23/06/2007
Panique au Zaïre
Panique au Zaïre
SAS n° 52
C'est un livre de 1978, qui parle donc beaucoup de Mobutu, et qui vient d'être réédité, bien que la situation politique ait totalement changé.
En réaction à un commentaire de Maïtena, qui avait osé confondre San Antonio et SAS, j'avais répondu que les livres de Gérard de Villers étaient racistes. Je confirme. Du moins pour celui-ci qui se passe au Congo. Non seulement c'est du racisme contre les Africains mais également à l'égard...des Belges ! Les Flamands étant caricaturés comme même les Wallons n'osent plus le faire.
Le livre n'est qu'une succession de "clichés".
Le héros endure toutes les épreuves mais en triomphe sans peur et sans reproche, car les "bons" triomphent toujours des "méchants" (qui non seulement sont noirs mais sont également communistes !).
Concernant le sexe, je maintiens ce que je disais dans ma réponse au commentaire de Maïtena : ce sont toujours les mêmes adjectifs qui sont utilisés pour parler des fesses et des seins et l'auteur semble obsédé par les fellations. Peut-être qu'en 1978 cela avait un parfum d'interdit...
09:30 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
20/06/2007
Petit traité de manipulation
Petit traité de manipulation
à l'usage des honnêtes gens
Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois
Presses universitaires de Grenoble
Les visiteurs de ce blog auront remarqué que Maïtena n'a pas sa langue "dans sa poche", même si ce n'est pas pour "la donner au chat" et elle appelle un chat, un chat et non pas un "minet", et donc elle appelle un mensonge par son nom et non pas un "bluff" et elle ne parle pas de "poker menteur" quand il s'agit ni plus ni moins que de manipulations par l'utilisation de mensonges.
Etant le témoin malheureux, depuis un an, d'une manipulation par mensonges, et triste de voir quelques camarades tomber dans le piège, j'ai voulu en savoir plus sur ces techniques de manipulation.
Je suis tombé sur ce petit livre, pas trop difficile à comprendre bien qu'il soit écrit par deux professeurs d'université, chercheurs et spécialistes de psychologie sociale, qui ont fait là de la "vulgarisation citoyenne" basée sur des expériences nombreuses, en France, en Europe, aux USA, depuis 60 ans, car le meilleur moyen de ne pas se faire manipuler, c'est d'en connaître les techniques.
Est décrite, en particulier la technique de "l'amorçage", par un "leurre", bien connue chez certains commerçants (pas les commerçants airois, bien entendu : prix d'appel, mais il n'y a jamais votre taille) chez certains cela va même jusqu'au mensonge(s), à l'escroquerie, ou, au moins, jusqu'à cacher certains inconvénients, ce qui est une tromperie.
On pourrait croire que les manipulés, prenant connaissance du ou des mensonges, vont en vouloir au manipulateur.
Malheureusement, pas du tout. Toutes les expériences montrent que les gens, dans leur grande majorité s'en tiennent à leur décision initiale, même quand ils connaissent la vérité, même quand leur décision n'a pas le résultat attendu.
C'est ce que les spécialistes de psychologie sociale appellent "l'effet de gel". Cette tendance à "s'accrocher" à une décision initiale, même lorsqu'elle est clairement remise en question par les faits, que les mensonges sont avérés, même lorsque cela présente des inconvénients certains, cela s'appelle une "escalade d'engagement".
Bref, il est plus difficile qu'on ne le pense de revenir sur une décision et de nombreuses manipulations reposent sur cette propension qu'ont les gens à rester "collés" à leurs décisions.
C'est très triste, mais autant le savoir...
(à suivre)
09:35 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (3)
18/06/2007
La femme fatale
La femme fatale
De Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin
Editions Albin Michel
J'étais tellement réticent que je ne voulais pas acheter le livre. J'ai attendu que Marie-Jeanne me le prête.
Pourtant les deux journalistes qui ont écrit le livre travaillent au Monde, ce qui, a priori, est un gage de minimum de sérieux.
Je n'avais pas envie car j'avais peur que ce livre soit unilatéralement critique à l'égard de Ségolène, alors que 47%, ce n'est pas si mal quand même.
Et puis dire (en page 4 de couverture) que Ségolène a été "aiguillonnée par une blessure secrète" (une infidélité de François) ça me paraissait un peu trop "croustillant" pour être honnête.
Réticent également puisque Ségolène et François ont porté l'affaire en justice (atteinte à leur vie privée) sans demander l'interdiction du livre ni sa censure.
Finalement je l'ai lu et j'ai décidé d'attendre le lendemain du deuxième tour des législatives pour en parler.
Car ce livre montre ce qui a été pressenti lors de la présidentielle et est devenu aveuglant entre les deux tours des législatives : il y a un problème entre Ségolène et François.
Peut-être y - en- a-t-il obligatoirement entre un(e) candidat(e) et le chef du parti censé le soutenir ?
Cela aurait pu être le cas en 95, quand Henri Emmanuelli était chef du parti, candidat à la candidature, battu lors des primaires par Lionel Jospin. Pour les avoir vu, ensemble, à cette époque, à l'occasion d'une réunion des leaders socialistes européens, je dois dire que les choses étaient très claires et qu'Henri jouait parfaitement le jeu, sans état d'âme.
Il y a 5 ans François, et le parti, s'était effacé sans réticence derrière notre candidat, premier ministre.
Le fait que le "tandem" Ségolène / François soit un couple à la ville aurait pu, aurait du, faciliter les choses, renforcé par le choix de Rebsamen, numéro 2 du parti comme co-directeur de campagne.
Les Françaises et les Français aiment les images comme celles du meeting de Limoges, le seul où ils étaient ensemble.
François n'aime pas la "peopelisation" de la vie politique, et c'est tout à son honneur, mais la politique c'est aussi (surtout) des images, des symboles, en particulier lors d'une élection présidentielle où le lien direct entre les candidat(e)s et les électeurs passent essentiellement par les médias.
Un couple peut avoir des difficultés, surtout dans le monde politique dans lequel il y a peu de temps pour la vie privée. Cécilia et Nicolas auraient pu servir de conseillers conjugaux, le temps d'une campagne.
Comme le montre ce livre, les électrices et les électeurs ont vu un couple en "guerre froide", encore pire qu'une franche séparation.
En racontant que Ségolène avait mis François à la porte du domicile conjugal, les deux journalistes portent atteinte à leur vie privée mais révèlent ce dont nous aurions pu nous douter.
Ségolène a eu beau déclarer "oui nous sommes encore ensemble", tout le monde voyait bien que ce n'était pas vrai. Et ce n'était pas un problème seulement en tant que "compagnon", mais aussi en tant que chef du parti. François était probablement plus présent, plus écouté, lors de la campagne de Lionel que lors de celle de Ségolène.
Plusieurs responsables socialistes ont critiqué, souvent de façon ridicule, Ségolène, mais François n'a-t-il pas été le plus cruel, en voulant la défendre : "l'économie n'est pas son terrain de prédilection, la politique étrangère non plus. Mais vous savez bien que cela n'a pas d'importance, puisqu'elle sait marcher sur les eaux" ?
Le livre est une des chroniques parues sur la campagne électorale. Il critique la campagne de Ségolène, que tout le monde aurait trouvé géniale si elle avait fait 3,5% de plus.
Comme Sarkozy, elle travaille avec des professionnels des sondages qualitatifs et de la communication. Il serait naïf de penser qu'il est possible de gagner une élection présidentielle sans ces techniques. Je reviendrais sur la "disruption", la "triangulation" et la "love mark". Lui reprocher d'avoir un maquillage "télé" c'est ne jamais avoir rencontré Berlusconi. Quand on est candidat(e) à la présidentielle ce qui compte c'est l'image télé ! C'est peut-être triste pour la démocratie, mais c'est comme ça !
Lui reprocher de ne pas avoir annoncé qu'elle prendrait DSK comme Premier ministre, c'est oublié que Deferre a fait un score minable en 1969 alors qu'il avait annoncé que le prestigieux Pierre Mendès-France serait son Premier ministre.
La chose qui me semble la plus exacte dans ce livre c'est le reproche, sous prétexte de réactivité, d'avoir oublié que les électrices et les électeurs ont besoin d'avoir une ligne principale constante et claire, et c'est ce qui a manqué.
Par peur des lourdeurs du PS, l'équipe de Ségolène, qui s'est voulue "petite entreprise" est tombée dans l'amateurisme et la pagaille, quand ce n'était pas l'autisme (nous retombons sur le problème des relations entre nos deux héros).
Avoir choisi Internet, et l'interactivité, c'était bien également, mais je ne suis probablement pas le seul à avoir été frustré par l'absence de réponse à mes messages sur le site "Désirs d'avenir" et le livre "interactif" qui nous était promis n'a jamais dépassé les tous premiers chapitres.
Lionel avait pris toute la responsabilité de la défaite (son directeur de campagne, Jean Glavany, ne semble toujours pas, cinq ans après, être porté sur l'autocritique), Ségolène, "femme insaisissable et secrète, solitaire mais capable de s'attacher la ferveur populaire, fatale, en un mot", semble décider à faire payer l'addition par François qui, à mon avis, ne le mérite pas.
(à suivre)
09:40 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (18)
16/06/2007
Voyage aux pays du coton
Voyage aux pays du coton
(Petit précis de mondialisation)
Prix du livre d'économie 2007
Erik Orsenna
(De l'Académie française)
Fayard
Ne vous laissez surtout pas rebuter par ce "prix du livre d'économie", ni par le fait qu'Erik Orsenna soit académicien (personne n'est parfait).
Je ne suis pas économiste et je n'ai pas lu beaucoup de livres d'économie dans ma vie, mais s'ils étaient tous comme celui là, beaucoup de gens se mettraient à l'économie.
D'Erik Orsenna, j'avais déjà lu "Grand amour" roman qui se déroule dans les coulisses de l'Elysée, dans le monde des conseillers du Président. Monde qu'Orsenna connaît bien puisqu'il a mis son talent au service du Président Mitterrand. Etre capable d'écrire des projets de discours ou des projets de lettres pour Mitterrand, dont le talent dans ce domaine est reconnu, est une référence. J'ai lu également Madame Bâ, roman tendre dans lequel il traite, fort bien, de la difficulté du Mali à se développer et donc du problème de l'émigration vers la France.
Ce voyage aux pays du coton (au pluriel) est un enchantement qui nous amène d'Afrique en Chine, en passant par les Etats-Unis, le Brésil, l'Egypte, l'Ouzbékistan, pour se terminer dans une vallée vosgienne, avec comme fil (c'est le cas de le dire) conducteur, le coton.
Pas de théorie(s), pas de démonstration si ce n'est pas la preuve par la vie, ou plutôt les vies, si différentes, de ces paysans africains, américains, ouzbèkes, de ces ouvriers chinois ou vosgiens. Comme le dit l'auteur : "voyager c'est glaner". Et ce que nous "glanons", c'est une meilleure compréhension du monde dans lequel nous ne vivons pas seuls !
Impossible de ne pas être "sensibilisé".
A noter, à la fin du livre, parmi les remerciements, un "merci à Pascal Lamy. Avoir un ami de cette haute vigilance vous contraint sans cesse à regarder la planète telle qu'elle est, sans illusion mais sans résignation."
Incontestablement ce livre nous y aide agréablement.
09:10 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (19)
09/06/2007
Chirac, mon ami de 30 ans
Chirac, mon ami de 30 ans
Jean-François Probst
Denoël
Bien placé il y a encore quelques semaines dans les listes de vente, il a quasiment disparu avec l'objet du livre : Chirac.
Probst a travaillé pendant 30 ans pour le RPR, de près ou de loin, par exemple comme Secrétaire général du groupe RPR au Sénat, après avoir commencé sa carrière "politique" au cabinet du ministre des affaires étrangères de Giscard, Jean François Poncet.
Il ne livre pas de grands secrets et justifie plutôt que de cracher dans la soupe, sans cacher son admiration pour le "grand Jacques", son "héros", sans tomber dans le délire hagiographique de Plenel : "reconnaissons que si Jacques Chirac trouve toujours un arrangement avec le ciel ou ce que l'on appelle la morale et les valeurs, il aura été un vrai républicain".
L'introduction plante le décor : "ma génération a été habituée à ces distributions de cash dans les palais de la République".
C'est vrai, nous sommes de la même génération, mais au PS, tout était consigné dans des cahiers par un ancien responsable syndical de la police, pour que le moindre billet ne s'égare pas pour des dépenses personnelles.
Le premier chapitre s'intitule "la trahison, un métier". Bien entendu, quand il pousse un petit camarade dans l'escalier, ce n'est jamais lui. Je ne jurerai pas qu'il soit le seul dans ce cas... Lui aussi a été trahi (Ballamou et Sarko), mais il pense que cela fait partie du "jeu" et qu'il ne faut rien s'interdire pour la suite.
Le chapitre n°2 porte sur ses "pouvoirs de séduction". Comme la plupart des responsables politiques Chirac a séduit de nombreuses femmes, en privilégiant celles qui lui étaient utiles politiquement, et donc en particulier les journalistes.
Puis l'auteur parle des filles de Chirac, le drame de Laurence, la "fusion" avec Claude, l'invention médiatique de l'"adoption" d'une jeune vietnamienne...Le rôle de Bernadette, la "tortue" catho traditionaliste, bloquée au XIXe siècle qui s'impose petit à petit.
Nous n'apprenons rien sur le système Chirac car il est bien connu et hérité du radicalisme : on place ses amis, on leur trouve des emplois, des logements, à eux à leurs enfants (le fils Juppé n'a pas été une exception) et à leurs amis, sans oublier les journalistes, on invite tout le monde à manger, éventuellement en vacances, et on vit, largement, aux frais des contribuables (les "frais de bouche" du Maire de Paris, l'augmentation de 400% des frais du Président à l'Elysée etc. tout le monde le sait, cela n'a jamais empêché Chirac d'être populaire).
Cette vie était d'autant plus facile que Chirac régnait sur Paris + la Corrèze + le RPR + par intermittence Matignon, donc de quoi se servir dans autant de mangeoires.
De Villepin ne bénéficie pas de la sympathie de l'auteur qui respecte les élus et n'aime que ceux qui se frottent au suffrage universel.
Tout un chapitre est consacré à Sarko, son ascension, sa trahison, son retour au gouvernement, mais pas à Matignon (à mon avis, sa chance !). Le livre ayant été écrit avant l'élection présidentielle, l'auteur prend un risque : celui de pronostiquer la défaite :"pas la moindre chance d'être élu, et lui ne se rend pas compte", tout cela parce que Sarko n'a aucune idée de la vraie vie des gens. Mais les vedettes de Voici et Paris Match ne connaissent pas non plus la vie des gens qui les admirent, et ce n'est pas ce que les gens qui votent Sarko leur demandent...
Probst aime Chirac, capable de tâter le cul des vaches et de prendre un verre sur le zinc. Sarko, élu de Neuilly, est l'anti-Chirac, au moins dans ce domaine, donc Probst n'aime pas Sarko.
Probst affirme que le "compte japonais" de Chirac existe bel et bien, car Chirac reçoit 100.000 $ par an comme membre du jury d'un prix "impérial", sorte de sous Nobel consacré à l'art, et il faut bien que l'argent soit versé quelque part. Encore faudrait-il savoir quel est montant de ce compte !
Nous avons, bien évidemment, droit à une comparaison avec Mitterrand qui lui a tant fait d'ombre. La conclusion de l'auteur : "Mitterrand était un vrai Machiavel, Chirac aura été un Borgia ! Cela se veut un compliment...
08:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0)