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26/12/2007

Mémoires de porc-épic

Mémoires de porc-épic Alain Mabanckou

Editions du Seuil

 

Je vous parle du prix Renaudot de l ' année dernière, plutôt que celui de cette année, que je n ' ai pas encore lu : comme ça vous pourrez le trouver moins cher, et il est toujours aussi bon...

L ' avantage d ' un prix littéraire prestigieux, c ' est que l ' auteur fait le tour des médias, ce qui  peut inciter un public plus large à le découvrir.

Mabanckou avait manqué de peu le Renaudot l ' année précédente pour son "Verre cassé" dont je vous ai parlé. Ces "mémoires de porc-épic" se veulent en être la continuation.

Avec la même verve et la même ironie (qui, je le rappelle, me font penser au regretté Frédéric Dard), ce livre est un "conte" africain : chacun d ' entre nous a un double animal (le "totem" des scouts). Ce porc-épic est le "double" d ' un meurtrier. Il utilise ses piquants pour se débarrasser des gens qui gênent son maître.

Il parait que les fantasmes de meurtres sont assez fréquents, et pas seulement en Afrique...

 

Extraits :

"Leur estomac était aussi profond que le puits de leur ignorance".

"La modestie est parfois un handicap qui vous empêche d ' exister, pour s ' accepter comme on est, il vaut mieux minimiser le répertoire de ses défauts"

"Nous ne croyons le mal que quand il est venu"

"J ' ai appris des hommes le sens de la digression. Ils ne vont jamais droit au but, ouvrent des parenthèses qu ' ils oublient de refermer."

"La parole délivre de la peur de la mort"

"Si vous voyez un sourd courir, ne vous posez pas de questions, suivez-le, car il n ' a pas entendu le danger, il l ' a vu !"

"Si tu veux que Dieu se marre, raconte-lui tes projets"

"A force d ' espérer une condition meilleure, le crapaud s ' est retrouvé sans queue pour l ' éternité"

"Ce n ' est pas parce que la mouche vole que cela fera d ' elle un oiseau" (c ' est peut-être méchant, mais ça me fait penser à un candidat à la mairie d ' Aire)

Et enfin, cette phrase qui me laisse rêveur :

"Seul le vieux sage peut entendre le criquet éjaculer".

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25/12/2007

Les enfants des limbes

Les enfants des limbes

 

 

Morts nés et parents dans l'Europe chrétienne

 

 

Jacques Gélis

 

 

Editions Audibert

 

 

 

Quelle période plus appropriée que celle de Noël pour parler de naissance ?

 

Mais aussi de ce drame si fréquent encore aujourd ' hui dans le monde, et qui se déroulait si fréquemment,  même en Europe, il y a peu : l ' enfant mort à la naissance ?

 

 

A ce drame, l ' Eglise catholique y ajoutait un autre, plus terrifiant encore, puisqu ' il concernait la vie éternelle : l ' enfant mort avant d ' être baptisé était condamné à errer éternellement dans les "limbes". "Son âme était vouée aux souffrances éternelles, puisqu ' elle était privée de la vision de Dieu". Surtout à partir du Concile de Trente, en 1547, qui déclare : "les enfants n ' ont aucun autre moyen de salut que le baptême", en se basant sur Saint Jean : "Personne, à moins de naître de l ' eau et de l ' Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu". L ' enfant n ' avait pas le droit d ' être enterré en terre consacrée, avec les autres chrétiens, avec sa famille. "Seuls les enfants baptisés figurent sur le registre paroissial". Ce n ' est que depuis 2002 que les enfants morts à la naissance peuvent être inscrits sur le livret de famille, marquant "la volonté d ' inscrire le fruit du couple, même s ' il n ' a pas vécu, dans une lignée".

 

"La simultanéité d ' une vie attendue et de la mort advenue plonge les parents dans l ' intolérable et l ' impensable". La culpabilisation n ' est jamais loin.

 

"On se résignait à la mort physique, mais non à la mort spirituelle".

 

 

"Dans une société de plus en plus fortement encadrée par la religion", désespérés, les parents, aidés de toute la famille,  priaient alors Dieu, généralement en demandant l ' intercession d ' un(e) Saint(e) ou de la Vierge, elle qui avait enfanté. Ils exposaient l ' enfant dans un sanctuaire, pour demander sa résurrection, juste le temps d ' un "répit", qu ' il puisse être baptisé et lavé du péché originel.

 

 

 

Ce rite avait également l ' avantage d ' aider les parents à "faire leur deuil" de l ' enfant attendu et disparu dès sa venue au monde. "Faire pèlerinage, c ' est également faire pénitence".

 

La "ligne de crête" entre la vie et la mort a longtemps été incertaine, "dans une société où les frontières entre ce qui est de l ' ordre de la nature et ce qui relève du surnaturel sont souvent floues".

 

 

Tout cela se déroulait essentiellement dans le contexte particulier des XVIIe et XVIIIe siècles (même si on signale le premier cas dès le XIIe siècle...et les derniers au début du XXe siècle) : le protestantisme qui dénonçait les superstitions,  s ' appuyait sur la parole du Christ : "Laissez venir à moi les petits enfants, le Royaume des Cieux leur appartient", considérait qu ' il appartenait à la volonté divine de décider du salut éternel, face à la "contre réforme" catholique qui voulait montrer la supériorité de la "vraie foi",  "afin que nul n ' ignore ce que Dieu peut réaliser", en soulignant le rôle miraculeux de la Vierge. "Les miracles sont au centre de la reconquête catholique".

 

"Conceptions différentes de la manière d ' être au monde et autre relation à Dieu".

 

Les "sanctuaires à répit" se multiplient à la lisière des pays gagnés au protestantisme.

 

"Malheureusement, l ' exposition et le répit sont devenus des pratiques lucratives", allant à l ' encontre des saintes preuves qu ' elles devaient apporter, entraînant leur interdiction à la fin du XVIIIe siècle.

 

 

 

 Jacques Gélis, avec qui j ' ai milité au début des années 70,  et qui a bien voulu faire de moi un ami,  est un spécialiste de l ' histoire de la naissance, auteur de "L ' arbre et le fruit, histoire de la naissance dans l ' Occident moderne". Il  s ' est livré à une véritable enquête historique qui montre comment des générations de parents ont fait face à la douleur de la perte de leur enfant.

 

 

Cet été, un entrefilet du journal Le Monde nous a appris que le Vatican avait décidé que les "limbes" n ' existaient pas. Avant de devenir Pape, le cardinal Ratzinger avait déclaré : "les limbes n ' ont jamais été une vérité de foi". Depuis le milieu du XIXe siècle, l ' Eglise ne s ' opposait plus à l ' inhumation chrétienne des enfants morts sans baptême.

 

 Tous ces parents se sont inquiétés pour rien du salut éternel de l ' âme de leur enfant mort à la naissance, tous ces enfants ont été temporairement "ressuscités" pour rien...

 

  Mais "le rituel devant la Vierge miraculeuse constituait un exutoire psychique. Quel est aujourd ' hui le rite qui apaise ?" On pense à la phrase de Marx : "la religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, elle est le cœur d ' un monde sans cœur..."

 

"Devenue rare, la mort périnatale apparaît de plus en plus inacceptable". "Le travail de deuil ne peut s ' apaiser que lorsqu ' un sens est donné à la perte".

 

 

"L ' enfant mort né tend à l ' homme un miroir. Cet être au destin brutalement interrompu interpelle chacun sur ce qu ' est l ' espace d ' une vie, sur ce qu ' est la vie."

 

 

08:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)

24/12/2007

Avec modération...

Une autre stratégie pour la filière vitivinicole européenne

 

 

Les socialistes français du Parlement européen se sont prononcés en faveur d'une réforme progressive et nécessaire de l'organisation commune du marché du vin. Au terme de presque deux ans de travail sur le dossier, et grâce à la pression de la présidence portugaise de l'UE pour clore avant la fin de l'année, le Parlement européen a réussi à corriger la copie de la Commission européenne et est arrivé à un résultat équilibré, favorable à la filière vitivinicole.

 

 

Pour l'eurodéputé socialiste français Stéphane Le Foll,  la proposition inadaptée de la Commission européenne est "à la fois malthusienne et libérale".

 

 

L'arrachage tout azimut de centaines de milliers d'hectares affecterait  le potentiel de développement futur du secteur tout en laissant de la place à nos concurrents du nouveau monde. Il suffirait d'améliorer la compétitivité de certains vins d'entrée de gamme sur lesquels l'UE est concurrencée.

 

 

L'arrachage peut se justifier pour permettre à certains producteurs en situation sociale difficile de quitter honorablement le secteur, or il doit être contrôlé. Le Parlement a donc voté un certain nombre de garde-fous:

 

- un taux maximal d'arrachage de 10% des surfaces par zone de production

 

- l'impossibilité d'arracher en zones de montagnes et à forte déclivité, dans les zones fragiles sur le plan environnemental, dans les zones où il y a des risques d'érosion, etc.

 

 

L'on doit respecter la tradition vitivinicole européenne, la qualité et l'authenticité des vins européens et leur lien avec les terroirs. Ce n'est pas en nous alignant sur les pratiques œnologiques correctives des autres continents que l'on deviendra plus compétitif, mais plutôt en favorisant les investissements commerciaux et en faisant une meilleure promotion de nos produits.

 

 

Les députés européens ont rejeté la "libéralisation automatique" qui risque de conduire à une industrialisation du secteur. Une évaluation de la politique d'arrachage avant de libéraliser les droits à plantation est prévue.

 

 

Les socialistes français sont plutôt positifs sur un certain nombre de points clés:

 

- le Parlement a élargi les mesures éligibles prévues dans les plans nationaux de soutien à la filière;

 

- le Parlement répond au problème de la difficulté de vente du vin par la nécessité d'aider la promotion des vins à l'extérieur comme à l'intérieur de l'UE et par l'appui aux efforts de structuration de la filière;

 

- l'enrichissement en sucre reste possible dans les zones traditionnelles, sans pour autant devoir mentionner l'ajout en sucre sur les étiquettes;

 

- les prestations viniques sont conservées;

 

- les crédits de l'OCM ne serviront pas à financer le Développement rural;

 

- les pratiques œnologiques seront décidées par le Conseil;

BONNES FÊTES DE FIN D'ANNEE !

 

08:50 Publié dans EUROPE | Lien permanent | Commentaires (0)

23/12/2007

Réglez lui son compte (San-Antonio)

Réglez lui son compte

 

 

San-Antonio

 

 

Editions Fleuve noir

 

 

Les éditions "fleuve noir" qui ont bercé mon adolescence, ont eu l'excellente idée de republier le premier San-Antonio, écrit par Frédéric Dard en 1949, qui se trouve être l'année de ma naissance (pas de commentaires, merci).

 

Les voitures roulent, quand elles sont "poussées à fond",  à la vitesse hallucinante de 120km/heure, en particulier la "traction avant" du célèbre commissaire !

 

C'est l'après guerre,  et les tickets de rationnement ne sont pas loin dans la mémoire collective.

 

Les mœurs sont retenues : prendre la main de sa voisine est d'une audace folle, on fantasme sur des "baisers mouillés",  dans le cou, et le reste n'est envisagé que dans le cadre du mariage.

 

San-Antonio a alors 38 ans, âge qu'il conservera tout au long des 175 romans consacrés à ses aventures, écrits par le père, et sur la fin par le fils.

 

Dans la vie réelle, s'il avait continué à fumer et surtout à boire comme dans ce premier roman, il aurait fait une mauvaise fin...

 

Probablement qu'à l'époque,  il était obligatoire de fumer et de boire comme un alcoolique pour être un homme, un vrai...

 

Il n'a pas encore de comparses, pas de Béru, pas de Pinuche et il se met dans des situations indignes du coefficient intellectuel qu'il s'attribue, mais c'est pour mieux s'en sortir avec brio.

 

Les femmes sont des séductrices qu'il séduit, car, bien entendu il est irrésistible avec les femmes,  comme face aux criminels les plus endurcis (comme Bob Morane !).

 

Ce sont toutes des traitresses, sauf une, sans compter sans maman. Elle a toutes les qualités, encore plus que sa maman...

 

Comme souvent dans les San-Antonio, l'intrigue est secondaire, seule compte l'action...et la verve !

 

08:00 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1)

22/12/2007

Elizabeth, l'âge d'or

Elizabeth

 

 

L'âge d'or

 

De Shekar Kapur

 

 

Avec Cate Blanchett, Clive Owen et Jeremy Irons

 

 

 

J'avais bien aimé le premier film. On peut voir celui-ci en ayant oublié le premier.

 

Cate Blanchett a vieilli, comme son personnage.

 

J ' avais bien aimé le téléfilm, en deux parties, avec la formidable Helen Miren (The Queen) dans le rôle de la "Reine vierge", mais Cate Blanchett, de par son physique, fait probablement mieux ressortir le contraste entre la fragilité physique extérieure (les historiens nous disent qu ' Elizabeth I était "sèche") et la force intérieure qui lui permet d ' être souveraine, dans tous les sens du terme.

 

 

Le film se concentre sur les années 1587 / 1588 (son règne se termine en 1603, il y a donc encore de la place pour un troisième film...) : elle est obligée de faire exécuter Marie Stuart, Reine d ' Ecosse, centre ou objet de tous les complots, et qui représente un danger réel, puisque les catholiques et l ' Espagne veulent la mettre sur le trône anglais.

 

Ce sont les années de guerre, déclarée par l ' Espagne de Philippe II, catholique fanatique,  qui occupe Paris pour soutenir les catholiques contre les protestants.

 

Philippe II d'Espagne voulait-il faire de sa fille Isabelle la Reine d'Angleterre, comme le montre le film ?

 

Ce qui est avéré, c'est qu'il voulait en faire la Reine de France après l'assassinat d'Henri III, pour éviter le protestant Henri IV de Navarre.

 

Ce que le film ne dit pas c'est que la guerre entre l'Angleterre et l'Espagne est commerciale avant d'être religieuse et porte sur le commerce anglais avec la Flandre.

 

La période peut être qualifiée "d ' âge d ' or" car elle marque le début de l ' essor économique anglais et le début des conquêtes anglaises dans le "Nouveau monde" où elles vont petit à petit supplanter les Espagnols.

 

C ' est également le siècle de Shakespeare.

 

 

 Elizabeth est-elle vraiment restée vierge ?

 

Il fallait que tous en soient persuadés.

 

Le film la montre amoureuse du célèbre corsaire Sir Walter Raleigh (incarné par Clive Owen qui joue son personnage comme Errol Flyn).

 

L'Histoire a surtout retenu sa longue amitié amoureuse (chaste ?) avec le Comte d'Essex,  plus jeune qu'elle de 34 ans, mais qu'elle n'hésitera pas à envoyer à l'échafaud quand il complotera contre elle.

 

Le film la montre refusant Charles d'Autriche. C'est pour ne pas déplaire à la France qu'elle l'aurait éconduit. Elle semblait avoir apprécié le Duc d'Anjou, frère du Roi de France, mais l'Espagne craignait cette alliance...

 

Elle est donc décédée sans héritier, laissant son trône à  Jacques Stuart, Roi d'Ecosse, fils de Marie.

 

    

 

08:35 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0)