26/08/2008
j'en ai tant vu
J'en ai tant vu
Mémoires
Claude Estier
Editions Le cherche midi
Il est certain qu'il en a beaucoup vu, Claude Estier, comme journaliste et comme responsable politique, très tôt proche de Mitterrand puis membre de "la bande du 18e arrondissement" (Jospin, Delanoë, Vaillant).
Comme toujours il a voulu apporter sa "contribution à une meilleure compréhension de situations et d'évènements", car il est "plus utile que jamais de savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va".
Il parle de son parcours, de Mitterrand, de Guy Mollet, de beaucoup d'autres.
Il parle du PS et de politique française, mais aussi de politique internationale, qu'il a suivi comme journaliste puis comme parlementaire, en particulier comme Président de la commission des affaires étrangères du Sénat.
Député européen de juin 1979 à juin 1981 (je l'ai donc fréquenté de janvier à juin 81), il note : "l'atmosphère du Parlement européen me paraît très déphasé par rapport à la bataille politique française" (c'est encore plus vrai aujourd'hui !!!)
Extraits
"Dans une dictature, il n'y a pas de limite à l'erreur. Le monde arabe ne peut pas avancer sans un minimum de démocratie"
"L'Iran, c'est le divorce entre un pouvoir religieux profondément réactionnaire, et une société civile avide de liberté".
"La nouvelle nature du capitalisme tend à substituer le profit immédiat à l'investissement productif"
08:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ps
19/08/2008
L'aube, le soir ou la nuit
Yasmina Reza
Editions Flammarion, Albin Michel
Que Yasmina Reza sache écrire, c'est indiscutable. Elle l'avait prouvé dans une quinzaine de pièces de théâtre, la plupart à succès.
Qu'elle soit tombée sous le charme du personnage de théâtre qu'était le candidat gagnant de l'élection présidentielle, c'était inévitable et personne ne peut l'en blâmer.
Le livre a été très médiatisé et pourtant les chiffres de vente n'ont pas été mirobolants.
Pas assez ou trop politique selon les goûts...
Il est écrit de façon à être agréable à lire.
Et je ne suis pas devenu sarkozyste en le lisant !
Comme Sarkozy a gagné, ce n'est pas une tragédie."Il n'y a pas de lieux dans la tragédie. Et il n'y a pas d'heures non plus. C'est l'aube, le soir ou la nuit".
Citations
"Les écrivains ont en commun avec les tyrans de plier le monde à leur désir"
"Je le trouve élégant. Il est retourné chez Dior. Avant il allait chez Lanvin.
"Il n'y a de vérité qu'au présent"
"Ils ne jouent pas leur existence, mais plus grave, l'idée qu'ils s'en sont faite"
"Ces hommes ne veulent pas le bonheur, ils veulent leur chance dans la bataille"
"Il ne s'adresse qu'à lui même"
"On ne peut qu'admirer le don et la compétence"
"Se faire élire n'est pas se faire aimer"
"Il n'y a pas de gène du destin, ni malheureux, ni heureux"
"Etre adulte c'est être seul" Jean Rostand
"La jeunesse, c'est la promesse des commencements" Rilke
"Il a réinventé la politique par le verbe, maintenant on est dans l'action"
Citations de "l'entourage"
"Quand on a bien travaillé, il n'y a rien de déshonorant à échouer"
"C'est un métier de con pour gens intelligents"
"La réalité n'a aucune importance, il n'y a que la perception qui compte."
"Quand le prince devient Roi, ceux qui ont vu le prince pleurer sont envoyés dans les mines de sel. Depuis la nuit des temps."
"Encore deux semaines de discours sur le devoir et le respect et je passe à l'extrême gauche"
"Le pouvoir, c'est comme l'horizon, plus il s'approche, plus il s'éloigne. Mais il faut voir le paysage qu'il y a derrière la montagne"
Citations du personnage principal
"C'est limite mauvaise foi, c'est même terrifiant de mauvaise foi, mais enfin, il faut y aller !"
"Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge"
"En politique on est tous tournés sur nous mêmes"
"J'aime pas dépendre et j'aime pas qu'on dépende de moi"
"Je t'embrasse mon Omar" (à Omar Bongo)
08:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, sarkozy
12/08/2008
L'assassinat raté de georges Frêche
Alain Rollat
Editions Singulières
Ce livre ne s'adresse pas spécialement aux habitants de Montpellier et de ses environs.
A partir du cas de Georges Frêche, ancien maire et président de l'agglomération, et du conseil régional de "Septimanie", l'auteur, journaliste, ancien du Monde et de Midi Libre, fondateur de "la Gazette de Sète", démonte comment fonctionne les médias.
Un mécanisme qui devrait être étudié dans tous les cours de déontologie des écoles de journalisme ("L'information que le journaliste digne de ce nom doit au public n'est pas un produit marchand mais un bien social").
Une démonstration qui nous sert de "vaccin" de rappel pour relativiser la "vérité" journalistique ("Le temps des médias n'est pas celui de la connaissance" ; "On ne rencontre jamais, nulle par, aucune vérité absolue"; "On ne transmet plus une information, on exprime une émotion").
Georges Frêche est un potentat local, féodal, et qui se comporte comme tel.
Intellectuel brillant, politicien ambitieux, il a arraché, avant d'avoir 40 ans, la ville de Montpellier à la Droite, à la surprise générale, lui a donné une image de "surdouée". Elle a, avec Toulouse, le plus fort taux d'expansion. Frêche est un bâtisseur flamboyant qui n'a jamais manqué de projets pour sa ville et au delà ("Il suffit de comparer la Montpellier d'aujourd'hui à la Montpellier d'avant Frêche" ; "Montpellier est un chantier dont son maire serait le bulldozer").
Fort en gueule, les médias l'ont lynché et lui ont collé l'étiquette infamante du racisme.
Alain Rollat décrypte dans ce livre, à partir du cas de Frêche, les mécanismes des relations entre politique et journalisme.
L'étude de cas commence avec l'affaire des "harkis", ou plutôt ceux d'entre eux que Frêche traite de "sous-hommes". C'est un mot déplacé, mais "il est parfaitement clair que les propos ne visent pas les anciens harkis en général, en tant que communauté, leur appartenance à une race ou une religion (comme si les harkis, anciens militaires relevaient d'une ethnie, une race ou une religion), mais simplement ses deux ou trois contradicteurs venus le provoquer".
"Si tu traites un type de connard et qu'il est noir, tu ne traites pas les Noirs de connards pour autant".
L'affaire est montée en épingle par le quotidien local "Midi Libre", en conflit ouvert avec Frêche depuis que celui-ci a décidé de couper publicités et annonces légales suite à un article qui lui a déplu.
Le Monde, quotidien de référence, est alors propriétaire de Midi Libre, et tous les articles concernant la vie locale proviennent de Midi Libre.
Pour Alain Rollat, il s'agit clairement de "représailles concertées", mais "la vérité, la vraie vérité n'intéressait personne"."Il était devenu médiatiquement incorrect de ne pas participer à l'hallali". "Midi Libre a préféré la loi du talion à celle de la vérité" ; "les lecteurs du Monde ont avalé, à leur insu, le faux témoignage de Midi Libre". Et à partir du moment où "l'affaire" été reprise par la télévision...
C'est dans ce contexte qu'il parle, à propos des mauvais résultats de l'équipe de Montpellier, de la composition de l'équipe de France de foot : "Dans cette équipe, il y a neuf Blacks sur onze. Qu'il y en ait trois ou quatre serait le reflet de la société. S'il y en a autant, c'est parce que les blancs sont nuls". La justice a relaxé Frêche des accusations de racisme. Et pourtant, comme l'a noté ironiquement Le Pen, le racisme anti-blanc est évident.
Sommé de s'expliquer il s'enfonce : "les compatriotes dont j'ai parlé (pas les Blancs) ont une rage de vaincre qui les honore. Ils sont souvent ceux qui se battent le plus pour réussir. Ils en veulent. Ils utilisent le foot pour la promotion sociale et c'est très bien pour eux.
"L'équation Frêche = Le Pen ne résiste pas un instant au révélateur du bilan des actes de GF : urbanisme, logement, éducation, sécurité, loisirs, culture, sport, basés sur un objectif clair : l'intégration passe par une politique laïque, cohérente et volontariste."
40% des logements d'Antigone sont des HLM semblables aux autres logements de ce quartier proche du centre, imaginé par Ricardo Bofill. "L'homme politique digne de ce nom s'incarne dans son œuvre".
Mais "on est toujours, quelque part, responsable des inimitiés qu'on suscite" et "on ne recourt pas impunément à la violence verbale"."Il faudrait que quelqu'un se dévoue pour expliquer à GF que la politique consiste à peser ses mots".
Citation
"Partout sont à craindre la ruse, les embûches, la perfidie". Quintus Cicéron
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, politique
05/08/2008
Elysée République : immunité présidentielle
Immunité présidentielle
Rémy Le Gall et Frisco (dessins)
Casterman
L'année dernière, à l'occasion de la sortie du premier tome ("secrets présidentiels"), j'écrivais : "ça m'a donné envie de connaître la suite de l'histoire".
Le Président de la République est toujours aussi méchant et son opposant toujours aussi beau et intelligent.
Le méchant Président bénéficie d'une "immunité présidentielle".
Où les auteurs de BD vont-ils chercher tout ça ?
Toute ressemblance est fortuite, par exemple quand un conseiller déclare : "le Président a été élu car il incarnait la rupture", ou "il faut rétablir l'hyper présence médiatique du Président et réagir sur tous les évènements qui peuvent susciter de l'émotion", ou encore "l'info, c'est le pouvoir"
A suivre...
08:44 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, bd
29/07/2008
Le jour où mon père s'est tu
Virginie Linhart
Seuil
Prix de l'essai des lecteurs de l'Express
Virginie est la fille de Robert Linhart, dirigeant d'un groupuscule maoïste de la fin des années 60.
Brillant intellectuel (Normale Sup à 19 ans), il a décidé, dans la ligne de la "révolution culturelle" de "retourner au peuple" et d'aller travailler en usine. Il a en a tiré un "best seller" : "L'établi".
"Il faut savoir descendre de cheval pour cueillir des fleurs" (Mao)
A 36 ans, après une tentative de suicide, par médicaments, ratée, revenu d'un profond coma, il sombre dans un quasi mutisme que sa fille vit comme un abandon.
Après avoir été tenté d'écrire sur cette génération de dirigeants gauchistes de mai 68, Virginie choisit finalement de rencontrer les "filles et fils de..."
Cela donne une très intéressante galerie de portraits, des parents, et des enfants, de l'enfance de ces enfants de parents militants intellectuels, passionnés de politique, de psychanalyse, de structuralisme, trop occupés par leurs controverses intellectuelles pour s'occuper des enfants, sauf pour exiger d'eux la réussite scolaire car, pour ces révolutionnaires surdiplômés, le gauchisme est un élitisme. Est partagé surtout le sentiment d'être "l'avant garde".
La pratique ne s'accorde pas toujours avec la théorie, ce qui est pénible quand on se veut "scientifique" même en politique !
Le retour à la norme sera difficile. La disparition des illusions s'accompagnera souvent de l'éclatement des couples, ce qui est toujours difficile pour les enfants...
L'auteure remarque que beaucoup de ces responsables militant(e)s sont des enfants de survivant(e)s de la Shoah. D'où la volonté de vivre, de "jouir sans entrave", exprimée en mai 68.
Défilent pour nous :
Roland Castro, Judith Miller (fille de Lacan) et son mari Alain Miller, Beny Levy (secrétaire de Sartre puis responsable d'une école talmudique), Alain Krivine (Ligue Communiste Révolutionnaire), Henri Weber (bras droit de Krivine, puis de Fabius), mais aussi des "petits" qui n'avaient pas le filet de sécurité de l'université, et qui l'ont payé cher...et leurs enfants qui ont une règle générale : ne pas faire comme leurs parents.
Presque, toutes et tous se situent à gauche, et féministes dans leur vie quotidienne. Un seul d'entre eux, fils d'un journaliste fondateur de Libération, est militant : Mao Péninou, élu du XIXe arrondissement, tendance DSK.
Extraits :
"Méchants comme tous les gens qui ont une intelligence extrême" ;
"Il ne s'est jamais remis de ce temps où il crut possible d'infléchir le cours de l'Histoire"
"C'est de s'être trop pris au sérieux qu'ils ont, par la suite, déprimé"
"L'idée générale, c'est qu'on est pas là pour s'amuser"
"Quand on comprend que l'on ne peut pas révolutionner le monde, on le réforme"
08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique