26/01/2009
Michel Rocard quitte le Parlement européen
Au revoir, et merci Michel !
Après presque 15 ans de mandat européen, 40 années de vie élective, soixante ans de vie militante, Michel Rocard va quitter le Parlement européen, et donc la vie élective, mais pas la vie militante.
Son prologue d’une trentaine de pages de l’ouvrage collectif « Notre Europe », dont je reparlerai, est une nouvelle preuve de la vigueur et de la clarté de son esprit, même si l’homme est bientôt octogénaire.
« La politique est l’activité la plus importante de l’humanité » y écrit-il. Il y a consacré sa vie.
Il explique qu’il a quitté le Sénat, où il s’ennuyait, pour le Parlement européen parce qu’il y aime sa « culture » de la recherche de compromis et de consensus entre positions antinomiques. Beaucoup d’élus européens rêvent du parcours inverse, du Parlement européen vers les Parlements nationaux.
Il est vrai que Michel Rocard considérait, avec quelques raisons, que les qualités pour être élu(e)s n’étaient pas forcément les mêmes que pour gouverner. Il se sentait d’autant plus mal à l’aise à serrer les mains sur les marchés qu’il avait un handicap sérieux pour un élu : autant il reconnaissait les femmes agréables, autant il était peu physionomiste pour les hommes.
Je suis trop jeune pour avoir connu le jeune énarque se dissimulant sous le pseudonyme de Michel Servet, du nom de cet « hérétique » brûlé par Calvin. Mais je me souviens sa candidature, qui restera la seule, à l’élection présidentielle, en 1969. J’avais 20 ans, et à l’époque avoir 20 ans ne donnait pas le droit de vote. Je n’en ai que milité davantage.
25 ans plus tard Michel Rocard a accepté de faire trajet dans ma Twingo pour animer une réunion publique à Aire-sur-la-Lys, réunion que j’avais maintenue malgré les pressions contraires du 1er Secrétaire de la Fédération socialiste du Pas-de-Calais et du député de la circonscription.
Le dernier combat de Michel Rocard au Parlement européen aura été d’attirer l’attention sur l’importance de l’Arctique pour l’avenir de notre planète, et j’ai été très heureux de l’épauler sur ce sujet. Nous avons gagné, au Parlement, pour réclamer un Traité international semblable à celui de l’Antarctique, mais dont les pays riverains ne veulent pas, et nous avons échoué, face à la Droite, pour demander la démilitarisation de l’Arctique.
Nous savons qu’à l’extérieur du Parlement européen, sur ce sujet et sur quelques autres, Michel Rocard va continuer le combat !
08:00 Publié dans billet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, politique
17/01/2009
J'vous l'avais bien dit
J’vous l’avais bien dit
Jean-François Batellier
Les gens de gauche de ma génération, celle de JF Batellier, le connaissent depuis bien longtemps : Tribune socialiste, l’Unité, Le Matin de Paris, CFDT magazine, et des « piges » à Libé, au Canard, les Nouvelles Littéraires, sans parler de ses expos dans les rues, en particulier sur le boulevard St Germain.
Je parlais dimanche dernier de l’exposition sur les dessins de presse, à l’annexe de la bibliothèque historique de la ville de Paris, dans le Marais. JF Batellier n’y est pas, mais il mériterait d’y être. Ses dessins ne prennent pas une ride, ce qui prouve leur pertinence.
Si vous ne connaissez pas, il vaut le détour, si vous connaissez, vérifiez que vous avez tous les albums. Dans un deux cas une seule chose à faire : un petit tour sur son site !
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessins de presse, politique
23/12/2008
l'arme à gauche
L'arme à gauche
DST 1968-1973
Infiltration de la Gauche Prolétarienne
David Defendi
Editions Flammarion
Les services secrets ont infiltré la "Gauche prolétarienne", mouvement gauchiste, maoïsant de l'après mai 68.
Je suppose que les Renseignements Généraux faisaient de même, pour tous les mouvements gauchistes.
La "Gauche prolétarienne" était probablement plus "sensible", parce que contenant en son sein quelques éléments, ultra minoritaires, pouvant passer aux actions violentes. "Une frange dissidente formée des éléments les plus brutaux pourrait être tentée de recourir aux assassinats et aux meurtres".
Les membres d'"Action directe" viennent de cette mouvance.
Contrairement à l'Allemagne et à l'Italie, l'ultra gauche française n'était pas terroriste."Le Grand Chef ne veut pas verser le sang" ; "Les maos sont des mecs gentils. Pas des tueurs. Ils ne croient plus au terrorisme".
La Gauche, si peu prolétarienne, était surveillée, ce qui est normal, mais elle était également manipulée, au service du ministre de l'intérieur, ce qui l'est moins, pour faire peur aux électeurs avant les élections, et permettre à la droite de faire de meilleurs scores ("La France a peur" ; "les infiltrés sont les premiers à pousser aux actions violentes" ; "les conneries des gauchistes font que les gens votent à droite" ; "les électeurs font toujours confiance à la droite pour maintenir l'ordre").
"Les médias adorent les maos ; les ouvriers n'en ont rien à foutre". Les étudiants, dont j'étais à l'époque, tout en travaillant, non plus, d'ailleurs...
La mort de Pierre Overney, devant l'usine Renault de Boulogne, où travaillait mon père, "c'est l'enterrement des années 70. Quatre jours plus tard, Nixon, le diable en personne, serre la main de Mao".
Les dirigeants, issus des familles bourgeoises et super diplômés, ont pu reprendre leurs parcours vers les hautes sphères du pouvoir (Alain Geismar), des médias (Serge July), de l'enseignement supérieur, et même de la religion pour Benny Levy. Mais que sont devenus "les sans avenir de la Cause, sans études et sans argent" ? Que sont devenus les infiltrés au service de la police ? "La DST n'a plus besoin d'eux depuis la mort de la Gauche prolétarienne".
David Defendi ne fait pas dans la nuance. Déclarer en tête de chapitre "1968 bascule dans la terreur" est une analyse contestable (quelle terreur en 68 ?) Le répéter trois fois dans la même page ne rend pas l'analyse plus pertinente...
"Tout est question de puissance et de volonté de puissance, lisez Nietzsche ou Machiavel, abandonnez Kant et Platon. Lisez l'Ancien Testament, abandonnez le Nouveau. Jésus est le père de tous les naïfs. Yahvé celui de tous les sages.
"Les enfants rouges n'ont pas de sang sur les mains, à peine quelques rêves brisés par les convulsions de l'Histoire.
Les enfants rouges n'ont presque pas de sang sur les mains. Ils ont cru recommencer la résistance et toute cette mythologie éteinte de la Révolution, en admirant le meurtrier le plus efficace du XXe siècle.
Les enfants rouges ont du sang sur les mains..."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, politique
17/12/2008
bilan de la présidence française de l'Union européenne
Sarkozy roi d'Europe ?
La presse, française, est unanime : la Présidence de l'Europe par Sarkozy aurait été éblouissante.
"Télématin" nous a présenté, depuis Strasbourg, le témoignage de trois parlementaires, de trois groupes politiques différents, et de trois pays, chantant les louanges du "Président", temporaire, de l'Europe.
Pourtant les critiques ne manquent pas, ici au Parlement européen, dans l'hémicycle et dans les couloirs.
Le bilan législatif de la Présidence française se résume à la Directive "retour" qui organise, au niveau européen, le retour forcé des immigrés dans leur pays d'origine.
Le ministre français qui a le mieux réussi son mandat est Brice Hortefeux.
Tout le monde a en mémoire le drame géorgien de cet été. Sarkozy a-t-il empêché l'occupation de Tbilissi par les troupes russes, comme il l'affirme ? Il restera celui qui a signé un document qui autorise le gouvernement russe à "protéger" les russes qui se trouvent hors du territoire russe. Les accords de Munich donnaient la même autorisation à Hitler à l'égard des Allemands vivant hors d'Allemagne...
Le plan européen de relance face à la crise économique ? Une addition, sans concertation, de plans nationaux, sans 1 euro supplémentaire dans le budget européen.
L'Histoire retiendra-t-elle autre chose que la poudre aux yeux ?
08:59 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, politique, sarkozy
02/12/2008
Carla et Carlito
Carla et Carlito
Ou la vie de château
Enquête : Philippe Cohen, Scénario : Richard Malka, Dessin : Riss, Couleur : Isabelle Lebeau
Editions Fayard,
Collection 12bis
Quelque part en France, en 2011, à l'Institut "Jean-Marie Bigard", un groupe de thérapie rassemble quelques un(e)s des déçu(e)s de Sarkozy.
Il y a là Cécilia, Arnaud Lagadère, délaissé au profit de Boloré, François Fillon, Bernard Kouchner, G.M. Bénamou, David Martinon, Jean-Marie Cavada...
Et pendant ce temps là, toujours en 2001, rue de Solferino, dans ce qui fut les locaux du PS, se retrouve l'O.C.O. (Opération Contre Ouverture) organisation à laquelle veulent adhérer Debré, Copé et Devedjian, rejoints par Rachida.
Tout cela sert de fil conducteur à un récapitulatif, peu tendre, de la première année de présidence.
Les "planches" qui mettent côte à côte les déclarations d'une part du candidat, d'autre part du Président sont particulièrement révélatrices.
Aucun "scoop" dans cette enquête, juste un rappel des faits à partir de coupures de presse judicieusement sélectionnées.
Un scénario original pour servir de fil conducteur sans lasser.
Des dessins, plus ou moins ressemblants, pour une galerie, assez vaste, de portraits, français et étrangers.
Des couleurs qui accrochent l'œil sans être agressives.
Et pour terminer cette angoissante question : va-t-il se représenter ?
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, bd