17/01/2009
J'vous l'avais bien dit
J’vous l’avais bien dit
Jean-François Batellier
Les gens de gauche de ma génération, celle de JF Batellier, le connaissent depuis bien longtemps : Tribune socialiste, l’Unité, Le Matin de Paris, CFDT magazine, et des « piges » à Libé, au Canard, les Nouvelles Littéraires, sans parler de ses expos dans les rues, en particulier sur le boulevard St Germain.
Je parlais dimanche dernier de l’exposition sur les dessins de presse, à l’annexe de la bibliothèque historique de la ville de Paris, dans le Marais. JF Batellier n’y est pas, mais il mériterait d’y être. Ses dessins ne prennent pas une ride, ce qui prouve leur pertinence.
Si vous ne connaissez pas, il vaut le détour, si vous connaissez, vérifiez que vous avez tous les albums. Dans un deux cas une seule chose à faire : un petit tour sur son site !
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessins de presse, politique
23/12/2008
l'arme à gauche
L'arme à gauche
DST 1968-1973
Infiltration de la Gauche Prolétarienne
David Defendi
Editions Flammarion
Les services secrets ont infiltré la "Gauche prolétarienne", mouvement gauchiste, maoïsant de l'après mai 68.
Je suppose que les Renseignements Généraux faisaient de même, pour tous les mouvements gauchistes.
La "Gauche prolétarienne" était probablement plus "sensible", parce que contenant en son sein quelques éléments, ultra minoritaires, pouvant passer aux actions violentes. "Une frange dissidente formée des éléments les plus brutaux pourrait être tentée de recourir aux assassinats et aux meurtres".
Les membres d'"Action directe" viennent de cette mouvance.
Contrairement à l'Allemagne et à l'Italie, l'ultra gauche française n'était pas terroriste."Le Grand Chef ne veut pas verser le sang" ; "Les maos sont des mecs gentils. Pas des tueurs. Ils ne croient plus au terrorisme".
La Gauche, si peu prolétarienne, était surveillée, ce qui est normal, mais elle était également manipulée, au service du ministre de l'intérieur, ce qui l'est moins, pour faire peur aux électeurs avant les élections, et permettre à la droite de faire de meilleurs scores ("La France a peur" ; "les infiltrés sont les premiers à pousser aux actions violentes" ; "les conneries des gauchistes font que les gens votent à droite" ; "les électeurs font toujours confiance à la droite pour maintenir l'ordre").
"Les médias adorent les maos ; les ouvriers n'en ont rien à foutre". Les étudiants, dont j'étais à l'époque, tout en travaillant, non plus, d'ailleurs...
La mort de Pierre Overney, devant l'usine Renault de Boulogne, où travaillait mon père, "c'est l'enterrement des années 70. Quatre jours plus tard, Nixon, le diable en personne, serre la main de Mao".
Les dirigeants, issus des familles bourgeoises et super diplômés, ont pu reprendre leurs parcours vers les hautes sphères du pouvoir (Alain Geismar), des médias (Serge July), de l'enseignement supérieur, et même de la religion pour Benny Levy. Mais que sont devenus "les sans avenir de la Cause, sans études et sans argent" ? Que sont devenus les infiltrés au service de la police ? "La DST n'a plus besoin d'eux depuis la mort de la Gauche prolétarienne".
David Defendi ne fait pas dans la nuance. Déclarer en tête de chapitre "1968 bascule dans la terreur" est une analyse contestable (quelle terreur en 68 ?) Le répéter trois fois dans la même page ne rend pas l'analyse plus pertinente...
"Tout est question de puissance et de volonté de puissance, lisez Nietzsche ou Machiavel, abandonnez Kant et Platon. Lisez l'Ancien Testament, abandonnez le Nouveau. Jésus est le père de tous les naïfs. Yahvé celui de tous les sages.
"Les enfants rouges n'ont pas de sang sur les mains, à peine quelques rêves brisés par les convulsions de l'Histoire.
Les enfants rouges n'ont presque pas de sang sur les mains. Ils ont cru recommencer la résistance et toute cette mythologie éteinte de la Révolution, en admirant le meurtrier le plus efficace du XXe siècle.
Les enfants rouges ont du sang sur les mains..."
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature, politique
17/12/2008
bilan de la présidence française de l'Union européenne
Sarkozy roi d'Europe ?
La presse, française, est unanime : la Présidence de l'Europe par Sarkozy aurait été éblouissante.
"Télématin" nous a présenté, depuis Strasbourg, le témoignage de trois parlementaires, de trois groupes politiques différents, et de trois pays, chantant les louanges du "Président", temporaire, de l'Europe.
Pourtant les critiques ne manquent pas, ici au Parlement européen, dans l'hémicycle et dans les couloirs.
Le bilan législatif de la Présidence française se résume à la Directive "retour" qui organise, au niveau européen, le retour forcé des immigrés dans leur pays d'origine.
Le ministre français qui a le mieux réussi son mandat est Brice Hortefeux.
Tout le monde a en mémoire le drame géorgien de cet été. Sarkozy a-t-il empêché l'occupation de Tbilissi par les troupes russes, comme il l'affirme ? Il restera celui qui a signé un document qui autorise le gouvernement russe à "protéger" les russes qui se trouvent hors du territoire russe. Les accords de Munich donnaient la même autorisation à Hitler à l'égard des Allemands vivant hors d'Allemagne...
Le plan européen de relance face à la crise économique ? Une addition, sans concertation, de plans nationaux, sans 1 euro supplémentaire dans le budget européen.
L'Histoire retiendra-t-elle autre chose que la poudre aux yeux ?
08:59 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, politique, sarkozy
02/12/2008
Carla et Carlito
Carla et Carlito
Ou la vie de château
Enquête : Philippe Cohen, Scénario : Richard Malka, Dessin : Riss, Couleur : Isabelle Lebeau
Editions Fayard,
Collection 12bis
Quelque part en France, en 2011, à l'Institut "Jean-Marie Bigard", un groupe de thérapie rassemble quelques un(e)s des déçu(e)s de Sarkozy.
Il y a là Cécilia, Arnaud Lagadère, délaissé au profit de Boloré, François Fillon, Bernard Kouchner, G.M. Bénamou, David Martinon, Jean-Marie Cavada...
Et pendant ce temps là, toujours en 2001, rue de Solferino, dans ce qui fut les locaux du PS, se retrouve l'O.C.O. (Opération Contre Ouverture) organisation à laquelle veulent adhérer Debré, Copé et Devedjian, rejoints par Rachida.
Tout cela sert de fil conducteur à un récapitulatif, peu tendre, de la première année de présidence.
Les "planches" qui mettent côte à côte les déclarations d'une part du candidat, d'autre part du Président sont particulièrement révélatrices.
Aucun "scoop" dans cette enquête, juste un rappel des faits à partir de coupures de presse judicieusement sélectionnées.
Un scénario original pour servir de fil conducteur sans lasser.
Des dessins, plus ou moins ressemblants, pour une galerie, assez vaste, de portraits, français et étrangers.
Des couleurs qui accrochent l'œil sans être agressives.
Et pour terminer cette angoissante question : va-t-il se représenter ?
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, politique, bd
18/11/2008
l'enfer de matignon
L'enfer de Matignon
Raphaëlle Bacqué
Ce sont eux qui en parlent le mieux
Editions Albin Michel
Tous les anciens Premiers ministres, sauf Jacques Chirac, ont accepté de répondre. Pierre Mesmer et Raymond Barre sont décédés avant la parution du livre.
23 petits chapitres regroupent les différents thèmes, afin de rendre la lecture plus facile.
La nomination
Il y a ceux qui ont su longtemps à l'avance, et ont donc eu le temps de se préparer : Mesmer, Mauroy, Fillon ;
Ceux qui affirment que cela a été une surprise : Barre, Cresson, Rocard, Raffarin ;
Ceux qui s'en doutaient mais n'ont appris l'officialisation que par la télévision ou la radio : Fabius, Balladur.
Premiers jours
A les lire, chacun(e) a hérité d'une situation catastrophique.
Casting gouvernemental
La marge de liberté de chaque Premier ministre pour composer son gouvernement a été celle que le Président a bien voulu lui laisser. En périodes de cohabitation, l'accord devait porter sur les ministres de la défense et des affaires étrangères.
La forteresse Bercy
Edith se plaint de Bérégovoy, "son" ministre de l'économie, et Juppé de Madelin qu'il a pu pousser à la démission.
Pour ne pas avoir de problème, Barre a cumulé les deux postes.
Les relations avec le Président
Barre, Fabius, Cresson, Juppé, Villepin étaient d'anciens collaborateurs du Président qui les nommaient.
En période de cohabitation, les choses étaient, bien entendu, différentes.
Cohabitation
Jospin rappelle à quel point il avait des raisons de ne pas avoir confiance en Chirac.
Le maniement des hommes
Concertation ou autoritarisme, chacun(e) avait son style dans ses relations avec "ses" ministres. Les deux extrêmes semblent être Balladur (concertation) et Juppé (autoritarisme).
L'ennemi de l'intérieur, au sein de la majorité censé soutenir le gouvernement.
Barre avait des problèmes avec le RPR mené par Chirac. Mauroy se méfiait des "visiteurs du soir" qui le critiquait auprès du Président. Raffarin se plaint de Villepin, Edith de Bérégovoy, Villepin de Sarkozy.
L'œil du parti, l'oreille de la majorité
Barre, Cresson, Balladur se plaignent des mauvaises relations qu'ils avaient avec les dirigeants de leur parti.
Les sables de l'administration
Tous se plaignent de la lenteur de la bureaucratie, du temps qu'il faut pour transformer une Loi en décrets d'application, pour transformer des mesures en réalités concrètes. Rocard ne voit qu'une exception : l'abolition de la peine de mort. Fabius considère que la capacité de contrôle du Premier ministre est quasiment nulle.
Secrets et mensonges
Fabius parle d'Hernu, Balladur de Pasqua, tous parlent des services secrets qui racontent ce qu'ils veulent : "si on nous disait toute la vérité, nous aurions refait le monde depuis longtemps" (Rocard).
La solitude du pouvoir
Le principal problème est de gérer le temps (le temps de l'administration n'est pas celui des médias), d'arbitrer en permanence des questions pour lesquelles les solutions sont à 50/50.
Une réforme sur 20 ans
il a fallu six Premier ministres pour "accoucher" de la réforme des retraites.
Le stress vient de la pression sur des décisions qui ne sont pas prises par les ministres.
Derrière les dorures
Habiter ou pas à Matignon ? Quelle option pour garder un minimum de vie familiale ?
L'usure du corps
Barre, Mauroy, Rocard, Cresson, Raffarin, Fillon ont été hospitalisés pendant leur mandat de Premiers ministres.
Le président est malade
Mesmer parle avec beaucoup de pudeur de la maladie, et du décès de Georges Pompidou.
Les médias, voilà l'ennemi
"Les responsables politiques peuvent être insultés à merci" (Rocard), Edith insiste sur les campagnes de mensonges dont elle a été victime et parle de "fonction sacrificielle".
Grâce et disgrâce
Les sondages de popularité rythment la vie politique. "C'est une attitude de refus de l'émotion qui est le secret de la bonne gouvernance, or l'opinion exige le contraire" (Rocard).
Traverser la Seine, jusqu'à l'Elysée.
Pompidou et Chirac ont réussi, mais pas directement. Un temps de "décompression" a été nécessaire. Barre, Balladur et Jospin ont échoué.
Démission, plus ou moins volontaire : Mauroy, Rocard, Cresson.
Après l'épreuve, l'agenda se vide, c'est la fin de l'hyperactivité. Rocard va faire du bateau, Juppé va à Venise, Raffarin en Crète, Edith au Sénégal.
Et tout le monde pense à la tragédie de Bérégovoy.
Changer la règle
Fait-il changer la Constitution, pour changer les règles du "jeu" entre le Président et le Premier ministre ?
Seul Fabius a été de nouveau ministre après son passage à Matignon.
08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, matignon