04/07/2010
un conseil très municipal
Un conseil très municipal
Théâtre Mélo d’Amélie
De Christian Dob
Mise en scène de Xavier Letourneur (qui joue également le rôle du maire)
Nostalgie de mes 19 années de conseils municipaux ? Je mes suis décidé à aller au « café théâtre » voir cette pièce qui date de 1985, manifestement réactualisée.
Très drôle ! Le public est mis à contribution. Pas toujours crédible dans les procédures. Le personnage halluciné du secrétaire de mairie (on dit aujourd’hui « directeur général des services ») appartient à un autre univers que ceux que j’ai connus.
Mais il y a des situations que j’ai bien reconnues :
- Les relations entre le maire est son premier adjoint, liés par nécessité mais rêvant de leur disparition réciproque ;
- Les relations entre le maire et l’opposition : cause toujours, j’ai la majorité, et même les procurations des absents en cas de besoin ;
- L’opposition accusée de dénigrer les belles traditions locales (dans la pièce la « fête du boudin », avec défilé de chars et de majorettes ; toute ressemblance avec la « fête de l’andouille » ne pouvant être que fortuite) ;
- Les sigles incompréhensibles pour tout ce qui touche à l’urbanisme, mais parfaitement maîtrisés par ceux qui veulent rendre constructibles des terrains inondables ;
- La défense, par certains élus, mandatés pour cela, des intérêts des commerçants du centre ville ;
- Les hommages rendus à l’ancien maire, inattaquable puisque décédé ;
- La droite qui refuse toutes politiques sociales ou culturelles, avec les pires arguments réactionnaires.
Ceci étant la démagogie n’est pas toujours là où on le croit : pour la quasi-totalité des élus municipaux l’accomplissement de leur mandat coûte bien plus qu’il ne rapporte, et le nombre de « mis en examen » est infinitésimal.
11:53 Publié dans Téâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, théâtre
30/06/2010
Diversité
Les politiques de la diversité
Expériences anglaises et américaines
Sous la direction d'Emmanuelle Le Texier
Presses de Sciences Po.
La France n'est pas le seul pays à connaître des problèmes d'intégration d'immigrés, ou de leurs enfants, venant de cultures différentes, et les problèmes d'intolérances xénophobes, ouvertement utilisées politiquement, qui s'en suivent. Surtout quand l'expansion économique continue est terminée.
Sous la direction de mon amie Emmanuelle Le Texier, dix études menées dans différentes villes des Etats-Unis et d'Angleterre.
Avec une constatation pessimiste : les politiques publiques, pleines de bonne volonté, ont souvent renforcé le communautarisme, donc le repli de chaque communauté sur elle même.
"West Side Story" nous racontait déjà, il y a un demi siècle les "frictions" entre New-Yorkais d'origines différentes. Aujourd'hui, aux Etats-Unis comme en Angleterre, ce sont parfois de véritables affrontements qui se déroulent entre communautés, tournant quelques fois aux émeutes.
Nous avons vu cela aussi à Bruxelles, avec des affrontements "musclés" entre Turcs contre Kurdes, transposant les tensions nationales, ou Turcs contre Marocains.
Pour sortir de ce cercle infernal, la seule solution est l'éducation et les formations conduisant aux emplois.
De ce point de vue, l'étude menée dans le quartier londonien de King's Cross est simplement hallucinante, du moins pour un laïc français : du fait de l'autonomie des établissements scolaires, surtout les confessionnels, certains établissements scolaires délaissés ont 90% d'élèves issus de l'immigration, avec les problèmes linguistiques, des problèmes pour faire suivre les cours d'éducation physique, ou pire encore de natation aux filles, les cours de musique (interdite par certaines branches de l'Islam), les problèmes à la cantine...
En France, nous avons la "carte scolaire", théoriquement juste : chacun va dans l'école de son quartier ! Grande égalité des chances : si vous habitez dans le Ve ou le VIe arrondissements de Paris, vos enfants iront automatiquement dans les grands lycées...
Pour casser ces ghettos scolaires reflets des ghettos urbains, les Démocrates, aux USA, ont imposé le "busing" qui amène, par bus, les enfants des "quartiers" dans les établissements réputés, mais pas inversement, il ne faut pas exagérer...Parce qu'ajouter 20 élèves noirs aux 7.000 enfants blancs des écoles de Needham (ville proche de Boston), a provoqué une levée de boucliers des parents d'élèves, furieux.
Ces études montrent également que la valeur des biens immobiliers dépend en bonne partie de la réputation des établissements scolaires de la zone.
A partir du moment où il a été clair que ces immigrés ne retourneraient pas chez eux, et que d'autres continueraient à arriver, légalement ou non, les Etats, et les pouvoirs locaux ont mis en place des politiques spécifiques et diverses.
Comment gérer les diversités ? Quelles places donner aux identités culturelles et religieuses ? Comment lutter contre les discriminations ? Comment assurer une -presque- égalité des chances ?
Ces études ne donnent pas de réponses toutes faites, mais nous incitent à réfléchir, ce qui n'est déjà pas si mal...
08:45 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique
15/06/2010
les "secrets" d'un présidentiable
DSK
Les secrets d'un présidentiable
Cassandre
Editions Plon
Je n'aime pas les livres anonymes, passe encore pour les romanciers, mais surtout pas quand ils parlent de femmes et d'hommes publics.
Cassandre se présente comme membre du premier cercle des ami(e)s de DSK, "lassée de tout ce cynisme", journaliste un peu informé(e), car de secrets, il n'y en a guère ?
Un(e) membre de l'équipe de Stéphane Fouks, à qui ce livre est dédié ?
La seule chose que je ne savais pas, mais qui ne doit pas être un secret d'Etat, est que le petit Dominique a vécu le tremblement de terre d'Agadir, qu'il aurait pu mourir dans l'effondrement de l'immeuble où il vivait avec ses parents, si toute la famille n'avait pas été opportunément invitée à l'extérieur ce soir là. D'où la réaction rapide et forte du FMI après le tremblement de terre en Haïti.
Tout ce qui est dit sur les relations de DSK avec les femmes, et la façon dont les spécialistes de communication ont géré la crise après la révélation de son aventure extra conjugale avec la directrice Afrique du FMI avait déjà été raconté.
Ce qui me laisse interrogateur sur le sérieux de ce livre, c'est quand j'y lis que Percheron est Sénateur du Nord, et Serge Janquin Président du Conseil régional (je crois bien qu'il n'en a même jamais été membre), qu'il est le "patron" de la fédération du Pas-de-Calais, (ce qui n'est plus vrai depuis le dernier congrès, justement parce qu'il n'était pas le "patron"), et qu'il n'a "aucun atome crochu avec Dominique" alors que je sais qu'ils déjeunaient régulièrement ensemble.
Reste la grande question, qui est la raison d'être de ce livre : sera-t-il candidat ? "Plus que des analyses, les journalistes adorent les supputations filandreuses". Quand on est le patron du FMI, très bien payé, même si Dominique n'a pas de problème d'argent, que l'on rencontre les Présidents et Premiers ministres du monde entier, à leur demande, quand, depuis son enfance, on sillonne l'Europe, l'Afrique, les Amériques, et que l'on aime cela, a-t-on envie de laisser tout cela pour une entreprise aléatoire ?
Il faudrait que les sondages ne laissent aucun doute sur le résultat.
"Il en rêve mais son pire cauchemar serait de se planter"
Il "a fait tout ce qu'il aime : voyager, réfléchir...et surtout séduire".
"Sans ambition, pas d'élection", comme disait Jospin".
"DSK a toutes les qualités d'un homme d'Etat : ambitieux, manipulateur, menteur pathologique et coureur de jupons. Il est supérieurement intelligent"
"Un blog assaisonné à la langue de bois est un blog mort"
"Son pouvoir de séduction prouve sa puissance, son audace, et son sens de l'opportunité"
"Tout l'art de la communication politique est de monter en épingle une info en gommant habilement les autres."
08:22 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, dsk
09/06/2010
chroniques diplomatiques
Quai d’Orsay
Chroniques diplomatiques
Blain et Lanzac
Dargaud
La BD qui fait le « buzz » en ce moment. Et c’est justifié, tant elle sort de l’ordinaire. Pas tant par le graphisme, classique, que par le scénario rédigé par un ancien membre du cabinet d’un ministre des affaires étrangères. Pas difficile de reconnaître de Galopin de Ville quelque chose dans le personnage d’Alexandre Taillard de Vorms.
Je suis un malade du « stabilo », et je ne sais pas lire sans en avoir un dans les mains, ne serait-ce que pour préparer mes notes pour ce blog. Et mon « stabilo » m’est tombé des mains quand j’ai vu Mr le Ministre, et ses crises, à propos du sien. « Là, j’ai tout stabilosé, ça, c’est un bon livre ! »
Nous avons droit à l’écriture, à plusieurs mains, d’un discours mémorable…qui fera un « flop » mémorable à Genève. « L’écriture c’est du montage. C’est comme une abeille qui butine plusieurs fleurs ». Puis un discours réussi au Bundestag.
Nous avons droit aux relations à l’intérieur du cabinet et avec les chefs de l’administration, aussi tristes que nous pouvons observer la nature humaine dans nos bureaux, ou ailleurs. On se tutoie, on s’appelle par son prénom, mais on ne se fait pas de cadeau. Sans parler des amis et de la famille du ministre qui viennent donner des conseils.
Nous avons droit à la gestion, en direct, de deux crises mondiales, dont une en Afrique, fortement inspirée de la Côte d’Ivoire, ainsi qu’à une « guerre de l’anchois » entre pêcheurs français et espagnols.
Et la gestion du calendrier du ministre, qui préfère déjeuner avec une prix Nobel de littérature, qu’il ne laisse pas parler, plutôt que d’aller à une réunion de l’OTAN : « L’ennemi en littérature comme en politique, c’est la peur ».
Pendant ce temps, le ministre fait glisser son « stabilo » sur Héraclite (Vie siècle avant J.C.) : « tout est là dedans ! »
Une suite est annoncée : pourvu qu’elle soit à la hauteur de ce premier tome…
« A l’heure où nous parlons, les néoconservateurs redéfinissent une doctrine stratégique autour de la sécurité. C’est la doctrine de la guerre préventive. Aujourd’hui c’est l’Amérique, demain d’autres puissances vont frapper où et quand ça les arrange. L’Amérique s’isole, et c’est parce qu’elle s’isole qu’elle court le risque de s’aveugler » Difficile de ne pas penser à Israël…
08:29 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, bd, politique
08/06/2010
François de Grossouvre et François Mitterrand
Le dernier mort de Mitterrand
Raphaëlle Bacqué
Grasset et Albin Michel
Mitterrand fait vendre, même plus de dix ans après sa mort.
Les éditeurs avaient fait parlé même son labrador (deux tomes), il fallait aussi faire parler le cadavre de François de Grossouvre, retrouvé suicidé dans son bureau de l'Elysée.
François Mitterrand était un personnage romanesque. François de Grossouvre aussi, bien avant son suicide. "Avec Grossouvre, le romanesque est entré dans l'aile ouest de l'Elysée" (Erik Orsenna).
De Grossouvre (dont les ancêtres s'appelaient Durand), avait beaucoup d'argent, surtout du fait de son mariage. Il s'ennuyait. Fasciné par Mitterrand, il n'a pas hésité à mettre de l'argent dans les campagnes électorales de son ami, à qui il a fournit également une cachette (son manoir) puis une autre (Gordes), pour sa liaison avec Anne Pingeot. "Le sel de notre vie, ce sont nos secrets" (FM).
Compagnon des mauvais jours, il veut, à partir de 81, sa part, non pas d'argent, mais de responsabilités, sa place dans l'ombre du Président, avec un tempérament jaloux qui va le perdre. Il sera "le ministre de la vie privée", veillant sur Mazarine, sa filleule.
François Mitterrand ne pourra pas lui pardonner de la mettre en danger par des déclarations ou des invitations intempestives, chez lui, juste à côté de chez Anne et Mazarine de "tout ce que la presse compte d'enquêteurs", et tout cela pour dire du mal du Président. "Lorsqu'il n'en peut plus de sa solitude, il appelle les journalistes. Ceux qu'il sait opposés à François Mitterrand". Fondateur d'"Urba", alors pompe à finances du PS, il se fera un plaisir d'expliquer au juge Thierry Jean-Pierre, ami du vicomte De Villiers, tout le mécanisme du financement et des commissions.
C'est dès 1985 qu'il cesse d'être conseiller du Président, même s'il garde un bureau au palais, et que le vide se fait autour de lui. Raphaëlle Bacqué parle d'"effondrement moral".
Ce qui est important dans le suicide de Grossouvre, c'est sa date : un an après celui de Bérégovoy, un an avant la fin du second mandat de Mitterrand. Il parait que beaucoup de suicides ont lieu par peur de la mort. De Grossouvre savait qu'il allait devoir quitter son bureau de l'Elysée, qu'il ne serait plus le grand maître des chasses présidentielles, qu'il allait devoir quitter Paris, et n'aurait plus de prétexte à sa double vie.
"C'est la seule façon qu'il ait trouvée pour continuer à exister dans l'histoire de ce président aimé follement".
"Je sais où commence la flatterie. Elle ne finit nulle part" (François Mitterrand)
08:39 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique