non-paiements avait provoqué, en 2002,  un attentat contre les techniciens français présents à Karachi. Autre hypothèse : les Français auraient fait des rétentions de transferts de technologie prévus au contrat.

Pour les Pakistanais, un attentat parmi d'autres, au rythme d'un par semaine, en moyenne. Généralement contre les Chiites baloutches. "Le gouvernement s'en prend à toutes les minorités religieuses.

Un journaliste français se rend sur place pour essayer d'y voir plus clair.

 

"Karachi n'est plus une ville. Mais un cri de détresse. Qui résonne. Des quatre côtés. On ne tire plus en l'air à Karachi. Les balles atteignent désormais les rêves des habitants..."

"La vérité restera cachée à ceux qui ne veulent pas la voir, et seulement à ceux-là. Seule la justice restera cachée."

"La littérature pouvait prendre le relais du journalisme. Là où une enquête pouvait buter sur l'incapacité d'apporter des preuves pour faire éclater la vérité, la littérature pouvait s'en affranchir et permettre de panser les plaies, de punir les coupables, d'apporter une forme de justice virtuelle, faute de justice des hommes."

 

08:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar

30/12/2022

En Géorgie

La baignoire de Staline

Renaud S. Lyautey

Seuil / cadre noir

 

Les Géorgiens se sentent très proches des Ukrainiens. Comme en Ukraine la Géorgie a deux régions séparatistes, aidées par la Russie, avec présence militaire russe : l'Abkhazie et l'Ossétie. Les politiciens tentés par un rapprochement avec l'Union européenne sont contrés par les forces pro-russes. La Géorgie a manifestement servi de terrain d'essai à Poutine, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy, alors président de la République française qui assurait la présidence tournante de l'UE. Un remake des accords de Munich, Sarko assurant le rôle de Chamberlain, sans les scrupules de Daladier. Hitler ne s'était pas contenté des Sudètes, Poutine ne se contenterait pas du Donbass. Il rêve de reconstruire l'Empire russe.

La Géorgie est la terre natale de Staline...et de Béria, chef du KGB ! Staline avait fait construire un ensemble balnéaire important en marge duquel Staline s'était fait construire un immense palais dans lequel se trouvait la baignoire du dictateur, volée pour être revendue par des habitants qui manquent de tout.

 

"En Russie, encore aujourd'hui, la question du legs historique de l'URSS est un enjeu national. Des groupes d'historiens s'affrontent quotidiennement. Et le pouvoir russe actuel, à l'évidence, se considère comme le dépositaire de ce legs. Au prix des pires travestissements. On réécrit l'histoire. On réhabilité Staline. Et on veille à ce que nul n'écorne les épisodes les plus glorieux de la guerre froide."

C'est un polar, donc il y a des meurtres et une enquête.

Renaud S. Lyautey est diplomate et fut ambassadeur en Géorgie. Il nous fait visiter le pays.

 

"la frontière invisible entre les empires perse et ottoman".

"A la violence des moeurs caucasiennes répondait une nonchalance orientale."

"un peuple solidement campé sur ses deux jambes depuis la nuit des temps, qu'aucun envahisseur - qu'il fût byzantin, persan, arabe, turcs ou russe - n'était jamais parvenu à déloger, ni même à assimiler."

"Quand les Russes ont entamé la conquête des nations du Caucase aux dépens des Persans, au début du XIXe siècles, ils ont , en quelques sorte, découvert le Sud."

"La criminologie, même dans les versions les plus modernes , était une science de l'échec. Certes, on finissait presque toujours par deviner ce qui s'était passé. Avec un peu de chance, on arrêtait même des suspects. Mais on ne faisait pas revenir les morts."

 

07:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, géorgie