19/01/2016
La famille Breughel
Les chevilles de papier
Michel Lefèbvre
éditions édilivre
L'auteur, Michel Lefèbvre, est un restaurateur de tableau réputé, de très haut niveau, spécialiste de la peinture flamande du XVIIe siècle. L'âge de la retraite arrivant, il se livre à sa nouvelle passion, l'écriture, en nous faisant profiter de ses connaissances sur les Breughel et leurs techniques picturales, tout en nous replongeant dans l'atmosphère, troublée, de l'époque.
Les guerres de religions sévissent. La Belgique, et donc Anvers, la métropole des Pays-Bas espagnols, est le champ de batailles des grandes puissances. Anvers, son port "aimant colossal attirant l'argent et le pouvoir renforcé par l'art et le savoir."
D'un coté les Espagnols, la plus grande puissance du moment, et les catholiques qui mènent une vigoureuse campagne de contre-réforme. De l'autre Louis XIV, allié aux protestants des Pays-Bas, bien qu'il fasse la guerre aux protestants en son royaume. C'est la guerre de "Trente ans", et , comme toujours, ce sont les populations civiles qui souffrent le plus de ces temps troublés, de ce "siècle des gueux". "La population souffrait sous les furies successives des deux bords. Tour à tour les soldats espagnols, allemands et français spoliaient et terrorisaient les habitants." "Les troupes espagnoles réprimaient avec violence tout manifestation qui leur était hostile." "Les troupes calvinistes pillaient autant que ces gredins d'Espagnols." Au milieu les humanistes tels Christophe Plantin et Juste Lipse (un bâtiment des institutions européennes porte son nom à Bruxelles) sont quasiment condamnés à la clandestinité.
Le livre passe rapidement sur le père Pieter, "l'ancien", le plus réputé pour s'attarder sur ses deux fils.
L'ainé, également prénommé Pieter, Pieterken, le petit Pierre en flamand, se distinguera surtout dans la copie libre des oeuvres paternelles.
Le cadet, Jan, est élevé par sa grand-mère, la miniaturiste Marie Bessemers. Il se spécialisera dans la peinture des fleurs qui ornent les portraits qu'il peint pour gagner, largement, sa vie. La délicatesse de sa peinture le fera surnommé "le Bruegel de velours." Il travaillera à plusieurs reprises avec son ami Rubens.
Jan pour pour élève Daniel Seghers. Moins connu aujourd'hui que la famille Bruegel et que Rubens, mais que certains historiens de l'art désigne comme "le premier génie de la peinture hollandaise du XVIIe". Daniel va-t-il devenir le gendre de Jan ? Vous les saurez à la fin du livre dont j'attends avec impatience la suite.
17:32 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, peinture, histoire
16/01/2016
nostalgie scolaire
La faute d'orthographe est ma langue maternelle
Daniel Picouly
éditions Albin Michel
L'écrivain Daniel Picouly se souvient : en 1958, il a dix ans (nous sommes donc presque du même âge !), le maître, remplaçant, le punit parce qu'il a fait dix fautes à la dictée. Pendant que les copains jouent au foot dans la cour, il est débout, son cahier d'infamie autour du cou.
Quelle pédagogie ! Quel encouragement pour le cancre ! "Certaines punitions d'enfance...c'est pour la vie."
Aujourd'hui, il retourne dans les écoles et les collèges pour parler de son métier d'écrivain.
Pourquoi les livres ? Pour faire son malin devant les filles. "Les filles, ça confond l'orthographe et la sincérité." Il est tombé sur des filles qui lisaient Roger Martin du Gard, et Marcel Proust. "Quand Proust respire un buisson d'aubépine, il en fait trente pages." "Longtemps je me suis couché à plusieurs" . Beaucoup de pages à eux deux ! Cela l'oblige à abandonner les copains qui jouent au foot. Jusqu'au moment où il lit Camus, ancien gardien de but émérite ": "Tout ce que je sais d'essentiel, je l'ai appris sur un terrain de football".
"Ils n'arrivent d'histoire qu'à ceux qui savent les raconter." "Déjà qu'à force de raconter un souvenir, il devient une histoire. Au bout d'un moment, on se demande si on ne devrait pas commencer notre biographie par "il était une fois." Si un jour j'écris ma vie, je crois que c'est ce que je ferai. "Chacun doit faire avec sa "somptueuse médiocrité."
"Il faut écrire en amant et relire en mari."
Un petit livre très plaisant à lire.
08:02 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature
15/01/2016
C'est le métier qui rentre
Arrête ton cinéma
De Diane Jurys
Avec Sylvie Testud, Josiane Balasko, Zabou Breitman
Tiré du roman de Sylvie Testud "C'est le métier qui rentre"
Depuis "La nuit américaine", j'aime les "films dans le film". "Mia Madre" est le dernier dans le genre, avant celui-ci. L'histoire d'un film qui, finalement, ne se fait pas. Une mésaventure réellement vécue par Sylvie Testud qui, actrice reconnue, voulait faire un film tiré de son autobiographie, le tournage ayant été annulé au dernier moment.
"Arrête ton cinéma" montre à quel point un film dépend de son financement, et donc du producteur chargé de le financer. Au point de modifier titre, scénario, casting. Balasko et Zabou, qui jouent les productrices, en font des tonnes dans le genre odieux.
Il est très difficile de se financer sans l'aide des chaines de télévision. Diane Kurys, réalisatrice reconnue et à succès depuis "Diabolo menthe", n'a trouvé l'appui que d'OCS. Le film dans le film n'en trouve aucun.
Celles et ceux qui attendent une pure comédie seront déçu(e)s.
08:03 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma
14/01/2016
Reporters sans frontières
Robert Capa
100 photos pour la liberté de la presse
Spécial n°50
Ernö Friedman, obligé de fuir sa Hongrie natale à 17 ans, en raison de son militantisme à l'extrême gauche, se retrouve à Paris en 1933, après un passage à Berlin, puis Vienne.
A Paris, il devient "Robert Capa", et l'album montre sa carte de "correspondant de guerre"à ce nom, sous lequel il deviendra célèbre en "couvrant" la guerre d'Espagne.
"Correspondant de guerre". Après l'Espagne, la Deuxième guerre mondiale, y compris en Allemagne, la Chine, et, en 1954, "l'Indochine", où il meurt en marchant sur une mine. Il prenait des photos au lieu de regarder où il mettait les pieds...
Les photos de Capa montrant des réfugiés sont, malheureusement, d'une douloureuse actualité.
Entre temps Capa a photographié des célébrités, en particulier du cinéma. Mais également Picasso. On ne disait pas encore "people".
Bien entendu, comme chaque année, les gouvernements qui ne respectent pas la liberté de la presse sont stigmatisés.
15:50 Publié dans photo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo
13/01/2016
Mama mia
Mia Madre
de Nanni Moretti
avec Margherita Buy, John Turturo, Giulia Lazzarini
Prix oecuménique Cannes 2015
Une femme entre vie personnelle et vie professionnelle, comme tant de femmes d'aujourd'hui. Dans les deux cas, ses relations avec les autres, ses états d'âme, dont ses rêves sont révélateurs.
Coté personnel : un peu de difficultés avec sa fille adolescente, et qui vit avec son père, ce qui est révélateur. Des difficultés avec son amant, acteur, à qui elle demande rentrer chez lui. Et surtout l'évocation, avec tendresse, de la fin de vie de sa mère. Fin qu'elle n'accepte pas. Nanni Moretti, dont la mère est décédée juste avant l'écriture du film, joue le grand frère consolateur, avec sobriété.
Coté professionnel : un film dans le film, social, avec, en vedette, John Turturo qui fait des caprices de star, tout en étant incapable de dire son texte de trois lignes.
Quelques longueurs , mais un film qui ne laisse pas indifférent.
08:50 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma