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28/01/2010

les coulisses du conlit ivoirien

Adieu, Abidjan-sur-Seine !

 

Les coulisses du conflit ivoirien

 

Guy Labertit

 

Autres Temps Editions

 

 

Guy est un ami. Laurent Gbagbo est l'ami de Guy. J'ai donc un préjugé favorable.

Malheureusement le sous-titre ne tient pas vraiment ses promesses.

Nous n'apprenons rien sur les "coulisses du conflit ivoirien". Rien qui ne soit déjà connu.

Il s'agit d'un plaidoyer, argumenté,  de mon ami Guy Labertit en faveur de son ami Laurent Gbagbo, Président de la Côte d'Ivoire.

Je ne sais toujours pas qui a payé les équipements (véhicules 4x4, téléphones satellitaires, etc.) des putschistes venus du Burkina Faso en 2002. L'explication par "le casse de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest" n'explique pas les circuits du financement.

Qui sont les "véritables instigateurs" ?

Je ne sais toujours pas pourquoi Chirac et Villepin étaient si acharnés contre le Président ivoirien. Parce ce que ce Président est socialiste ? Parce qu'il refusait d'entrer dans le modèle de la "Françafrique" ?

Guy a raison de dénoncer les "accords de Marcoussis", Villepin se vantant d'avoir "tordu le bras" d'un Président élu, et celui-ci a eu raison de refuser de voir nommer les putschistes aux ministères de la défense et de l'intérieur, ce que Villepin entendait bien lui imposer.

Je me souviens d'avoir vu à Abidjan tous les réfugié(e)s ayant fui le Nord aux mains des rebelles. Je n'ai pas eu connaissance de mouvements de population dans les sens inverse.

L'exemple ivoirien, c'est l'illustration des difficultés de l'Afrique pour sortir du colonialisme et pour conforter la démocratie.

En quoi ces partages du pouvoir entre élus et rebelles sont-ils des avancées démocratiques ?

N'est-ce pas légitimer les rebellions et encourager de futurs coups d'Etat ?

Il suffit donc d'être "chef de guerre" pour partager le pouvoir, sans d'autre légitimité que la force des armes ?

Pour sortir de l'étreinte de la France, le Président ivoirien a passé un accord avec le porte-parole de ceux qui avaient voulu le renverser, et l'a nommé Premier ministre.

Le livre ne nous l'apprend pas, mais nous explique que c'était la seule solution. Mais sur quelle ligne politique, pour accomplir quelles réalisations,  se fait cette cohabitation, ce partage du pouvoir ?

 

 

"Les crises prennent souvent naissance dans des scrutins discutables"

 

"Une fois étouffés ses premiers cris d'orfraie, l'ectoplasmique communauté internationale a digéré toutes les impostures électorales imposées aux citoyens du continent africain"

 

"Les rébellions sont de fausses solutions à de vrais problèmes"

 

"Les bien-pensants du monde occidental aiment surtout la gauche martyre, plus que vivante !"

 

"Parti très hexagonal et sans âme hors des frontières" (à propos du PS, dont il fut le "délégué Afrique" pendant treize ans)

 

"Le peu d'intérêt qu'accorde à l'Afrique une classe politique française très hexagonale et volontiers chauvine"

 

"Les médias télévisés jouent, par nature, sur les registres de l'émotion et de la simplification"

 

14:47 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, politique

19/01/2010

"sorcier" de la com

Le sorcier de l'Elysée

 

L'histoire secrète de Jacques Pilhan

L'homme qui conseilla François Mitterrand et Jacques Chirac

 

François Bazin

 

Editions Plon

 

 

"Conseiller en communication", ce n'est pas être publicitaire, même si Pilhan a commencé sa carrière chez Séguéla.

"Son rêve secret était celui d'une communication sans pub, devenue à ce point cohérente qu'elle pouvait presque se passer de toute action visible."

"Sa stratégie était l'art de préparer les cristallisations, d'organiser la rencontre d'un homme et d'une opinion".

Il se basait sur de nombreuses études qualitatives pour déterminer les styles de vie, les modes de vie, les préoccupations des Français ("le monde d'un côté et mon nombril de l'autre"). En constatant que "l'opinion publique est calquée sur le déroulé des journaux télévisés des six derniers mois".

 

Ce livre est désespérant pour les militants PS et UMP qui s'imaginent choisir les programmes et les orientations stratégiques de leurs candidats et influencer les électeurs avec leurs tracts distribués sur les marchés ou dans les boites à lettres. "Le système est totalitaire", "pour s'imposer, il faut tuer", "on ne gagne pas une élection en se faisant aimer des électeurs mais en flinguant l'adversaire",  "Ils croient qu'une campagne, c'est de la pêche à la ligne,  en fait, c'est une partie de chasse", disait Pilhan, et ce livre le prouve.

Si Pilhan a gagné la réputation d'être un sorcier, c'est probablement qu'il maîtrisait mieux que d'autres les règles de ce système, pour déterminer le "positionnement symbolique" de ceux qu'il conseillait, "en prenant acte du triomphe de l'Emotion sur la Pensée, ou de la Séduction sur l'Illusion".

 

 

Citations de Jacques Pilhan :

 

"L'intelligence, c'est la simplicité" ; "Faire simple, il n'y a rien de plus compliqué"

 

"L'opinion change d'elle même l'image de celui qu'elle veut faire gagner".

 

"Tout homme porte en lui six ou sept visage différents. L'art de la communication c'est de trouver le bon, au moment juste. Car c'est toujours le plus efficace".

 

"Toute action,  même loupée,  laisse une trace"

 

"Parler au moment juste est supérieur à parler juste". "L'important n'est pas ce qui est dit mais ce qui est cru, non pas ce qui est compris mais ce qui est ressenti, non pas ce qui est vu mais ce qui est imaginé. La communication n'est pas un art de la compréhension mais une gestion de la sensation"

 

"Ce que tu es parle si fort que je n'entends pas ce que tu dis" ; "Lorsque le signifié vient contredire le signifiant, le téléspectateur ne retient qu'une seule chose : le double langage"

 

"Pas d'incarnation, pas de projet !"

 

"A la télé, le spectacle relationnel est plus fort que le contenu"

 

"Si on ne pratique pas l'exercice de la volonté, tout est toujours foutu"

 

 

Citations de l'auteur :

 

"Donner du temps au temps ; ancrer, dans le passé, la compréhension du présent ; ne jamais être là où on l'attend ; choisir le terrain de l'affrontement ; imposer son rythme et les armes de la bataille"

 

"Le désir suppose l'attente" ; "La rareté, ce ressort du désir"

 

"C'est la marque du chef que de pouvoir se taire,  tout en étant compris."

 

"Dans tout coup de foudre il existe une part de vanité partagée"

 

"L'invention de la modernité suppose une claire conscience des racines"

 

"Le message indirect ("on parle de moi" est plus puissant que le message direct ("je parle")

 

"Tout est d'apparence. Même la discrétion"

 

"Le geste est tout et le propos n'est rien"

 

"La campagne électorale proprement dite est une sorte de spasme bref et violent, qui relève autant de la technique guerrière que de l'acte amoureux : je te tue, je te prends"

 

"Le grand art, c'est de durer" (Metternich)

08:24 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

13/01/2010

inventaires

Droit d'inventaires

 

François Hollande

 

Entretiens avec Pierre Favier

 

Editions du Seuil

 

 

Après onze années à la tête du PS (un record) François Hollande dresse les inventaires.

Sa carrière, après l'ENA,  commence à l'Elysée, comme conseiller du conseiller (Attali), puis directeur de cabinet de Max Gallo, tout en s'investissant sur le terrain électoral corrézien,  sur lequel il lui faudra de longues années d'efforts avant d'être couronné de succès.

Faute d'avoir préparé sa succession, ou par manque d'autorité politique pour le faire, son parcours de Premier Secrétaire s'est arrêté au Congrès de Reims.

 Ces inventaires prennent, bien évidemment une forme de justification, avec des éclairages pour aider à comprendre.

 

Il explique ce qu'il entend par " réformisme de gauche", indiquant des pistes pour l'avenir, dont il entend bien ne pas être absent. Il critique et fait des propositions, en particulier dans le domaine fiscal, une de ses spécialités ("Il est bien plus qu'un système de redistribution. Il donne à la société des leviers pour produire davantage et mieux."."Le rendement de l'impôt sur le revenu, en dix ans, a diminué de près de 30%").

 

Je m'inscris totalement en faux à l'égard de son affirmation selon laquelle : "les chefs de gouvernements (socialistes) répugnaient, sauf Jospin, à venir (aux réunions du Parti Socialiste Européen)". Je suis bien placé pour savoir qu'ils y venaient tous, avant chaque réunion du Conseil. Et si François Hollande a raison d'écrire qu'ils n'ont pas été capables "de prendre une initiative institutionnelle forte", c'est parce que leur priorité n'était pas institutionnelle mais la lutte contre le chômage qui les obsédaient.

 

C'est un livre d'entretiens, donc facile à lire, avec Pierre Favier qui était le représentant de l'AFP à l'Elysée pendant la "décennie Mitterrand", qu'il a décrite en quatre volumes.

 

Il manque à ce livre ce qui caractérise tant François Hollande : l'humour, dont je n'ai pas trouvé la moindre trace.

 

 

09:58 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, ps

07/10/2009

Un VRP de haut niveau

Quel est le rôle du Président de la République française ?

 

Nicolas Sarkozy au Kazakhstan en "visite d'Etat", le plus haut niveau protocolaire. Accompagné de quelques ministres. Pas de Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme. Mieux vaut s'occuper du sport, elle n'aurait pas sa place dans un tel pays où les opposants sont muselés, où la liberté de la presse est inexistante, en particulier sur Internet, et celle de manifester très restreinte.

 

Accompagné, surtout de nombreux chefs d'entreprises, comme toujours maintenant à chacun de ses déplacements. Des dizaines de contrats sont à la signature, en particulier pour construire un oléoduc et pour vendre du matériel de communication militaire.

Tant mieux pour les entreprises françaises.

 

Mais est-ce le rôle du Président de la République ? Imagine-t-on le général De Gaulle à Québec, à Phnom-Penh, François Mitterrand à Cancun, transformés en représentants de commerce ?

Ne serait-ce pas plutôt le rôle du Premier Ministre ?

Justement François Fillon était au Kazakhstan il y a peu...

Le tempérament de l'hyper Président, ajouté au quinquennat, ont fait évolué le rôle du Président de la République, dans un sens que son prestigieux fondateur n'aurait jamais imaginé...

  

06/10/2009

l'épreuve de Julien Dray

L'épreuve

 

Julien Dray

 

Editions "Le cherche midi"

 

Il y a bientôt un an, à 6heures 35, le matin, soixante policiers procèdent à des perquisitions simultanées pour tenter de prouver que le député Julien Dray a bénéficié de "chèques de complaisance" de la part d'associations qu'il a aidé à naître, notamment  "SOS racisme" et la Fédération des Lycéens.

 

Pendant que sa femme et ses enfants voient les policiers envahir leur appartement parisien, il est dans son logement de l'Essonne, où se trouve sa permanence de député.

 

Alors qu'il ne sait pas encore ce qui lui est reproché, la presse, manifestement avertie,  le présente comme un acheteur compulsif, collectionneur de montres très chères ("ma collection de montres de luxe -j'aimerais bien qu'elle existe", vivant au dessus des moyens d'un député.

 

Combattant politique blessé, manifestement prêt à faire autre chose que de la politique dans la dernière période de sa vie, Julien Dray clame son innocence, et dans ce livre thérapie, s'adresse successivement aux un(e)s et aux autres pour dire sa détresse, ses indignations, dressant au passage un tableau très noir du PS, de la justice, de la presse.

 

Il dénonce les journalistes, "trop paresseux pour mener leur propre enquête", "qui se prennent non seulement pour des juges et des policiers, mais aussi pour des experts comptables", "juge, jury exécuteur",  "les chiens" comme a dit Mitterrand (François), lui qui ne portait jamais de montre,  aux obsèques de Pierre Bérégovoy, victime, lui aussi, d'un lynchage médiatique.

François Mitterrand qui a été le seul parlementaire de gauche,  avant Julien Dray,  à bénéficier de l'"honneur" d'avoir son bureau perquisitionné à l'Assemblée nationale.

 

Julien Dray décrit "une pratique journalistique consistant à devenir le porte-voix et le diffuseur d'officines qui recourent à l'intox et à la manipulation  de l'opinion, jusqu'à prendre les couleurs du harcèlement". Il a gagné son premier procès pour diffamation contre "Le Point", les autres sont en attente. Cela a fait, à peine, un entrefilet dans les journaux.

 

Il raconte la saisie de son calepin bourré de chiffres qui se révèlent être non pas les relevés de ses mouvements financiers...mais de son taux quotidien de diabète !

 

Il dénonce la réforme de la justice qui met l'enquête préliminaire sous la responsabilité non pas d'un juge d'instruction, mais directement sous la tutelle du "parquet" et donc du ministre de la justice et il propose une "sécurité sociale de la justice".

 

 Il voit un lien entre ses velléités d'être Premier Secrétaire du PS, et ses ennuis.

Il regrette amèrement l'attitude de "prudence" de Martine Aubry, et de Ségolène Royal qu'il a appuyée de toutes ses forces lors de l'élection présidentielle.

Il regrette "ces petites mesquineries que l'on se permet quand on voit un homme amoindri, et que l'on ne le sent plus en capacité de nuire".

"Quand la tension monte, les uns et les autres succombent à leurs pires travers et se livrent à des escarmouches où tous les coups sont permis, et même certains que l'on ne délivrerait pas à nos adversaires politiques".

"Nous n'avons plus de colonne vertébrale idéologique. Nous n'avons plus de projet qui fasse immédiatement sens dans l'esprit de nos concitoyens ou qui leur donne simplement envie".

"Sans ligne idéologique, nous sommes dans l'opportunisme et l'empirisme le plus total".

 

Il tente de se consoler avec Lévinas : "Ce qui n'aura pas d'importance dans cinq ans n'a pas d'importance aujourd'hui.",  Adriano Sofi : "Etre fidèle à soi-même,  tel qu'on a été, est  une nécessité urgente et stupide" et la maxime "J'ai perdu mes certitudes mais gardé mes convictions".

 

"On est qu'un petit caillou, tout petit. Il y a une Histoire qui nous dépasse et qui continue. Il faut tout relativiser au regard de celle-ci."